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My smile was so empty... ▬ Opale [Flashback] :: Nitescence :: Le coeur de l'île :: Le bois
Vynce Stanford
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Vynce Stanford
My smile was so empty
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La forêt est toujours si distante avec toi. Tu as l’impression qu’elle se méfie de toi et ne te fait aucunement confiance. D’accord, tu es nouveau ici et ça ne fait pas très longtemps que tu tentes de te familiariser avec les lieux, d’apprendre chaque jour un peu plus sur l’île et ses habitants. Chaque fois que tu entres dans cette forêt, tu ne te sens pas à ton aise ni à ta place. C’est un comble pour un esprit de la forêt, toi qui est pourtant le cœur vivant, le messager de la nature, son enfant. Non, il y a autre chose, comme si une entité interne à l'île avait plein contrôle sur tout ce qui s’y trouvait. Tu ne saurais dire ce que c'est ni pourquoi tu as ce ressenti, mais c’est réellement ce que tu constates à mesure que tu tentes une communication avec elle.

À ton arrivée, tu n’as pas osé entrer en osmose avec elle de peur de perdre complètement tous tes repères, pire, de ne plus avoir aucune racine. Mais les semaines ont passé et ta rémission n’est plus qu’un lointain souvenir, désormais. Tu as continué ton train de vie et tu touches un peu à tout niveau travail. Essayant de faire les choses bien, là où tu te sens le mieux c’est quand tu bidouilles des mécaniques ou que tu joues les gardiens pour Opale ou son assistant en soins. Mais les plantes, même en tentant d’installer la serre, tu as ce sentiment étrange qui te parcourt, cette méfiance perpétuelle à ton égard. Ça te peine profondément. Tu as aidé Opale du mieux que tu pouvais pour qu’elles soient bien. Une petite plante en pot ou une jeune pousse était forcément moins méfiante que la forêt, tu pouvais aisément communiquer avec elles, mais pour toi c’est une passion, ta vie toute entière, plus qu’un métier et tu veux vraiment te rendre utile pour tout le monde, la forêt comprise.

Alors ça te contrarie vraiment de ne pas pouvoir avoir un lien avec la nature. Pire, tu commences à ressentir un manque et ça t’angoisse, te fatigue et t’éreinte un peu plus chaque jour. Tu fanes, pourtant tu ne le montres pas. Et chaque soir dans la chambre où t’héberge Opale, tu relâches la pression de la journée et pleures en silence les tiens qui te manquent.
Mais pas aujourd'hui.
Tu veux, tu as besoin de ce lien. Alors tu préviens Opale de ta promenade dans les bois, lui proposant de venir avec toi. Tu aimerais qu'il t’accompagne et ça tombe assez bien puisque c'est un jour où il ne travaille pas. Tu te sens prêt à entrer en osmose, du moins, tu t’armes de courage, ce dont tu ne manques pas, même si tu as peur de ce qui pourrait arriver. Tu essayes de prendre sur toi et pars dans la forêt en présence d'Opale, lui expliquant que tu vas tenter un lien avec la forêt. Histoire de pouvoir te ressourcer. Vous vous rendez dans votre coin habituel, celui où vous allez souvent vous poser avec ton ami. Un petit renfoncement en plein cœur de la forêt où passe une rivière.

Tu te poses sur le rocher qui surplombe le cours d'eau, en tailleur, un regard bordé d'un sourire inquiet à l'attention d'Opale et tu commences ta méditation. Tu fais alors le grand plongeon en plein coeur de la forêt. Ton cardia s’emballe, tes marques apparaissent doucement sur ton corps et se mettent à luire faiblement. Ton esprit tente de raccorder le lien avec cette forêt, tu parviens à capter les racines proches de toi. Seulement la méfiance est de mise et on ne te laisse pas facilement entrer, ni même te connecter à la flore alentour.

Tu te crispes, tu as l’impression que la communication que tu tentes d’établir ne se fait pas, pire, tu es violemment repoussé dans les méandres de souvenirs douloureux. Tu cherches à t’accrocher à une branche, une ramure, peu importe quoi mais tu as la sensation de perdre un peu plus pied. Comme si ton corps partait en chute libre puis tombait dans un tourbillon de flammes.

Ton corps se redresse brusquement et tu te prends la tête douloureusement. Titubant à reculons, la douleur du rejet est telle qu’elle te déchire mentalement, tu as l’impression de perdre ton lien avec ta mère et les tiens. C’est presque comme si tu revivais chaque moment de ta vie où tu as manqué de perdre la vie. La perte de ton bras dans les flammes, la chute dans les braises incandescentes de l’avion et la douleur du crash, sans parler des nombreux coups et balles que tu as pu te prendre au fil de tes années passées au combat. Tu pousses des râles de douleur, serres les dents et finis par rompre la connexion avant de perdre complètement tes moyens.

Tout se brise en toi et tu tombes à genoux. La douleur dans ta tête faisant pulser les canaux qui font circuler ta sève. Tu halètes douloureusement et geins. Tes larmes coulent sans même que tu puisses les retenir. Tu tentes de reprendre ton souffle, mais la douleur est telle que tu ne parviens pas à te calmer. Tu te demandes pourquoi tu as été si violemment repoussé, alors que tu fais partie de la forêt. C’est comme si pour la première fois de ta vie on venait de te couper ton cordon ombilical, ton lien mental avec ta mère. Tu as pourtant cru la sentir un bref instant. Si infime. Pourtant si lointaine.

Elle t’appelait.

Tu rouvres les yeux, subitement pris d’une révélation soudaine. Le jour où tu l’as entendue t’appeler, la dernière fois où tu l’as réellement entendue, c’était quand tu t’es crashé, au moment où tu pensais qu’elle te disait de tenir bon. Mais en fait, elle t’appelait parce qu'elle ne te sentait plus, parce qu'elle te perdait. Parce-que même si tu es ici, tu n'as plus aucun lien avec ta mère. Tu laisses tomber ton buste en avant, tête dans tes mains, coudes à même le sol. Replié sur toi-même. Tu réalises que peut-être, tu ne pourras plus renouer avec les tiens définitivement en restant sur cette île. Tu es complètement effrayé à cette idée. Tu ne sais même pas comment tu pourrais vivre sans ce lien, sans leur soutien et leur réconfort quand ça ne va pas. Tu te sens définitivement seul, complètement orphelin. Et la seule personne vers qui tes pensées vont c'est Opale. Il a été ton seul soutien, ton seul lien jusqu'à maintenant. Et aujourd'hui, tu as ce besoin de te raccrocher à lui et enrouler tes racines autour du caladre pour ne pas avoir cette sensation de chuter. Tu l'appelles dans ton inconscience. Tu lui envoies ta détresse sans vraiment le réaliser. Ton seul ancrage ici, c'est lui.

Tu ne réalises que maintenant que tu retenais ta respiration. tu cherches à reprendre ton souffle, lâchant des râles, haletant de douleur et de tristesse. Tes doigts se resserrent sur tes mèches blondes, s'agrippant fermement contre ton cuir chevelu. Ta voix s'élève dans un cri d'agonie, éraillée, grinçante, discordante. Tu essayes de tenir bon, mais tu as comme des vertiges qui t'empêchent de te redresser. Tes larmes s'abattent lourdement sur le tapis végétal. Tu as l'impression de divaguer complètement.

@"Opale Caladrius"
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Lun 22 Avr 2024 - 20:51
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius
Paroxysm
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Quelques semaines s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Vynce. Opale et lui s’étaient familiarisés l’un à l’autre avec patience et compréhension. Un vent tranquille soufflait sur l’île, les jours s’étaient sensiblement adoucis. Ce matin-là, le médecin étendant les draps blancs de la chambre d’amis dans le jardin. Sa main glissait le long du tissu doux et propre, qui sentait bon la lessive. Vynce lui avait montré comment fabriquer de la lessive à partir de feuilles de lierres et il lui en était gré. Un vague sourire flottait sur son visage, le drap revenait sur lui sous les à-coups de la brise marine qui portait ses embruns.

Il entendit son ami arriver derrière lui avant qu’il ne puisse percevoir sa silhouette déjà familière et son inséparable veste rouge. Il la trouvait pratique à présent, elle lui permettait de le voir de loin. Opale s’était retourné vers lui, entre les voiles blanches qui claquaient au vent. Ses mèches de la même couleur étaient balayées derrière sa nuque et il ramena une mèche barrant son visage jusque derrière son oreille. Voilà plusieurs jours qu’il sentait l’inquiétude grandir chez Vynce. Bien sûr, ils n’en avaient pas réellement parlé, cela ne le concernait pas. Lui faisait tout pour qu’il se sente à son aise, le temps de son rétablissement.

Parfois, Opale avait la sensation d’utiliser ses blessures pour le garder prêt de lui, mais cela ne semblait pas gêner l’ex militaire qui l’assistait avec une volonté équivoque. Les soirées étaient agréables ces temps-ci, teintées d’histoires et de promenades bercées par le soleil qui avait décidé de revenir. Malgré cette paix visible, bien loin des conflits, quelque chose semblait tracasser Vynce. Une chose pour laquelle Opale, pour une fois, n’y pouvait rien. Un mal qu’il ne pouvait soigner.

Du pays, songea-t-il un soir alors qu’il l’avait écouté parler de sa « mère ». C’était cette même tristesse qui semblait teinter son sourire alors qu’il lui demandait de l’accompagner dans la forêt. Non, c’était sans doute plus profond que ça. Et à sentir les crispations qui animaient ses pas raides, Opale devinait que c’était sans doute bien plus qu’une simple promenade. Vynce avait pu lui expliquer ce lien qu’il se devait d’entretenir avec la nature. C’était vertigineux pour Opale, déconnecté des siens depuis des siècles. Alors que lui flottait seul dans cet océan d’humanité, Vynce lui pouvait se connecter à ses semblables dès qu’il en ressentait le besoin. Non, pire, il en avait besoin. Un besoin vital, comme boire ou manger. Cela dépassait le médecin qui accordait une pensée respectueuse à l’idée, la notant soigneusement dans son bestiaire nébuleux.

Le nébuleux se laisse guider dans les pentes moussues, entre les frondes sauvages et humides, sautant d’un pas les ruisseaux clairs. Les ramages bruissaient de leurs chants familiers, accompagnant les flaques de lumières qui coulaient dans les clairières. Et lui, s’installa sur un rocher un peu plus loin, déposant son chapeau de paille en ramenant ses genoux contre sa poitrine pour observer la silhouette indistincte de Vynce s’installer en amont du cours d’eau. Il lui adressa un sourire encourageant en sentant son regard et attendit patiemment la suite, une pointe de curiosité berçant son expression.
Et puis… Ce ne fut sans doute pas ce à quoi il s’attendait. Il cilla lorsqu’un nuage passa par-delà le soleil, laissant perler les motifs luminescents sur la silhouette de son ami. Comme c’était étonnant… Quelques minutes à peine s’écoulèrent et Vynce se releva vivement, comme brûlé par le diable. Ses jambes titubèrent dans l’eau et Opale se tendit, incapable de savoir si c’était normal ou non mais… Quelque chose clochait, définitivement.

La vague le frappa violence contre la falaise de son esprit. Peut-être était-ce la distance, ou sa propre paix qui avait fait barrage, mais voilà qu’elle le transperçait dans toute sa puissance destructrice. Opale s’était relevé, le cœur battant, serrant sa main contre sa poitrine. Les sentiments étaient confus, brutaux, ravalant des années de souffrance. Le médecin entendit les pleurs de Vynce, et des picotements sur sa peau lui donnèrent la sensation de bruler. Il connaissait cette sensation.

-Vynce !

Appela-t-il, toute sa peur vibrant sa voix et ses membres alors qu’il s’avançait prudemment jusqu’à la rivière. Que se passait-il… ? La silhouette de Vynce dans son champ de vision se tordit vers l’avant, comme muée par un coup violent qui l’aurait forcée à se recroqueviller. Petite coque vide au milieu des eaux froides. Un cri soudain s’échappa de la bouche du nébuleux en sentant quelque chose frôler ses chevilles, puis ses jambes. Il perdit l’équilibre mais l’étrangeté lui conféra un soutien qui l’empêcha de chuter. Il frémit les sentant s’agripper à lui, serrant sa chair au-delà du pantalon, elles remontaient même jusqu’à sa taille. Mais ce n’était pas de peur. Il lui avait fallu quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait des lianes du draède. Cherchait-il à quoi se raccrocher ?

Opale chercha à s’en dégager, pas qu’elles lui faisaient mal, mais elles se resserraient et l’empêcher de s’approcher de Vynce. Une étrange pulsation lui coupa le souffle alors que le flot des émotions de son ami se déversaient en lui. Comme mué par ses propres instincts, les mains, les cheveux et les yeux pâles du caladre se mirent à luire et il serra ses paumes contre les racines froides. Toute cette détresse… Des larmes roulèrent sur ses joues alors qu’il parvenait, un pas après l’autre, à s’avancer dans la rivière. Une onde puissante l’entourait, écartant les branches, agitant l’eau de ridules, le ciel en paraissait presque assombri.

Il l’appela, plusieurs fois, mais Vynce était quasiment immobile, comme figé par une tristesse qui ne lui était plus inconnue. Mais chaque fois, sa voix semblait résonner dans un vide terrible et solitaire. Le caladre maudissait son manque de force. Si seulement il avait des ailes, peut-être aurait-il pu…
Il tomba à genoux dans la rivière et continua à avancer, détrempé par l’eau froide mais heureusement peu profonde. Lui aussi luisait de sa lueur douce, rassurante, qui cherchait à atteindre Vynce. Il n’était plus qu’à une longueur de bras lorsqu’il tendit sa main, effleurant son bras fait de racines qui semblait s’être lié à la terre.

-Vy…nce… Rev..enez.. Pit..ié !

Grinça-t-il en avançant d’un geste vif, lui attrapant la taille en l’amenant contre lui pour tenter de l’arracher à cet état figé et qu’il devinait dangereux. Opale ferma les yeux, sa lueur propre battait contre le dos du draède et il serra les dents. Comme il se sentait impuissant ! Si seulement il pouvait l’atteindre, juste un peu, au-delà de cette carapace qui semblait ramper comme un cocon autour d’eux. Les racines se resserrèrent sur les épaules d’Opale, dont les cheveux humides barraient le visage crispé d’angoisse.


KoalaVolant
Mer 24 Avr 2024 - 0:54
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
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Inconsciemment, tu as fait grandir tes racines qui sont allées chercher Opale, s’enroulant sur son corps, l’entravant dans son élan de venir jusqu'à toi. Pour toi, cette accroche te semblait métaphorique. Mais ton corps a réagit d’instinct face au seul lien qu'il peut percevoir entre vous. Tu souffres du rejet de la nature qui t’entoure. Pris de vertiges tandis que tu as l’impression que tout se brise en toi. Tu réalises que plus rien ne pourra être comme avant parce-que ce lieu, cette forêt, tout ici te considère comme un étranger, un inconnu. La méfiance est palpable. Tu n’as jamais connu de rejet tel que maintenant. Partout où tu allais, la forêt était ton alliée, ton foyer, ta famille, un lieu de réconfort et de sécurité. Et tu sens au plus profond de toi que ton coeur se brise à l’idée de ne plus jamais les retrouver. Sur cette île qui, finalement, pourrait bien être ta prison, ton enfer sur terre. Plus que de raison, en plus d’étreindre de tes lianes Opale, tes racines s’enfoncent dans la terre. Comme pour chercher à trouver un autre lien, une autre accroche. Mais rien, rien si ce n’est la moiteur âcre de la terre sous tes membres.

Tu bloques ta respiration quand tu sens une main sur ton être. Ton regard s’ouvre subitement en réalisant que tu n’es pas seul. Tu t’accroches à cette voix qui t’appelle pour remonter à la surface de tes émotions semblables à de la nitroglycérine. Tu retiens ta respiration. Le regard grand ouvert et embué par tes larmes, ancré sur le sol humide et moussu. Une pulsation de ton cardia plus forte que les autres te forçant à reprendre conscience comme si tu sortais d’un cauchemar atroce. Dans le flou de ton esprit, tu le vois passer devant toi. Ce corbeau blanc qui t’a guidé pour rester en vie. Dans ton esprit, tu cours après, cherchant à aller le plus vite possible pour le rattraper.

D’extérieur, les liens qui s’enroulent autour d’Opale le ramènent jusqu'à toi. Et quand il est suffisamment proche de toi, que tu te sens tiré par la taille pour être ramené contre lui, tu retires tes mains de ta tête, redressant la tête pour plonger ton regard apeuré sur lui. Les larmes continuant de couler sur tes joues. Tes mains s’agrippent fermement à ses bras. La panique te prenant soudainement quand tu vois tes lianes autour du corps du caladre, tu les ramènes à toi, le libérant en partie, tes mains se crispant sur ses bras de peur de perdre ce contact avec lui.
“Elle n’est plus là… Mère… elle ne m’entend plus… je suis mort… mes liens, il ne sont plus… Opale… Opale je…”
Tu grimaces de douleur. Encore complètement sous le choc de l’émotion. Perdu et abattu par ce rejet fulgurant.
“La forêt me rejette comme si… comme si je n’étais plus l’un des leurs. Comme si j’étais un parfait étranger.”
Ton coeur se serre. Tu ne comprends pas. Toi ? Un étranger à la flore ? Toi qui en fait partie ? Tu cherches à reprendre ta respiration. Complètement saccadé par ton angoisse et tes pleurs, tes épaules tressautent et tu renifles tout en relâchant une main pour t’essuyer le visage de ta manche. Tu es complètement perdu. Tu ne sais pas comment tu réussiras à vivre sans ce lien et ça te fait peur. Très peur. Tu n’arrives pas à te calmer, ni à calmer cette angoisse grandissante de solitude et d’indifférence sur le monde.
“J’ai peur, Opale. J’ai terriblement peur de… de…” Tu ne parviens pas à finir ta phrase et naturellement tu cherches le réconfort vers la personne qui te tend les bras et est présente, actuellement, devant toi. Tu baisses la tête et avances le buste pour venir poser ta tête contre le torse d’Opale, entre ses clavicules, encastrée dans le creux de sa gorge, bien calée contre son menton. Tu n’oses pas faire plus de geste de peur qu'il te repousse aussi, de peur de l’effrayer par tes gestes, ton étreinte maladroite. Tu cherches juste du réconfort comme un enfant chercherait l’étreinte douce et chaleureuse de son parent. Tu ne veux pas être seul. Tu as peur de l’être et le devenir. Sans les tiens comment pourrais tu vivre de toute manière ? Tu n’as jamais fait sans eux, sans ce lien. Tu as peur que ton corps se dendrifie complètement face à la solitude que tu ressens, annonçant par conséquent ton sommeil vers l’éternité du vide. Seul arbre sans aucun lien ni accroche, comment espères-tu survivre, sincèrement ? Tu n’en sais rien et ça te fait peur.

Tu acceptais la mort tant que tu sentais ta mère et la savais près de toi, mais aujourd'hui, c’est différent. Tu comprends mieux ce que disaient les militaires, ton père principalement : “la vie a beau nous rapprocher les uns des autres, nos liens se soudant ou se brisant selon les amitiés ou les rencontres, mais dans la mort, nous sommes seuls.” Une véracité qui te broie littéralement le cœur et l’esprit. Tu sais pourtant que la mort chez un Draède n’est pas comme celle des Ephémères. Il vit, même lorsqu'il n’est plus, à travers le réseau de la terre, parmi les racines des jeunes pousses et autres arbres peuplant la nature ce, jusqu'à sa prochaine réincarnation, laissant sa descendance prendre le relais quand c’est possible. Il vit à travers ce dense réseau même en ne foulant plus la terre comme à sa naissance. Mais aujourd'hui cette prise de conscience d’être définitivement seul t’effraie. Tu te raccroches à la seule personne ici présente qui a été aussi chaleureuse et accueillante pour toi. Désormais ton seul lien.

Peu t'importe l’eau du ruisseau qui vous coule dessus, la fraîcheur qui te chatouille les cuisses et les chevilles. Tu cales ta respiration à celle d’Opale que tu perçois grâce à votre proximité. Tu humes son odeur pour l’assimiler à un réconfort certain, une sécurité même. Tu entends le battement de son coeur, perçois ses mouvements même en fermant les yeux. Tu gardes le silence, mais tu as encore l’impression de divaguer, de t’effacer et d’être absent de la réalité. Ton portail intérieur se refermant sur cette flore sauvage et repoussante pour ne s’ouvrir que sur le Caladre. Si toi tu ne peux entrer en osmose avec lui, lui, semble en être capable. Comme il l’a fait pour t’aider lors du crash. Ton subconscient te le fait voir à travers des pensées imaginaires. Tu te vois étreindre tendrement l'oiseau. Mais est-ce réellement une illusion ? Tu n’en sais trop rien. Tu ne sais plus ce qu’est la réalité de l’irréel. Et pour l’heure, tu t’en moques totalement.

@"Opale Caladrius"
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Mer 24 Avr 2024 - 14:24
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Opale Caladrius
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Les genoux d’Opale ployèrent sous la pression des lianes qui oppressent ses jambes, semblent chercher à l’attirer contre Vynce et jusque dans la terre. La force du draède le plongea dans la stupeur mais il refusa d’avoir peur. Ses mains se crispèrent contre le corps du nébuleux et il serra les dents, fermant les yeux. Soudain, les liens semblèrent se desserrer et Opale s’autorisa à respirer, ouvrant les paupières sur le visage de Vynce, trempé de larmes.

Les mains de son ami grimpèrent le long de ses bras, cherchant à l’agripper avec la force du désespoir. Opale murmura son nom entre ses lèvres, le visage contracté dans une expression de profonde inquiétude. Son cœur battait fort à ses oreilles et les doigts de Vynce se crispaient autour de sa chair, le contact s’insinuant même au-delà du tissu. Et les paroles émergèrent, incertaines et nerveuses, traduisant toute la peur de son ami. C’était donc ce qu’il craignait le plus… ? Jamais il n’avait pu le voir dans cet état, même après le crash. Un étranger à son propre monde, l’idée terrifiante de se retrouver dans un vide total, isolé de ses semblables, Opale la comprenait… Ou du moins, il essayait.

Opale, tendu et pétri de la même peur qui terrassait le draède brisa le sort en ramenant doucement ses mains contre le dos de ce corps qui cherchait sa chaleur, son réconfort. D’instinct, ses cheveux et ses paumes luisaient toujours d’une lueur opalescente, vacillante. Il inspira, doucement, tentant de juguler la peine qui cherchait à transpercer ses barrières, serrant doucement mais surement Vynce contre lui. Le souffle erratique et sanglotant du blond caressa sa gorge nue et les doigts d’Opale glissèrent contre ses épaules, l’une de ses mains passant à l’arrière de sa nuque là où les cheveux étaient plus courts et piquants. La caresse était lente et il tentait de faire le moins de gestes brusques. Le draède semblait craindre qu’il ne s’échappe, qu’il ne s’enfuit. Mais il ne lui faisait pas peur.

-Je suis là Vynce, je ne vais nulle part.

Enonça-t-il doucement. Il avait le ton qui se cherchait rassurant, présent et posé. Voyait-il, ce tendre volatile spectral danser devant sa vision ? Opale l’espérait, sincèrement. Peut-être que cet oiseau lui permettrait de se sentir moins seul, se raccrocher à un espoir filant que peut-être, ce n’était pas la fin. Lentement, il sentit ses genoux céder sous le poids de Vynce qui se reposait contre lui et ils rejoignirent le sol caillouteux de la rivière. Les vêtements d’Opale étaient trempés et froids, ils lui collaient à la peau, mais il ne lâchait pas le draède, posant son menton contre le dessus de sa tête en continuant de murmurer qu’il était là, que tout irait bien.

Il ne savait pas, si c’était vrai. Voilà une chose qu’il ne pourrait jamais lui promettre. Sa présence, cependant, resterait la même. Il n’irait nulle part et ce n’était pas comme s’il le pouvait. Deux destins silencieux s’entremêlaient surement indéfiniment en cet instant. Deux oiseaux solitaires aux ailes coupées, bien loin des leurs.

Après quelques instants, Opale détacha très lentement une main du Draède pour la glisser le long de son épaule, jusqu’à son cou. Du bout de ses doigts froids, il l’invita sans le forcer à relever la tête pour le regarder.

-Ce n’est pas sans issues, mon ami. Ne prenez pas peur trop vite, soyez tenace. Vous êtes fort. Allons, ne me regardez pas ainsi, vous l'êtes, réellement.

Il était certain que si Vynce avait survécu à tant de choses, ce n’était qu’une épreuve de plus.

-Allons, vous n’allez pas vous laisser faire, si ? Ce n’est pas la première fois que nous sommes rejetés de ce que nous pensons être un foyer, pas vrai ?

Opale frissonna, inclinant la tête sans le quitter des yeux. Il distinguait mieux son visage, d’ici. Sans passeport ne voulait pas dire dénués d’âme. La force de Vynce ne reposait pas dans l’identité des autres, mais dans celle qu’il s’était construit.

-Vous allez parvenir à les retrouver. Cette île n’est pas…

Il hésita. Lui-même avait toujours eu des doutes sur l’identité de ce lieu emplit de mystères. Il n’était certain de rien, ce flou était parfois angoissant. Tantôt cocon rassurant, tantôt prison qui l’écartait du monde extérieur. Il était facile de s’y conforter. De s’y isoler.

-Elle est coupée du reste du monde. Nous sommes tous ici, dénués de tout. Mais ce n’est qu’un endroit minuscule sur cette si grande planète, vous le savez. Alors ne perdez pas espoir.

Ses doigts glissèrent délicatement contre son menton et Opale lui sourit, avec toute l’honnêteté dont il pouvait faire preuve. Le ciel paraissait moins sombre, quelques rayons perçaient le nuage, glissant ses lueurs sur les gouttes perlées de ses mèches blanches.

KoalaVolant
Jeu 25 Avr 2024 - 0:13
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Vynce Stanford
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La main qui passe sur ta nuque, puis dans tes cheveux se fait rassurante, bienveillante. Elle est agréable, étonnamment sensible et tu as des frissons quand les doigts fins d’Opale glissent sur ta peau ou à travers la naissance de tes cheveux. L’étreinte du Caladre est profondément accueillante, elle te rassure comme la présence omnipotente de ta mère lorsque tu entrais en osmose avec elle. Ressentir tous les membres de ta famille, la Nature dans son entièreté était rassurant pour toi. Dans ce moindre effort, tu cherches à travers Opale le même ressenti. Sans surprise, il t’offre ses bras et sa douceur. Ce qui fait monter en toi un sentiment profond que tu ne saurais saisir. Pris de nombreux frissons, tes tremblements cessent petit à petit, sa voix douce semble apaiser et amenuir cette crainte qui fait pulser ton cardia avec angoisse, ce même sentiment se dissipe à mesure que les mots parviennent à tes oreilles.

L’oiseau dans ta vision se blottit un peu plus contre toi, tes bras se resserrent et tu renfrognes la tête et entre tes épaules pour venir caler ta joue contre les plumes doucereuses du corbeau blanc. Les ténèbres de ton esprit semblent ployer sous la lumière du Caladre, laissant germer à tes pieds une graine qui commence déjà à faire pousser ses feuilles dans ton subconscient. Cette petite pousse finira probablement par devenir un bel arbre, un cerisier ou un pêcher. Qu’en sais-tu ? Tu verras bien à la longue quel genre de fruits il finira par donner. A l'identique du lien que tu es en train de créer avec Opale.

Doucement, Opale se recule pour prendre ton visage et le relever vers lui. Ton regard met un temps, hésitant, cherchant autour de toi, avant de plonger dans les orbes de ton compagnon. Ton bleu, terni par les larmes qui coulent encore sur tes joues, s’ancrant dans ses opales chatoyantes. Tu les trouves aussi précieux que la pierre dont il porte le nom, ses yeux. Ça te pince la poitrine d’un sentiment puissant. Comme l’amour que tu as pu ressentir pour ta famille, pour le père qui t’a adopté, pour les amis que tu t’es fait dans l’armée. Mais d’aucun avant lui n’était aussi attentionné, câlin et bienveillant hormis ta créatrice. Ses premiers mots de réconfort te laissent perplexe, tu es fort, tu ne trouves pas. Tu as l’impression que tout vient de s’écrouler pour toi. Mais il n’a pas forcément tort. La force et le courage qu’il te procure par ses mots te poussent à reconsidérer ce que tu viens de subir. Ce rejet fulgurant de la nature de cette île.

Il a raison. Il a parfaitement raison. Ce n’est pas dans mon caractère de rester sur un échec cuisant, ni de cesser de me battre. Ce n’est pas la première fois que je suis rejeté, seul, abandonné ou laissé pour mort loin de mon foyer. C’est une épreuve difficile, certes extrêmement douloureuse et déchirante, mais jamais je n’ai subi une telle fracture avec le lien puissant que j’ai avec ma créatrice. C’est un sentiment de vide qui m’assaille. Pourtant, cette lueur d’espoir qu'Opale apporte avec ses mots et ses attention fondent en moi comme la douce lumière des rayons du soleil. J’ai peut-être ce sentiment d’être mort, mais je ne le suis pas, pas physiquement. Je vis, et tant que je vis, je continuerai de me battre, de prouver que j'existe et que je n'ai pas tout perdu.

Mon regard reste figé dans les orbes d’Opale, ses mots, je les entends, je les assimile. Mes mains se resserrent sur ses vêtements. De part son explication, je sais, je comprends pourquoi la nature semble si méfiante à mon égard. Coupée du monde… Je l’avais ressenti en tombant sur cette île, dès mon réveil, j’avais ressenti ce sentiment d’égarement et de perte, comme si quelque chose en moi venait de disparaître, de se briser. Je ne devrais pas avoir peur si je sais ça. Pourtant, j’ai réellement ressenti cette scissure entre moi et ma mère. J’ai peur… J’ai peur que si je recommence, que je tente une nouvelle communion, je perde totalement la raison, que mes racines se disloquent et ne puissent plus s’accrocher à quoi que ce soit. Pire, que j'erre sur cette terre sans but, sans attache et que mon tombeau soit sur cette île qui m'ignore et se méfie de moi.

De par son doigt sous mon menton, son sourire ainsi que son regard, Opale cherche à m’apporter la lumière, il l’est d’ailleurs, cette lumière dans les ténèbres. Il luit, apportant en moi la volonté et la force de vouloir me battre. Mon cœur palpite, je n’arrive pas à décoller mon regard du sien. Comme si nous étions dans notre bulle, ignorant tout ce qui se passe autour de nous, cette forêt qui me met mal à l’aise et qui me paraît désormais hostile, le ruisseau nous mouillant tous les deux, les cailloux que le courant apporte nous roulant sous les genoux. C’est une sensation relativement étrange, mais j’ai encore cette vision de ce corbeau blanc que j’essaye d’attraper et que je finis par garder contre moi. Dansant avec lui pour illuminer le chemin de ténèbres que je parcours.

Je cille un instant, mon cœur se serre dans ma poitrine et je resserre mes doigts sur le tissu humide des vêtements d’Opale. Mon visage force un peu pour venir se poser contre son front, comme à notre première rencontre, je ferme les yeux et prends une profonde inspiration, désormais calé avec celle de mon homologue. Mes mains viennent envelopper son visage avec délicatesse. Ma peur se dissipant doucement mais sûrement en sa présence. Je cherche à entrer en osmose avec lui, même si je n’y parviens pas totalement, je le ressens, je le vois quand mes yeux se ferment, lui, son plumage blanc sa lumière. Il est là, il me guide et me rassure. Cette toute première vision que j’ai eue de lui ne m’a jamais quitté jusqu’alors. Si je ne peux pas communier avec des humains ou des créatures autres qu’appartenant à la Nature, je sais que d’autres en sont capables, comme me l’a déjà prouvé Opale pour me maintenir en vie, comme il le fait encore aujourd'hui. Il le peut, mais à quel prix.

“Est-ce que… Est-ce que vous voir quand je ferme les yeux a des conséquences sur votre corps, Opale ? J'aimerais... J'aimerais tant...” Entrer en osmose avec toi et te montrer toutes les merveilles de l'esprit de la nature... ce que j'aimerais lui dire. “Je ne sais comment vous remercier pour tout le soutien que vous m’avez apporté jusqu’alors, que vous m’apportez encore…”
Tu recules la tête, gardant son visage entre tes paumes en lui offrant un regard tendre et solennel, compatissant.
C'est la première fois que j'ai ce désir venant d'une autre créature, cette envie d'entrer en communion avec lui. Ca me perturbe. je sais et suis complètement conscient qu'Opale n'est pas une plante pourtant... Serait-ce son pouvoir qui me pousse à vouloir ça ? C'est assez... inattendu.
“J’espère, un jour, pouvoir être là aussi quand vous serez dans les ténèbres et vous guider, vous rassurer et veiller sur vous.” Lui rendre la pareille et plus encore. Tes mains glissent pour l’enlacer, ton visage retourne s’enfouir contre le sien. “Merci…”
Je ne peux tout de même m’empêcher de ressentir cette peur, ce vide en moi malgré les efforts d’Opale à m’aider à surmonter ça. Qu’est-ce que l’avenir me réserve à présent ? Une chose est certaine, je ne compte pas abandonner, ni le laisser. J’ai envie d’y croire, de croire à Opale, de croire que ça ira et que j’arriverais à me frayer un chemin pour retrouver mes liens avec la nature et peut-être même, en tisser de nouveaux avec celle de l’île. J'aimerais passer un peu plus de temps avec lui, apprendre à le connaître, mieux le comprendre. Ma main droite venant tendrement caresser son dos, je prends une profonde inspiration et redresse la tête.

“Désolé, vous êtes trempé...” Si toi, l'eau ne te dérange absolument pas, ça peut ne pas être le cas pour Opale. Mais tu n'as pas la force de bouger pour le moment, quand bien même tu aimerais t'éloigner pour l'heure de cet endroit.
@"Opale Caladrius"
“”


Mer 1 Mai 2024 - 21:17
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