Je suis Sora Raiguai

Je n’ai jamais voulu être quelqu’un. Je n’ai toujours eu qu’un objectif : vivre librement. Je n’ai pas de chez moi.

Nous, les rajis, nous naissons comment beaucoup d’autres. Un homme et une femme, un enfant. Il y a rarement de l’amour dedans. Il s’agit plus de hasard. Généralement, une nuit orageuse suffit à créer la vie. Ma mère m’a élevé les premières années de ma vie, mais ce fut vite par moi-même que je dus vivre.

Mon indépendance, je l’ai eu vers mes 12 ans. Oh, oui, j’étais surement jeune selon vos critères, mais cela ne m’a jamais réellement dérangé. J’ai vécu en solitaire pendant des années. Je n’ai jamais réellement craint pour ma sécurité. Je devais cependant beaucoup bouger. L’humanité avait toujours été assez cruelle. Plusieurs fois, j’ai été chassé. Vous savez, un félin noir, ça pouvait passer inaperçue lorsqu’on était un chat, mais quand on est un tigre ou un lion, ce n’est pas la même chose. De petites légendes locales finissaient toujours par naitre et des chasses étaient lancées. Bien souvent, ils étaient bredouilles. Rarement ils me trouvaient… Et parfois, ils touchaient. J’ai eu droit à quelques blessures durant ma carrière.

Mais je ne suis jamais restée assez longtemps. J’avais besoin de mes foudres pour vivre. Je chassais les orages. J’étais un esprit libre. Pourtant, ma curiosité naissait envers ses hommes qui marchaient parmi nous. Ils étaient plus nombreux, mais si faibles. Me méler à eux était même peu envisageable. Pourquoi ? Parce que visiblement être une femme de couleur n’était pas toujours très bien vu. Quelle idée absurde à mes yeux, mais cela me donnait des sueurs froides. Si des changements aussi insignifiants pouvaient créer une telle haine, que feraient-ils en apprenant notre existence ? Je ne préférais pas y penser.

Pourtant les fuyais-je ? Non. La curiosité était toujours tenace et cela ne s’améliora pas. Dans les plus grandes villes, quelque chose avait fini par m’attirer comme une mouche. Ils avaient pu dompter la foudre. Ils la faisaient circuler dans des ampoules. Tellement d’énergie mis à ma disposition. Très honnêtement, j’étais devenue accroc à ces énergies faciles. Bien sûr, je dus prendre la forme d’un chat, sinon, je n’aurais surement pas pu beaucoup voyager sans trop de soucis.

D’ailleurs, quelque chose me surprenait. Certes, certains me disaient que j’étais un signe de malheur, mais beaucoup semblaient m’apprécier. Bon, je dois admettre que je n’étais pas réellement la plus caline qu’ils aient pu rencontrer… Amusant de voir que cela ne les dérangeait pas. A croire que je pouvais quasiment faire n’importe quoi avec certains.

Enfin… Je finis en Allemagne en début du XXe siècle. Oh. Vous seriez étonnés de savoir que je portais chance là-bas. Amusant… Ce que j’ai vécu là-bas fut cependant moins amusant… J’ai commencé à être attiré par un humain. Et il était un peu gaga des chats. A vrai dire, il l’était suffisamment pour qu’il me laisse m’inviter chez lui. En plusieurs mois, je devins sa confidente alors que je n’étais qu’un chat. J’appris beaucoup sur lui. Ses relations complexes avec ses parents, le voisin un peu emmerdant qui étaient souvent bourrés, sa femme décédée… Je pouvais savoir avec précision ses habitudes, ce qu’il voulait, ce qu’il aimait. Et moi, je pouvais me nourrir de l’électricité de sa maison et des alentours. C’était le bon plan, mais mes sentiments naissaient pour lui. Pourtant, la relation était à sens unique. Pour lui, je n’étais qu’un chat. Et lui, il allait mourir bien avant moi.

Mais il mourut plutôt que prévu. Il était soldat et il a dit qu’il devait partir. Une amie devait venir s’occuper de moi. Bah, il était un peu simplet le bougre. Je ne touchais jamais à ses croquettes. Le bougre pensait vraiment que j’allais manger ça ? Non, non, je chippais directement dans son assiette. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait que quelqu’un vienne me nourrir. Et les jours passèrent, puis les semaines, puis les mois. Et on voulut m’emmener. Entre deux esquives, je compris ce qu’on disait « maitre est mort ». Je fus réellement confronté à la mort pour la première fois. J’avais vu des morts, mais jamais j’avais connu le vide de la mort.

La suite fut pénible. Je fuis, simplement et purement. La douleur était intense, je ne savais même pas quoi penser. Puis, les situations s’empiraient ici sans que je comprenne tout ce qui c’était passé. Je fuis simplement, reprenant une vie nomade, sans attache. Cela aurait surement pu rester ainsi, mais après la douleur de la perte, j’allais connaitre l’horreur de l’humanité. Alors que les années passées, la seconde guerre éclata.

Et je vis l’horreur des conflits. J’arrivais sur des villes en ruine, des morts par centaines, par milliers. Était-ce ça qu’il avait vécu ? Dans cet état de délabrements et d’horreurs, pourtant, j’étais là. Je miaulais par moment, pour alerter des soldats quand je trouvais un blessé et puis, je fuyais. Petit à petit, je devins plus entreprenante. Quand la nuit arrivait, ma forme devenait celle d’une femme et je rapportais les blessés à leur camps dans un long silence. Certains étaient encore conscients, mais peu prêtaient attention à leurs paroles. Une femmes de couleur, nue, qui portaient les blessées, ça n’avait que peu de sens, n’est-ce pas ?

Mais à force, certains soldats finirent par me remarquer et me demander de sauver les déportés. J’étais septique. Alors, comme un  chat, j’en apprenais plus. Les horreurs en dehors des champs de bataille. Suivant ces trains si redoutés, je compris, je vis l’horreur. Je ne sais combien de personne, j’ai pu sauver en abusant de mes pouvoirs. Je connus pour la première fois le manque réel de foudre en moi. J’aurais pu fuir. J’aurais du fuir. Mais je ne pouvais oublier ce que les conflits avaient apporté à l’homme que j’avais aimé. Je ne pouvais laisser les choses se passer ainsi.

Mon influence fut surement qu’une goutte dans cette guerre, mais elle prit fin. Et je ne pus me résigner à rester là. Je partis loin. L’humanité m’avait épuisé. Elle s’était entretué, j’avais besoin de m’isoler. Je finis par tomber au Brésil où je m’installais. J’avais besoin d’une pause, pensais à autre chose. J’avais du tuer pour sauver et cela me rendait malade. Le bien et le mal, je n’arrivais plus à faire la différence.

Pourtant, une nouvelle guerre éclata. Nous, les nébuleux, avions notre existence révélée au grand jour. Une nouvelle fois, je dus me restreindre à me défendre, à attaquer ceux qui m’attaquaient. Je dus fuir en aidant un maximum de nébuleux. Partout, les conflits éclataient. Je faisais mon possible pour aider un maximum de personnes et avec toutes ses rencontres, un nom d'un nouvel endroit lui arrivait, un endroit où elle pourrait avoir une place plus sereine. Le destin lui présentait enfin un havre de paix. Et elle voulut aller là-bas : à Nitescence.

Quand j'y pus y arriver, j’y trouvai assez vite ma place. Je me retrouvais à être active dans la création d'un établissement scolaire. Il fallait former les nouverlles générations à être meilleure, plus forte, plus endurante, plus compatissante, plus ouverte d'esprit. J'étais partie sur la maitrise des capacités. Je ne souhaitais qu'un rôle simple, mais il semblerait que vivre simplement n’était pas ma destinée. J'avais la facheuse tendance à pointer mon nez dans les affaires des autres professeurs. Pas en mal, mais au fur et à mesure, on finit par me nommer directrice. Et avec tout ça, je crois bien que  j'avais attirée l'attention de la matriarche. Peut-être que c’était parce que je savais ce qu’était la haine par rapport à sa race ? Son sexe ? Sa couleur de peau ? Que tuer avait toujours des conséquences ? Que le bien et le mal étaient une notion ? De ma fidélité et de mon impartialité sur l’île ? Je l’ignore, mais un jour, ma rune changea. Les responsabilités vinrent avec.

Je suis à Niticense. Je n’ai qu’un objectif : protéger l’ile et ses habitants. Je suis une Dirigente et la Directrice de l’éducation.

Je suis Sora Raiguia.

J'ai mis du temps à la créer, j'ai fait exploser le code, mais on y arrive