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My smile was so empty... ▬ Opale [Flashback] TW 18+  :: Nitescence :: Le coeur de l'île :: Le bois
Vynce Stanford
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Vynce Stanford
My smile was so empty
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La forêt est toujours si distante avec toi. Tu as l’impression qu’elle se méfie de toi et ne te fait aucunement confiance. D’accord, tu es nouveau ici et ça ne fait pas très longtemps que tu tentes de te familiariser avec les lieux, d’apprendre chaque jour un peu plus sur l’île et ses habitants. Chaque fois que tu entres dans cette forêt, tu ne te sens pas à ton aise ni à ta place. C’est un comble pour un esprit de la forêt, toi qui est pourtant le cœur vivant, le messager de la nature, son enfant. Non, il y a autre chose, comme si une entité interne à l'île avait plein contrôle sur tout ce qui s’y trouvait. Tu ne saurais dire ce que c'est ni pourquoi tu as ce ressenti, mais c’est réellement ce que tu constates à mesure que tu tentes une communication avec elle.

À ton arrivée, tu n’as pas osé entrer en osmose avec elle de peur de perdre complètement tous tes repères, pire, de ne plus avoir aucune racine. Mais les semaines ont passé et ta rémission n’est plus qu’un lointain souvenir, désormais. Tu as continué ton train de vie et tu touches un peu à tout niveau travail. Essayant de faire les choses bien, là où tu te sens le mieux c’est quand tu bidouilles des mécaniques ou que tu joues les gardiens pour Opale ou son assistant en soins. Mais les plantes, même en tentant d’installer la serre, tu as ce sentiment étrange qui te parcourt, cette méfiance perpétuelle à ton égard. Ça te peine profondément. Tu as aidé Opale du mieux que tu pouvais pour qu’elles soient bien. Une petite plante en pot ou une jeune pousse était forcément moins méfiante que la forêt, tu pouvais aisément communiquer avec elles, mais pour toi c’est une passion, ta vie toute entière, plus qu’un métier et tu veux vraiment te rendre utile pour tout le monde, la forêt comprise.

Alors ça te contrarie vraiment de ne pas pouvoir avoir un lien avec la nature. Pire, tu commences à ressentir un manque et ça t’angoisse, te fatigue et t’éreinte un peu plus chaque jour. Tu fanes, pourtant tu ne le montres pas. Et chaque soir dans la chambre où t’héberge Opale, tu relâches la pression de la journée et pleures en silence les tiens qui te manquent.
Mais pas aujourd'hui.
Tu veux, tu as besoin de ce lien. Alors tu préviens Opale de ta promenade dans les bois, lui proposant de venir avec toi. Tu aimerais qu'il t’accompagne et ça tombe assez bien puisque c'est un jour où il ne travaille pas. Tu te sens prêt à entrer en osmose, du moins, tu t’armes de courage, ce dont tu ne manques pas, même si tu as peur de ce qui pourrait arriver. Tu essayes de prendre sur toi et pars dans la forêt en présence d'Opale, lui expliquant que tu vas tenter un lien avec la forêt. Histoire de pouvoir te ressourcer. Vous vous rendez dans votre coin habituel, celui où vous allez souvent vous poser avec ton ami. Un petit renfoncement en plein cœur de la forêt où passe une rivière.

Tu te poses sur le rocher qui surplombe le cours d'eau, en tailleur, un regard bordé d'un sourire inquiet à l'attention d'Opale et tu commences ta méditation. Tu fais alors le grand plongeon en plein coeur de la forêt. Ton cardia s’emballe, tes marques apparaissent doucement sur ton corps et se mettent à luire faiblement. Ton esprit tente de raccorder le lien avec cette forêt, tu parviens à capter les racines proches de toi. Seulement la méfiance est de mise et on ne te laisse pas facilement entrer, ni même te connecter à la flore alentour.

Tu te crispes, tu as l’impression que la communication que tu tentes d’établir ne se fait pas, pire, tu es violemment repoussé dans les méandres de souvenirs douloureux. Tu cherches à t’accrocher à une branche, une ramure, peu importe quoi mais tu as la sensation de perdre un peu plus pied. Comme si ton corps partait en chute libre puis tombait dans un tourbillon de flammes.

Ton corps se redresse brusquement et tu te prends la tête douloureusement. Titubant à reculons, la douleur du rejet est telle qu’elle te déchire mentalement, tu as l’impression de perdre ton lien avec ta mère et les tiens. C’est presque comme si tu revivais chaque moment de ta vie où tu as manqué de perdre la vie. La perte de ton bras dans les flammes, la chute dans les braises incandescentes de l’avion et la douleur du crash, sans parler des nombreux coups et balles que tu as pu te prendre au fil de tes années passées au combat. Tu pousses des râles de douleur, serres les dents et finis par rompre la connexion avant de perdre complètement tes moyens.

Tout se brise en toi et tu tombes à genoux. La douleur dans ta tête faisant pulser les canaux qui font circuler ta sève. Tu halètes douloureusement et geins. Tes larmes coulent sans même que tu puisses les retenir. Tu tentes de reprendre ton souffle, mais la douleur est telle que tu ne parviens pas à te calmer. Tu te demandes pourquoi tu as été si violemment repoussé, alors que tu fais partie de la forêt. C’est comme si pour la première fois de ta vie on venait de te couper ton cordon ombilical, ton lien mental avec ta mère. Tu as pourtant cru la sentir un bref instant. Si infime. Pourtant si lointaine.

Elle t’appelait.

Tu rouvres les yeux, subitement pris d’une révélation soudaine. Le jour où tu l’as entendue t’appeler, la dernière fois où tu l’as réellement entendue, c’était quand tu t’es crashé, au moment où tu pensais qu’elle te disait de tenir bon. Mais en fait, elle t’appelait parce qu'elle ne te sentait plus, parce qu'elle te perdait. Parce-que même si tu es ici, tu n'as plus aucun lien avec ta mère. Tu laisses tomber ton buste en avant, tête dans tes mains, coudes à même le sol. Replié sur toi-même. Tu réalises que peut-être, tu ne pourras plus renouer avec les tiens définitivement en restant sur cette île. Tu es complètement effrayé à cette idée. Tu ne sais même pas comment tu pourrais vivre sans ce lien, sans leur soutien et leur réconfort quand ça ne va pas. Tu te sens définitivement seul, complètement orphelin. Et la seule personne vers qui tes pensées vont c'est Opale. Il a été ton seul soutien, ton seul lien jusqu'à maintenant. Et aujourd'hui, tu as ce besoin de te raccrocher à lui et enrouler tes racines autour du caladre pour ne pas avoir cette sensation de chuter. Tu l'appelles dans ton inconscience. Tu lui envoies ta détresse sans vraiment le réaliser. Ton seul ancrage ici, c'est lui.

Tu ne réalises que maintenant que tu retenais ta respiration. tu cherches à reprendre ton souffle, lâchant des râles, haletant de douleur et de tristesse. Tes doigts se resserrent sur tes mèches blondes, s'agrippant fermement contre ton cuir chevelu. Ta voix s'élève dans un cri d'agonie, éraillée, grinçante, discordante. Tu essayes de tenir bon, mais tu as comme des vertiges qui t'empêchent de te redresser. Tes larmes s'abattent lourdement sur le tapis végétal. Tu as l'impression de divaguer complètement.

@"Opale Caladrius"
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Lun 22 Avr 2024 - 20:51
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius
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Quelques semaines s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Vynce. Opale et lui s’étaient familiarisés l’un à l’autre avec patience et compréhension. Un vent tranquille soufflait sur l’île, les jours s’étaient sensiblement adoucis. Ce matin-là, le médecin étendant les draps blancs de la chambre d’amis dans le jardin. Sa main glissait le long du tissu doux et propre, qui sentait bon la lessive. Vynce lui avait montré comment fabriquer de la lessive à partir de feuilles de lierres et il lui en était gré. Un vague sourire flottait sur son visage, le drap revenait sur lui sous les à-coups de la brise marine qui portait ses embruns.

Il entendit son ami arriver derrière lui avant qu’il ne puisse percevoir sa silhouette déjà familière et son inséparable veste rouge. Il la trouvait pratique à présent, elle lui permettait de le voir de loin. Opale s’était retourné vers lui, entre les voiles blanches qui claquaient au vent. Ses mèches de la même couleur étaient balayées derrière sa nuque et il ramena une mèche barrant son visage jusque derrière son oreille. Voilà plusieurs jours qu’il sentait l’inquiétude grandir chez Vynce. Bien sûr, ils n’en avaient pas réellement parlé, cela ne le concernait pas. Lui faisait tout pour qu’il se sente à son aise, le temps de son rétablissement.

Parfois, Opale avait la sensation d’utiliser ses blessures pour le garder prêt de lui, mais cela ne semblait pas gêner l’ex militaire qui l’assistait avec une volonté équivoque. Les soirées étaient agréables ces temps-ci, teintées d’histoires et de promenades bercées par le soleil qui avait décidé de revenir. Malgré cette paix visible, bien loin des conflits, quelque chose semblait tracasser Vynce. Une chose pour laquelle Opale, pour une fois, n’y pouvait rien. Un mal qu’il ne pouvait soigner.

Du pays, songea-t-il un soir alors qu’il l’avait écouté parler de sa « mère ». C’était cette même tristesse qui semblait teinter son sourire alors qu’il lui demandait de l’accompagner dans la forêt. Non, c’était sans doute plus profond que ça. Et à sentir les crispations qui animaient ses pas raides, Opale devinait que c’était sans doute bien plus qu’une simple promenade. Vynce avait pu lui expliquer ce lien qu’il se devait d’entretenir avec la nature. C’était vertigineux pour Opale, déconnecté des siens depuis des siècles. Alors que lui flottait seul dans cet océan d’humanité, Vynce lui pouvait se connecter à ses semblables dès qu’il en ressentait le besoin. Non, pire, il en avait besoin. Un besoin vital, comme boire ou manger. Cela dépassait le médecin qui accordait une pensée respectueuse à l’idée, la notant soigneusement dans son bestiaire nébuleux.

Le nébuleux se laisse guider dans les pentes moussues, entre les frondes sauvages et humides, sautant d’un pas les ruisseaux clairs. Les ramages bruissaient de leurs chants familiers, accompagnant les flaques de lumières qui coulaient dans les clairières. Et lui, s’installa sur un rocher un peu plus loin, déposant son chapeau de paille en ramenant ses genoux contre sa poitrine pour observer la silhouette indistincte de Vynce s’installer en amont du cours d’eau. Il lui adressa un sourire encourageant en sentant son regard et attendit patiemment la suite, une pointe de curiosité berçant son expression.
Et puis… Ce ne fut sans doute pas ce à quoi il s’attendait. Il cilla lorsqu’un nuage passa par-delà le soleil, laissant perler les motifs luminescents sur la silhouette de son ami. Comme c’était étonnant… Quelques minutes à peine s’écoulèrent et Vynce se releva vivement, comme brûlé par le diable. Ses jambes titubèrent dans l’eau et Opale se tendit, incapable de savoir si c’était normal ou non mais… Quelque chose clochait, définitivement.

La vague le frappa violence contre la falaise de son esprit. Peut-être était-ce la distance, ou sa propre paix qui avait fait barrage, mais voilà qu’elle le transperçait dans toute sa puissance destructrice. Opale s’était relevé, le cœur battant, serrant sa main contre sa poitrine. Les sentiments étaient confus, brutaux, ravalant des années de souffrance. Le médecin entendit les pleurs de Vynce, et des picotements sur sa peau lui donnèrent la sensation de bruler. Il connaissait cette sensation.

-Vynce !

Appela-t-il, toute sa peur vibrant sa voix et ses membres alors qu’il s’avançait prudemment jusqu’à la rivière. Que se passait-il… ? La silhouette de Vynce dans son champ de vision se tordit vers l’avant, comme muée par un coup violent qui l’aurait forcée à se recroqueviller. Petite coque vide au milieu des eaux froides. Un cri soudain s’échappa de la bouche du nébuleux en sentant quelque chose frôler ses chevilles, puis ses jambes. Il perdit l’équilibre mais l’étrangeté lui conféra un soutien qui l’empêcha de chuter. Il frémit les sentant s’agripper à lui, serrant sa chair au-delà du pantalon, elles remontaient même jusqu’à sa taille. Mais ce n’était pas de peur. Il lui avait fallu quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait des lianes du draède. Cherchait-il à quoi se raccrocher ?

Opale chercha à s’en dégager, pas qu’elles lui faisaient mal, mais elles se resserraient et l’empêcher de s’approcher de Vynce. Une étrange pulsation lui coupa le souffle alors que le flot des émotions de son ami se déversaient en lui. Comme mué par ses propres instincts, les mains, les cheveux et les yeux pâles du caladre se mirent à luire et il serra ses paumes contre les racines froides. Toute cette détresse… Des larmes roulèrent sur ses joues alors qu’il parvenait, un pas après l’autre, à s’avancer dans la rivière. Une onde puissante l’entourait, écartant les branches, agitant l’eau de ridules, le ciel en paraissait presque assombri.

Il l’appela, plusieurs fois, mais Vynce était quasiment immobile, comme figé par une tristesse qui ne lui était plus inconnue. Mais chaque fois, sa voix semblait résonner dans un vide terrible et solitaire. Le caladre maudissait son manque de force. Si seulement il avait des ailes, peut-être aurait-il pu…
Il tomba à genoux dans la rivière et continua à avancer, détrempé par l’eau froide mais heureusement peu profonde. Lui aussi luisait de sa lueur douce, rassurante, qui cherchait à atteindre Vynce. Il n’était plus qu’à une longueur de bras lorsqu’il tendit sa main, effleurant son bras fait de racines qui semblait s’être lié à la terre.

-Vy…nce… Rev..enez.. Pit..ié !

Grinça-t-il en avançant d’un geste vif, lui attrapant la taille en l’amenant contre lui pour tenter de l’arracher à cet état figé et qu’il devinait dangereux. Opale ferma les yeux, sa lueur propre battait contre le dos du draède et il serra les dents. Comme il se sentait impuissant ! Si seulement il pouvait l’atteindre, juste un peu, au-delà de cette carapace qui semblait ramper comme un cocon autour d’eux. Les racines se resserrèrent sur les épaules d’Opale, dont les cheveux humides barraient le visage crispé d’angoisse.


KoalaVolant
Mer 24 Avr 2024 - 0:54
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
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Inconsciemment, tu as fait grandir tes racines qui sont allées chercher Opale, s’enroulant sur son corps, l’entravant dans son élan de venir jusqu'à toi. Pour toi, cette accroche te semblait métaphorique. Mais ton corps a réagit d’instinct face au seul lien qu'il peut percevoir entre vous. Tu souffres du rejet de la nature qui t’entoure. Pris de vertiges tandis que tu as l’impression que tout se brise en toi. Tu réalises que plus rien ne pourra être comme avant parce-que ce lieu, cette forêt, tout ici te considère comme un étranger, un inconnu. La méfiance est palpable. Tu n’as jamais connu de rejet tel que maintenant. Partout où tu allais, la forêt était ton alliée, ton foyer, ta famille, un lieu de réconfort et de sécurité. Et tu sens au plus profond de toi que ton coeur se brise à l’idée de ne plus jamais les retrouver. Sur cette île qui, finalement, pourrait bien être ta prison, ton enfer sur terre. Plus que de raison, en plus d’étreindre de tes lianes Opale, tes racines s’enfoncent dans la terre. Comme pour chercher à trouver un autre lien, une autre accroche. Mais rien, rien si ce n’est la moiteur âcre de la terre sous tes membres.

Tu bloques ta respiration quand tu sens une main sur ton être. Ton regard s’ouvre subitement en réalisant que tu n’es pas seul. Tu t’accroches à cette voix qui t’appelle pour remonter à la surface de tes émotions semblables à de la nitroglycérine. Tu retiens ta respiration. Le regard grand ouvert et embué par tes larmes, ancré sur le sol humide et moussu. Une pulsation de ton cardia plus forte que les autres te forçant à reprendre conscience comme si tu sortais d’un cauchemar atroce. Dans le flou de ton esprit, tu le vois passer devant toi. Ce corbeau blanc qui t’a guidé pour rester en vie. Dans ton esprit, tu cours après, cherchant à aller le plus vite possible pour le rattraper.

D’extérieur, les liens qui s’enroulent autour d’Opale le ramènent jusqu'à toi. Et quand il est suffisamment proche de toi, que tu te sens tiré par la taille pour être ramené contre lui, tu retires tes mains de ta tête, redressant la tête pour plonger ton regard apeuré sur lui. Les larmes continuant de couler sur tes joues. Tes mains s’agrippent fermement à ses bras. La panique te prenant soudainement quand tu vois tes lianes autour du corps du caladre, tu les ramènes à toi, le libérant en partie, tes mains se crispant sur ses bras de peur de perdre ce contact avec lui.
“Elle n’est plus là… Mère… elle ne m’entend plus… je suis mort… mes liens, il ne sont plus… Opale… Opale je…”
Tu grimaces de douleur. Encore complètement sous le choc de l’émotion. Perdu et abattu par ce rejet fulgurant.
“La forêt me rejette comme si… comme si je n’étais plus l’un des leurs. Comme si j’étais un parfait étranger.”
Ton coeur se serre. Tu ne comprends pas. Toi ? Un étranger à la flore ? Toi qui en fait partie ? Tu cherches à reprendre ta respiration. Complètement saccadé par ton angoisse et tes pleurs, tes épaules tressautent et tu renifles tout en relâchant une main pour t’essuyer le visage de ta manche. Tu es complètement perdu. Tu ne sais pas comment tu réussiras à vivre sans ce lien et ça te fait peur. Très peur. Tu n’arrives pas à te calmer, ni à calmer cette angoisse grandissante de solitude et d’indifférence sur le monde.
“J’ai peur, Opale. J’ai terriblement peur de… de…” Tu ne parviens pas à finir ta phrase et naturellement tu cherches le réconfort vers la personne qui te tend les bras et est présente, actuellement, devant toi. Tu baisses la tête et avances le buste pour venir poser ta tête contre le torse d’Opale, entre ses clavicules, encastrée dans le creux de sa gorge, bien calée contre son menton. Tu n’oses pas faire plus de geste de peur qu'il te repousse aussi, de peur de l’effrayer par tes gestes, ton étreinte maladroite. Tu cherches juste du réconfort comme un enfant chercherait l’étreinte douce et chaleureuse de son parent. Tu ne veux pas être seul. Tu as peur de l’être et le devenir. Sans les tiens comment pourrais tu vivre de toute manière ? Tu n’as jamais fait sans eux, sans ce lien. Tu as peur que ton corps se dendrifie complètement face à la solitude que tu ressens, annonçant par conséquent ton sommeil vers l’éternité du vide. Seul arbre sans aucun lien ni accroche, comment espères-tu survivre, sincèrement ? Tu n’en sais rien et ça te fait peur.

Tu acceptais la mort tant que tu sentais ta mère et la savais près de toi, mais aujourd'hui, c’est différent. Tu comprends mieux ce que disaient les militaires, ton père principalement : “la vie a beau nous rapprocher les uns des autres, nos liens se soudant ou se brisant selon les amitiés ou les rencontres, mais dans la mort, nous sommes seuls.” Une véracité qui te broie littéralement le cœur et l’esprit. Tu sais pourtant que la mort chez un Draède n’est pas comme celle des Ephémères. Il vit, même lorsqu'il n’est plus, à travers le réseau de la terre, parmi les racines des jeunes pousses et autres arbres peuplant la nature ce, jusqu'à sa prochaine réincarnation, laissant sa descendance prendre le relais quand c’est possible. Il vit à travers ce dense réseau même en ne foulant plus la terre comme à sa naissance. Mais aujourd'hui cette prise de conscience d’être définitivement seul t’effraie. Tu te raccroches à la seule personne ici présente qui a été aussi chaleureuse et accueillante pour toi. Désormais ton seul lien.

Peu t'importe l’eau du ruisseau qui vous coule dessus, la fraîcheur qui te chatouille les cuisses et les chevilles. Tu cales ta respiration à celle d’Opale que tu perçois grâce à votre proximité. Tu humes son odeur pour l’assimiler à un réconfort certain, une sécurité même. Tu entends le battement de son coeur, perçois ses mouvements même en fermant les yeux. Tu gardes le silence, mais tu as encore l’impression de divaguer, de t’effacer et d’être absent de la réalité. Ton portail intérieur se refermant sur cette flore sauvage et repoussante pour ne s’ouvrir que sur le Caladre. Si toi tu ne peux entrer en osmose avec lui, lui, semble en être capable. Comme il l’a fait pour t’aider lors du crash. Ton subconscient te le fait voir à travers des pensées imaginaires. Tu te vois étreindre tendrement l'oiseau. Mais est-ce réellement une illusion ? Tu n’en sais trop rien. Tu ne sais plus ce qu’est la réalité de l’irréel. Et pour l’heure, tu t’en moques totalement.

@"Opale Caladrius"
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Mer 24 Avr 2024 - 14:24
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Opale Caladrius
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Les genoux d’Opale ployèrent sous la pression des lianes qui oppressent ses jambes, semblent chercher à l’attirer contre Vynce et jusque dans la terre. La force du draède le plongea dans la stupeur mais il refusa d’avoir peur. Ses mains se crispèrent contre le corps du nébuleux et il serra les dents, fermant les yeux. Soudain, les liens semblèrent se desserrer et Opale s’autorisa à respirer, ouvrant les paupières sur le visage de Vynce, trempé de larmes.

Les mains de son ami grimpèrent le long de ses bras, cherchant à l’agripper avec la force du désespoir. Opale murmura son nom entre ses lèvres, le visage contracté dans une expression de profonde inquiétude. Son cœur battait fort à ses oreilles et les doigts de Vynce se crispaient autour de sa chair, le contact s’insinuant même au-delà du tissu. Et les paroles émergèrent, incertaines et nerveuses, traduisant toute la peur de son ami. C’était donc ce qu’il craignait le plus… ? Jamais il n’avait pu le voir dans cet état, même après le crash. Un étranger à son propre monde, l’idée terrifiante de se retrouver dans un vide total, isolé de ses semblables, Opale la comprenait… Ou du moins, il essayait.

Opale, tendu et pétri de la même peur qui terrassait le draède brisa le sort en ramenant doucement ses mains contre le dos de ce corps qui cherchait sa chaleur, son réconfort. D’instinct, ses cheveux et ses paumes luisaient toujours d’une lueur opalescente, vacillante. Il inspira, doucement, tentant de juguler la peine qui cherchait à transpercer ses barrières, serrant doucement mais surement Vynce contre lui. Le souffle erratique et sanglotant du blond caressa sa gorge nue et les doigts d’Opale glissèrent contre ses épaules, l’une de ses mains passant à l’arrière de sa nuque là où les cheveux étaient plus courts et piquants. La caresse était lente et il tentait de faire le moins de gestes brusques. Le draède semblait craindre qu’il ne s’échappe, qu’il ne s’enfuit. Mais il ne lui faisait pas peur.

-Je suis là Vynce, je ne vais nulle part.

Enonça-t-il doucement. Il avait le ton qui se cherchait rassurant, présent et posé. Voyait-il, ce tendre volatile spectral danser devant sa vision ? Opale l’espérait, sincèrement. Peut-être que cet oiseau lui permettrait de se sentir moins seul, se raccrocher à un espoir filant que peut-être, ce n’était pas la fin. Lentement, il sentit ses genoux céder sous le poids de Vynce qui se reposait contre lui et ils rejoignirent le sol caillouteux de la rivière. Les vêtements d’Opale étaient trempés et froids, ils lui collaient à la peau, mais il ne lâchait pas le draède, posant son menton contre le dessus de sa tête en continuant de murmurer qu’il était là, que tout irait bien.

Il ne savait pas, si c’était vrai. Voilà une chose qu’il ne pourrait jamais lui promettre. Sa présence, cependant, resterait la même. Il n’irait nulle part et ce n’était pas comme s’il le pouvait. Deux destins silencieux s’entremêlaient surement indéfiniment en cet instant. Deux oiseaux solitaires aux ailes coupées, bien loin des leurs.

Après quelques instants, Opale détacha très lentement une main du Draède pour la glisser le long de son épaule, jusqu’à son cou. Du bout de ses doigts froids, il l’invita sans le forcer à relever la tête pour le regarder.

-Ce n’est pas sans issues, mon ami. Ne prenez pas peur trop vite, soyez tenace. Vous êtes fort. Allons, ne me regardez pas ainsi, vous l'êtes, réellement.

Il était certain que si Vynce avait survécu à tant de choses, ce n’était qu’une épreuve de plus.

-Allons, vous n’allez pas vous laisser faire, si ? Ce n’est pas la première fois que nous sommes rejetés de ce que nous pensons être un foyer, pas vrai ?

Opale frissonna, inclinant la tête sans le quitter des yeux. Il distinguait mieux son visage, d’ici. Sans passeport ne voulait pas dire dénués d’âme. La force de Vynce ne reposait pas dans l’identité des autres, mais dans celle qu’il s’était construit.

-Vous allez parvenir à les retrouver. Cette île n’est pas…

Il hésita. Lui-même avait toujours eu des doutes sur l’identité de ce lieu emplit de mystères. Il n’était certain de rien, ce flou était parfois angoissant. Tantôt cocon rassurant, tantôt prison qui l’écartait du monde extérieur. Il était facile de s’y conforter. De s’y isoler.

-Elle est coupée du reste du monde. Nous sommes tous ici, dénués de tout. Mais ce n’est qu’un endroit minuscule sur cette si grande planète, vous le savez. Alors ne perdez pas espoir.

Ses doigts glissèrent délicatement contre son menton et Opale lui sourit, avec toute l’honnêteté dont il pouvait faire preuve. Le ciel paraissait moins sombre, quelques rayons perçaient le nuage, glissant ses lueurs sur les gouttes perlées de ses mèches blanches.

KoalaVolant
Jeu 25 Avr 2024 - 0:13
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Vynce Stanford
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La main qui passe sur ta nuque, puis dans tes cheveux se fait rassurante, bienveillante. Elle est agréable, étonnamment sensible et tu as des frissons quand les doigts fins d’Opale glissent sur ta peau ou à travers la naissance de tes cheveux. L’étreinte du Caladre est profondément accueillante, elle te rassure comme la présence omnipotente de ta mère lorsque tu entrais en osmose avec elle. Ressentir tous les membres de ta famille, la Nature dans son entièreté était rassurant pour toi. Dans ce moindre effort, tu cherches à travers Opale le même ressenti. Sans surprise, il t’offre ses bras et sa douceur. Ce qui fait monter en toi un sentiment profond que tu ne saurais saisir. Pris de nombreux frissons, tes tremblements cessent petit à petit, sa voix douce semble apaiser et amenuir cette crainte qui fait pulser ton cardia avec angoisse, ce même sentiment se dissipe à mesure que les mots parviennent à tes oreilles.

L’oiseau dans ta vision se blottit un peu plus contre toi, tes bras se resserrent et tu renfrognes la tête et entre tes épaules pour venir caler ta joue contre les plumes doucereuses du corbeau blanc. Les ténèbres de ton esprit semblent ployer sous la lumière du Caladre, laissant germer à tes pieds une graine qui commence déjà à faire pousser ses feuilles dans ton subconscient. Cette petite pousse finira probablement par devenir un bel arbre, un cerisier ou un pêcher. Qu’en sais-tu ? Tu verras bien à la longue quel genre de fruits il finira par donner. A l'identique du lien que tu es en train de créer avec Opale.

Doucement, Opale se recule pour prendre ton visage et le relever vers lui. Ton regard met un temps, hésitant, cherchant autour de toi, avant de plonger dans les orbes de ton compagnon. Ton bleu, terni par les larmes qui coulent encore sur tes joues, s’ancrant dans ses opales chatoyantes. Tu les trouves aussi précieux que la pierre dont il porte le nom, ses yeux. Ça te pince la poitrine d’un sentiment puissant. Comme l’amour que tu as pu ressentir pour ta famille, pour le père qui t’a adopté, pour les amis que tu t’es fait dans l’armée. Mais d’aucun avant lui n’était aussi attentionné, câlin et bienveillant hormis ta créatrice. Ses premiers mots de réconfort te laissent perplexe, tu es fort, tu ne trouves pas. Tu as l’impression que tout vient de s’écrouler pour toi. Mais il n’a pas forcément tort. La force et le courage qu’il te procure par ses mots te poussent à reconsidérer ce que tu viens de subir. Ce rejet fulgurant de la nature de cette île.

Il a raison. Il a parfaitement raison. Ce n’est pas dans mon caractère de rester sur un échec cuisant, ni de cesser de me battre. Ce n’est pas la première fois que je suis rejeté, seul, abandonné ou laissé pour mort loin de mon foyer. C’est une épreuve difficile, certes extrêmement douloureuse et déchirante, mais jamais je n’ai subi une telle fracture avec le lien puissant que j’ai avec ma créatrice. C’est un sentiment de vide qui m’assaille. Pourtant, cette lueur d’espoir qu'Opale apporte avec ses mots et ses attention fondent en moi comme la douce lumière des rayons du soleil. J’ai peut-être ce sentiment d’être mort, mais je ne le suis pas, pas physiquement. Je vis, et tant que je vis, je continuerai de me battre, de prouver que j'existe et que je n'ai pas tout perdu.

Mon regard reste figé dans les orbes d’Opale, ses mots, je les entends, je les assimile. Mes mains se resserrent sur ses vêtements. De part son explication, je sais, je comprends pourquoi la nature semble si méfiante à mon égard. Coupée du monde… Je l’avais ressenti en tombant sur cette île, dès mon réveil, j’avais ressenti ce sentiment d’égarement et de perte, comme si quelque chose en moi venait de disparaître, de se briser. Je ne devrais pas avoir peur si je sais ça. Pourtant, j’ai réellement ressenti cette scissure entre moi et ma mère. J’ai peur… J’ai peur que si je recommence, que je tente une nouvelle communion, je perde totalement la raison, que mes racines se disloquent et ne puissent plus s’accrocher à quoi que ce soit. Pire, que j'erre sur cette terre sans but, sans attache et que mon tombeau soit sur cette île qui m'ignore et se méfie de moi.

De par son doigt sous mon menton, son sourire ainsi que son regard, Opale cherche à m’apporter la lumière, il l’est d’ailleurs, cette lumière dans les ténèbres. Il luit, apportant en moi la volonté et la force de vouloir me battre. Mon cœur palpite, je n’arrive pas à décoller mon regard du sien. Comme si nous étions dans notre bulle, ignorant tout ce qui se passe autour de nous, cette forêt qui me met mal à l’aise et qui me paraît désormais hostile, le ruisseau nous mouillant tous les deux, les cailloux que le courant apporte nous roulant sous les genoux. C’est une sensation relativement étrange, mais j’ai encore cette vision de ce corbeau blanc que j’essaye d’attraper et que je finis par garder contre moi. Dansant avec lui pour illuminer le chemin de ténèbres que je parcours.

Je cille un instant, mon cœur se serre dans ma poitrine et je resserre mes doigts sur le tissu humide des vêtements d’Opale. Mon visage force un peu pour venir se poser contre son front, comme à notre première rencontre, je ferme les yeux et prends une profonde inspiration, désormais calé avec celle de mon homologue. Mes mains viennent envelopper son visage avec délicatesse. Ma peur se dissipant doucement mais sûrement en sa présence. Je cherche à entrer en osmose avec lui, même si je n’y parviens pas totalement, je le ressens, je le vois quand mes yeux se ferment, lui, son plumage blanc sa lumière. Il est là, il me guide et me rassure. Cette toute première vision que j’ai eue de lui ne m’a jamais quitté jusqu’alors. Si je ne peux pas communier avec des humains ou des créatures autres qu’appartenant à la Nature, je sais que d’autres en sont capables, comme me l’a déjà prouvé Opale pour me maintenir en vie, comme il le fait encore aujourd'hui. Il le peut, mais à quel prix.

“Est-ce que… Est-ce que vous voir quand je ferme les yeux a des conséquences sur votre corps, Opale ? J'aimerais... J'aimerais tant...” Entrer en osmose avec toi et te montrer toutes les merveilles de l'esprit de la nature... ce que j'aimerais lui dire. “Je ne sais comment vous remercier pour tout le soutien que vous m’avez apporté jusqu’alors, que vous m’apportez encore…”
Tu recules la tête, gardant son visage entre tes paumes en lui offrant un regard tendre et solennel, compatissant.
C'est la première fois que j'ai ce désir venant d'une autre créature, cette envie d'entrer en communion avec lui. Ca me perturbe. je sais et suis complètement conscient qu'Opale n'est pas une plante pourtant... Serait-ce son pouvoir qui me pousse à vouloir ça ? C'est assez... inattendu.
“J’espère, un jour, pouvoir être là aussi quand vous serez dans les ténèbres et vous guider, vous rassurer et veiller sur vous.” Lui rendre la pareille et plus encore. Tes mains glissent pour l’enlacer, ton visage retourne s’enfouir contre le sien. “Merci…”
Je ne peux tout de même m’empêcher de ressentir cette peur, ce vide en moi malgré les efforts d’Opale à m’aider à surmonter ça. Qu’est-ce que l’avenir me réserve à présent ? Une chose est certaine, je ne compte pas abandonner, ni le laisser. J’ai envie d’y croire, de croire à Opale, de croire que ça ira et que j’arriverais à me frayer un chemin pour retrouver mes liens avec la nature et peut-être même, en tisser de nouveaux avec celle de l’île. J'aimerais passer un peu plus de temps avec lui, apprendre à le connaître, mieux le comprendre. Ma main droite venant tendrement caresser son dos, je prends une profonde inspiration et redresse la tête.

“Désolé, vous êtes trempé...” Si toi, l'eau ne te dérange absolument pas, ça peut ne pas être le cas pour Opale. Mais tu n'as pas la force de bouger pour le moment, quand bien même tu aimerais t'éloigner pour l'heure de cet endroit.
@"Opale Caladrius"
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Mer 1 Mai 2024 - 21:17
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius
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Comme il est difficile de perdre l’ancre qui nous maintient en équilibre. La vie, bien souvent, n’est qu’un fil rasoir sur lequel marcher avec précaution. Un peu trop à gauche, à droite, jusqu’à pendre dans le vide. Les piliers de nos histoires nous balancent, nous empêchent de perdre pied.
Vynce venait de lâcher la sienne. C’était probablement douloureux, lancinant. Tout s’écroule, son monde qui gravitait jusqu’alors autour de ce centre puissant et tendre s’éclate. Que reste-t-il, alors ? Lui. Lui tout entier. Lui si vivant, bouillonnant de toute cette énergie débordante. Presque trop vive. Vynce ne le voit pas, mais Opale si. Il reçoit cette force d’âme avec violence, mais l’accueille tout entière.

Les bras grands ouverts contre ce corps. Fort. Oui. Il le sait, il le sent. Vynce n’est pas prêt à disparaître, aussi vive la douleur soit-elle.

Leurs regards s’étaient vissés l’un à l’autre, implacables. Rien ne trancherait ce fil ténu qui les maintenait à flot. Opale dans sa douceur, Vynce dans son désespoir, chacun s’observait à sa manière. Ce visage familier glissait contre ses pouces. Il l’encadrait de ses mains froides et mouillées, serrant ces mèches qui caressaient sa paume et cette peau douce là, derrière l’oreille.

Était-ce juste ? Opale avait la sensation impie de ne pas mériter tant d’amour dans ces yeux bleus. Vynce en émanait tout entier. Mais il se sentait presque trop vu dans ce regard dévorant, il n’avait pas l’habitude d’être observé ainsi. Le caladre ne voulait pas le tromper. Il ne pourrait jamais lui offrir ce que la forêt, la terre-mère qu’il lui avait tant conté lui apportait chaque jour. Il ne voulait pas être cet imposteur-là. En était-il digne, seulement ?

Le nébuleux prenait garde à ne pas quitter son regard de celui de Vynce, même s’il avait parfois envie de fuir sous le feu de ces prunelles perçantes, si pures. Le draède avait-il était un jour doté de futiles intentions ? Mauvaises ou impures ? Opale avait parfois l’impression d’avoir accueillit un étrange ange sous son toit.

Des gouttelettes coulaient le long du visage de porcelaine du docteur. Quelques mèches ployaient sous le poids de l’eau, bouclant sous l’effet de l’humidité. Sa chemise froide collait à sa peau, sa poitrine. Il inspira faiblement en sentant les mains de Vynce se resserrer contre le tissu glacé. Sa respiration se bloqua dans sa gorge lorsque son ami avança son visage contre le sien. Un souffle discret relâcha ses épaules lorsque leurs fronts se rencontrèrent. Opale n’osait pas ciller. Les mains, grandes et caleuses, marquées par les armes, les combats et la guerre, soutinrent soudainement sa nuque, encadrant le visage du caladre.

Il se passait quelque chose… D’étrange. Le médecin se sentait soudain très engourdi, là où son corps entrait en contact avec celui de Vynce. Les mains serrant son épiderme délicat lui déclenchaient des frissons qui le poussèrent à fermer les yeux. Il tentait de garder une respiration régulière, mais elle était irrémédiablement plus lente et il se sentait glisser… Glisser vers où ? Les cheveux et la peau d’Opale luisaient toujours d’une lueur blanche et pâle, comme la lune. Son cœur battait fort, et encore plus fort dans sa poitrine, remontant le long de sa gorge, ses poignets qui étaient retombés dans l’eau pour soutenir son poids qui partaient vers l’arrière, alors que Vynce se laissaient aller contre lui.
La voix soudaine du réfugié le fit sursauter et il rouvrit les yeux, les lèvres entrouvertes.

Surpris, il cilla en percevant le visage de Vynce s’éloigner de quelques centimètres. Des conséquences… ? Eh bien, il n’en était pas certain, il n’arrivait pas a savoir si cet état second était dû à son propre corps ou celui du draède mais… Il y avait bien quelque chose. Si leurs pouvoirs étaient capables de se transmettre d’un être vivant à un autre, était-il possible que leurs dons puissent entrer en communion ? Une lueur de curiosité insuffla les yeux opalins du médecin qui le laissa poursuivre.

Il secoua doucement la tête d’instinct. Encore des remerciements, si inutiles pourtant. Il ne lui devait rien. Vynce l’enlaça, soufflant toujours d’une parole franche, ce qu’il avait sur le cœur. Il le pensait réellement. Cette sincérité l’enveloppait tout entier et Opale leva ses mains mouillées pour les reposer contre son dos. Sous les tissus, il sentait les cicatrices de Vynce, ces aspérités si remarquables, si brutales. Lui aussi avait les siennes, mais jamais il n’avait vu de corps aussi meurtri par le temps et les autres. L’idée qu’on lui fasse du mal lui foutait les larmes aux yeux. Le cœur gros, il enfouit son visage contre son cou, inspirant son odeur. C’était certain, en l’instant, il ne voulait pas le lâcher.

-Je n’ai pas froid.

Murmura Opale, un peu tremblant malgré tout. Mais c’était vrai. La chaleur qui émanait du corps de Vynce l’irradiait tout entier. Il resta un instant dans son épaule avant de doucement s’en détacher pour lui faire face de nouveau.

-Je… Crois que je ressens quelque chose. Lorsque vous me touchez ainsi.

L’une de ses mains glissa contre sa propre poitrine, se serrant, là où était son cœur.

-Cela me… Fait comme des… Enfin… Des picotements ? Chauds, et puis, c’est comme si je glissais dans un rêve.

En prononçant ces mots, il se rendit compte à quel point cela devait paraître insensé. Il rougit, mais sous l’intensité du regard de son ami, se résolut à poursuivre.

-Je suis curieux, si je dois être honnête.

Il lui jeta un œil, se redressant légèrement contre lui jusqu’à que leurs corps se frôlent dans le bruissement humide des étoffes détrempées. Ses cheveux coulèrent le long de torse, caressant le cou de Vynce alors qu’il le surplombait, le visage légèrement au-dessus du sien.

-Est-ce que nous pourrions… Nous rapprocher ? Avez-vous déjà embrassé un humain, Vynce ? Et si nos dons s’activent, peut-être que… Peut-être que vous pourriez retrouver un semblant de connexion.

Avec moi.
C’était égoïste. Opale se sentait égoïste. Une telle demande, alors que son ami venait de craquer la fine limite qui lui permettait de tenir, encore. Lui aussi, peut-être, qu’instinctivement il cherchait la chaleur à combler, le contact à délivrer. S’il pouvait s’offrir, encore et entier, à ceux qui en éprouvaient le besoin, ce serait toujours plus confortable que d’être distancié de tout. Comment Vynce percevait-il ce genre de contacts ? Il était curieux, malgré lui. Avaient-ils la même signification pour lui que pour les hommes ? Opale, avait vécu des histoires avec des humains comme des nébuleux, la différence de traitement était toujours frappante. Des baisers les plus tendres et voluptueux, c'était bien ce qui continuaient à le faire vivre, lui aussi. A se croire moins seul.

-Dites moi si cela vous paraît insensé, je... Je ne souhaite pas profiter de votre fragilité. Nous pouvons aussi simplement nous étreindre... Tout ce que vous désirez.

KoalaVolant
Mer 15 Mai 2024 - 0:57
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Vynce Stanford
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S’il n’a pas froid tant mieux. Tu es bien ici, près d’Opale, dans cette eau qui te vivifie. Ton regard d’azur ancré dans ses opales. Il te fait part de son ressenti, de ce qui le déboussole intérieurement. Tu ne saurais dire si une communion est possible entre vous mais ce qu’il te demande t’interpelle. Il se redresse, venant se coller un peu plus contre toi, son visage plus haut désormais que le tiens. Tu penches légèrement la tête sur le côté en essayant de comprendre où il veut en venir. L’interrogeant du regard.

Toi aussi tu es curieux. En regardant dans ces orbes opalins et en percevant le phare léger sur ses joues tu comprends que ta présence et ta proximité semblent le rendre fiévreux. Tu ne peux t’empêcher de suivre les lignes de son visage pour retenir tous ses traits. Tel un peintre qui chercherait à donner le tableau parfait. Il te demande si vous pouvez vous rapprocher, si tu as déjà embrassé un humain. Tu hausses les sourcils en lui offrant un regard intrigué. Une connexion différente, comme celle des humains ? C’est ce qu'il semble chercher à te dire. Pourtant tu restes muet. Tu comprends ce qu'il sous-entend dans cette connexion. Ça ne te laisse pourtant pas indifférent. Cette fièvre, elle semble transmissible. Pourtant tu n’es pas un homme pour tomber malade, non… c’est autre chose. Ta curiosité est trop grande, tu as envie de goûter à cette sensation d’être connecté avec autre chose que des plantes, à une personne qui t’es chère.

Pourtant, tu sens qu'il ne cherche pas à te corrompre ou profiter de ta faiblesse. Il attise ta curiosité et ce besoin de s’accrocher à quelque chose. Et tu vois… tu comprends qu’Opale aussi, depuis bien longtemps il n’a cessé de s’accrocher et de trouver une connexion qui puisse le maintenir à flot. Tes lèvres s’entrouvent sous la splendeur de son visage, son regard et ses cheveux scintillant d’une faible lueur. Sa peau pâle ressortant ainsi plus vivement alors. Ta main vient se glisser sur son visage, sa tempe, puis ses cheveux dont une mèche rebelle cherche à cacher la vue de ton homologue. Non, ce n’est pas ta fragilité qu’il risque d’ébranler. Mais c'est la sienne et sa détresse que tu perçois à travers son regard et sa proximité. Si tu n’es pas empathe comme lui, tu es hypersensible, ce qui te donne un certain degré d’empathie pour même un être autre que la nature, comme Opale. Tu secoues doucement la tête négativement. Il n’use aucunement de ta fragilité.

Et si la nature te tourne le dos, tu vois bien qu'il y a un être qui est prêt à t’ouvrir ses bras pour t’aider à remonter à la surface. C’est ce qu'il a fait. Malgré sa propre fragilité, il a fait en sorte de te hisser hors du gouffre, il essaye, et ça semble plutôt bien fonctionner. Tu penches la tête, ton regard bougeant ci et là sur ses traits.
“Je crois comprendre… qu'une autre connexion peut être possible. Différente de celle que je connais avec mes congénères mais toute aussi forte et intense. Ça me rend curieux…”
Ton buste se colle un peu plus à lui lorsque tu te redresses un peu. Tes mains venant encadrer tendrement le visage d’Opale, tu avances le tiens pour venir poser tes lèvres sur les siennes. D’abord doucement, prolongeant le contact, puis répondant aux lippes du Caladre. Embrasser un humain… oui, ça t’es déjà arrivé. Peu importe le genre, tu es une plante dans l’âme, en général ça n’est jamais allé très loin. Trop prude pour te soucier des mêmes besoins qu’eux, trop peu courageux pour chercher à ressentir un certain paroxysme ou trop peureux pour en comprendre les effets sur ton corps humanoïde. Oui, tu as déjà ressenti cette chaleur et ces picotements. Mais tu as toujours cru que cette douleur étrange n’était dûe qu’au lien qui t'unit à la Nature dans son entièreté.

Tu as toujours pensé que l’humanité avait une partie de ces liens avec la Terre mais qu'il en avait oublié la façon de se connecter alors il utilise des subterfuges. Mais à partir du moment où l’on ressent quelque chose, tout est source de lien. Et ce lien, tu l’exécutes actuellement pour tenter de voir Opale dans son entièreté, tu cherches à te connecter à lui d’une autre manière. Embrasser le Caladre te donne des frissons, te pince le cœur et te réchauffe le corps en même temps. C’est une sensation vraiment étrange. Est-ce qu’en plus de ressentir des émotions il peut les transmettre ? Tu es assez curieux pour le coup. Dans ce baiser langoureux, tes mains glissent autour des épaules de ton ami, venant l’entourer pour le rapprocher un peu plus et le garder contre toi.
@"Opale Caladrius"
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Mer 22 Mai 2024 - 23:24
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Opale Caladrius
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Les doigts de Vynce glissant contre sa tempe laissèrent un frisson sur son sillage. Après la violence d’un rejet, la tendresse de ses mains. Elles avaient toujours été patientes, conciliantes avec Opale. Ces doigts, pourtant marqués par les armes, l’index encore abimé par le sursaut de la gâchette. Son regard est chaud, l’enveloppe avec douceur. L’angoisse est toujours là, tapie dans les ombres, susurrant dans le courant de la rivière. Habituellement, le moindre bruit parasite tendrait Opale, mais pour une fois, toute son attention se focalisait sur un seul et même être.

Une autre connexion… Oui, c’était surement différent de tout ce qu’il avait pu vivre. C’était manifeste, Opale avait toujours apprécié se perdre dans des bras inconnus d’hommes comme de femmes, nébuleux comme humains. Lorsqu’on lui témoignait désir et affection, il se sentait exister. Son corps n’était plus un outil, mais une chose existante, capable de ressentir, de s’émouvoir. Alors qu’on lui veuille du mal ou non, il n’avait plus su faire la différence. Mais la douceur de Vynce, elle changeait tout.

Car Opale, aussi loin qu’il s’en souvienne, n’avait plus fait confiance. Les abus, les trahisons étaient toujours trop soudaines. Et lui, avait perdu cette foi, celle qui perdure en l’autre. Cette île serait son tombeau, il en était certain. Et même ici, loin de la guerre et de la souffrance, il n’avait jamais réellement réappris à vivre en s’accordant à d’autres êtres. Tout lui avait toujours paru dissonant, lointain et distancié. Mais là, oui, c’était bien réel, il vivait pleinement l’instant. Et à peine les quelques mots de son ami entrecoupés entre ses lèvres que ses mains encadrèrent le visage du médecin. Il ne dit rien, les paupières closes, le sentant approcher. Son ami déposa ses lèvres tremblantes contre les siennes.

Un souffle lui agita la poitrine et leurs corps se pressèrent l’un contre l’autre. La bouche de Vynce était brûlante, curieuse, la sienne était glaciale. Leurs dents s’entrechoquèrent d’abord maladroitement, mais ils prenaient leur temps. Opale laissa la sensation familière couler le long de sa langue, réchauffant sa gorge, sa poitrine jusqu’à son échine. D’un geste, il ramena ses cheveux qui commençaient à boucler à cause de l’humidité derrière son dos, courbant l’échine pour chercher les battements. Son cœur bataillait prêt de celui de Vynce, il le percevait.

Opale aurait aimé montrer qu’il était calme, mesuré, comme il l’avait toujours été. Mais en réalité, le désir montait en lui comme une flèche tirée, qui le traversait tout entier. Il ne voulait pas se montrer trop vindicatif ou autoritaire mais son corps résonnait pour lui. Il en avait presque oublié la consigne principale alors qu’il se saisissait des poignets de Vynce. Ses doigts les pressèrent avant de glisser le long de ses bras, relevant ses manches pour sentir sa peau. Ils suivirent leur piste jusqu’à sa poitrine puis ses côtes pour achever leur course contre ses omoplates. La naissance des ailes. Alors qu’il explorait ce corps inconnu sous la couche de tissus détrempés et froids, il se rappela la consigne initiale.

Vynce… Sa voix n’avait été qu’un bref murmure contre l’oreille presque humaine du nébuleux. Ah, oui. Son don. Le visage brûlant, il se détacha un instant de Vynce, avant d’avancer un genou pour se retrouver plus proche encore. Sa cuisse rencontra la sienne et ses cheveux, sa peau, s’illumina de sa lueur translucide. Dans l’eau s’agitait les millions de reflets miroirs provoqués par ce pouvoir, si éclatant. La brève concentration le força à refermer les yeux, ses lèvres caressant la joue, puis de nouveau les lèvres de son compagnon de fortune. Alors voilà. Il n’était pas certain qu’il faisait quoique ce soit au draède. La barrière des espèces forçait parfois à l’imagination, plus que de raison. Ils possédaient tout deux cette curiosité pour l’autre et Opale, au fond de lui, savait que cela n’entacherait pas leur amitié. Il n’était pas certain d’avoir des sentiments pour son protégé, mais l’envie de sentir un corps aussi chaleureux contre le sien le dévorait.

-Cela me va, cette curiosité. Assouvissez-la comme vous l’entendez, jeune draède.

Opale s’était écarté, essuyant ses lèvres du pouce avec un sourire. Il le surplombait toujours du haut de ses genoux qui frottaient contre les galets. L’eau glacée coulait contre son pantalon, le long de ses cuisses mais en l’instant, cette brève sensation n’était plus qu’un frisson à peine désagréable. Il aurait aimé s’assurer, qu’il n’était pas le seul à être touché par cet autre corps, cette autre envie. Son autre main glissa le long de la mâchoire de Vynce dans une caresse, passant à l’arrière de sa tête pour tirer très légèrement ses cheveux. Ils étaient doux dans leur blondeur candide, et ce visage qu’il distinguait enfin de plus près, il commençait à le connaitre. Oui, c’était étonnant pour Opale, mais il lui semblait que cette créature lui devenait « familière ». Un mot étrange pour quelqu’un qui ne s’était jamais réellement senti chez lui.

-Je me sens tellement moins seul, depuis que vous êtes ici.


KoalaVolant
Mar 4 Juin 2024 - 0:22
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Vynce Stanford
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Ton corps bat. Il bat fort. Il bat vite. Il s’active et fait chauffer ta sève qui coule à travers tes canaux, laissant tes membres soudainement ignifugés par ce liquide bouillant. Répondant à un appel instinctif qui te semble pourtant si proche et si lointain de ce que tu as déjà pu ressentir avec l’osmose entre toi et tes congénères. Un appel mammifère, bestial. Dans ton empressement pour goûter un peu plus la sensation des lèvres contre les tiennes, tu cognes maladroitement tes dents contre celles d’Opale. Sursautant sous l’effet bref du choc. Pourtant tu continues, comme emporté dans une doucereuse sensation qui émane de ton comparse. Tu as l’impression qu’au plus tu restes contre ses lèvres, son corps, il finira par se réchauffer et prendre une teinte moins froide.

Ses mains attrapent tes poignets et se resserrent autour. D’abord tu penses que ça le dérange, mais ses dextres glissent sur ton bras pour découvrir le tissu du gros manteau qui le recouvre. Ses doigts fins effleurant les nombreuses cicatrices qui le parsèment avant de s’arrêter dans ton dos. Pressant tes omoplates que tu fais rouler sous la sensation étrange de leur pression. Sa voix résonne tel le bruissement des feuilles dans un souffle léger. Tes mains toujours campées contre le visage du Caladre n’osent pas bouger. Pourtant, tu te forces à relâcher ton emprise pour le laisser reculer un peu, se rapprochant toujours plus de toi. Qu'il fasse, tu as envie de le sentir tout près, très près, probablement trop. Car tu aimerais vraiment fusionner avec lui comme tu fusionnes avec la Nature, avec le Grand Chêne. Mais il n’est pas un arbre, il n’est pas une plante, alors tu essayes de trouver une autre méthode pour l’avoir au plus près de toi.

Ton cœur ne cesse de s’affoler. Forçant ta cage thoracique à se soulever puissamment. Ta respiration se fait plus lourde, plus suffocante tant l’emballement te surprend. Opale luit, il est beau, il est majestueux et si… seul à travers toute cette végétation dont tu aurais dû partie. Mais ce rejet a été si violent qu’à présent, tu as l’impression de rejoindre Opale dans sa solitude et ça te déchire profondément le coeur. Tu restes coït à observer ton ami briller et faire scintiller les perles d’eau et la rivière dans laquelle vous vous trouvez, si peu profonde, comme s'il s’agissait de millions de cristaux et de diamants révélant leur âme à travers la lumière si intense du soleil. Tes lèvres entrouvertes pour laisser échapper ta respiration saccadée, tu ne parviens pas à quitter cette vision du regard. Il t'éblouit, t’illumine et t’aveugle. Tu as presque envie de rester ainsi, si ce n’est sans compter sur cet instinct primal qui te pousse à revenir goûter ces lèvres si fines.

Ses mots sonnent chez toi comme une soumission absolue. Mais ce n’est pas ce que tu cherches. Ce n’est pas ce que tu veux. Tu fais glisser le bout de ta langue pour t’humecter la lippe inférieure, ton regard captant ses orbes pâles. Tes mains glissent sur ses bras et viennent s’arrêter sur ses flancs pour se presser contre sa chair.
Tu n’es pas un objet Opale. Tu n’es pas une curiosité que l’on peut assouvir comme on le souhaite et à sa guise. Je veux seulement que tu comprennes que je ne t’utiliserais pas comme tu as pu autrefois l’être. Je reste là à t’observer en pinçant les lèvres et soupirant par les narines.

“Opale… assouvissons-la ensemble, cette curiosité… Montre-moi comment…” Ta voix se perdit dans un murmure incertain, un soupir extatique qui te laisse songeur. Est-ce que c’est ça ressentir du désir comme t'ont expliqué tes frères d’arme ? Ressentir de l’attirance comme tu l’aurais avec une plante aux phéromones très aphrodisiaques ? Tu as l’impression qu’Opale est comme ces orchidées qui te font tant d’effet.

La main du Caladre glisse sur ton menton, la ligne de ta mâchoire et jusqu'à ta nuque, remontant pour attraper l’arrière de tes cheveux et tirer légèrement. Tu fermes les yeux en laissant échapper un énième soupir tout en dévoilant ta gorge dont la pomme d’Adam s’agite au rythme de tes expiration saccadées. Tes doigts se pressent un peu plus contre la peau de ton ami, ramenant instinctivement ce dernier contre toi alors qu’il te surplombe. Tu sens contre toi son bassin et son buste. Ton regard s’ouvre pour le fixer quand tu entends ses mots, une pointe de mélancolie passant dans la lueur de ton regard et ta poitrine, te provoquant une pointe douloureuse. Tu glisses tes doigts sous le tissu pour venir toucher sa peau, remontant jusqu'à ses côtes puis dans son dos où tu sens des aspérités, des défauts, des marques vives et longilignes. Les stigmates d’une vie marquante et douloureuse. Mais comme toi et tes nombreuses cicatrices, tu ne poses pas de questions, tu ne t’en offusques pas, tu saisis le corps contre toi et viens enfouir ton visage contre sa gorge pour y déposer tes lèvres. Tu ressens sa solitude, tu la comprends aussi très bien maintenant. Tu redresses ensuite ton visage après cette étreinte pour fixer Opale.
“Je vous tiendrai autant compagnie que vous aurez besoin, Opale. Je suis là… aussi longtemps que vous le voulez.”
Ton regard ne rompt pas le contact avec celui d’Opale. Il transpire de sincérité et de compassion. D’amour aussi. Tu as envie de voir ce que ça fait de se sentir proche de quelqu'un dans un sens différent que te sentir proche des plantes. Ta main d’écorce dans le dos nu d’Opale laissant pousser ses multiples racines pour recouvrir ce dernier presque entièrement sans t’en rendre compte, agissant tel un doux voile de branchages. L’excitation du moment semblant te faire perdre tes moyens. Tu redresses la tête pour venir de nouveau goûter ses lèvres. Tu as plutôt bien aimé le goût de plante infime qui se fait sentir. Tu ne veux pas aller trop vite. Tu veux prendre ton temps pour découvrir tout ça avec lui et grâce à lui. Quelque part, tu as presque l'impression que lorsque tu fermes les yeux, tu le vois sous son apparence d'oiseau. Si beau et majestueux.

@"Opale Caladrius"
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Jeu 6 Juin 2024 - 23:16
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius
Paroxysm
"I have never more wanted to see you than I do now"



L’assouvir… Ensemble ?
La demande fit frissonner Opale. C’était une demande si évidente, pourtant. La tendresse de ces mots le surprenait. Il revoyait cet ancien amant humain qu’il avait tant aimé, sa bouche contre son ventre, murmurer des paroles similaires. Son nom rouler contre sa langue, son palais, ses cheveux glissant en caresse le long de ses cuisses. Oui, voilà bien des années qu’on ne l’avait pas considéré avec autant de préciosité… Autant d’amour. Distance et mesure avait été les mots d’ordres d’Opale, lorsqu’il était arrivé sur Nitescence. Les corps qui s’entremêlaient ne l’étaient pas pour le romantisme de l’acte mais pour le désir. L’amour, ça lui faisait peur.
C'était trop de responsabilités, trop d'ampleur. Il s'y perdait facilement et c'était toujours douloureux. Il préférait rester à la surface, là où tout était bien visible et clair.

Vynce, avec son regard humide et son souffle incertain semblait vouloir le percevoir au-delà d’un objet de désir. C’était louable… Et Opale en était touché. Il n’était pas tout à fait prêt à l’accepter alors il laissa les paroles s’écouler dans l’air suspendu, incapable d’y répondre. Lui montrer, cependant, il pouvait le faire. Le médecin contempla la pomme d’Adam du Draède monter et descendre au rythme de ses souffles qui se faisaient plus bruyant, noyés dans les chuchotements de la rivière. Ses yeux se fermèrent et une légère exclamation de surprise souleva sa poitrine alors que la prise de son partenaire se raffermissait. Il retient son souffle, se laissant mener jusqu’à que les mains de l’autre se faufilent sous les étoffes. Ses doigts chauds contre la peau de sa taille le firent frissonner et il ferma les yeux, posant une main sur sa bouche. Le rouge lui était instantanément monté aux joues et dans cette bataille, il s’en voulait presque de se laisser gagner aussi facilement.

Il inclina la tête vers l’avant, la respiration entrecoupée alors que les mains continuaient leurs courses jusque dans son dos. Par réflexe, Opale arqua l’échine. La peau à cet endroit était plus sensible, plus fragile. Les longues stries laissaient place aux strates peu élégantes des brûlures du fer. Toute sa vie il la porterait à cet endroit, la marque. Autrefois, un tatouage traditionnel réalisé par sa mère, en symbole de sa lignée. Plus tard, l’humiliation des humains sur sa chair. C’était bien tout ce qu’était Opale, comme beaucoup d’autres nébuleux. Vynce ne dit rien et cela le rassure. Lui aussi est marqué, pas pour les mêmes raisons, mais son corps a été malmené par les autres.

Il n’y a plus rien à dire, seulement à sentir.
Les lèvres du draède s’étouffent dans sa nuque, contre sa gorge, laissant sur leur sillage des picotements. Ces quelques mots le laissèrent de nouveau silencieux, simplement à l’écoute. Vynce avait-il vraiment besoin de ça ? Opale aurait voulu démentir, dire que ce n’était pas à lui de décider de ce que le draède voulait être, voulait faire. Il le voulait en ami et non en serviteur. Mais après ce rejet violent, il ne parvient qu’à murmurer d'une voix conciliante

-Moi aussi, je serais là, Vynce.

L’une de ses mains quitta l’arrière de sa tête pour retomber dans ses cheveux blonds, les caressant doucement dans un sourire. Un hoquet de surprise le fit sursauter en sentant les racines s’étendre soudainement le long de son dos, serrant ses côtes, sa taille, glissant le long de ses cuisses. Opale cilla, cherchant dans ce regard si tout allait bien, mais rien d’alarmant n’émanait de Vynce qui continuait à l’observer, les étoiles dans ses yeux bleus. Alors le médecin inspira plus fort, les branches souples s’insinuaient sous ses vêtements, pétrissaient sa chair.
La sensation était étrange, une pression vive qui massait sa peau, remontait jusqu’à l’arrière de sa nuque. Elles n’encombraient pas ses mouvements alors il retomba contre Vynce, passant à son tour ses deux mains le long de ses épaules pour retirer son épaisse veste rouge qui tomba à leurs genoux. Lui aussi était trempé, son haut noir collait à sa peau comme la chemise d’Opale. Le médecin inclina la tête vers l’avant, déposant ses lèvres dans son cou avant de le pousser dans l’eau d’un geste lent, mesuré.

Son bassin retomba contre celui du Draède alors qu’il glissait contre lui. Ses paumes se pressèrent contre sa poitrine, descendant jusqu’à son ventre pour soulever le tissu lourd d’humidité. L’eau arrivait jusqu’à ses cuisses, entourait ce nébuleux qui en cet instant était à la merci de ses tendres indications. Ses doigts glissèrent contre la peau quasiment dénudée, dévoilant à son contact les clavicules. Opale se pencha, embrassa Vynce plus longuement, s’attardant sur sa bouche avant de rejoindre le creux de sa mâchoire, sa poitrine, il descendit en suivant de ses lèvres les cicatrices épaisses, à la peau craquelée et travaillée par les années. Sa bouche s’attarda à certains endroits. Il voulait lui faire du bien, tant sentir son corps se tendre sous son emprise alors que lui-même était opprimé par la sienne. Les racines continuaient de grandir sous sa chemise, lui arrachant des souffles incontrôlé.

Il se redressa, passant un instant à regarder Vynce ainsi allongé, homme de grande grâce. Y caresser les lignes apparentes de son ventre de ses mains luisantes de cette faible lueur, chaque trace semblait laisser une légère décharge. Cet homme dans ses vêtements détrempés, étalé de la sorte, essoufflé, en sueur, débraillé, les lignes de ses muscles contractés bien visibles au travers du tissu, c’était… Tellement… Opale rougit, s’il ne l’était pas déjà assez, une expression indéchiffrable sur le visage.

-Vous appréciez ce que vous ressentez, Vynce ?

Dit-il doucement, les paupières légèrement plissées. Il le distinguait mal, dans le flou de toutes ces couleurs, lumières, mais la faible vision qui lui parvenait lui convenait amplement. Voilà bien lointain qu’il n’avait pas mit un homme à genoux, préférant de loin la présence féminine ces dernières années. Il se pencha au-dessus de son visage, sourire aux lèvres.

-A quel point votre corps est-il humain… ? Ressentez-vous cette… Osmose ? Les caresses ? Les baisers ? Mes mains… ? Avez-vous déjà été touché ainsi ? Décrivez-moi. tout...

Il joua de ses doigts le long de son ventre, sa curiosité scientifique piquée. Parfois, le soigneur en lui ressortait sous des traits inquisiteurs.

-Mon corps est aussi fragile que celui d’un diurne, ne me brisez pas…

Ajouta-t-il sur le ton de l’humour, sentant les racines froides serrer sa taille.



KoalaVolant
Sam 6 Juil 2024 - 12:13
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
My smile was so empty
Then it hurt to watch me
Les main, les baisers, les caresses, tout chez Opale t’anime d’une émotion nouvelle. Quelque chose d’intense et de profond. Sans trop savoir à quoi l’associer, tu as l’impression de renouer avec tes congénères d’une toute autre manière, tu as l’impression de revivre ta première communion, ressentant tous les sentiments, la vie en elle même qui t’a assaillie ce jour là avec une telle fulgurance que… tu as aimé sans aimer réellement. Des sentiments bienfaisants et leurs contraires qui t’arrivent en plein corps c’est perturbant. Mais là, actuellement, tu ne ressens que le bien-être un plaisir certain dans les attentions que t’offre Opale. Tu tombes ton éternel manteau rouge, répondant au baiser du Caladre tout en poussant des respirations saccadées. Et parce que tu es profondément perturbé par ce ressenti, tu ne contrôles pas toujours ces ramures qui te poussent à travers ton bras dendrifié.

Ses mots, plus que de raison, t’offrent un certain réconfort, le sentiment de ne pas être tout seul à ressentir ça. Mais jusqu’où cette sensualité et ce besoin charnel peuvent animer ton être? Tu n’en sais rien. Mais c’est étonnamment enivrant. Alors en réponse aux attentions qu’Opale t’offre, tu tentes de lui en procurer en retour, si tes racines s’immiscent un peu partout sous son vêtement au niveau de son buste, ta main valide caresse ses flancs, glissant jusqu’à son épaule puis remontant dans ses cheveux et sa nuque. Tu réponds au baiser qu’il t’offre de nouveau, te laissant tomber en arrière, submergé par le courant d’eau qui te chatouille l’échine et les épaules. Ton buste se soulève, l’eau froide sur ton corps ne te fait aucun effet hormis te rafraîchir plus que de raison car tu sens ta sève bouillir en toi. Étrangement, malgré cette fraîcheur bienvenue, tu es en totale ébullition.

Sous cette vague de chaleur, tu as l’impression d’être essoufflé, de suffoquer, ton haut délicatement relevé jusqu’à ton cou dévoile une partie de ton corps nu, mais également les nombreuses cicatrices dont tu n’es pas fier. Sentir les mains d’Opale s’affairer autant sur ton corps meurtri est une sensation étrange, pas désagréable, mais ça te fait quelque peu rougir, un peu honteux tu dirais, parce que tu n’aimes pas les cicatrices qui marquent ton être de toutes parts, pas seulement le buste, partout, blessures de guerre, c’est certain, mais en cent trente ans, tu en as quand même cumulé un sacré paquet.

Ton regard se relève sur Opale, embué par un désir certain pour l’être qui se trouve en face de toi, sa voix te ramène à l’instant présent, il se fait confident, désireux de savoir ce que tu peux ressentir sous ses attentions, si tu aimes. Son regard se pose sur toi longuement, il t’observe, t’étudie, t’analyse, tu sens son regard comme s’il brûlait ta peau, rougissant en espérant qu’il ne soit pas écoeuré de la vue, tu détournes le regard, tentant de te focaliser sur ce brin d’herbes aquatiques qui bouge au rythme du courant. Tu ne sais pas quoi répondre, tu n’oses pas, ou peut-être que tu ne parviens tout simplement pas à comprendre avec exactitude tout ce que tu ressens.

Instantanément, lorsqu’il te fait savoir qu’il est aussi fragile qu’un Diurne, tu t’arrêtes, ramenant tes racines à ton bras, ne voulant pas le brusquer, tu n’as pas réalisé que tu en avais fait pousser autant. Tu détournes le regard pour le fixer d’un air contrit. Te redressant un peu pour ôter le tissu qui te gêne.
“Pardon, je ne m’en suis pas rendu compte…” Ta main valide se redresse pour venir caresser son visage, tu l’observes intensément en réfléchissant un peu à ce que tu pourrais lui dire, comment tourner tes phrases aussi sous l’extase que tu ressens actuellement sous ses mains expertes.
“C’est… agréable… et à la fois étrange.” Tu secoues la tête, c’est bien la première fois qu’on te touche de cette façon, avec autant de passion et de sensualité. “On ne m’a jamais touché ainsi mais c’est comme la caresse des pétales d’une fleur, ses phéromones si excitants, enivrants qui se dégagent dans l’atmosphère. C’est un peu comme ça que je le ressens.” Oui, tu te sens excité, profondément enivré par la fragrance du Caladre. Tu te redresses pour venir simplement frôler de tes lippes sa peau au niveau de son menton, remontant sur ses lèvres à lui pour venir dans son cou humer son odeur, tes mains se pressant sur le creux de ses reins pour appuyer ce dernier contre le tiens. “J’ai l’impression d’avoir chaud, de gonfler et suffoquer tout à la fois.” Comme un bois en pleine forêt tropicale, imbibé d’eau dont le corps gonfle sous la chaleur intense du soleil, faisant craqueler son écorce trop serrée autour de son tronc. Tu as cette sensation étrange dans ta poitrine qui te procure des fourmillements dans les chevilles, dans le bas-ventre et jusqu’au bout des doigts. “J’ai comme des petits pucerons qui viennent piquer mon corps à certains endroits. Et cette envie de…” Ton front contre sa clavicule, tu prends une inspiration en remontant tes mains jusqu’à ses côtes, tu serres les dents. “Une envie d’entrelacer mes racines aux vôtres.” Mais tu sais très bien qu’il n’en n’a pas, lui, de racines. Il a des membres, un corps, tout ce qu’il y a de plus humain.
@"Opale Caladrius"
“”


Ven 12 Juil 2024 - 17:04
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