Notre égoïsme va si loin que nous croyons, en temps d'orage, qu'il ne tonne que pour nous.
Le ciel, bien que couvert de nuages, n’apportait aucune fraîcheur mordante. Sur une île telle que celle-ci, la nécessité de porter des doudounes était presque inexistante, car la chaleur y régnait souvent en maître. Ainsi, lorsque les nuages tamisaient la lumière du soleil, c’était le moment idéal pour partir en chasse!
Sans perdre un instant, June, qui connaissait la forêt comme sa propre âme, se dirigea vers les recoins reculés où se cachaient rongeurs et lapins qui peuplaient la terre de Nitescence. Il avait été profondément indigné en apprenant que quelqu’un avait récemment disposé des pièges. Ce n’était pas tant la traque qui le dérangeait, mais plutôt la cruauté des dispositifs, laissant les animaux agoniser dans une souffrance insupportable. De plus, un nébuleux ou un humain aurait pu se blesser, lui le premier, en passant sa tête dans un collet, risquant ainsi de suffoquer et de périr.
Depuis longtemps, June avait repéré l’entrée d’une petite grotte qui offrait un refuge idéal. Il y trouvait souvent abri, particulièrement lorsque le climat était clément. C’était également l’endroit où il déposait ses vêtements pour embrasser sa véritable nature : celle d’un Nogitsune roux, orné de délicates arabesques lumineuses qui parsemaient sa fourrure. Deux queues touffues, indicatrices de son âge approximatif, ajoutaient à sa prestance. Sa silhouette éthérée, parfois traversée par des ombres mouvantes, témoignait de son pouvoir mystique.
Il avait donc, dans cette grotte, délicatement déposé ses habits avant de se métamorphoser, laissant éclater une joie enfantine alors qu'il bondissait avec allégresse, ravi de pouvoir enfin dégourdir ses quatre pattes. Une fois à l’extérieur, il leva sa truffe avec une noblesse instinctive, humant l’air avec une attention minutieuse, ses oreilles dressées captant chaque murmure de la forêt. Rapidement, il repéra un merle insouciant picorant au pied d’un grand chêne. Se figeant dans une posture de traqueur, il releva doucement sa patte droite, puis, lentement, il adopta la position du chasseur, son arrière-train relevé, sa tête effleurant presque le sol. Il avançait vers l’oiseau avec une discrétion de canidé, foulant le sol avec une légèreté de plume… jusqu'à ce qu’un craquement retentisse sous une brindille ! Alerte, l’oiseau s’envola en un éclair, laissant June pousser un grognement d’impuissance, le regard suivant l’ombre ailée qui s’éloignait.
Ne se laissant pas abattre, il se mit en quête d’une nouvelle piste, celle d’un campagnol cette fois-ci. Reprenant sa technique, il prit soin d’éviter chaque feuille et branche qui aurait pu trahir sa présence. Cette fois-ci, avec une agilité et une précision dignes de son espèce, il bondit et tua sa proie d’un coup de croc. Fier de sa prise, il se redressa, sa queue en panache témoignant de son triomphe. June gratta alors le sol pour y enterrer son trésor, promettant de le récupérer plus tard.
Cependant, ses yeux gourmands ne tardèrent pas à chercher une nouvelle proie. Cette recherche fut retardée lorsqu’il fut distrait par un papillon virevoltant, qui manqua de se poser sur son museau. Fasciné, il le suivit, tentant en vain de l’attraper. Totalement absorbé par ses instincts primaires, aplati sur le sol, il ne remarqua pas l’atmosphère changeante jusqu’à ce que la première goutte d’eau s’écrase sur son front. Ignorant d’abord la fine pluie, il continua sa chasse jusqu’à ce qu’un coup de tonnerre retentissant fende l’air, hérissant tous les poils de son échine. Rien n’était plus terrifiant que de se retrouver en forêt par temps d’orage. Le grondement se fit plus proche, plus insistant, le faisant bondir sur ses pattes. Quitter la forêt semblait trop risqué, la ville bien trop éloignée pour qu’il puisse s’y réfugier sans danger.
Il prit alors l'initiative de regagner la grotte, située à quelques pas seulement. Néanmoins, alors que le tonnerre tonitruait et que la pluie redoublait d'intensité, saturant son pelage d'eau glaciale, il laissa échapper un grondement de frustration. Les éléments, en furie autour de lui, ne faisaient qu'accentuer son exaspération grandissante.
Malgré l'averse diluvienne, il parvint rapidement à la caverne, y accédant en quelques foulées précipitées. Il s'ébroua vigoureusement, laissant les gouttelettes ruisseler de ses moustaches dans un soupir d'agacement. Il exécrait les orages, et la pluie, à dire vrai, n'avait guère sa faveur. Soudain, malgré le vacarme assourdissant du déluge, ses oreilles se dressèrent, alertes, en entendant des craquements se rapprocher. Il hérissa légèrement sa fourrure, tentant de se donner une apparence plus imposante, bien que sa taille fût à peine supérieure à celle d'un renard ordinaire.
C'est alors qu'il l'aperçut, un jeune homme, sans doute pris au dépourvu par les intempéries. June s'assit prudemment, ses yeux hétérochromes scrutant l'inconnu avec une curiosité empreinte de méfiance, leurs éclats différents brillant dans la pénombre protectrice de la grotte.
- Pas de bol, hein ?
Et c’était le cas de le dire, le déluge s'abattait avec une intensité redoublée depuis son arrivée, à peine une minute auparavant. Un soupir dépité s'échappa de ses lèvres tandis qu'il s'étira pour chasser la gêne croissante.
June s'approcha avec une prudence mesurée de l'intrus, ses narines frémissant d'une curiosité insatiable, avant de lui tendre une patte en signe de salutation.
- Je suis June, enchanté. Et vous, quel est votre nom ? Vous allez me manger ? Mon goût est des plus discutables ! Enfin… cela dépend de ce dont nous parlons ? haha!
Un rire éclatant raisonna dans l'atmosphère de la grotte, illuminant son regard d'une malice taquine. Puis, se détournant avec grâce, il se dirigea vers ses affaires soigneusement disposées au fond de la caverne. D'un geste délicat, il effleura du bout de la patte le tissu de son t-shirt, mais s'interrompit soudainement. Sa tête rousse pivota lentement vers l'inconnu tandis qu'il murmurait d'une sur le même ton espiègle:
- Je vous inviterais à vous détourner un instant. Je vais retrouver ma forme hybride. Je crains de devoir m'exposer un instant, le temps de m'habiller vous comprenez... Ce n'est pas que cela me pose problème, surtout en une si charmante compagnie, mais je préfère vous prévenir!
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Le repos, il était bien mérité au vu des récents événements, les journées étaient épuisantes et peut-être un peu trop riche en émotions à ton goût. Le temps idéal pour se balader en forêt, tu adorais sortir, mais un problème se posait, le monde. Les rues étaient donc à éviter, alors que dans la forêt, à part des lapins curieux et d'autres animaux.
T'avais préparé de quoi manger pour la journée et suffisamment d'eau pour tenir un moment, t'aimais être prévoyant et tu aimais ne manquer de rien. Te rendant donc dans la forêt avec ton sac à dos rempli, tu marchais en admirant le coin. Tu étais fan du calme qui régnait, t'étais apaisé. C'était rare pour un esprit aussi anxieux que le tien. Tu ne pensais à rien d'autre qu'à profiter du moment présent.
C'est sous un chêne dans l'arbre que tu commenças à manger, bon, comme t'avais prévu à manger pour huit personne, ça ne changeait pas grand chose au poids de ton sac, au moins tu avais la conscience tranquille. Quelques gouttes tombèrent sur ton front, tu les essuyais automatiquement, tu levas la tête t'interrogeant, devais-tu rentrer ? Les arbres devraient suffisamment te protéger.
Après quelque temps, un bruit te stoppa net, l'orage ? Tu levas à nouveau les yeux, quelle idée de se balader par un temps pareil. Après quelque minutes à courir, tu trouves une grotte, miracle ! Tu te stoppes net, c'était quoi devant ? Tu approches doucement, il commence à parler, ça parle les renards ? Nébuleux pour sûr. Tu t'abrites pas trop loin de lui avec un soupire soulagé, t'aurais pas aimé devoir te battre avec une bête pour occuper la grotte. Il se présente, te demande ton nom et te demande si tu vas le manger, tu plisses les yeux. C'était une blague ?
- Yukio, de même. J'suis pas du genre à manger. Enfin euh... Les gens ? Enfin, j'imagine ?
Plutôt à être mangé finalement. Il te demande de te retourner pour reprendre sa forme, était-ce un sous-entendu ? Tu préfères ne pas comprendre. Même si, tu es rouge pivoine, regardant le sol et te retournant automatiquement pour être dos à lui.
Qu'est-ce que tu racontes ? Tu poses ton sac à coté de toi, tu enfouies tes mains dans tes manches et ton visage dans ton haut, cachant ton visage pourpre. Tu pousses un peu ton sac pour l'éloigner de toi et tu peines à parler en sortant légèrement .
- Il y a à manger... euh si vous avez faim... et à boire aussi. Vous pouvez vous servir...
Ton visage retourne automatiquement se cacher dans ton haut, regardant la pluie tomber pendant que t'es entrain de paniquer intérieurement et que l'orage frappe.
Ven 5 Juil 2024 - 0:27
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June Kobayashi
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Le Nogitsune observait l'intrus avec une intensité captivante, un sourire effleurant ses lèvres lorsqu'il réalisa rapidement que la menace était insignifiante. Il nota avec amusement la légère réaction de l'autre à ses paroles, manifestement déconcerté par leur ambiguïté, tandis que le rouquin malicieux savourait en silence cette petite victoire.
Dans la continuité de l'échange, il apprit que l'intrus répondait au nom de Yukio. Un nom qui dansait sur sa langue avec beaucoup de douceur, lui rappelant ses origines qu'il n'avait pourtant pas connu. Le Nogitsune l'observa avec curiosité , ses yeux brillants d'un éclat espiègle alors que Yukio se laissait emporter par ses propres assertions maladroites. June, attentif à la moindre opportunité, saisit instinctivement la perche tendue par la conversation.
-Vous… imaginez ? s'exclama June avec une théâtralité feinte, frappé d'une stupeur tout aussi fausse, aw, j'ai bien des soucis à me faire, alors!
Le nébuleux laissa s'échapper un rire cristallin avant de retourner à ses affaires, conseillant à l'inconnu de se détourner pendant qu'il se parait. Malgré l'obscurité qui enveloppait la pièce, le Nogitsune, doté de la vision perçante des nocturnes, ne put ignorer le léger rougissement de son interlocuteur tandis qu'il obtempérait.
« Faites-vous plaisir » qu’il disait..
- C’est si généreusement proposé… Je me ferai donc plaisir en pensant à vous et à votre charmante... hospitalité ?
Que dire de plus, en vérité ? C'était trop amusant pour ne pas appuyer les propos. Le Nogitsune laissa échapper un nouveau rire tandis qu'il regagnait ses effets personnels. Les ténèbres s'épaississaient autour de lui, l'enveloppant tel un manteau sombre alors qu'il troquait sa forme canine pour une silhouette hybride, fièrement arborant sa queue rousse, ses oreilles pointues et ses crocs acérés.
Il put alors se rhabiller, au moment précis où il enfila son t-shirt, qui semblait soudainement insuffisamment chaud face à la météo désastreuse qui sévissait à présent. C'est alors que Yukio, d'un geste, repoussa son sac vers lui pour annoncer qu'il contenait victuailles et breuvages.
- Quel homme à marier, dites-moi ! souffla June en écartant une nouvelle goutte qui perlait jusqu'à son front. Vous avez pensé à tout ! Moi, je n'ai même pas eu le temps de récupérer mon campagnol. Il sera immangeable avec toute cette eau.
À présent prêt, il put enfin se consacrer au nébuleux. Si June ne pouvait identifier chaque espèce, il discernait l'absence de l'empreinte humaine chez cet être. Sa curiosité fut naturellement éveillée. Combien de créatures mystérieuses peuplaient encore cette terre !
Si son interlocuteur était timide, il aurait à peine l'avantage face au rusé petit Nogitsune qui manœuvrait avec une astuce sans égale. Pauvre âme prise au piège en sa compagnie taquine, elle devrait affronter la tempête pour s'extirper de ce mauvais pas... Mais avec un brin de perspicacité, il valait mieux subir ses badineries espiègles que risquer de se faire foudroyer.
Un sourire malicieux se dessina alors sur ses lèvres tandis qu'il s'approchait de l'inconnu. Il le contourna avec grâce, s'imprégnant de son essence, effleurant sa forme tout en agitant sa queue avec un intérêt curieux.
- Yukio, ce nom vous va à merveille...
Mais à l'instant précis, le grondement du tonnerre résonna, vibrant à travers l'air, faisant frémir les poils de sa queue, de son échine et le faisant bondir presque instinctivement. Il n'avait pas peur de l'orage, bien sûr, quelle pensée absurde ! Haha... Cependant, il devait admettre que même que se retrouver ainsi dans la forêt par un temps pareil ne lui inspirait aucune confiance.
- Oh là là, pensez-vous que nous serons coincés ici jusqu'à la nuit ? Pas que j'aie peur, bien sûr... Ha ha !
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Était-ce juste une impression ou il se jouait de toi ? Tu n'en savais trop rien, t'avais bien repéré les sous-entendus, t'étais doué avec la langue dans le fond juste les intentions des gens, tu ne les saisissais pas. Tu tousses un peu lorsqu'il reprend ta remarque nulle sur le fait que t'imaginais pas manger.
- Ma nature profonde aurait peut-être repris le dessus.
T'essayes un petit trait d'humour, c'est pas trop ton truc en fait, peut-être pas à réessayer finalement. Tu t'insultes dans ta tête, t'en dis des conneries parfois, "fais-toi plaisir", c'était quoi l'idée en fait ? T'avais envie de frapper ta tête contre le mur, mais bon, la roche ça plaisantait pas. Et en plus l'homme surenchérit, tu ressembles à une tomate, le feu te prend aux joues, pourquoi dire ça ? Ok, c'était ta faute, mais ça n'allait clairement pas t'aider. Ne réponds pas, tu vas t'enfoncer.
Tu regardes la pluie, ça t'apaise. C'est bizarre mais ça te détend, c'est peut-être pas suffisant au vu de la situation. T'es assez content d'avoir prévu plus, tu n'aurais pas aimé que l'autre soit dérangé par un manque de nourriture. Un homme à marier ? Tes rougeurs reprennent de plus belle, il se plaint que son campagnol allait être immangeable, tu grimaces un peu à l'idée de manger un animal comme ça, enfin, tu pouvais comprendre que la nature animale voulait parfois reprendre le dessus.
- J'pense pas que je sois vraiment à marier. Désolé pour votre repas, j'ai rien de si... Frais à vous proposer.
Tu détournes à nouveau le regard, la pluie Yukio, fixe la pluie, elle, elle est fiable. T'entends sa voix qui continue, tu te tournes vers lui, ton nom t'allait bien ? Vraiment ? T'en avais aucune idée, tes parents avaient bon goût peut-être, ça ne les aura pas sauvé. Tu t'apprêtais à le remercier quand le tonnerre gronda. Cela ne semblait pas le rassurer, par contre toi ça te relaxait qu'il ait une faiblesse. Il te demande si ça allait durer toute la nuit, tu regardes les nuages, te penchant un peu.
- Hmmmm... Peut-être pas toute la journée mais une bonne partie... Ça l'air assez conséquent.
Tu le détailles un peu plus ainsi, remarquant que la couleur de ses yeux n'avait pas changé, tu essayais de mémoriser un peu le visage. Léger sourire sur ton visage, tu le regardes un peu.
- L'orage vous inquiète-t-il ?
Enfoncer des portes ouvertes, quel talent rare.
Dim 7 Juil 2024 - 0:16
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June laissa échapper un doux rire cristallin lorsque, contre toute attente, le nébuleux se laissa prendre à sa plaisanterie. Le Nogitsune adopta alors une posture théâtralement apeurée, se tournant d'un geste dramatique, enveloppant ses bras autour de son propre corps comme pour en préserver l'intégrité sacrée.
- Ouuh, me voilà terrifié ! Il inspira profondément, l'air chargé de curiosité non dissimulée. Seriez-vous... un loup-garou ?
Il était pratiquement certain que cela ne pouvait être vrai ; l'inconnu n'en avait ni la fragrance distincte ni les attributs caractéristiques. Pourtant, il avait évoqué une nature profonde qui aurait pris le dessus, évoquant les instincts primordiaux de certaines créatures... Mais n'avait-il pas simplement tenté l'humour ?
Il secoua la tête, déterminé à ne pas se laisser cataloguer comme un Kogitsune * crédule croyant encore aux contes d'épouvante. Pfff, qu'est-ce qui pourrait bien tourner mal, seul dans cette caverne obscure avec un étranger... Après tout, n'était-ce pas lui, le prédateur redoutable ?
Yukio, cependant, était un personnage singulier, ui ne semblait pas réellement dangereux. Extrêmement timide, il semblait rougir pour un rien, lançant des répliques étonnamment suggestives, comme si l'innocence les dérobait à sa conscience. Naturellement, June ne put résister à l'envie de le taquiner, saisissant chaque perche tendue avec une malice non restreinte!
De plus, Yukio prenait tout au pied de la lettre. Il avait probablement frôlé l'arrêt cardiaque quand June avait insinué qu'il était un homme à marier, à en juger par son comportement ! Sa réponse avait été presque divertissante dans sa négation, élargissant encore davantage le sourire espiègle du Nogitsune. Et davantage encore lorsqu'il sembla compatir pour son pauvre campagnol, désormais transi... Bah, il nourrirait les vers ; rien n'était jamais véritablement perdu dans le grand cycle de la nature, se consola-t-il avec une certaine philosophie.
- Ohh, ne vous inquiétez pas pour moi, je retrouverai d'autres proies en temps voulu. Et si la faim devient trop pressante... je suis certain que vous devez être des plus appétissants vous aussi !
Et puis, alors que June, telle une ombre en quête de proie, tournoyait autour de Yukio dans l'espoir de l'intimider - incarnant le terrifiant prédateur qu'il aimait croire qu'il était - le tonnerre gronda soudainement, puissant et inopportun. Ce fracas céleste fit vibrer l'air et hérissa son échine, gonflant sa queue de stupeur.
Maudit soit ce temps capricieux qui sapait si cruellement son autorité ! Malgré ses efforts désespérés pour conserver une apparence de calme et de maîtrise, il avait bondit sur le coté. Yukio, de son côté, semblait observer la scène avec une sérénité presque exaspérante. Son manque apparent d'inquiétude ne faisait qu'accentuer le sentiment d'agacement chez le rouquin.
Ah! Mais Yukio cherchait-il désormais à se venger ? Le nébuleux avait eu l'audace de lui décrire cet orage comme conséquent ? June aurait préféré un doux mensonge. Et plus tard, il ne manquerait pas de se plaindre de cette transparence brutale, c'était une certitude. Pour l'heure, cette révélation lui avait arraché un regard effaré, comme si le ciel allait s'effondrer sur sa tête. Une métaphore rendue étrangement littérale par les circonstances.
Si Yukio avait pour intention de le ridiculiser, il avait parfaitement réussi. Son air innocent et sa manière de pointer la peur de June... Comment ne pas voir dans cette attitude un message implicite : « Oh, mais vous êtes faible, en vérité ? »
June grogna, tentant de relever la tête avec une dignité retrouvée. Ses yeux vairons, miroitant d'une lueur farouche, se posèrent sur Yukio. Il rétorqua, avec une verve qui n'avait d'égale que sa volonté de reprendre le dessus :
- Quoi ? Moi, peur ? Quelle idée absurde ! Bien entendu que non, je n'ai pas...
Un nouveau grondement éclata pour contredire ses paroles, encore plus puissant, le faisant sursauter vivement. Il agrippa la manche de Yukio d'un geste rapide avant de se réfugier derrière lui.
- Oh, mais c'est pas croyable! fulmina-t-il. Vous... ce vacarme ne vous affecte pas ? C'est comme le rugissement d'un tigre !
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Le jeune homme tentait-il de découvrir ta nature ? Si c'était le cas il était très mauvais, un loup-garou, t'en avais ni l'air, ni les caractéristiques, tu clignes plusieurs fois des yeux, un peu surpris par cette déduction et ce trait d'humour malheureusement incompris. C'était clair, tu ne devais définitivement plus tenter les blagues, le second degré resterait donc une température pour toi.
- Eh non, je ne sais pas si c'est facilement déductible.
T'étais pas la banshee la plus sombre du quartier après tout, tu ne parlais jamais de la mort, au contraire, tu l'évitais comme la peste. Le concept te rappelait bien trop de mauvais souvenir. Il en revient à la nourriture, appétissant ? Était-ce toi ou il faisait un sous-entendu ? Tu n'en avais aucune idée. Tu te grattes la jambe en t'interrogeant, peut-être était-il littéral ? Il te mangerait vraiment ? Tu te regardes un coup.
- J'ai que la peau sur les os, je ne pense pas être bien comestible.
Le tonnerre continue de gronder, tu ne bronches toujours pas, la pluie suffit à totalement t'apaiser, voir cette verdure qui réagit face aux intempéries, ce monde qui s'adapte et toute cette eau, ce bruit relaxant, le spectacle qui s'offre sous tes yeux est tellement satisfaisant. Il semble s'indigner un peu même si les gestes n'accompagnent pas la parole. Il s'accroche à ta manche et se cache derrière toi, ça te fait sourire un instant mais tu caches vite cette mimique pour ne pas le vexer.
- Je ne sais pas, dans un sens ça me détend, le bruit peut surprendre mais cette pluie est si apaisante. Le froid qui commence à se faire sentir est peut-être juste un peu désagréable.
Tu poses ta main sur celle qui s'est agrippée à toi, tu veux le rassurer. Tu lui offres un sourire compatissant, puis bon, c'est pas parce que tu n'avais pas peur d'un orage que tu n'avais peur de rien, les interactions sociales te terrifiaient par exemple.
- Il n'y a aucune raison d'avoir peur, vous êtes à l'abri ici. Je ne pense pas qu'il finira de si tôt mais si je peux faire quoique ce soit pour vous aider, n'hésitez pas.
Dim 28 Juil 2024 - 7:44
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Déceler la nature de chaque créature qui peuplait cette île était un jeu auquel June s’adonnait avec une délectation presque enfantine. Ses conjectures, bien que parfois fantasques, ajoutaient une touche d'amusement à son quotidien qu'il désirait toujours rendre plus amusant. pourtant, le jeune nébuleux n’offrait guère les caractéristiques d’un loup-garou, mais, comme le dit l’adage, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Peut-être se dissimulait-il sous l’apparence trompeuse d’un griffon majestueux! Ou une harpie!
Il était néanmoins très regrettable que l’individu en question se révélât imperméable à l'humour de June. Et lorsqu’on disait imperméable, c’était comme tenter de traverser une mer houleuse à pied ! La perspective de voir ses fines plaisanteries tomber systématiquement à plat rendrait le temps interminable et quelque peu amer!
Yukio avait validé son absence de nature lycanthropique sans pour autant lever le voile sur sa véritable essence, laissant June face à une énigme irrésolue. Espérait-il inciter le rouquin à poursuivre ses investigations ? Peut-être trouvait-il divertissant de le voir consumé par une curiosité insatiable !
Loin de se décourager, June plongea dans une réflexion plus profonde encore, songeur, attrapant son propre menton entre le pouce et l’index, en signe de méditation intense. Les rouages de son esprit tournaient à plein régime, cherchant à percer le mystère de ce nébuleux.
- Un… spectre, peut-être ? Ou un hybride béluga, avec votre teint tout de blanc immaculé ! Une harpie ? Ah, je capitule, qu'êtes-vous donc ? s'exclama June.
Mais lorsque June réalisa à quel point Yukio était véritablement imperméable à la moindre de ses allusions, même les moins subtiles... il ne pouvait s'empêcher de le comparer à Vynce. Bon sang, lui qui croyait que son humour manquait parfois de délicatesse au point d'embarrasser délibérément, se trouvait à présent face à un mur d'incompréhension si épais qu'il se prenait alors non pas une veste mais une combinaison de ski entière !
- Laissez tomber. Expliquer une plaisanterie incomprise serait le comble du désespoir, murmura-t-il avec un soupir théâtral, empreint d'une mélancolie presque tragique.
Mais hélas, June n'eut guère le loisir de se ressaisir avec malice, car ce tonnerre infernal la contraignait à se contracter davantage, tel un animal traqué redoutant d’être foudroyé en entier... Quelle épouvante ! Il eût été plus sage de rester en son logis...
Ainsi, l’objet de ses railleries devint-il son bouclier providentiel, derrière lequel elle cherchait refuge, bien qu’il fût illusoire d’espérer quelque protection. Cette situation cocasse semblait divertir son interlocuteur, ce qui n'était pas étonnant, car il devait trouver plaisant ce spectacle de June, accrochée à lui d'un air crispé, tentant vainement de retrouver contenance. Quant à Yukio, il paraissait apprécier ce tumulte céleste ; la pluie, le tonnerre... En vérité, entendre l’eau tambouriner contre ses fenêtres l’avait toujours apaisé, aussi... mais lorsqu’il se trouvait chez lui, non pas perdu en cette sylve inquiétante !
Pourtant, il avait raison, le froid s’était insidieusement accru tandis que la pluie, telle une averse diluvienne, continuait de s’abattre sans répit. Espérons que... Soudain, June sursauta, car l’eau avait commencé à pénétrer dans la grotte. Il poussa un soupir avant de relever ses prunelles hétérochromes, qui scintillaient dans la pénombre sur Yukio.
- Vous faites preuve d'une sérénité pour le moins surprenante, étant donné que si cette pluie ne cesse de s'abattre, nous risquons de rester enfermés ici pour de bon, englués dans cette situation et dans le froid.
Il était vraisemblable qu'il se serait résigné à quitter cette forêt sous le déluge, si seulement le tonnerre n’éclatait pas si proche, avec une intensité telle qu’elle semblait vouloir engloutir l’univers tout entier. Il était bien connu que traverser le sanctuaire des cimes sous la fureur de la foudre revient à sceller son destin dans une étreinte suicidaire !
L'une des mains de Yukio se posa avec bienveillance sur celle de June, encore crispée. Pourtant, bien que la douceur de ce geste fut indéniable, June ne put se défaire d’un sentiment d’irritation, vexé par cette insistance à rappeler sa peur. Son agacement aurait aisément pu se traduire par un soupir exaspéré, alors que son interlocuteur, apparemment obligé de lui offrir une parcelle de sécurité, déployait un réconfort qui, en fin de compte, n’avait fait que souligner davantage son inconfort!
- Dites-moi donc ce qui vous effraie, et nous serons quitte. Lâcha-t-il avec une certaine nonchalance.
June soupira avant de se redresser, scrutant le ciel chargé d’une obscurité tumultueuse, où les nuages électriques dansaient en dessus d'eux. Les éléments déchaînés, tels des forces capricieuses oscillant entre alliés et ennemis indomptables, déployaient leur pouvoir sauvage, excepté pour ceux qui possédaient l’art de les apprivoiser. Il pensa alors à Reid, certainement replié dans le sanctuaire de son foyer, fuyant cette furie météorologique. Son regard se détourna alors de ce spectacle pour se poser sur Yukio.
- C’était un temps tel que celui-ci, murmura-t-il avec une vague imprécision,... que Dante, mon mentor, s'est blessé et ne peut plus exercer son métier, aujourd'hui. La foudre s’était abattue sur un arbre à proximité d’un ravin, et, dans un geste alors que je reculais de surprise vers le bord, il s’était précipité pour me pousser brusquement et est tombé à ma place.
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Le jeune homme essaya de deviner ta nature, ce n'était pas un peu trop personnel ça ? Bon, j'imagine qu'entre nébuleux ça pouvait se faire, surtout que bon, ce n'était pas un humain, il n'avait sûrement pas de mauvaises intentions. Spectre ? Hybride béluga ?! Il se foutait de ta gueule ou bien ? T'étais, je le concède, un peu palot, mais de là à t'insulter de béluga. Tes sourcils se froncèrent un instant, enfin, t'avais toujours eu du mal à comprendre l'humour. Peut-être que t'allais devoir songer à trouver un moyen de bronzer un peu, le fond de teint était peut-être la solution.
- Perdu, vous n'êtes pas très doué à ce p'tit jeu. Je suis un banshee, ce qui explique les marques autour de ma bouche.
Tu préfères feindre l'incompréhension de sa blague, continuant sur cette route, le jeune homme coincé avec toi refusa de t'expliquer sa blague. Dans un sens, tu le comprenais, tu pouvais être ennuyeux parfois et tu commençais à culpabiliser. Il s'étonne que tu sois si serein, condamné à rester enfermé avec lui, bon, tu aurais été extrêmement à l'aise seul, mais sa compagnie n'était pas la pire que tu avais pu avoir.
- Serait-ce si terrible ? Enfin, à moins que vous me vouliez du mal. C'est le cas ? C'est vrai que le froid est assez dérangeant. Je regrette de ne pas avoir pris un plaid.
Tu lui souris, ignorant le frisson que provoque le froid. Il ne semble pas spécialement apprécié le contact que tu lui offre, était-ce la compassion ou le simple toucher qui lui déplaisait ? Tu ne savais pas trop. Il te demanda de lui exprimer ce qui t'effrayait, tu continuais de garder ce léger sourire, s'il savait tout ce qui t'effrayait.
L'ambiance changea lorsqu'il t'expliqua pourquoi il n'aimait pas l'orage, les raisons qui le poussaient à détester ce temps. Ton sourire s'effaça, écoutant attentivement son récit, tu ne savais pas comment réagir. Tu n'allais pas le prendre dans tes bras pour le réconforter vu sa précédente réaction.
- Je comprends ce que vous ressentez mais vous êtes à l'abri ici, vous ne risquez rien, je vous le promets.
Ton sourire est compatissant à nouveau, tu le regardes en réfléchissant à tes peurs, était-ce judicieux de donner toutes ces informations ? Enfin, il fallait bien qu'il relativise.
- Pour ce qui est de mes peurs, elles sont nombreuses, j'ai peur des gens, de les rencontrer, de leur parler, de m'en approcher. J'ai peur des endroits en hauteur, j'ai peur des araignées, je me suis retourné déjà 6 fois pour voir si y'en avait pas une. J'ai toujours peur qu'on m'abandonne aussi, pour ça que personne n'entre dans ma vie. Oh, y'a aussi le jugement.
Tu gardes ton sourire, t'essayes de lui changer un peu les idées. Qu'il ne reste pas sur son passé et qu'il voit que y'a toujours pire, le pire étant un banshee dépressif qui ne savait pas gérer sa solitude.
- Alors, vous pensez qu'on est quitte ?
Jeu 12 Sep 2024 - 15:56
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June Kobayashi
Notre égoïsme va si loin que nous croyons, en temps d'orage, qu'il ne tonne que pour nous.
June avait toujours éprouvé une singulière fascination pour le jeu des devinettes. L'idée de découvrir de nouvelles espèces attisait chez lui une curiosité insatiable, le plongeant dans un gouffre d'interrogations enivrantes. Pourtant, céder trop rapidement à la facilité d'une réponse directe lui aurait paru un sacrilège ; aussi s'était-il efforcé de deviner la nature de la créature, sans grand succès. Finalement, piqué au vif par son propre échec, il dut se résoudre à rendre les armes et à capituler, non sans une pointe de contrariété.
Yukio, quant à lui, ne se fit pas prier pour souligner la défaite de June, enfonçant le clou avec ses airs innocents, ses lèvres s'étirant en un sourire. June afficha d'abord une moue boudeuse, mais celle-ci se dissipa bien vite à l'annonce de la révélation. Une banshee, disait-il ? June s'était toujours représenté cette espèce sous une forme féminine et ténébreuse, et voilà qu'il se trouvait face à ce jeune homme aux traits charmants, dépourvu de la moindre apparence effrayante qui aurait dû s'accorder à cette sinistre appellation.
June l'observa alors longuement, ses yeux scrutant le coin de sa bouche, où s'étalaient, en effet, d'étranges symboles, sans doute en lien avec le cri strident que ces créatures portaient en elles comme un funeste secret. Ce qu'il savait des banshees demeurait brumeux, probablement truffé de clichés éculés, à l'image de ces histoires de vampires fuyant l'ail. Pour la plupart de ces derniers, cela ne faisait qu'exhaler une odeur désagréable, sans plus d'effets que sur un simple mortel...
- Je savais qu'il me fallait me méfier de vous ! Vous allez m'entraîner au fin fond des bois, m’envouter, puis me faire disparaître sans laisser la moindre trace!
June prit un air théâtralement apeuré, comme si le poids des pires stéréotypes s’abattait sur lui. Il fallait avouer que, pour ce qui était des idées reçues, il excellait à les illustrer ! Après tout, la majeure partie des écrits traitant des créatures comme celle qu'il avait devant lui avaient été rédigés... par des humains. Voilà pourquoi le sujet restait si mal documenté. Mais c'était précisément cette opacité qui rendait chaque rencontre d'autant plus captivante. June, animé de sa curiosité, ne pouvait résister à l'attrait de ces nébuleux dont l'essence échappait encore aux pages des ouvrages aux sources incertaines.
- Puisque vous me trouvez si mauvais à ce jeu, tâchez donc de deviner ce que je suis, moi aussi ! Allons, allons, je vous mets au défi !
Il agita sa queue avec une lueur de malice illuminant ses prunelles, une assurance imperturbable l'habitant, persuadé que Yukio ne parviendrait probablement pas à déchiffrer sa race. Pourtant, Yukio venait de le contempler sous sa forme complète, événement plutôt rare, un privilège que peu avaient eu l'heure de voir. Néanmoins, si Yukio se révélait être un minimum épris de savoir, peut-être pourrait-il avancer une ou deux conjectures à ce sujet. Et même s’il s'en approchait, il était à parier qu'il le confondrait avec un renard ou un Kitsune, ses cousins bien plus réputés et couramment perçus sous un jour rayonnant et amène. Toutefois, il n'était là encore question que de préjugés réducteurs, vouant le Nogitsune aux tréfonds des créatures perfides, attachées aux ombres et aux méandres de la manipulation. Certes, il pouvait émaner de lui une aura d’inquiétude, mais bien d'autres entités s'avéraient infiniment plus ténébreuses et malveillantes. Comme tant d’autres nébuleux, le Nogitsune ne désirait rien de plus qu’une vie sereine, à l’écart des injustices du vulgaire.
June finit par s’étonner du calme dont faisait montre son interlocuteur, lequel ne paraissait pas effarouché à l'idée de se retrouver là, en sa compagnie, jusqu'à l'aube, si le destin l’exigeait. Non, June ne nourrissait aucune intention mauvaise à son égard ; une telle attitude eût été bien indigne de la part d’un membre du personnel. Quoique, dans cette froide grotte, l’ennui venant à poindre, June pourrait bien se laisser aller à quelque taquinerie, mais jamais sans réelle méchanceté.
- Je serais un bien piètre membre du personnel si j'avais la moindre intention malveillante à votre égard. Mais, si le froid devait venir à s'intensifier, je pourrais reprendre ma forme complète ; ma fourrure serait infiniment plus appropriée que ces habits humains, qui serait incapables de me… nous protéger des rigueurs du temps…
En vérité, la source de sa réelle inquiétude ne résidait point dans le froid ni dans l'humidité, qu'il pouvait aisément endurer ; ce qui le troublait, c'était l'orage grondant au-dessus de leurs têtes. Reconnaître une telle faiblesse le plongeait dans une grande honte, d'autant que Yukio paraissait animé d'une empathie sincère... Par Allah, il devait le prendre en pitié ! Cette idée lui était intolérable. Pour ne pas être le seul à exhiber une vulnérabilité semblable à celle d'une volaille détrempée, June décida qu'il serait de bon ton que Yukio, à son tour, se confessât sur ses propres craintes. Et, à n'en point douter, le jeune homme n'en était guère démuni.
Si les premières peurs qu'évoqua Yukio se révélaient plutôt triviales, les dernières se rapprochaient cruellement des siennes - celles que June, tel un fardeau inavouable, s'efforçait de dissimuler. Et voilà que Yukio, dans un élan de confidence, avait révélé ces peurs, afin de lui signifier qu'il n'était pas seul à porter le poids de semblables terreurs. June le contempla alors attentivement, ses prunelles luisaient dans la pénombre, tandis que le tonnerre, dans sa véhémence caverneuse, retentissait une fois encore, lui hérissant l’échine. Yukio lui adressa un sourire demandant s’ils étaient quittes à présent.
June, malgré lui, esquissa un sourire en retour, secouant la tête avant de détourner son regard vers la forêt, qui s'imprégnait peu à peu des flots déversés par les cieux. La nuit demeurait son domaine, son élément primordial ; ses pouvoirs s'y déployaient avec une intensité accrue, lorsque les ombres s'étendaient comme un voile protecteur. En quelque sorte, cette pensée le rassurait, comme si la noirceur elle-même se mettait à son service, prête à lui offrir son obscur réconfort.
- Tiens, il semblerait que nous partagions davantage de similitudes que je ne l'aurais imaginé. La crainte d'être abandonné, que les regards se détournent inexorablement de sa personne, jusqu'à se retrouver plongé dans une solitude absolue... Ce tourment était chez lui si profondément enraciné qu'il en devenait pathologique, le poussant à désirer ardemment l'attention de tous, mais pas nécessairement de ceux dont l'attention en valait la peine. Cela le tenait éloigné de toute véritable proximité avec des âmes dignes de confiance. Oui, je pense que nous pouvons nous considérer quittes. À la différence près, toutefois, que je ne redoute pas les gens... Et, soit dit en passant, vous me semblez fort à l'aise en ma présence, c’est que je dois vous faire beaucoup d’effet.
Notre égoïsme va si loin que nous croyons, en temps d'orage, qu'il ne tonne que pour nous. | Ft June
Se méfier de toi ? Le pire que tu pourrais lui faire serait une bénédiction déplaisante, ton espèce avait toujours un lien avec la mort. Ironiquement, le seul lien que tu avais avec cette dernière était qu’elle t’avait un peu trop tenu compagnie dans ta vie, tes pouvoirs s’en éloignaient et tu espérais toi aussi pouvoir t’en éloigner. Tu avais bien compris le trait d’humour sublimé par son acting qui t’arracha un nouveau sourire.
- J’avais tout calculé. Mouahahaha.
Il te demanda de deviner sa nature, tu grimaçais un peu, t’étais certain que t’allais être très mauvais. Tu reprends donc ton souffle et tu le fixes un peu, il avait déjà la capacité de se transformer en animal, semblable à un renard mais peut-être un peu plus mystique. Tu élimines de ton esprit certaines hypothèses et tu réfléchis un peu, essayant de fouiller dans ta mémoire des écrits qui pourraient se montrer utiles. Tu fixais sa queue, peut-être un peu malpoli comme pratique mais tu t’en moquais sur le moment. Quelque chose en rapport avec les kitsunes c’était évident, les motifs sur son pelage, t’essayais de te rappeler les différentes légendes japonaises que t’avais pu lire.
- Un kitsune sans trop me mouiller ? Ou quelque chose qui s’en rapproche ?
Le jeu était difficile mais bon, tu n’avais pas dit loup-garou toi. Il ne te veut pas de mal, t’avais pas trop de doutes là-dessus, même si il fallait se méfier de tout le monde, dans pareille situation, t’étais prêt à faire quelques effort. T’hoche la tête pendant qu’il t’explique que sa forme animale tiendrait plus chaud, tu hoches la tête, tu regardes ta peau qui commence à être un peu marqué du froid, tu frottes tes mains en essayant de ne plus y penser, l’esprit était plus vivant que la matière, t’allais pas te laisser agacer par cette fichue météo.
Tu lui révèles tes peurs sans problème, comme si c’était naturel, après tout, elles faisaient partie de toi, elles te définissent. Puis bon, t’avais beau en avoir honte, on ne pouvait plus trop s’en servir contre toi, à moins qu’il se mette à agiter une araignée sous ton nez, là t’allait pas trop rire. Il partage certaines de tes craintes, tu lui souris un peu, tu ne t’attendais pas vraiment à ce qu’il ait des peurs comme les tiennes mais bon, tu ne t’attendais pas non plus à ce qu’il soit effrayé par un éclair. Il n’a pas peur des gens, ça se sent un peu.
- La situation me l’impose, dans d’autres circonstances, j’aurai été incapable de vous parler correctement et j’aurais trouvé n’importe quel prétexte pour fuir. La fuite n’est pas vraiment une option possible. Mais j’ai la chance que vous m’êtes assez agréable, j’aurais peut-être bravé l’orage si ce n’était pas le cas.
Léger sourire, tu t’étires un peu, tu t’interroges sur la durée de cette averse, quelle idée de se déplacer sans même prendre la peine de t’inquiéter à propos de la météo. Tu te faisais la promesse de te renseigner pour chaque déplacement.
- Vous m’avez dit que vous êtes du personnel, mais que faites-vous exactement comme profession ?
Mar 8 Oct 2024 - 21:20
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June Kobayashi
Notre égoïsme va si loin que nous croyons, en temps d'orage, qu'il ne tonne que pour nous.
Ah, par Allah, cet homme réservé et légèrement taciturne, laissait enfin éclore, tel un bouton de fleur gelé à la fin d’un rude hiver, un trait d’humour inattendu, éphémère mais bien présent. June, d’un air grandiloquent et emprunt d’une feinte terreur, arborait un visage faussement épouvanté, ses prunelles dilatées d’une afféterie délicieusement théâtrale, tandis que son interlocuteur, avec une présomption qui frisait la maladresse, affirmait avoir tout prévu. Cependant, cette "révélation", manquait cruellement de la conviction qui eût pu le transformer en véritable acteur. Probablement, il ne risquait nullement de froisser cet homme en lui suggérant, d’abandonner toute rêverie d’un avenir sous les fastes d'Holiwood. Un rire, léger échappa alors à June, tandis qu’elle agitait gracieusement sa queue flamboyante d’un geste fluide et exagéré, dissipant dans l’air une brise de dérision.
À présent, cependant, qu'il avait percé la nature de son interlocuteur, June se laissait gagner par une curiosité grandissante : cet homme pourrait-il, en retour, deviner son espèce qui se dissimulait sous ses propres traits ? Certes, la tâche n’était pas des plus ardues, tant son apparence insolite offrait des indices abondants. Ses oreilles, triangulaires et dressées comme celles d’une bête sauvage aux aguets, trahissaient déjà son essence ; sa queue, rousse et touffue, ondoyante comme une flamme dans l’obscurité, ses canines acérées, brillant d’un éclat carnassier sous l’ombre d’un sourire aussi espiègle que calculé, et surtout ses yeux, luisant d’une lueur spectrale dans les ténèbres environnantes, n’étaient-ils pas des signes manifestes de sa nyctalopie ? Mais à dire vrai, l’essence de June ne se bornait guère à une simple vue perçante dans la pénombre, comme le faisaient ses semblables nocturnes. Non, lui ne se contentait pas de recueillir les maigres rayons de lumière perdus dans l’obscurité ; il voyait dans les abysses les plus insondables, car il dominait les ombres, leur était maître et seigneur. Voilà ce qui l’éloignait irrémédiablement de ses cousins vulpins, les Kitsune, et sans grande surprise, Yukio émit cette supposition, premier indice de sa réflexion bien pensée mais erronée.
- Presque, murmura-t-il, Il leva alors son index gracile pour désigner la vaste forêt qui s'étendait devant eux, tapissée d'une obscurité mouvante sous l'assaut ininterrompu de la pluie battante. Si Yukio daignait y prêter une attention plus soutenue, il n’aurait nul mal à distinguer, entre les entrelacs des arbres obscurs, des ombres spectrales, contorsionnées et désarticulées, telles des créatures inquiétantes échappées d'un cauchemar ou d’un film d’horreur qui les observait à distance. Il aurait pu imaginer, dans ce tableau tout droit sorti d'une série d'épouvante , deux âmes égarées, perdues au cœur d’une grotte sinistre, esseulées sous l'assaut d'un orage déchaîné, cernées par des monstres sans visage ni cœur. Pourtant, tout cela n’était que l’émanation fugace d’une fraction de ses pouvoirs, une manifestation latente qui s’éveillait telle des sentinelles vigilants, pour bientôt disparaître dans l'ombre, comme si elle n’avait jamais existé. Un sourire angélique, doux mais étrangement dissonant, se dessina sur les lèvres du rouquin, contrastant avec l’obscurité de l'aura qu’il dégageait. June porta délicatement son index contre ses lèvres, dans un geste de confidence, accompagné d’un clin d’œil malicieux. Je suis un Nogitsune, ajouta-t-il, avec une légèreté trompeuse, sa voix à peine audible sous le fracas de l'orage. Mon domaine, voyez-vous, ce n'est pas la lumière… comme vous pouvez le constater.
Ni les orages ! songea-t-il avec une once d'ironie , tandis que ses pensées s'égaraient vers Reid, qui devait en cet instant précis souffrir sous l'impitoyable déluge céleste.
Néanmoins, aucun danger ne planait sur Yukio. Après tout, June était un membre respecté du personnel, et au pire, il n’aurait à subir que quelques badinages aux sous-entendus grivois ou se retrouver légèrement gêné si le Nogitsune, d’humeur folâtre, se laissait aller à ses taquineries. Encore fallait-il que l’occasion se présente. Mais pour le moment, sa préoccupation était autre et l’accoutrement qu’il arborait n’offrait guère de réconfort face aux morsures du vent et de la pluie. Il ne pouvait s’empêcher de s’interroger, sur la manière dont ces frêles humains pouvaient endurer les rigueurs du froid, se contentant de s'emmailloter sous d’énormes doudounes comme des bêtes apeurées cherchant refuge sous une grossière parodie de fourrure.
Maudite intempérie, maudit fracas des cieux, pensait-il. Il n’allait toutefois pas se plaindre ouvertement - après tout, il avait enduré des tourments bien plus sévères au cours de ses longues et sinueuses errances sur le continent. Toutefois, l'irritation persistait, diffuse mais palpable. Malgré tout, un certain réconfort lui venait du fait que Yukio avait eu la décence de partager à son tour ses propres appréhensions, allégeant ainsi le fardeau d’être le seul à révéler quelque faiblesse. Pourtant, bien que Yukio eût confessé son malaise en présence d'autrui, il ne semblait pas peiner à lui adresser la parole. Il était certes timide, emprunt d'une réserve évidente, mais loin de succomber à la panique ou à la gêne maladive qu’il semblait évoquer. Mais, le nébuleux avait raison sur un point : les circonstances actuelles ne leur permettaient guère de s'éviter, les obligeant ainsi à une cohabitation presque forcée, dans l'intimité pesante imposée par les éléments déchaînés.
June ne pouvait s’empêcher de se demander si Yukio éprouvait un véritable dédain pour ses semblables ou si la peur de les affronter n’était que le fruit d’un malaise social profondément ancré. Quoi qu’il en fût, l’aveu, quelque peu candide, que Yukio le trouvait agréable, avait quelque chose de furtivement flatteur, une douce caresse pour l’ego sous cette pluie implacable. Néanmoins, une lueur d’amusement perça dans les prunelles rusées du Nogitsune à l’idée délicieusement divertissante de voir Yukio tenter de braver l’orage, quitte à s’y perdre, simplement pour fuir leur conversation.
- Vous aussi, vous m’êtes d'agréable compagnie, malgré tout, je n’aurais pas été prêt à braver la fureur des éléments pour vous échapper… Non, je préfère encore vous affronter, déclara-t-il en riant doucement, tandis que sa queue en bataille s'agitait.
Sans nul doute, dans l'ardeur de la conversation, Yukio, revint sur un point que le rouquin avait énoncé précédemment. Il lui avait annoncé qu'il était un membre du personnel, une distinction qui lui conférait une certaine importance notable au sein de la communauté. Cependant, au fond, se posait la question: tout cela valait-il vraiment la peine ? Le continent, hélas, se révélait être un antre de périls, et peu de nébuleux échoués sur cette île, las des tribulations, étaient enclins à risquer de nouveau leurs existences pour braver l'inconnu, alors qu'ici leur était promise une existence tranquille, presque utopique.
À cela s'ajoutaient les labeurs peu séduisants, de dangers sournois et dépourvus de reconnaissance. L'ombre persistante d'un incident survenu quelques mois auparavant, une mission qui avait tourné au désastre, assombrissait encore davantage la réputation des passeurs, déjà affligés par un effectif quelque peu réduit.
- Je suis passeur, avoua-t-il. Je fais régulièrement le voyage vers le continent, pour ramener ici des nébuleux, et parfois même des humains. Un sourire malicieux s'épanouit sur son visage alors qu'il plaçait ses mains derrière son dos, adoptant une posture d'innocence trompeuse. Mais, ajouta-t-il, j'exerce également une seconde activité sur cette île. J'offre du plaisir aux personnes en quête de réconfort, un travail, qui me permet de demeurer en phase lorsque je suis présent ici et surtout, qui m'accorde en retour des services et des informations sur toute l'ile entière...
Ce double rôle, oscillant entre la rigueur du passeur et la légèreté du délecteur. Une véritable mine d’informations, sans l’ombre d’un doute. Un nouveau coup de tonnerre résonna dans l’air, faisant tressauter June, qui laissa échapper un soupir chargé d'exaspération. Il se persuada que s'attarder sur une telle... crainte était vraiment absurde. Son regard vairon, scintillant, se frayait un chemin à travers les ténèbres qui les engloutissaient peu à peu, sans pour autant qu'il fût effrayé par cette obscurité rampante. Intrigué par la présence de Yukio, son esprit se détourna des inquiétudes pour s'intéresser à lui.
- Et vous ? Quel est donc votre travail ? s’enquit June, l’enthousiasme perçant dans sa voix. Attendez, laissez moi deviner! Huum… Votre allure discrète et votre aversion pour la compagnie humaine me laissent penser que vous pourriez œuvrer pour les archives, tout comme Guerlain et Reid ? Les connaissez-vous ?