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J'aime écouter, non pas les mots mais les gestes, le son des âmes qui se rencontrent - Feat Tarrak - June :: Nitescence :: Centre Communautaire
Opale Caladrius
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Opale Caladrius
Rencontre
J'aime écouter, non pas les mots mais les gestes, le son des âmes qui se rencontrent



Le coassement aigüe transperça l’air frais. Les yeux se levèrent, sans doute dévoués au réflexe lointain d’apercevoir une aile blanche filer dans le ciel bleu. Les cils blancs et fragiles battirent contre ses joues et il inclina la tête, tentant d’apercevoir si des nuages ou des oiseaux, lesquels étaient les plus pâles. Opale était descendu ce matin, plus tôt qu’à l’accoutumée. Il avait senti grandir en lui une nostalgie des aubes lointaines, le genre que l’on n’apprécie pas et qui nous serre le cœur. Il avait l’humeur maussade ces temps-ci, mais il savait que tout était dû à sa mauvaise chute l’autre jour.

Sa main gantée se ramena doucement contre son manteau crème, serrant le col alors que ses lèvres s’entrouvraient, laissant souffler quelques bruns de vapeur. Dans sa vue floue et hagarde, il voyait les mâts des bateaux danser. Ceux du petit port. Il appréciait s’asseoir sur les quais, un pied ramené contre la pierre chauffée par les premiers rayons. L’eau clapotait juste sous ses chaussures et il y devinait tout un peuple marin qu’il ne distinguait pas. Il sentait les mouvements des légers remous, les petits éclats qui indiquaient le saut d’un poisson.

Opale appréciait cette ambiance. Lucent était encore endormie mais les grincements des fenêtres, les portes qui claquent, les pas sur le pavé des premiers travailleurs parvenaient à ses oreilles fines. Il ramena quelques boucles blanches derrière son oreille et il soupira, décidant à se lever. Le tintement régulier des poulies balancées par les vents entre les voiliers accompagna ses pas alors qu’il se décidait à se rendre au travail. Son long manteau et ses cheveux blancs familiers suivaient le rythme de sa marche, cadencée par sa canne qui tintait sur la pierre et sa valise en cuir qu’il tenait à sa droite.

Voilà plusieurs jours maintenant qu’il avait soigné un très jeune nébuleux fraichement ramené par June le passeur. Soigné- du moins- il avait fait de son possible pour le rabibocher. Le pauvre avait dû souffrir le martyr et avait même perdu la vue. Il avait usé de son don pour tenter de la ramener, même un bref éclat, mais rien, le noir total. Son cœur se serrait à cette idée, car si lui avait le temps de profiter des derniers jours de sa vision, cela devait être brutalement fatal pour ce jeune homme. Enfin, au moins il était sauf et en sécurité à Nitescence.

Opale avait proposé une rencontre avec June et le patient. Après tout, il n’avait pas encore réellement eu l’occasion de lui parler réellement, peut-être qu’un visage familier comme celui du renard pourrait l’aider à s’accoutumer au sien. Opale, depuis toutes ces années à exercer, n’était plus réellement nerveux à l’idée de rencontrer un tout nouveau patient. Mais malgré toutes les attentions du monde, ceux-ci pouvaient se montrer… Imprévisibles. Il en avait déjà payé le prix et il prenait ses précautions, à présent. Après tout, pour lui qui n’avait pas de pouvoirs au-delà du soin, il devait se préserver. Qu’il le veuille ou non, cette île avait encore besoin de lui.

Ah, si Gerhard le voyait reprendre du service ainsi, l’aurait-il méchamment grondé ? L’idée lui arracha un sourire alors qu’il passait la porte du centre communautaire. C’était là que logeait Tarrak, en attendant de lui trouver un foyer digne de ce nom. Peut-être une collocation chez un autre habitant, s’il supportait le vivre ensemble ! Il l’aurait volontiers hébergé chez lui, mais son patient Gabriel dormait déjà dans la chambre d’ami et il se voyait mal le mettre à la porte. Le nouvel arrivant avait été affublé du rôle de protégé, tout naturel au vu de son état.

Opale se frotta les paupières en marchant sur le vieux parquet, tentant de se faire à la faible lumière. Les rideaux étaient tirés, laissant passer quelques brefs rayons poussiéreux. La salle des spectacles, sa scène et ses chaises n’était peuplée que de fantômes silencieux. Le vieux piano désaccordé recouvert d’un drap se terrait dans un coin de la pièce. Le médecin avança prudemment, pour éviter de se prendre les pieds dans un tapis et rejoignit l’escalier grinçant qui menait à l’étage. A l’origine un ancien gîte, les chambres avaient été conservées en cas d’urgence. Le long couloir étroit s’étirait et Opale compta les portes. 1…2…3… Cela devait être celle-ci. June était-il déjà à l’intérieur ?
Toc toc. Sa main délicatement repliée dans un poing avait frappé deux coups sonores sur la surface noueuse et sèche.

-… Erhm… Bonjouuur. Puis-je entrer ? C’est le médecin.

Appela-t-il tout doucement, sa voix douce mais un peu rauque résonnant dans l’endroit qui paraissait désert.



KoalaVolant
Mer 1 Mai 2024 - 23:53
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June Kobayashi
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June Kobayashi

J'AIME ÉCOUTER, NON PAS LES MOTS MAIS LES GESTES, LE SON DES ÂMES QUI SE RENCONTRENT




Partir en mission, c'était s'aventurer au-delà des frontières de la sécurité, plongeant tête baissée dans un océan d'incertitudes et de périls. Entre les blessures mortelles et les cicatrices invisibles, entre la rencontre avec la Mort elle-même et le risque de se perdre à jamais dans les tréfonds de l'inconnu, peu étaient prêts à sacrifier leur confort à Nitescence pour les destins étrangers qui les attendaient. Pourtant, c'était le choix fait par June et ses compagnons passeurs.

Mais ces voyages au-delà des remparts de l’île n'étaient en aucun cas une escapade agréable. June avait embrassé ce rôle, mue par un désir ardent de liberté et d'itinérance, pour finalement se tourner vers ceux dont l'âme était en quête d'un havre. Les autres ne saisissaient pas toujours sa décision. Après tout, alors que certains se délectaient des délices du paradis qu'était Nitescence, qui aurait la folie de retourner volontairement aux tourments des enfers ?

Ils oubliaient trop vite que, sans les passeurs, ils auraient tous été condamnés à languir six pieds sous terre, priant pour qu'un au-delà existait réellement après que leur propre existence ait été prématurément interrompue. Ces passeurs étaient les gardiens invisibles reliant les deux mondes, de simple créature méconnus d'un monde qui aurait sombré dans l'oubli sans leur contribution.

La périlleuse nature de ces missions résidait souvent dans des détails infimes, à commencer par la rigueur de leur préparation en amont : l'organisation minutieuse, l'élaboration d'un plan d'action, l'identification et la sécurisation d'alliés sur place, et bien sûr, la formation de binômes ou de groupes plus importants selon les exigences du terrain. Mais même avec toute cette préparation, parfois, cela ne suffisait pas.

La clé résidait également dans une connaissance approfondie du pays dans lequel ils pénétraient, que ce soit sa politique actuelle, sa culture séculaire, ou ses subtilités les plus obscures. Car chaque rue, chaque marché, chaque geste avait son importance, pouvant être le fil ténu entre la réussite et le désastre. Parfois, malgré toute leur expertise, les passeurs étaient confrontés à des défis insurmontables, des écueils inattendus, des énigmes impossibles à résoudre. C'était dans ces moments-là que leur véritable bravoure émergeait, lorsque leur détermination et leur ingéniosité étaient mises à l'épreuve face à l'adversité la plus implacable.

Voici donc plusieurs jours déjà que June s'est aventuré dans une mission d'envergure. Le Royaume-Uni, cette terre cernée par les flots, semblait défier les assauts massifs des hommes, pourtant, les terres étaient le théâtre de luttes féroces. Si les nébuleux perdaient du terrain, l'absence de havre de paix outre-mer, gouverné par l'homme, exacerbait les tensions. Certaines créatures, jugées trop dangereuses, étaient pourchassées sans merci par les humains. Ainsi, lorsque la nouvelle parvint à June qu’un dragon semblait impliqué, il se trouva devant un dilemme : devait-il se ranger aux côtés d’une telle créature et les potentielles nébuleux, capables de réduire en cendres villes et villages, ou bien soutenir la cohorte humaine, armée de sa bravoure, de ses fusils et peut-être même d'aéronefs pour affronter ce genre de colosse ?

Ce jour-là, une pléiade de passeurs se hâta sur les terres instables du Royaume-Uni, un lieu où l'instabilité régnait en maître, où la guerre semblait imminente, quel que soit le camp choisi.

On rapporta au passeur qu'un groupuscule avait été appréhendé et vraisemblablement voué à subir les rigueurs de la justice, mais rien dans cette nouvelle ne semblait le toucher de près. Les nébuleux, toujours en résistance face aux tumultes du conflit, étaient évidemment des contacts à eux. Cependant, une annonce particulière retint son attention : l'acquisition d'un adolescent...un dragon.

Les rencontres avec ces créatures majestueuses étaient aussi rares que grandioses, mais cette magnificence était assombrie par l'état pitoyable dans lequel se trouvait ce dernier En tant que meneur de la patrouille, les regards scrutateurs de ses compagnons se tournèrent vers lui, attendant son jugement. Devait-il ramener cette créature à Nitescence une fois qu'elle aurait recouvré un peu de ses forces, ou bien la laisser sur cette terre de conflit avec la résistance ? Malgré les réserves émises par certains de ses pairs, June prit une décision sans équivoque. La vie, parfois injuste, lui offrait cette créature à leur île, malgré sa tendre jeunesse. Ses exploits passés parlaient pour lui, et avec une conviction sans faille, il mit fin au débat.

Ainsi, en cette journée, le fardeau de veiller sur l'adolescent s'était posé sur ses épaules, malgré les craintes initiales de certain passeur quant à sa présence sur Nitescence. À bien y repenser, avait-il véritablement été réticent à son arrivée sur l'île, même lorsque Dante lui en avait fait part sans détour ?

Mais le sort du jeune Tarrak restait des plus inquiétants. Il semblait presque miraculeux qu'il ait survécu dans un état si... mitigé ? Les blessures qu'il avait endurées étaient nombreuses, et malgré les premiers soins prodigués sur place pour ses yeux, aucun espoir de guérison ne semblait poindre à l'horizon. Même les efforts déployés par Opale pour le remettre sur pied semblaient certes prometteur mais sa vision paraissant désormais perdue à jamais.

En attendant de lui trouver un véritable foyer, le dragon était hébergé au centre communautaire, comme tant d'autres créatures avant lui. À l'origine, cette vaste salle était destinée aux festivités, telles que le Bal ou la cérémonie des étudiants, mais elle abritait également un vieux gîte, doté de quelques chambres, réservé aux cas... tels que celui-ci.

Opale avait donc suggéré une entrevue, impliquant lui-même et Tarrak. June se remémora alors son rôle de meneur de ce groupe et la décision qu'il avait prise de ramener le jeune dragon. Jamais il ne prenait ces choix à la légère, et son sens professionnel avait toujours présidé à ses actions. Il se questionna cependant sur la prévalence de ses critères de sélection cette fois-ci. Était-ce simplement parce que Tarrak était un adolescent ? Ou bien était-ce dû à l'état critique dans lequel il se trouvait à leur rencontre ? Ou peut-être percevait-il en lui un potentiel bénéfique pour l'île ? Mais apprivoiser une telle créature ne serait pas une mince affaire. Les dragons étaient connus pour leur arrogance, leur puissance inégalée capable de balayer des villes entières, non ? Et cela semblait d'autant plus prégnant chez un être juvénile, en quête d'identité...

Alors qu'il arpentait le long et étroit couloir, espérant ne pas se tromper de porte - une erreur qui pourrait s'avérer fâcheuse -, il perçut immédiatement le passage d'Opale. Ses sens, aiguisés par l'attente et l'anticipation, captèrent chaque son, et l'instant d'après, sa voix se fit entendre près d'une des portes.

June esquissa un sourire en s'approchant, effleurant délicatement l'épaule d'Opale, espérant silencieusement pour ne pas le surprendre outre mesure.

- Salut, beau gosse, ça faisait longtemps !

Leurs chemins ne s'étaient croisés que fugacement, lors de son retour du continent, alors qu'il était happé par les formalités nécessaires à l'arrivée de Tarrak et à la gestion de son état. Entre ses obligations sur l'île et son aide au bar de Dante, les moments de répit étaient devenus une rareté précieuse.

Il agita doucement sa queue touffue, avant de reprendre d'une voix plus sérieuse, se penchant légèrement vers le médecin.

- Il ne recouvrera jamais la vue, n'est-ce pas ? C'est déjà un miracle qu'il ait été ramené en vie jusqu'ici...

Ah, quel meilleur endroit que cette île pour sa convalescence ! Il lui faudra certainement quelque temps pour s'acclimater à cette nouvelle existence... Puisque June avait un tant soit peu exercé son influence en prenant l'initiative de le faire venir.

- Je garde toujours une certaine méfiance quant à l'idée d'introduire des créatures aussi puissante et imprévisible sur notre île. Je crains les conséquences d'un choix mal avisé. Cependant, je discerne en lui du potentiel, et mes intuitions me font rarement défaut.

Il ne lui incombait point de se justifier, en toute honnêteté. Toutefois, en cette circonstance particulière, une légère brèche dans sa confiance habituelle se faisait sentir. Il se redressa délicatement, hissant son regard vers Opale, dans une attente commune que Tarrak daigne finalement leur ouvrir la porte...


KoalaVolant
Ven 3 Mai 2024 - 18:34
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Tarrak Roska
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Ah.

Il faisait toujours noir.

Soit.

Il ne pouvait rien y faire, de toute façon.

Le corps endoloris, encore une fois, Tarrak c’était redressé dans son lit. Les vêtements et les bandages le collaient à la peau, humides, le corps trempé de sueur. Il ne portait à peine qu’un pantalon de pyjama un peu trop grand pour lui, il avait abandonné l’idée de porter un quelconque t-shirt ou chemise, qu’il était bien trop embêtant d’enlever à son goût avec son bras invalide. Il avait la tête en vrac- Tarrak pouvait s’accommoder de toute forme de chaleur, sauf celle de la fièvre.

Il inclina légèrement la tête, un soupir rauque s’échappant de sa gorge, un mince filet de fumée quittant ses narines.

Il pose doucement le bout des pieds sur le sol froid, se levant lentement, avec une précaution qui ne lui était pas habituelle. Son corps, fébrile et frêle, ne lui permettait pas de sauter hors du lit comme il souhaitait. Ah, mais de toute façon, il ne voyait pas ce qu’il faisait, il était bien forcé de faire attention… argh. Il y avait déjà plusieurs fois où il c’était levé un peu trop vite ou il ne faisait pas attention et où il c’était déjà cogné. Tarrak n’avait pas l’habitude d’avoir mal, encore moins pour s’être cogné dans le coin du lit. D’ordinaire il était protégé d’une armure d’écaille en acier, il pouvait se cogner, faire ce qu’il voulait, il avait peu de chance de véritablement avoir mal- là ce n’était pas le cas.

A tâtons, une seule main libre, il chercha la fenêtre. Il lui était impossible de savoir s’il faisait jour ou nuit à moins qu’on ne le lui dise, et les premiers jours après son réveil, il avait perdu toute notion du temps. C’était étrange, car il fut un temps où la notion de jour et de nuit ne lui importait pas, un temps où le jour et la nuit n’existaient pas. Dans la grotte, seule la roche et le cycle des marées qui inondait le tunnel d’entrée rythmait son existence, avec les départs occasionnels de Mère. Désormais, être privé de la connaissance du temps lui mettait la boule au ventre.

Cela dit, en ouvrant la fenêtre -affaire complexe qui demandait une maîtrise des inventions humaines telle qu’une poignée-, il pouvait passer la tête dehors et sentir si les rayons du soleil venaient réchauffer ses joues. La chaleur du soleil avait toujours été réconfortante et bienvenue, elle était le signe que le soleil, en effet, ne s’était pas éteint, et lui permettait de mieux se situer temporellement. Mais en même temps, son cœur ne pouvait s’empêcher de se pincer, lorsqu’il ouvrait cette fenêtre, qu’il sentait l’air chaud et le soleil sur sa peau, mais qu’il ne pouvait pas en voir la lumière.

Et peut-être bien qu’il n’en verrait plus jamais la lumière.

Les bandages sur son visage protégeaient ses yeux et le protégeaient aussi de la réalité qui l’attendait. Ce que Tarrak craignait le plus, depuis son réveil, c’était d’ouvrir les yeux et de découvrir que le monde était toujours aussi sombre. Il avait le maigre espoir que dans… qu’est ce qu’on lui avait dit… quelques mois ? Il avait déjà sept décades à son compte, alors les mois, ça passait vite... Ses globes oculaires avaient été ouvert par les débris de la bombe. Hélas en dehors des blessures ouvertes qui étaient déjà grave, l’onde de choc créer par l’explosion avait fait des dégâts sur ses nerfs optique, condamnant le jeune dragon à des ténèbres totales pour au moins… des siècles, des millénaires. Toute sa vie ? Non quand même pas… Tarrak craignait de se retrouver dans le noir pour toujours. Il n’avait même pas un siècle, ce qui l’attendait étaient des millénaires et des millénaires d’obscurité, cloué au sol…
Le jeune dragon espérait quelque part que sa longévité lui permettrait un jour de récupérer ne serait-ce qu’une bribe de lumière, de forme, et il le devait bien. Vivre dans le noir pour ce qui lui semblait être une éternité encore… il aurait peut-être… préféré mourir sur le champ de bataille. Une mort rapide et glorieuse, il aura fait de son mieux pour accomplir son devoir, pour venger Mère.

Mais... allait-il réellement devoir passer sa vie dans un monde de ténèbres…? Depuis son réveil, Tarrak n'avait guère rien fait d'autre que d'avoir de mal, de dormir, et de... rien faire. Est-ce... est-ce que ça allait rester comme ça ? Ah, rien que d’y penser il avait le souffle court, l’angoisse resserrait un étau sur sa tête. Quoi que le souffle court n’était peut-être pas dû qu’a son angoisse.

Son… bras gauche lors de sa chute avait beaucoup souffert, et avait fini, d’une façon ou d’une autre, partiellement enfoncé dans son torse- ce faisant le radius et l’ulna avaient décidé de piquer une tête en dehors de sa chaire, son bras était luxé, et puis la plupart de ses côtes c’étaient brisée. L’une d’elle, inspirée par les os de son avant bras, avait décidé de partir en voyage dans son poumon… à son plus grand mécontentement.

Tarrak c’était assis sur le rebord de la fenêtre- il aurait surement dû ouvrir la fenêtre, renifler un coup l’air extérieur, et retourner dormir, mais il avait besoin de se changer les idées, d’une… façon ou d’une autre.
Il avait vraiment l’impression d’être de retour dans la grotte de son enfance, où Mère le laissait parfois seul pendant des heures… des jours ? En vérité, il n’avait jamais su. Ce que Tarrak faisait pour passer le temps, c’était de regarder les rochers pousser. Une activité qui aurait surement été des plus passionnante dans une région à la forte activité volcanique. Hélas, il ne me semble pas que l’Ecosse soit connue pour ses volcans.

Bien tenté petit.

L’air frais du matin fit du bien à sa fièvre, bien qu’il se retrouve à greloter quelques minutes plus tard. Son esprit vagabondait, il écoutait ce qu’il se passait dehors, les passants, les affaires, les gens qui lui disaient de descendre de cette fenêtre là avec son bras dans le plâtre- ah, ils avaient surement raison. Maintenant faire entendre raison à Tarrak, c’était comme vouloir faire entendre raison à un chat. C’était une entreprise déraisonnable et illusoire. Encore, il fallait voir la taille du chat pour comprendre à quel point leurs paroles partaient dans le vide. Pour ce qui se mêlait dans son nez, des odeurs de nébuleux inconnus et indéniablement des odeurs humaines- il n’avait pas envie d’écouter qui que ce soit.

Plongé dans le noir, et bien fatigué, il piquait parfois un peu du nez, son esprit se mêlant de songes colorés, inspirés par les odeurs fraiches du matin. Quelque chose, une odeur peut-être, il ne sait pas trop, du lui inspirer un oiseau blanc.

Quoi que… hm, non il l’avait déjà vu.

Il tendit la main en avant, voulant se saisir du curieux volatile qui s’immisçait dans ses rêves mais ne se laissait pas approcher.

*toc toc*

"… Erhm… Bonjouuur. Puis-je entrer ? C’est le médecin."

Le son d’une voix parvint à ses oreilles- une voix qui venait de derrière lui. Derrière la porte de sa chambre. Il se réveilla en sursaut, la vision de l’oiseau disparaissant une fois de plus. De nouveau dans le noir complet… Ce maudit piaf- il finirait par l’avoir un jour. Tarrak ne savait même pas pourquoi il voulait l’attraper- Ce corbeau, ce corbeau blanc, lui était apparu pour la première fois peu de temps avant qu’il ne se réveille sur cette île. Il apparaissait de façon récurrente dans ses rêves comme dans ses cauchemars. Tarrak avait d’abord voulu l’approcher, intrigué, mais plus il s’en approchait plus l’oiseau glissait hors de sa réalité, insaisissable… et Tarrak avait beaucoup trop d’orgueil pour se laisser distancer par un vulgaire volatile.

Oui, même imaginaire.

Ah mais l’orgueil d’une créature comme Tarrak pousse un peu au-delà des limites de l’imaginaire, c’est vrai- comme on dit il faut le voir pour le croire.

"J... j'arrive...?"

En revenant à la réalité, le dragon se demanda qui était à la porte, qu'est-ce qu'il avait dit...? C'était... le médecin… il ne l’avait pas encore croisé, le médecin, c’est vrai ! Et puis il était à peu près sûr que June devait passer… aujourd’hui… ? Demain ? Dans pas longtemps quoi. Mais il n’eut pas à réfléchir longtemps, de nouveaux échos de voix se faisaient entendre dans le couloir. Il reconnut la voix familière de June cette fois, ah ! Peut-être qu’il allait enfin pouvoir faire autre chose de s’ennuyer.

Il se contenta d’abord de descendre doucement de la fenêtre, avançant à tâtons jusqu’à retrouver le lit, dans un premier temps.

"Il ne recouvrera jamais la vue, n'est-ce pas ? C'est déjà un miracle qu'il ait été ramené en vie jusqu'ici..."

Le jeune dragon se figea, quelques instants, le cœur serré. Le maigre élan de bonne humeur qu’il avait, parti en fumée- comme celle qui sortait de ses narines. Le fait qu’il ait survécu n’était pour lui en rien un miracle- il avait juste été… un peu amoché, voilà tout. Un peu beaucoup certes. Un petit peu trop… bien plus que d’habitude, hein, oh, voilà, vous avez compris-

Il en avait vu des belles et des pas mûres mais il n’avait jamais dégringoler du ciel.

"Je garde toujours une certaine méfiance quant à l'idée d'introduire des créatures aussi puissante et imprévisible sur notre île. Je crains les conséquences d'un choix mal avisé. Cependant, je discerne en lui du potentiel, et mes intuitions me font rarement défaut."

Rohlala… Il allait en faire un mélodrame le renard ? De quoi méfiant, qu'est-ce qu'il avait fait de mal ? Il passait ses journées à dormir depuis qu'il était ici. Le dragon était au moins reconnaissant envers June de l’avoir sorti du bourbier dans lequel il était mais qu’il assume ses choix, Tarrak l’avait pas mordu à ce qu’il sache. Bon peut-être qu'il lui en voulait un petit peu de l'avoir emmener sur une île où "les humains et les nébuleux vivent en parfaite harmonie" oh et puis quoi encore, Tarrak était une licorne qui vomissait des arc en ciels maintenant ? Bon c'était peut-être pas exactement ce qu'il lui avait dit mais c'est ce que Tarrak avait retenu.

Tarrak s’avança jusqu’à la porte, un peu agacé, de minces colonnes de fumée sortant de ses narines. Ses pieds buttèrent dedans en premier, et dans son état, il senti le choc dans tout son corps. Tarrak maudit cette apparence humaine de ne pas être couverte d’écailles de fer. En parlant de fer, il avait une terrible envie de taper un croc dans la poignée de la porte.

Là n’était pas le moment.

Le jeune dragon peina a déverrouiller la porte, la clé n'était pas enfoncée jusqu'au fond, alors elle ne tournait pas. Il chercha la poignée rapidement, tenta d’ouvrir la porte en la poussant brutalement, à croire qu’il avait voulu l'envoyer dans le pif de ceux qui se trouvaient derrière…

Sauf que la porte s’ouvrait dans l’autre sens. Putain !

"Oui oui, puissant et imprévisible, c’est moi." déclara le dragon"Je suis concerné par cette discussion non ? Bon bougez votre cul… j’ai mal à la tête moi…"

Le dragon fit volteface en maugréant, en quête de retrouver son lit. Sa voix était beaucoup plus fébrile qu’il l’aurait voulu, et il manquait de souffle. Entre ses difficultés à ouvrir une… porte -on se serait cru dans un jeu de rôle, c’est fascinant- et son état pitoyable, le rouge sur ses joues n’étaient pas dû qu’a ses tâches de rousseurs et à sa fièvre, mais ça, il ne laisserait personne le deviner.

"Ah et… bonjour aussi..." ajouta-t-il un peu plus gentiment.
Sam 4 Mai 2024 - 14:44
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius
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« Salut beau gosse, ça faisait longtemps ! »

La voix familière précéda le toucher léger mais présent de June. Son odeur envahissait le couloir et Opale ne sursauta pas, se tournant simplement dans sa direction en écarquillant les yeux. Un large sourire se dessina sur son doux visage et il hocha la tête en le saluant.

-Oh, June, comme je suis heureux de vous voir !

Leurs rencontres étaient souvent de passages, mais Opale qui était là depuis longtemps travaillait aussi étroitement avec l’équipe de passeurs pour permettre un meilleur accueil aux réfugiés blessés. Il appréciait June, ses valeurs, ses approches. Si le renard pouvait parfois paraître vindicateur, sous la façade c’était une créature fine et instinctive, qui savait de quoi elle parlait. Il lui faisait confiance. Cela étant, le passeur se pencha vers lui en énonçant une brutale fatalité.

« Il ne recouvrera jamais la vue, n’est-ce pas ? »

Le sourire d’Opale s’assombrit et il pencha la tête vers l’avant, ses mains serrées l’une contre l’autre. Le cœur lourd, il écouta la suite avec patience. Ses yeux pâles suivaient distraitement les mouvements de June mais il intégrait les informations avec mesure. De la méfiance, cela était bon à noter. La veille, le médecin avait passé en revue le dossier qui indiquait qu’il était un dragon.

Des créatures majestueuses, puissantes, anciennes et surtout immensément respectables. Mais aussi dangereuses, imprévisibles. Dans la douleur et la peur, l’âme perdait son chemin. Discerner les ennemis des amis était difficile, d’autant plus en perdant la vue. Comment reconnaitre ceux qui nous veulent du mal ? Opale connaissait bien ce doute mordant, il avait failli le rendre fou avant qu’il n’arrive sur Nitescence.

-Veritatem dies aperit, « seul le temps révèlera la vérité ». Soupira Opale avant de poser une main sur l’épaule de June avec douceur. Ne vous en faites pas mon ami, vous avez bien agi, comme toujours. A présent, il n’y a qu’un moyen de le savoir.

Bien…A présent. Opale fouilla dans les tiroirs de sa tête pensante pour récupérer toutes les informations concernant son très jeune patient. Il était rare d’accueillir des enfants de l’âge du petit dragon sur cette île, surtout nébuleux. Il s’agissait souvent de descendants nés sur Nitescence, n’ayant jamais connu le monde extérieur. Mais le blessé, lui, avait connu l’enfer. A un si jeune âge.
L’opération avait été longue, éprouvante.

Il avait passé des heures à retirer les éclats d’os brisés de sa chair. Le plus dangereux avait été ce poumon perforé qui l’avait poussé à user de son don. Il avait été dans un état critique et il serait mort sans lui, il le savait. Et ses yeux… Ses yeux avaient été le moindre de ses soucis, lorsque des organes étaient touchés. Ils n’étaient pas ce qui le maintenait en vie. Et Opale était seul pour une si grande île. Il se revoyait ce soir-là, à l’opérer avec ce qu’il avait, la sueur au front et la peur au cœur. Le tissu mou, fragile, avait été explosé, impossible à reconstruire. Même si le dragon était sauf, Opale ne se pardonnait pas le fait qu’il n’avait pas réussi à sauver ses yeux.

Opale, perdu dans ses pensées, poussa un petit cri en sentant la porte s’ouvrir brutalement devant lui. Après tout, voilà une bonne minute que Tarrak jouait avec la poignée, le grincement de la clé dans la serrure se tournant et retournant avec rage. Le médecin cilla, souhaitant se faire plus fin qu’il ne l’était en laissant passer June en premier. Allons, il n’allait pas craindre un adolescent de 15 ans à peine et aussi amoché qu’un soldat ayant marché sur une mine, quand même ? Si ? Non ?

Peut-être. Les paroles de June lui restaient en tête malgré lui. Et puis, il avait l’air d’avoir un sacré caractère, pour sa défense. Opale inspira et s’engouffra dans la pièce, sa mallette se balançant distraitement à sa gauche. Sa canne toqua contre le parquet, passant au sol pour taper contre la moindre aspérité qui le ferait trébucher. Une entrée plutôt théâtrale, il l’accordait. Il prit quelques instants pour regarder autour de lui, tentant d’identifier les différents meubles de la petite pièce, puis son regard flou se posa sur Tarrak. Il s’était déjà réfugié sur son lit, quelques mètres plus loin.

-Oh, bonjour, oui.

Finit-il par dire, dans un sourire maladroit, s’avançant jusqu’au sommier d’un pas mesuré et élégant.

-Vous avez tout à fait raison, nous n’aurions pas du faire des messes basses.

Opale regarda autour de lui et attrapa une chaise pour la ramener face au lit, s’y asseyant en déposant sa mallette et sa canne au sol.

-Je suis Opale, celui qui vous a opéré et soigné à votre arrivée sur l’île.

Se présenta-t-il avec douceur, ses prunelles fébriles filant sur ce qu’il percevait de mieux. Malgré lui, il connaissait à présent ce visage qu’il avait soigné et observé en rêve. C’était intrusif, mais il contrôlait difficilement sa forme volatile qui filait dans les rêves de ses patients dès ses paupières closes.

-Je peux répondre à vos questions, Tarrak. Moi et June sommes à votre disposition. Je sais que cela peut-être angoissant et difficile, mais vous devez savoir que je ne vous cacherai rien.

Il jeta un œil à June qui était derrière lui. Il s’était légèrement penché vers l’avant. Il percevait une forte chaleur émaner du nébuleux. La vieille chaise en bois émit un grincement singulier, ses cheveux coulèrent le long de son épaule, accompagnant l'odeur des vieux livres et de la lavande.

-Puis-je vous examiner ? J’aimerais vérifier que tout va bien !



KoalaVolant
Mar 14 Mai 2024 - 0:52
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