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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil PV Vynce :: Archives :: Bibliothèque des anciens RP :: Présent
Ezekiel Oldenbourg
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Ezekiel Oldenbourg
 

Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


La Longines du dragon, fidèle compagne de ses pérégrinations, affichait avec une précision implacable l'heure d'un nouveau lever, fixant l'aube à 6h21. C'était l'heure exacte où ses pas se mêlaient au murmure des bois, s'inscrivant dans une routine matinale immuable. Dans les dédales de la forêt, rares étaient les rencontres avec d'autres créatures, et il n'avait guère l'intention d'en faire. Comme un esprit solitaire, il errait sans être véritablement approché.

Cette marche matinale lui permettait également de veiller sur la quiétude de la forêt, garant de son équilibre, de sa symbiose avec les êtres qui l'avaient colonisée il y a un siècle de cela. Sous un ciel frais, incitant à revêtir une veste protectrice, une idée germa soudainement en lui : gravir les hauteurs boisées. On lui avait pourtant prévenu de la rudesse de ces sentiers, plus proches de sentes que de véritables chemins. Mais rien n'arrêtait un dragon qui avait connu l'âpreté des montagnes, dont certaines avaient jadis dissuadé les plus téméraires.

Prenant son élan sur une pente escarpée où quelques graviers dégringolaient sous son passage, il fut saisi par le bruyant passage d'un geai bleu au-dessus de sa tête, piaillant avec insistance. Ezekiel savait interpréter ces signes. L'oiseau, connu comme le "policier des forêts", déployait ses ailes en alerte, prévenant faune et flore de la présence d'un intrus. Mais, ce n'était pas lui. Les animaux ne le percevaient généralement ni comme menace ni comme allié, mais plutôt comme un gardien de l'équilibre, capable tant de préserver que de détruire. Alors qui avait mis en alerte ce geai affolé, qui n'avait même pas daigné lui accorder un regard ?

Le dragon, intrigué, avait suivi la trajectoire sinueuse du geai, prenant à contre-courant l'agitation inhabituelle. Un simple renard aurait pu être à l'origine de ce tumulte, mais la violence du cri dépassait de loin la réaction ordinaire à la vue d'un simple goupil.

S'enfonçant avec précaution dans les taillis impénétrables, il se faufila jusqu'à une clairière enserrée de rochers, où une petite rivière jaillissait d'une paroi, son cours probablement guidé jusqu'à l'océan. L'air embaumait d'une odeur métallique, celle du sang fraîchement répandu, tandis que ses pupilles se rétrécissaient instinctivement, percevant le danger imminent.

Dans un mouvement vif, ses réflexes aiguisés le poussèrent à faire volte-face, ses cheveux dansant au rythme de son mouvement, alors qu'une lame acérée sifflait dangereusement à l'endroit précis où sa tête venait de se trouver. Seule sa joue droite fut effleurée par le tranchant, évitant ainsi de justesse un drame certain.

Sur le qui-vive et prêt à riposter, Ezekiel leva promptement sa main, enveloppée alors de son pouvoir, dans l'intention d'envoyer des lames d'eau tourbillonner à grande vitesse vers l'agresseur dissimulé. Mais au lieu de frapper sa cible, l'eau se déploya brusquement, percutant violemment un grand arbre et striant son écorce, laissant présager une réprimande imminente de la part de ce dernier. Un grondement furieux, teinté de douleur, lui parvint alors aux oreilles. Avait-il touché sa cible ?

Déterminé à élucider ce mystère et à punir l'audacieux qui osait s'en prendre à lui, Ezekiel se préparait à passer à l'offensive lorsque son attention fut captée par un mouvement subtil sur sa gauche. Son regard azur perçant se porta sur un lièvre d'Europe, se débattant faiblement. Intrigué, il s'approcha avec précaution, mais son expression se fit sombre dès qu'il discerna le piquet où était attaché fermement le collet de la créature, un fil de laiton enserrant cruellement son cou.

Une pratique aussi barbare qu'illégale. Non seulement elle était non sélective, entraînant la mort dans d'atroces souffrances pour ses victimes, mais elle violait également les lois de la nature. Ezekiel n'avait jamais contesté la dureté inhérente à la vie sauvage, mais la cruauté infligée par certains humains et nébuleux lui était intolérable. Si cette personne avait désiré se nourrir de ce lapin, qu'elle le fasse selon les règles établies par la nature, à coups de crocs et dans un esprit de loyauté.

L'animal se débattait, comme une ombre de vie dans l'étreinte de la douleur, réagissant instinctivement à la présence menaçante d'Ezekiel. S'accroupissant à son coté, le dragon délia le piège cruel, découvrant avec une douleur muette l'horreur infligée à cette créature . Le lièvre, épuisé, s'effondra sur le sol, sa respiration haletante soulevant à peine son flanc meurtri.

Les doigts du dragon effleurèrent délicatement la gorge ensanglantée, où le fil de la trappe impitoyable avait tranché la peau délicate. Les lapins, créatures d'une sensibilité exquise, étaient les témoins silencieux de la cruauté du monde, leur fragilité exacerbant la violence de chaque instant.

- Je vais abréger tes souffrances, murmura-t-il, Je suis profondément désolé que tu aies pu être victime d'un piège aussi barbare. Les yeux affolés de l'animal, embués de terreur et de douleur, rencontrèrent les siens, un ultime échange, probablement le dernier.

Un grondement rauque s'échappa de la gorge du lièvre, un dernier vestige de sa lutte contre l'ombre qui l'emportait. Dans un dernier effort désespéré, il tenta de se redresser, de rugir son défi à la dureté du monde, mais ses forces l'abandonnèrent, le laissant sombrer dans le silence de sa propre défaite.

Alors qu'Ezekiel se redressait, une détermination froide l'animant, il forma autour de sa main une lame d'eau étincelante, prête à libérer l'animal de ses souffrances insoutenables. Mais juste au moment où il s'apprêtait à lancer cette lame salvatrice, son geste se figea dans l'air immobile. Un nouveau son, un frémissement dans le tissu de la forêt, le fit tourner la tête, ses sens en alerte.

Le braconnier, était-il revenu pour défier à nouveau l'ordre établi ? L'idée de sa présence déclencha une fureur contenue dans le cœur d'Ezekiel, qui, pourtant, broncha à peine. Si tel était le cas, ce serait là sa plus grande erreur, et il le paierait de sa vie. La main du dragon abandonna momentanément l'animal mourant pour se tourner vers la source du bruit, prête à achever celui qui avait fait cela.

Une fois ce problème résolu, il pourrait alors apaiser l'agonie de l'animal, lui offrant une fin digne et plus douce, à l'opposé de la cruauté injuste qui avait marqué ses derniers moments. Une œillade discrète sur ce dernier, ne pouvait cependant qu'être impressionné de voir une bête si petite, lutter encore et ne pas succomber d'elle-même. Après un millénaire il lui arrivait encore d'être surpris. Il se détourna à nouveau, prêt à lancer son attaque sur l'impertinent qui était parvenu à l'agacer quelque peu.

KoalaVolant
Jeu 28 Mar 2024 - 11:29
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
Ce n’est pas qu’un simple Lagomorphe
c’est un messager
Une meditation pérenne au coeur même de la forêt. Dans les hauteurs des bois, là où passe la rivière qui s’écoule depuis les montagnes. Seuls les bruissements des feuilles au vent, les remous de l’eau qui s’écoule et se jette à travers les différentes roches qui parsèment son chemin et le chant des oiseaux que l’aube réveille doucement sont perceptibles. Et le murmure constant et paisible de la forêt, tu es le seul ici à l’entendre. Tes mains glissent sur la surface aqueuse au rythme des remous des jets qui te tombent sur les épaules. Sous une cascade, l’eau jusqu’au bassin, à demi nu, tu es en totale osmose avec ce qui t’entoure. Tes marques bien visibles et luminescentes dans l’obscurité encore persistante de la forêt sont le signe de cet entretien avec ta famille. Ici, personne n’est susceptible de te déranger et la faune comme la flore veillent à ce qu’aucun humain ou nébuleux perturbateur ne vienne troubler cette communion.

Cette longue méditation avec la nature a pour but de te ressourcer, mais pas seulement. Tu cherches à percer certains secrets et tabous, pas seulement de l’île, mais sur les rencontres récentes que tu as faites. Ton esprit part dans la nébuleuse ancestrale de tes semblables, te heurtant aux refus, parfois à des murs de ronce, aux conflits de certaines plantes entre elles, ou les contrées lointaines ravagés par les pleurs, les cris silencieux et les complaintes de tes frères et sœurs qui subissent les affronts des autres nébuleux ou des humains qui ne se soucient aucunement de leur état. Les déflagrations d’auras diverses et variées te font chavirer dans les méandres des flots instables de l’inconscient. Malgré tout, tu parviens à trouver un interstice qui t’emmène enfin dans un plan supérieur, calme, apaisant. Tu entres dans le noyau familier de l’âme de la forêt, ne faisant désormais qu’un avec elle. On te murmure des choses, te faisant percevoir des bribes de souvenirs que la nature garde en mémoire. C’est très flou, très vif, tu ne parviens pas à comprendre tout ce qui t’arrive en pleine face.

Tu te retrouves dans ce qui semble être une montagne enneigée, massive et jeune, une rivière descendant à travers la verdure jusqu’en bas du col. Tu te tiens debout face au cours d’eau, tu perçois une forme sinueuse dedans, plus grand qu’un poisson, beaucoup plus large mais se fondant parfaitement avec le courant. Tu suis du regard cette forme vive et très floue qui te passe devant, jusqu’à ce qu’elle sorte d’elle-même de la rivière.
Un dragon ?
Fier, majestueux, impartial, il s’élève dans les airs avec une aisance souveraine. Loin des problèmes humains ou nébuleux, loin des contraintes et des conflits. Le ciel s’assombrit brusquement, le vent souffle fort, la foudre déchire le ciel, puis le grondement sourd de l’éclair. Tout devient vif, obscure et peine, la grêle s’abat, déchirant la nature de ses perles de glace tombant à toute vitesse contre la végétation ambiante. La lumière t’ébloui brusquement et tu entends des craquements, des voix étouffées, le bruit des flammes, des mains humaines tiennent un œuf, trop gros pour être celui d’un volatile. Ton regard s’attarde un instant sur la beauté perceptible de ce dernier. Mais c’est beaucoup trop flou et vif pour que tu en comprennes les détails, que tu en perçoives ce qui est dit dans un langage que tu ne comprends pas.

Ton esprit est brusquement rejeté. Reprenant conscience avec sévérité quand un cri strident animal retenti, puis le cri d’alerte d’un geai perce la nature et s'envole à travers les branches. Les plantes alentours parlent et murmurent leur méfiance, ton cœur se serre, il bat fort, à tout rompre et ton esprit est encore relativement perturbé par ce que tu as perçu dans la nébuleuse ancestrale. Tu ne sais pas quoi en penser, ni même de quoi il pouvait bien s’agir. Etait-ce une mise en garde sur la menace de l’équilibre des choses et de la nature ? Tu sais grâce à tes semblables que les dragons sont les protecteurs et les gardiens de la terre et qu’ils sont sacrés, ils agissent selon les lois de l’équilibre, ce sont des forces au-dessus de tout mais également des enfants de la Nature, leurs régisseurs pour la plupart, des esprits forts qui ont pris forme en ces êtres pour agir contre les créatures qui ne respectent pas l’ordre naturel des choses.

Encore haletant, tu regardes autour de toi, le cri que tu as perçu n'était pas loin. En te concentrant, tu ressens également une aura familière, oppressante. Tu déglutis en fermant les yeux, cherchant à reprendre contenance mais tu n’as pas le temps de te soucier de ta vision étrange et troublante que tu sors de l’eau, peu soucieux d’être pieds nus, attrapant ton manteau rouge alors que tu cours à travers le bois pour l'enfiler, partant dans la direction de la menace et de l’appel de détresse. Celui d’un animal blessé, à tous les coups.

Qui a bien pu oser perturber ta communion ? Qui ose pénétrer ces sentiers ? Si c’est encore un chasseur ou un trappeur, tu comptes bien le recevoir comme jamais. Quand bien même ils ont besoin de se nourrir de viande et de chasser pour ce faire, tu n’aimes pas certaines de leurs méthodes. Piéger des animaux et leur offrir une mort lente et douloureuse, ça t’insupporte et te blesse profondément.

Tu accélères jusqu’à sortir des buissons. Ne cherchant pas à te faire discret plus que de raison afin de faire comprendre ton approche. Mais tu reconnais trop bien cette silhouette. Bien malgré votre dernière rencontre et la discussion que vous avez eu tous les deux, tu n’es pas plus rassuré que l’animal que tu perçois à ses pieds, allongé et blessé, un regard jeté en arrière vers l’individu debout à ses côtés, une lame maintenue et levée telle une épée de Damoclès. Ezekiel est tourné dans ta direction. T’ayant entendu arriver. Tu lui jettes un regard consterné et méfiant. Tes orteils s’enfoncent dans l’humus alors que tu t’arrêtes dans ta foulée, haletant, le manteau ouvert sur tes nombreuses cicatrices et les marques encore visibles et luminescentes sur ton corps, le pantalon complètement humide. Tu comprends bien assez vite qu’il avait l’intention d’achever ce pauvre lièvre en voyant l’arme relevée. Ou alors aurait-il voulu se défendre contre toi ? Tu ne peux que supposer mais peu importe.
“Ezekiel…”
Tu romps promptement la distance de quelques enjambées rapides jusqu’au professeur. Le regard dur et la mine un peu plus sombre. Tu restes encore relativement perturbé de cette sortie si subite de ton osmose. Cependant, tu t’accroupies pour observer l’animal et le piège dans lequel il s’est retrouvé. Plissement de paupières alors que ta main d’écorce vient frôler subrepticement la douce fourrure du lièvre dont la respiration haletante soulève son petit poitrail. Son regard se pose sur la main que tu approches de lui et ferme les yeux avant de les rouvrir quand tu redresses la tête vers le professeur. Tu sais pertinemment que les pièges ne viennent pas de lui.
“Il est salement blessé mais il peut survivre si on le soigne.”
Tu comptes bien trouver le créateur de ces foutus pièges et les lui faire bouffer. Tu n'es pas content, ça doit se voir à ta mine. S'il est dans les parages, tu ne vas clairement pas laisser passer.

@"Ezekiel Oldenbourg" “”


Jeu 28 Mar 2024 - 14:42
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


La main du dragon restait tendue vers la provenance du bruit, prête à réduire en lambeaux quiconque oserait se présenter avec l'audace de sa répugnante présence. Pourtant, il retint son geste, figé comme la statue, son instinct lui murmurant de temporiser. Ce n'était pas encore le moment propice pour semer l'agitation.

Et puis, le visage familier de Monsieur Stanford émergea des bois, sans le moindre frisson de peur, mais une expression d'accablement dans le regard, comme s'il avait été subitement appelé à témoigner d'un drame dont il ignorait l'origine. Rien de surprenant à cela, il aurait dû être informé des premiers méfaits, mais le destin, capricieux, avait voulu que le dragon soit témoin de la traque sauvage, sans préavis.

Pourtant, à présent qu'il devait s'acquitter de son devoir – une tâche peu agréable –, le ton n'était plus à la cordialité de leur première rencontre. Un léger froncement de sourcil accompagnait le nom prononcé, suggérant peut-être une accusation tacite. Était-il soupçonné d'avoir posé le piège ? La scène, tel un tableau accusateur, semblait pointer du doigt ses responsabilités.

Mais Ezekiel n'aborda pas les malentendus qui s'étaient accumulés, laissant planer un long silence.

En reconnaissant l'intrus, le dragon relâcha sa main tendue et suspendit l'usage de ses pouvoirs, se défaisant de la menace qu'ils incarnaient. Toutefois, un grondement sourd trahit son mécontentement lorsque Monsieur Stanford s'approcha du lièvre blessé, se plaçant entre lui et la pauvre bête, sans une once d'hésitation, caressant son pelage ensanglanté du bout des doigts, tandis que l'animal tressaillait sous ses gestes.

C'est seulement après cette scène que le "jeune" nébuleux reporta son attention sur le dragon, ce qui suscita un nouvel étonnement chez Ezekiel, accentué par un léger froncement des sourcils. Il entendit alors l'homme assurer qu'il voulait soigner le lièvre, même si sa respiration s'affaiblissait.

- Écartez-vous immédiatement et cessez de gêner mon travail, déclara le dragon d'une voix implacable, ignorant les mots de son interlocuteur déterminé.

Encore une fois, il avait l'impression de devoir instruire un enfant, lui expliquer la dureté de la réalité. Un enfant qui, pourtant, devait posséder une sagesse centenaire, et qui se refusait à voir que soulager les souffrances de l'animal était la plus noble des missions. -aussi ingrate soit-elle-.

Ezekiel, ne désirait nullement s'engager dans une lutte avec la créature de la forêt, surtout dans son domaine où elle possédait assurément l'avantage. Pourtant, il ne plierait pas devant Monsieur Stanford.

- Ce n'est guère le moment pour s'adonner à des caprices d'enfant, répliqua-t-il d'une voix ferme. Cet animal s'éteindra bien avant même d'avoir la chance de rencontrer un vétérinaire. Je doute même qu'il en existe un sur cette île, encore moins qui accepterait de soigner un animal sauvage.

Il aurait presque soupiré, irrité de devoir expliquer une vérité si évidente à quelqu'un qui semblait si proche de la nature.

Envoyer l'animal à l'agonie dans une quête incertaine vers la civilisation, alors qu'il se trouvait sur les hauteurs, loin des bruits humains... cela équivalait à une condamnation cruelle sans même avoir la certitude d'une adresse où il serait pris en charge.

Il ignorait pourquoi il continuait à argumenter, sachant qu'un simple geste suffirait à mettre fin à cette situation déplaisante. Mais il n'était ni sadique ni cruel. S'il l'était, il aurait laissé Monsieur Stanford jouer les bons samaritains, pour constater ensuite que le lièvre avait rendu son dernier souffle, loin des siens.

- Il ne souffrira pas, je vous le promets. Considérez qu'il servira probablement de repas à une famille de renards affamés, ajouta-t-il, offrant un maigre réconfort dont il doutait de l'efficacité.

Mais ainsi allait le cours de la nature. Même si la mort de ce lièvre serait une tache sombre pour toute la faune qui n'a pu le protéger du piège. Le trappeur avait intérêt à ne jamais croiser le dragon, sous peine de subir une fin tout aussi brutale... et lente.

Dans un dernier effort, le lièvre se dressa sur ses quatre pattes, se recroquevillant dans une ultime tentative de survie, son regard mêlant terreur et désespoir, tandis que les deux nébuleux, débattaient de son sort.

- Je ne vous laisserai pas l'emmener. Êtes-vous prêt à aller contre ma volonté ? N'est-ce pas égoïste de contraindre cet animal à rejoindre la ville, pour qu'il finir par mourir seul, loin de la forêt et des siens, avec pour seule compagnie un bipède qui a pris une décision cruelle pour lui ? Êtes-vous vraiment prêt à prendre ce risque ? conclut-il, défié du regard par Monsieur Stanford.


KoalaVolant
Jeu 28 Mar 2024 - 21:03
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
Ce n’est pas qu’un simple Lagomorphe
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Tandis que tu attends une réponse de ton homologue, ton regard court alentours et capte les différents détails que tu n’as pas vu en arrivant. Le lièvre blessé par un piège posé là, une lame plantée dans la terre ayant rebondi contre un rocher, l’arbre blessé, grondant son mécontentement par des bruissements de feuille certains, râlant contre le brun à tes côtés, les buissons humides et frétillant dont la plainte est aussi bruyante qu’une pie qui jacasse, et la joue d’Ezekiel, légèrement entaillée dont la ligne rouge fait perler une fine goutte écarlate.

Ton geste est lent mais franc lorsque tu te redresses pour faire face au nébuleux. Ta main droite allant jusqu'à la joue de ce dernier qui te somme de t’écarter. La pulpe de ton pouce organique venant frôler délicatement la blessure du brun et tes pupilles se dilatent. L’espace d’un instant tu perçois encore des bribes d’images, de celles qui t’ont perturbées un peu plus tôt. Un oeuf qui se brise, un dragon sortant de la coquille avec une bouille adorable. Ta main se retire comme si tu venais d’être brûlé et ton regard se fait plus dur, non pas contre le professeur mais bien contre la menace qui a osé s’en prendre à lui.
“Vous êtes blessé vous aussi…”
Tu n’as pas l’intention de bouger, ni même de laisser Ezekiel faire son soi-disant devoir. Cependant tu es encore relativement perturbé par ces visions. Quel est le rapport avec Ezekiel, ce bébé dragon ?

Tu baisses les yeux sur le lièvre. Gêner son travail qui consiste à achever les créatures de la nature alors qu’elles ont probablement une chance de survivre ? Non, son travail ne réside pas dans ce domaine, pas totalement du moins. Tu te baisses, faisant ta tête de mule alors que le professeur te compare à un enfant capricieux, c’est peut-être vrai, mais tu ne comptes pas le laisser tuer l’animal, attrapant un couteau à ta ceinture tu t’entailles l'index gauche. Le lièvre tente de se redresser face au geste que tu effectues, dans une vaine tentative de fuir probablement. Ta résine sort aisément avant de cristalliser légèrement au contact de l’air.

Tu ranges ton couteau dans son fourreau. D’un geste doux et soigneux, tu appliques ta sève sur les blessures du lièvre afin d’arrêter l’hémorragie et maintenir un semblant de vie chez l’animal. T’exprimant alors en retour aux propos relativement complexants et inquisiteurs du professeur.
“Votre travail, vous dites ? L’arbre que vous venez de blesser, faut-il l’abattre aussi parce-qu'il souffre ?”
Tu redresses la tête dans sa direction, te relevant pour lui faire face, puis montrer l’arbre égratigné d’un geste bref du menton.
“Traitez-moi d’enfant capricieux ou tout ce que vous voudrez mais cet animal vit et a une chance de vivre si on s’en occupe à temps. Si cette lame vous avait atteint plus gravement, à la nuque par exemple, vous paralysant sur le coup, auriez-vous eu le même discours que pour le lièvre ? Celui de vous offrir une mort rapide et sans souffrance ?”
Tu soutiens son regard aux iris fendues, tels les orbes d’une vipère prête à frapper, crocs sortis pour atteindre sa cible et la paralyser pour la dévorer. Quand bien même il est une créature gardienne de la nature, la forêt reste ton domaine de prédilection. Ici, malgré tout, c’est chez toi et tu comptes bien protéger ses habitants d’une quelconque menace. Et la forêt ne cesse de te lancer des alertes, signe qu’elle ne fait pas confiance au nébuleux. Tu portes ton index à ta bouche pour nettoyer le sang de ce dernier et faire couler la sève plus vite. Le goût âpre, amer et métallique du sang de l'animal est assez écoeurant mais tu ne grimaces pas pour autant. Tu fais tourner ta langue autour de ton doigt pour nettoyer la sève qui a commencé à croûter puis tu retires ton index de tes lippes pour parler.
“La nature ici est sauvage, parfois cruelle, il est vrai, mais il y a bien une chose que je sais, c’est que si elle m’a averti c’est pour une bonne raison. En ce qui vous concerne…”
Tu ne laisses pas le temps au nébuleux la moindre riposte ou le moindre recul. Ton index gauche venant étaler ta résine salvatrice sur sa joue. Anticoagulante, antiseptique, ta sève picote un peu mais elle permet des soins beaucoup plus rapides et évite les infections.
“Je ne sais pas qui a tenté de vous blesser mais je ne laisserai pas passer. Pour le lièvre je connais quelqu'un qui saura parfaitement s’en occuper qui ne vit pas exactement en ville…” Enfin, pas au coeur même de la ville, légèrement excentré dans son manoir, Opale saura mieux que personne gérer les soins du lièvre. Tu as déjà appliqué un soin d’urgence mais ça ne suffira pas.

Tu fais glisser une liane qui vient soulever avec délicatesse et proprement le lièvre sans l’effrayer plus pour le ramener dans tes bras. Tu le cales au mieux, plaçant ton bras résineux devant lui en protection, comme on porte un enfant. Tu t'attardes un instant sur Ezekiel. Rien que le fait de sentir ses soubresauts et sa respiration haletante, son petit coeur soulevant son poitrail contre toi ça te fait de la peine et t’énerve. Ton excroissance résineuse se retire et frappe le piège avec violence pour le réduire en éclat.
“Je ne suis pas qu’un simple bipède, c’est aussi mon devoir de protéger la forêt, et cette dernière ne vous fait pas confiance, Ezekiel. Vous pensez que tuer pour mettre fin aux souffrances d’une créature rapidement est la bonne chose à faire ? Dans ce cas, vous devriez peut-être commencer par le faire en dehors de cette île et mettre fin aux souffrances des nébuleux et des humains qui se font la guerre sans cesse. Tant que vous y êtes, abrégez les souffrances de mes frères et sœurs qui pâtissent des conflits des deux camps.”

D’un plissement de paupières, ton regard se fait nettement plus dur. Il veut te juger égoïste ? Qu'il commence peut-être par observer autour de lui et écouter avant. Qui est le plus égoïste dans tout ça ? Peut-être un peu les deux au final. L’un qui ne veut pas voir la mort et qui veut l’empêcher à tout prix, l’autre qui n’a aucune forme d’empathie ou de compassion et qui tue sans vergogne en pensant ça juste et pour le bien de l’être vivant.
“Laissez-moi passer.”

@"Ezekiel Oldenbourg" “”


Ven 29 Mar 2024 - 0:40
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


Dans l'atmosphère évanescente de la forêt, l'ordre proféré par le dragon se dissolvait tel un songe éphémère, impuissant face à la présence immuable qui se dressait, impassible, entre lui et le lièvre. Sagement, il observait la scène avec une attention particulière, croisant les bras pour contenir le feu intérieur du dragon, réprimant l'agacement qui bruissait doucement en son sein, tel un murmure d'incandescence sous une couche de cendres.

Il n'eût l'occasion d'exprimer son impatience, prêt à écarter l'obstacle de son chemin, Monsieur Stanford avait osé. Le toucher. On ne s'aventurait pas ainsi à effleurer un dragon, comme s'il était un simple passant. Qui se croyait-il donc ? Il allait falloir mettre les choses au clair avec cet intrépide. Son interlocuteur lui faisant remarquer qu'il avait été blessé. Comme si c'était là une affaire de la plus haute importance. Mais déjà, il avait retiré ses doigts, juste à temps pour éviter une riposte qu'il n'aurait pas oubliée de sitôt. Ses yeux, réduits à deux fentes, Ezekiel se laissait emporter dans l'observation minutieuse d'une scène de plus en plus absurde qui se déroulait sous ses paupières mi-closes.

Au cœur de cette agitation, deux silhouettes imposantes, bipèdes et puissantes, étaient engagées dans un débat sur le sort de Monsieur longues oreilles, tandis que le lièvre tentait, une fois de plus, de s'échapper en vain.

Et puis vint la réponse de son interlocuteur. Ezekiel arqua un sourcil face à tant d'inepties. Confondait-il tout, ou bien le provoquait-il sciemment ? Quel enfantillage ! Quel comportement insensé ! Il avait l'impression de devoir enseigner les rudiments à une créature complètement déconnectée de la réalité. Pourtant, avec une sérénité émanant de l'éther, Ezekiel ferma les yeux et articula :

- Je vous en prie, ne confondez pas tout. Vous frisez le ridicule.

Il ne prit même pas la peine d'expliquer ce qui était évident. L'arbre se portait à merveille et se rétablirait sans l'aide de quiconque. Le lièvre, en revanche... Il fallait être aveugle pour ne pas voir la gravité de son état. À travers sa longue existence, il avait croisé maints collets. Le fil fin et cruel tranchait l'animal là où il était capturé, le condamnant à une mort dans d'atroces souffrances... L'animal devait être en proie à une douleur insoutenable.

Pourtant, il semblait vouloir le convaincre du contraire. Mais Ezekiel était certain que les deux êtres qu'ils étaient, comme toujours, camperaient sur leurs positions. Un instant, il revit la lame sifflante qui avait frôlé son visage alors qu'il l'esquivait habilement, évitant que le coup ne soit fatal. Mais comment pouvait-il imaginer que le dragon puisse être sérieusement blessé par une attaque aussi mesquine et perfide ?

- Me croyez-vous réellement si faible ?

Il savait bien que les intentions du personnage qui lui faisait face ne se limitaient pas à cette question en apparence anodine. Il cherchait à sonder l'âme d'Ezekiel, à découvrir quelle serait sa réaction face à la mort imminente...peut-être ? Une interrogation qui semblait pourtant logique. Face à cette ultime épreuve, il accepterait son destin, prêt à s'éteindre sans dépendre des autres.

Le dragon soutint son regard, un défi tacite échangé avec celui qui se tenait en face, prêt à défendre farouchement sa vision. Et alors ? Était-il prêt à se battre ? Le terrain n'était peut-être pas à son avantage, mais il savait qu'il finirait par prendre le dessus, surtout si l'autre cherchait à protéger le lièvre. Perdre dans un tel affrontement lui était inconcevable. Mais pour quelle raison ? Une querelle d'ego ? De pouvoir ? Il méritait mieux que cela. Sa domination n'avait rien à prouver, surtout pas à un avorton en pleine crise.

Ainsi, Ezekiel le laissa agir, tentant de calmer l'animal effarouché. Il écouta encore une fois son interlocuteur, visiblement déterminé à enfoncer le clou alors qu'il ne put s'empêcher de répliquer:

- Eh bien, apprenez à lire les signes. La forêt vous a certainement averti de stopper le braconnier, pas de perdre votre temps à soigner du gibier.

Mais au moment où il songeait à s'éloigner pour dissiper sa frustration, Monsieur Stanford avait une nouvelle fois approché sa main, déposant quelque chose sur sa blessure, sans doute dans l'intention de le soigner. Deux fois. On ne touchait pas un dragon sans prévenir. C'était la pire offense qui soit.

Il faudrait bien plus qu'un simple vétérinaire pour le sauver, mais étrangement, Monsieur Stanford paraissait confiant.

Avec ses talents, il parvint à apaiser la boule de poils, la maintenant contre lui à l'aide de ses dons. Elle ne résistait pas, mais il pouvait sentir ses respirations haletantes. L'anxiété était une émotion dévastatrice pour ce type d'animal. Probablement furieux face à une telle situation, son interlocuteur frappa ce qui restait du piège, exprimant ainsi sa colère.

Pourtant, une fois de plus, il se retrouvait spectateur d'un discours grotesque. Il ne pouvait pas être le sauveur de tous. Ils auraient pu prévenir le lièvre d'être entraîné hors de son foyer, condamné à mourir loin de chez lui et à nourrir les prédateurs. Quant à eux, ils auraient pu s'occuper du braconnier. Mais cela attendrait. Sans s'encombrer du mystérieux individu.

Et maintenant, il osait lui donner des ordres ? Au lieu de reculer, Ezekiel avança d'un pas, se penchant vers lui d'un geste potentiellement provocateur.

- Et que comptez-vous faire si je refuse ?

S'il tentait de forcer le passage, son précieux petit lièvre serait tué dans la tentative, ou rendrait l'âme avant.

Mais finalement, cela importait peu. Ezekiel ne perdrait pas son temps à se battre pour des futilités. Alors, il recula avec agilité, se détournant.

- Bien. Soit. Allons retrouver ce... vétérinaire capable de soigner un lièvre estropié. Mais si je constate que personne ne s'en occupe, c'est moi qui réglerai cette affaire, et croyez-moi, vous ne pourrez rien y faire.

De toute façon, il ne lui laissait guère le choix. Il s'était déjà engagé dans la pente escarpée sans réellement attendre Monsieur Stanford et le fardeau qu'il traînait. Cependant, à quelques pas en contrebas, il se retourna lestement dans sa direction, laissant échapper un soupir.

- Oh, et dernière chose. Évitez désormais de me toucher sans prévenir, sinon les conséquences pourraient être fort regrettables.

Sans même attendre de réplique, il se lança dans la descente, s'adaptant avec grâce à un terrain pourtant hostile, sans rencontrer la moindre difficulté.


KoalaVolant
Ven 29 Mar 2024 - 21:32
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
Ce n’est pas qu’un simple Lagomorphe
c’est un messager
Ne pas tout confondre ?
Je grimace et serre les dents tout en figeant mon regard sur le nébuleux face à moi. Se rend-il compte un seul instant de ce qu'il dit ?
S’il ressentait la douleur de la forêt quand un pécot la blesse sans aucune insouciance il ne dirait pas ça. Il se moque bien des arguments que je peux avoir, osant même interpréter des choses que je n’ai pas dit ni même insinué.

“Ne déformez pas mes propos, je n’ai pas dit ça.”
Je suis beaucoup trop troublé par mes visions tantôt et Ezekiel ne m’aide pas à être calme dans ses propos ou son attitude. Ça doit se voir sur mon visage et dans mon regard froid. Mais pour lui je ne suis qu'un gamin capricieux qui n’écoute rien et ne comprend pas les signes.
Il a tort. Je sais très bien ce que je fais et pourquoi j'agis de la sorte. Le braconnier pourra aller où il veut pour se cacher je n’aurais aucun mal à retrouver sa trace.

“Oui, elle m’a averti. Et je n'aurais aucun mal à le retrouver pour lui faire ravaler ses foutues méthodes barbares.”
Merde à la fin !
Ça serait bien que tout le monde respecte la vie qu’ils prennent pour se nourrir mais il faut croire que sur l’île il y a aussi des profiteurs. Ce n’est pas le premier piège que je vois. Tout le monde ou personne n’entend et perçoit la forêt comme je peux la percevoir mais il y a ceux qui la respectent à leur manière et ceux qui n’en n’ont rien à faire. À entendre Ezekiel j'ai l’impression qu'il a des œillères et des bouchons dans les oreilles.

Quand je lui demande de me laisser passer, il s’avance vers moi. À une distance suffisamment proche pour que je puisse sentir son souffle et presque le toucher en penchant un peu la tête vers lui. Nos corps se touchent presque mais je ne bouge pas. Soutenant son regard sans broncher. Une provocation qui me donne foutrement envie de le déstabiliser en venant lui faire un bisou sur le bout du nez. Mais à en voir les réactions qu'il a eu lorsque je l’ai touché par deux fois je me dis que ce n’est pas la meilleure idée du siècle et que je risque d’avoir quelques représailles.

Mon visage reste cependant fermé et neutre. Tandis que mes azurs toisent le nébuleux en face de moi. Il se veut menaçant, je devrais vraiment le craindre, lui qui maîtrise l’eau. Je sais ce que ces êtres sont capables de faire. Pourtant je n'ai pas peur, je reste méfiant, assurément, mais il ne m’impressionne pas, tout au plus il me perturbe. Je reste figé un instant face à cette provocation. Mon regard froid, plongé dans ces deux fentes glaciales.

“À quoi ça vous avancera ?”
Tu restes un instant ancré face à lui. Avançant ton visage jusqu'à lui sans le toucher plus que de raison pour le détourner en soupirant lourdement. Fermant les yeux pour te masser l’arête du nez un bref instant.
“C’est complètement absurde !”
S’égosiller pour des futilités pareilles et se prendre le chou de cette manière alors qu'on a mieux à faire, oui c’est complètement stupide. Je sais qu’Ezekiel a bon fond et qu'il veut bien faire. Mais pourquoi ne va-t-il pas à la poursuite du braconnier dans ce cas ? Il aurait très bien pu laisser l’animal et partir à sa recherche. D’autant qu'il a été attaqué par ce dernier donc tout au plus il a dû descendre un chemin plus escarpé dans l’autre sens ou il est encore là, planqué entre les fougères à nous espionner nous disputer pour la survie ou non d’un lièvre blessé. C’est absurde au possible !

J’essaye de reprendre mon calme et prends une respiration plus lente pour que l’animal contre moi n’en pâtisse pas trop et soit moins stressé. Relevant la tête vers Ezekiel qui s’éloigne sur le chemin pour m’accompagner jusqu'à ce vétérinaire. Je serre les dents et détourne la tête sur le lièvre, caressant la tête de l’animal du pouce. Essayant de lui apporter du réconfort. Je dois faire vite, il faiblit.

N’écoutant pas ce que le professeur me raconte en s’éloignant, je cours pour descendre le chemin escarpé, sans aucune difficulté ni contrainte, avec une agilité aisée, je dévale le chemin avant d’entrer dans les bois et poursuivre ma route dans l’urgence. Je parcours la forêt comme si elle me laissait passer ou me créait d’elle-même un chemin sans obstacle. Bien sûr, des obstacles il y en a, mais vu mon allure qui ne ralentit pas nous somme bientôt arrivé jusqu'au manoir d’Opale. Et j’espère qu'il sera là. En tout cas si j’arrive rapidement jusqu'au jardin du manoir, je ne sais pas si Ezekiel m’a suivi vu comment j’ai dévalé la forêt à toute vitesse et sans faire attention à sa présence.

En fait je l’ai carrément ignoré durant ma course…

Tant pis, il me retrouvera bien, quoique… en général j’ai tendance à ne pas laisser de traces, comme si je me fondais dans la forêt elle-même sans brusquer mes congénères alors bon… s’il m’a suivi tant mieux. Je me précipite vers la porte d’entrée, ne prenant pas franchement garde quant à savoir si Opale a laissé un message ou non. J’ouvre la porte, peu importe si l’Allemand est avec lui ou non, je m’en fiche pas mal. Après avoir ouvert la porte à la volée en déverrouillant la serrure, je me précipite vers son lieu de consultation. Pourvu qu'il ne soit pas avec un patient surtout. Je frappe un coup fort.

“Opale ! Vous êtes là ?”
Tu entres dans le cabinet d’Opale, s’il n'est pas à l’intérieur, ta voix a retenti assez fort dans la maison pour l’interpeler. Tu es pieds nus, le pantalon trempé, ton manteau rouge recouvre en partie ton torse nu constellé de blessures et cicatrices en tout genre. Et tes cheveux sont en pagaille, pour ne pas changer. Tu t’avances dans le cabinet avec le lièvre blessé contre toi.
@"Ezekiel Oldenbourg"  @"Opale Caladrius”“”


Sam 30 Mar 2024 - 10:55
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


Un dialogue de sourd. Un dialogue acéré et complexe entre deux esprits en quête d'apaisement, l'harmonie primitive s'évaporait, laissant s'effacer la sagesse du dragon, habitué à contempler le cours du temps avec une quiétude immuable. Était-ce là le chemin qu'ils avaient choisi, celui d'une joute verbale acerbe où les mots se muaient en lames ciselées, loin des émanations paisibles de leurs premières rencontres ?

Quelle ironie de se voir engloutis dans un débat aussi stérile, portant sur le sort d'une créature condamnée, même en cas de survie, à succomber tôt ou tard aux appétits voraces de ses prédateurs. Assurément, l'homme responsable de ces actes illégaux méritait un châtiment exemplaire pour sa transgression, mais il convenait également de reconnaître que la mort était tissée dans l'étoffe même de la vie, parfois préférable à une existence enchaînée à la douleur.

À quoi bon se perdre en des joutes verbales futiles ? Si l'autre aspirait ardemment à sauver l'animal, qu'il le fît à sa guise. Le dragon, dans un geste de défi à peine masqué, avait rapproché son visage sans toutefois effleurer le nébuleux, qui, pour sa part, avait maintenu le peu de distance, son expression, trahissant une impatience grandissante.

C'était absurde, stérile, et cela n'appelait aucune réponse. Déjà, Ezekiel amorçait la descente, ressentant une frustration croissante et murmurant intérieurement face à l'entêtement de son interlocuteur. Mais, en son fort intérieur, il reconnaissait une similitude, une obstination partagée qui alimentait le feu du conflit.

Au cœur de ses pensées tumultueuses, il maudissait l'homme en silence, priant pour que le lièvre lui infligeât une morsure et qu'il n'attrape la rage, cette maladie tenace malgré les efforts de l'humanité pour l'éradiquer, y voyant une ironie cruelle et une justice digne des tragédies antiques. À moins qu' Opale, ne vînt à son secours avant qu'il ne trépasse. Ah, quel destin Opale choisira-t-il de bouleverser, quelle destinée courbera-t-il sous son regard compatissant ? C'est là l'interrogation centrale qui étreint les cœurs et anime les esprits. Qui, parmi les âmes errantes et les créatures vulnérables, trouvera refuge sous le manteau protecteur du guérisseur.

Non. Cette éventualité était trop insupportable. Et pourtant, tandis qu'ils progressaient sur le chemin plat menant à la ville, une révélation émergeait lentement des méandres de son esprit, prenant forme comme une vérité inexorable.

Il n'allait tout de même pas lui demander...

Ezekiel ralentit le pas, laissant Monsieur Stanford prendre la tête, ignorant où celui-ci menait le petit animal. Mais bientôt, ses doutes se cristallisèrent en une certitude glaciale, tandis qu'il observait l'enfant des bois s'éloigner, guidé par son instinct pour le semer.

Ce n'est qu'à travers le prisme du temps, un peu plus tard, ayant suivit l'odeur du nébuleux, qu'il se retrouva face à l'édifice majestueux du manoir, dressant sa silhouette imposante devant lui, alors que l'autre semblait déjà s'y être engouffré. Il pénétra donc dans ce sanctuaire avec une prudence teintée d'hésitation, résistant à l'idée de s'introduire ainsi chez... Opale. Lorsque la voix de Monsieur Stanford résonna dans les enchevêtrements des couloirs, appelant le médecin, Ezekiel en reconnut aussitôt les implications.

Il s'avança avec circonspection dans le vestibule, se sentant comme égaré dans cet environnement qui n'était pas le sien. Son cadet frappa à la porte d'une salle, tendit que le dragon le rejoignait le rythme tranquille qui, d'un ton sarcastique , laissa tomber :

- Voilà donc votre idée brillante ? Amener les animaux mourrant chez... Opale ? Je n'aurais jamais imaginé que vous confondiez un médecin d'un vétérinaire. Vous dépassez mes espérances.

Les mots étaient dur et tranchant, lancées telle une attaque. Ezekiel s'approcha avec une dignité mesurée. Monsieur Stanford, dans son état désolé, trempé, les pieds nus, strié de cicatrices, lui donnait l'aspect d'une figure errante. Et plus précisément d'un babouin. Le dragon qui tenait tant à sa prestance se sentait désormais comme escorté par un compagnon indigne. Voilà deux âmes à soulager pour le prix d'une.

Oui, il était acerbe, et oui, il devait dompter cette acidité. Ezekiel s'adossa contre le mur avec une patience silencieuse.

- Les dons que nous détenons ne sont pas destinés à être invoqués sans discernement. Nous en récoltons tous les fruits amers de leur usage abusif. Bien joué, Monsieur Stanford.

Il détourna le regard avec une désapprobation contenue. Il avait observé qu'Opale, dans ses pratiques, mêlait l'art traditionnel de la médecine avec ses propres don , et cela n'était point anodin. Aucun être ne pouvait se permettre une utilisation excessive de ses dons. Mais comment, dans cette situation délicate, comptait-il agir ?

- Vu l'état, je ne serais pas surpris qu'il lui administre une narcose. Les lièvres, tout comme les lapins, disposent de réserves cardiovasculaires et respiratoires limitées, ce qui les prédispose à développer des complications pendant l'anesthésie. Il ne disposera jamais du matériel nécessaire, à moins d'être d'une polyvalence qui me forcerait à m'incliner ! Dans le cas contraire, il n'aura d'autre choix que de recourir à ses dons. Le connaissant, et avec votre tête de cocker, il lui sera impossible de refuser, qui plus est.


Dans cet équilibre précaire entre la science et le mysticisme, entre la compassion et la pragmatisme, quel sera le destin de cette créature vulnérable ? C'était dans l'incertitude de ces enjeux que se dessinait le défi qui attendait, impérieux, au cœur de ce manoir.

Lorsqu'enfin un bruit parvint à ses sens, il releva la tête avec une hésitation palpable. Il n'aspirait guère à être complice de ce stratagème, ni à laisser transparaître la moindre ambiguïté quant à l'usage qu'il pourrait faire de la générosité d'Opale... ou pire encore, laisser planer l'ombre d'une dette à son égard. Avec une résolution soudaine, il se redressa en pivotant sur ses talons. S'éclipser avant l'apparition d'Opale demeurait la meilleure option qui s'offrait à lui. Désormais, tout ce qui se déroulerait ici ne relevait plus de sa compétence.

- Transmettez mes salutations au vétérinaire, murmura-t-il d'une voix qui se voulait distante mais ironique, accompagnant ses paroles d'un léger signe de tête, son regard captivé par le lièvre recroquevillé contre Monsieur Stanford. Bien que son état semblât inchangé, une lueur de vie vacillait encore en lui. Quel prodige... Pourtant, au moment où il s'apprêtait à se détourner, une silhouette se dessina dans son champ de vision. Dans un mouvement presque imperceptible, il se tourna à demi, arborant une expression d'une neutralité qui lui était propre.

Une seconde trop tard. Dommage. Il ne pouvait plus vraiment filer à l'anglaise à présent.


KoalaVolant
Sam 30 Mar 2024 - 14:13
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Opale Caladrius
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Run rabbit

run !

Feat Vynce & Kiel



L’horloge tapante indiqua à Opale ses coups rythmés. 8h et le médecin s’étirait comme un chat savourant les premières lueurs à sa fenêtre. Il passa ses doigts devant ses yeux, éloignant sa main le plus possible pour ajuster sa vue trouble. Pas pire qu’hier, ce ne serait pas mieux demain. Depuis quelques temps, il avait remarqué la baisse certaine et drastique de sa vision. Ce n’était pas étonnant, il ne se ménageait pas exactement. Qu’importait, réellement, certains jours il avait la sensation qu’il faudrait bien en finir et que sa très lente agonie vers l’obscurité ne lui pesait que d’autant plus. Peut-être même que le jour où il s’éveillerait, le voile abattu à jamais, il serait enfin libre.

Le caladre frissonna, sortant du lit. Cela ne lui ressemblait pas, d’avoir des pensées si morbides. Mais la récente dispute avec Gerhard l’avait laissé ankylosé, plus sombre qu’à l’accoutumée. Des lustres qu’il ne s’était pas senti aussi… Désemparé, par un humain qui plus est. L’aisance avec laquelle il avait passé ses barrières, pourtant si soigneusement dressées, ne le laissait pas indifférent. Et puis la manière dont Vynce avait été jeté dehors ce jour-là… Il espérait qu’il accepterait de remettre les pieds ici. Ou sa tendre présence lui manquerait bien assez vite. La colère l’avait vidé, c’était certain.
Il enfila un pantalon noir et une chemise fine, la boutonnant de moitié. Ses cheveux blancs coulaient sur sa nuque, légèrement en bataille, les boucles formant quelques épis à des endroits qu’il ne remarquerait pas, de toute manière.
Aujourd’hui… Il aurait un rendez-vous à 9h30. Cela lui laissait un peu de temps devant lui. Il évita soigneusement le couloir, faisant le moins de bruit possible pour se diriger vers la salle de bain. Fermant tout doucement la porte, et a tout petits pas il rejoignit le balcon du premier étage. L’air frais lui fit du bien, la brise soufflant contre sa peau, sous ses vêtements. Un soupir et il s’assit, sortant une cigarette de sa poche et tapotant le paquet sur la table en métal à la peinture écaillée.

Parfois, il y avait des jours comme ça. La fatigue pesait plus forte que d’accoutumée, les cœurs étaient plus étouffés. Et lui, serait bien resté au lit, enveloppé dans les draps pâle, le corps nu serré dans ce cocon rassurant et doux. Ses obligations lui paraitraient moins insurmontables une fois la journée bien engagée, il avait presque hâte de voir son patient. Les yeux clos, tendu sur sa chaise, un sursaut le prit en entendant le cliquetis familier de la porte d’entrée.

Tiens ? Qui était-ce ? Gerhard était-il sorti cette nuit...? Opale inclina la tête, plissant les paupières en tendant l’oreille. La voix familière de son vieil ami fit bondir son cœur. Il écrasa sa clope dans le cendrier, le manquant de moitié, avant de s’avancer dans le couloir d’un pas rapide puis dévalant les escaliers. Il ralentit, arrivé en haut, passant la main sur la tapisserie familière dont il pouvait citer chaque maille à présent. Il y avait une autre odeur. Une autre voix. Et il la connaissait, bien malgré lui.

Ezekiel… Son prénom avait trotté dans sa tête un moment, à la suite de leur rencontre et leur petit jeu au bar. Quelque part, il lui avait semblé que le professeur ne désirait pas développer leur relation plus que cela. Un peu déçu mais respectueux, Opale n’était pas allé le chercher et ils ne s’étaient pas recroisés depuis. Après tout, et surement avec l’âge, le médecin avait tendance à se désintéresser de ceux qui ne faisait pas l’effort d’aller vers lui. Et pourtant, il était là, aujourd’hui. Pourquoi ?
La surprise de l’entendre avait surpassée sa question primale. Quelle était la raison de leur présence ? L’odeur du sang le fit frissonner alors qu’il avalait les dernières marches, apparaissant à l’angle du hall en jetant

-Vétérinaire de qui, au juste ?

Il y avait un sourire dans la voix d’Opale, a la fois curieux, amusé et inquiet. Curieux mélange. Mais il était plutôt amusant de les entendre piailler ensemble. Il s’avança, sur son passage, les nombreuses vitrines aux objets collectionnés, parfois à l’étrange allure. Autant d’instruments médicaux, morceaux chloroformés aux objets de collection plus énigmatiques.
La bibliothèque immense, dédale d’ouvrages en tout genre et en toutes langues. Des tapisseries, des tableaux d’une époque lointaine remplissaient les murs. Quelques rayons de lumière perçaient les rideaux à demi tirés. Le maître des lieux avala la distance qui les séparait d’un pas souple, se rebraillant un peu. Non pas pour Vynce, qui l’avait vu dans des états beaucoup plus… Déplorables, mais bien pour le professeur pour qui il ne voulait pas paraître indélicat.

-Bonjour Ezekiel, Vynce. Qu’est-ce qui vous amène ensemble, de si bon mati-oh.


Ça y est. L’odeur se précisait. Ses yeux pâles et froids se posèrent sur les bras de Vynce et même s’il n’y distinguait pas la créature, la senteur animale lui en disait bien assez. Une odeur de proie. Il s’avança de quelques pas avant d’hausser les sourcils en constatant le draède torse nu, dégoulinant d’une eau qui semblait glacée.

-Oh, Vynce, dans quel état vous êtes !

Souffla-t-il, heureux malgré tout de voir qu’il comptait toujours sur lui malgré leur dernière retrouvaille qui n’était pas des plus heureuses. Opale avança à tatillons dans le salon, passant la main sur le canapé pour y récupérer une couverture. Il la jeta sur les épaules de Vynce et sa main se glissa dans son dos. Il frotta doucement, penchant la tête sur le côté en demandant

-Que s’est-il passé ?

Il souriait, soucieux de le constater aussi agité. Il savait qu’il ne pouvait pas attraper la mort comme un humain, mais il lui faisait froid, dégoulinant d’eau glacée comme ça, à moitié dénudé. C’était rare de l’observer dans cet état, même face à Gerhard et avec toute cette angoisse il n’avait pas vraiment failli... Ezekiel y était-il pour quelque chose ? Ce vieux renard semblait bien plus mesuré voir…Amusé de la situation. Du moins… Il se tenait en retrait, prêt de la porte, comme prêt à filer à n’importe qu’elle occasion. Le caladre songea qu’il ne lui en laisserait pas le plaisir tant qu’il n’aurait pas eu le fin mot de l’histoire. Et puis, il était infiniment heureux de voir de nouveaux visages peupler l’endroit. En tout cas, Opale n’était pas dupe.

Il se doutait que leur présence ici résultait de cet animal blessé et même si le nébuleux n’était pas vétérinaire, il savait d’expérience les bases de soin de n’importe quel être constitué de chair, de sang et parfois… De sève. Adaptabilité était surement le terme qui correspondait le mieux au pseudo médecin qui avait dû parfois faire avec des créatures aux caractéristiques peu conventionnelles. Ils ne venaient donc pas le voir pour sa simple présence ? Quel dommage. Quoique, peu étonnant.

notes
Sam 30 Mar 2024 - 23:55
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Vynce Stanford
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Le lièvre contre moi, j’attends l’arrivée d’Opale en commençant par préparer le plan de travail sur lequel il va devoir travailler. Ayant été son assistant pour les soins de ses patients durant mes premières années à mon arrivée, je sais exactement où il range son matériel. Je lui prépare donc champ stérile et instruments ainsi que ce qu'il faut pour désinfecter et soigner l’animal que je tiens d’un bras contre moi. J’essaye de me préoccuper de sortir le matériel plutôt que me focaliser sur les propos d’Ezekiel, il réussit malgré tout à avoir mon attention par de brefs coups-d’oeil dans sa direction.
Seulement voilà, au plus il parle, au plus je sens son jugement vorace. Ça me fout des fourmis rouges dans le ventre et me noue la gorge dans une forme de colère contenue et sourde. Viscérale. Comment on a pu en arriver là, d’une conversation agréable à notre première rencontre, il en vient à me juger comme pour me réprimander, parce-que je ne rentre pas dans le moule, son moule, ou sa catégorie. J’en sais rien mais je tourne la tête dans sa direction.

“Sauf votre respect, Opale est l’une des personnes qui s’y connaît le mieux en soins sur les êtres vivants, que ce soit Nébuleux ou Ephémères et que je sache, vous êtes une créature qu'il est susceptible de soigner, donc un animal, tout comme une partie des habitants de cette île. Vous n’êtes pas en présence d’éphémères dont les connaissances sont limitées.”
Il t’agace profondément à penser avoir raison sur tout. La forêt ne lui fait pas confiance, la Matriarche se méfie de lui, tu as cette boule au ventre chaque fois que tu es en sa présence et ça devient clairement viscéral à mesure qu'il te balance ses mots tranchants comme des lames d’eau à haute pression. Tu t’apprêtes à poser le lièvre sur le champ stérile que tu as déplié mais la suite de ses propos te font détourner la tête dans sa direction une nouvelle fois. Est-ce qu'il va finir par se taire et arrêter de critiquer tout ce que tu fais ou il a besoin d’un coup de fouet pour ce faire ?! La pression monte en toi et la colère te pique le nez et les oreilles, te chatouillant la nuque qui t’offre quelques frissons et te hérisse les poils à la pointe de celle-ci.
“Bon sang, mais qu’est-ce que vous baragouinez ?! Par les Orixás, vous ne pouvez pas vous soumettre au silence un instant ?”

Mais non, apparemment il continuait de te lâcher ses jugements à ton encontre et sur ton acte concernant le lièvre et sa survie. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire que tu veuilles sauver le lièvre et punir le braconnier plus tard plutôt que mettre fin aux souffrances d’une créature qui pourrait s’en sortir ? Tu rumines, ne sachant plus quoi faire. Essayant de te focaliser sur le lièvre, ses blessures, t’assurant de son état qui est, certes, critique, mais pas impossible à guérir. Tu l’as déjà fait à plusieurs reprises, souvent seul et en utilisant ta sève qui suffisait, mais là, il faut des soins dont le caladre possède les connaissances que tu n'as pas. Sinon tu n’aurais pas pris la peine de le déranger. Tu n’as pas non plus envie qu'il utilise ses pouvoirs sur le lièvre donc c’est pour ça que tu as déjà préparé tout le matériel.

Mais c'en est trop. Tu ne supportes plus les jérémiades de ton comparse et tu bouillonnes sévèrement. Tu pars dans les tours et tu détournes brusquement la tête vers Ezekiel, lui lançant un regard glacial en serrant les dents. Tellement agacé par ses propos que tu es à deux doigts de le ligoter et lui faire fermer son clapet pour le sortir du manoir quand bien même il compte partir de lui-même.
“C’est ça fermez-la, Dragon et allez donc pourchasser le braconnier qui vous a blessé plutôt que balancer vos jugements acerbes contre moi !” C’est sorti tout seul. Tu ne sais même pas pourquoi tu as utilisé ce terme pour le définir mais c’est comme si les images que tu as vues plus tôt ce matin se confondaient et te laissaient entrevoir Ezekiel à la place de ce dragonnet récupéré par les humains. C’est étrange mais c’est tout le sentiment que ça te donne et tant pis si tu as faux.

Seulement quand la voix d’Opale retentit, ta colère se dissipe comme un soufflet et ta mine se fait inquiète. Pire, après l’épisode Gerhard tu ne voulais pas apporter de la mauvaise humeur dans le manoir de ton ami et surtout, tu ne voulais pas qu'il se mette de nouveau dans une colère noire comme tu n'avais jamais vu auparavant. Alors tu ne veux pas qu'il prenne de plein fouet ta colère ou ta douleur, parce-que oui, les mots d’Ezekiel t’ont blessé malgré tout, sinon tu ne te serais pas mis autant en colère contre lui.
Quand il approche et te voit dans cet état si lamentable, tu grimaces et détournes la tête. Derechef, tu baisses les yeux sur le lièvre et caresse sa petite bouille affaiblie du bout des doigts. Tu n’as pas eu le temps de te vêtir convenablement en sortant de ta méditation, alors forcément, tu es totalement débraillé. Quand ton ami te demande des justifications sur ton état, comprenant la raison de votre venue, tu rives ton regard vers lui.
“Je méditais… quand la forêt m’a averti… c’est là que j’ai trouvé Ezekiel, et ce lièvre blessés. Un trappeur avec des méthodes relativement barbares traîne en forêt et…”
Pas le temps de tergiverser, tu poses le lièvre sur la table où tu as placé le champ stérile.
“J’ai besoin de vos connaissances dans les soins pour aider ce lièvre… je vais vous assister.”
Ton regard se porte sur Ezekiel un instant puis de nouveau sur Opale. Tu ne veux pas qu'il utilise son pouvoir mais seulement qu'il t’aide à stabiliser son état. Et d’un mouvement de la main, dépliant et repliant tes doigts, tu lui fais bien comprendre. Évitant de révéler sa faiblesse au dragon que tu préfères ignorer pour l’heure au vu de son comportement.
@"Ezekiel Oldenbourg"  @"Opale Caladrius”“”


Dim 31 Mar 2024 - 12:43
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


Les mots d'Ezekiel résonnaient avec une précision cinglante. Il en était intimement convaincu, percevant les tensions invisibles qui s'élevaient, tels des spectres malfaisants, autour de lui. Si son interlocuteur n'avait pas été saisi par le sort du lièvre, nul doute qu'il aurait tenté de réduire au silence cet adversaire, persuadé de la vanité de ses désirs les plus profonds. Le dragon saisissait l'occasion offerte par cette échange avec une habileté redoutable, maniant les mots tels des lames aiguisés pour transpercer les défenses fragiles de son opposant.

Monsieur Stanford se tourna vers lui, une réserve surprenante voilant son expression. Il défendait avec ardeur les compétences et la sagesse d'Opale, sa confiance en lui transparaissant dans chaque mot et chaque geste. Les lueurs dans ses yeux brillaient d'une foi inébranlable.

Pourtant, à mesure que les paroles de Monsieur Stanford s'écoulaient, Ezekiel prenait conscience de l'abîme qui les séparait. Il semblait judicieux d'abandonner l'idée de ramener son jeune interlocuteur sur le chemin de la raison. Après tout, ne disait-on pas qu'il ne faut pas réveiller un somnambule, de peur de le précipiter dans un abysse sans fond ?

- Je suis légèrement plus robuste qu'un lièvre. Et à vous agiter ainsi contre moi, vous risquez de l'étouffer, le pauvre. Lança-t-il avec le même calme implacable.

Ah, souhaitait-il le réduire au silence ? Qu'il sache alors que c'était lui qui avait interrompu la quiétude de l'instant. La jeunesse semblait avoir perdu le respect des générations passées. À l'époque d'Ezekiel, on écoutait religieusement les aînés dans un silence respectueux, tandis qu'eux exposaient leurs pensées.

Mais les temps avaient changé, apportant avec eux un vent d'insolence et de désinvolture. Répliquer à cet enfant capricieux serait futile, surtout ici, sur un territoire qui n'était pas le sien, où Opale aurait pu surgir à tout moment pour apaiser leurs échauffements, calmer les plus agités de ses mots doux et apaisants. Enfin bref,  c'était désolant de voir cet enfant de la forêt gâcher son potentiel ainsi, alors qu'il aurait pu aspirer à bien plus. Bien plus qu'un simple sauveur de carcasses. Oui, toutes les créatures méritaient respect et considération, mais il n'appartenait pas à Ezekiel de dicter leur destin. Peut-être était-il simplement trop jeune pour comprendre l'ampleur de son propre potentiel, une réalisation tardive qui lui laissait un goût amer dans la bouche.

Ainsi, se contentant de lever les épaules, Ezekiel opta pour le silence désiré par son interlocuteur, qui avait été poussé à bout par ses propres provocations.

Le regard calme de la créature ancienne se fixa sur celui, glacé, du cadet. À en juger par sa posture, il semblait même surpris de ne pas être la cible d'une attaque. Mais quelque part en lui, Ezekiel ne demandait qu'à être défié, à avoir enfin la légitimité de montrer à ce jeune homme qu'il troublait lui aussi l'équilibre avec ses bonnes intentions.

Pourtant, dans un élan d'emportement soudain, il prononça ces quelques mots. Le décrivant ainsi comme un dragon. Ezekiel demeura impassible, conscient que le moindre geste inconsidéré pourrait corroborer cette assertion. Il lui fallait sonder les abysses de cette conviction étonnante qui semblait émaner de l'âme de Monsieur Stanford. Car il savait, il devinait même, que derrière cette affirmation insolite se cachait un mystère qui méritait d'être révélé.

Qu'est ce qui le poussait à affirmer une telle chose ?

L'homme semblait avoir un lien profond avec la nature, une connexion intime qui transcendait les frontières du simple mortel. Ezekiel l'avait observé, captant les lueurs fugaces de cette harmonie entre le nébuleux et le monde qui l'entourait. Mais rien de cela ne pouvait être assimilé à un don de télépathie. C'était un jeu de dupes, une tentative de manipulation. Mais pourquoi donc invoquer la figure majestueuse et mythique du dragon pour s'en servir comme comparaison ? Était-ce par simple coïncidence, ou bien y avait-il une signification plus profonde, tapie dans l'ombre qui n'attendait qu'à être confirmé ?

Les cornes, ce détail superficiel, semblaient être le maillon d'une chaîne d'associations erronées. Elle représentait tant d'autre espèce tel que les démons ou certains hybrides.

Pourquoi diable l'affiliait-il à un dragon ? Ce n'était de loin pas une créature commune tel que les lycanthrope.

Et l'absence apparente de sa queue, qu'il pouvait faire apparaitre lorsque les choses devenait sérieuse pour lui, rien ne laissait supposer une telle chose. Un écueil dans cette tentative de catégorisation, probable. Armé de ces réflexions, Ezekiel se prépara à apporter une réponse pour dissiper ses soupçon pour le moins perturbante, sans se laisser destabiliser.

- Je suis flatté que vous m'attribuiez la majesté d'une créature aussi légendaire. Mais je crains de devoir vous décevoir. Je n'ai rien avoir avec cela. Je vous prie donc de bien vouloir tempérer vos suppositions hâtives. Je sais que la vérité peut être douloureuse, mais un peu de retenue.

Monsieur Stanford avait mentionné le braconnier, tentant visiblement de le congédier alors qu'Ezekiel songeait déjà à prendre congé avant l'arrivée d'Opale.

-Je me chargerai personnellement de lui, ne vous en souciez pas.

Et s'il le fallait, il se rendrait immédiatement sur les lieux, à moins que l'arrivée d'Opale ne vienne chambouler ses plans.

Trop tard donc.

Le médecin sembla surpris de les trouver ensemble, observant avec une inquiétude palpable le petit animal qui, bien que respirant encore, gisait immobile. Ezekiel prit une couverture pour protéger Monsieur Stanford, dont l'état lui inspirait une certaine compassion. Opale s'enquit de la nature du drame qui venait de se dérouler. Ce fut Monsieur Stanford qui, précipitamment, tenta d'expliquer la situation, mais s'interrompit brusquement, prêt à assister Opale avec une diligence renouvelée.

- Un braconnier s'amuse à poser des collets. J'irai lui rendre une petite visite pour que nous ayons une conversation lui et moi. . Je crois même l'avoir blessé.

Ce genre d'individu ne tarderait pas à revenir semer le trouble dans les bois, même blessé. Face à une telle infamie, les alternatives étaient rares. Pourtant, Ezekiel savait qu'il devrait manœuvrer avec une extrême prudence. Un braconnier, certes, mais sa mort ne passerait pas inaperçue. Il lui faudrait orchestrer sa fin de manière à ce qu'elle apparaisse comme un simple accident, avant qu'il ne puisse nuire à nouveau.

Son regard se détourna, contemplant la scène qui se jouait sous ses yeux, où l'élan de Monsieur Stanford, absorbé dans l'examen détaillé des maux, semblait suspendu aux attentes du médecin. Dans cette atmosphère, son esprit se replia sur lui-même, invoquant les ombres du passé, les échos de la souffrance qui résonnaient encore dans son être. Il se laissa submerger par les méandres de ses pensées, revisitant les moments où la douleur avait tenté de le briser, où le fardeau de l'existence avait pesé plus lourd que l'air lui-même. Combien de fois avait-il été tenté de céder, de laisser la douleur éteindre la lueur fragile de la vie en lui ? Les cicatrices du passé semblaient crier à l'unisson, exigeant une libération, un repos éternel loin des tourments de ce monde. Mais même dans les abysses de la détresse, une voix lointaine l'avait retenu, une voix qui murmurait des promesses de lumière au-delà de l'obscurité.

Sa fille.

Pourtant, cette même lumière lui échappait, comme un mirage insaisissable dans le désert aride. Il avait été maintenu en vie par des chaines indiscernable, retenant son esprit dans une prison de chair et d'os. Même lorsque l'espoir semblait s'évaporer, même lorsque les ombres menaçaient de l'engloutir, il avait persisté, contrainte par ses maitres fermement opposé à le voir disparaitre.

Seule la conviction profonde que sa fille pouvait encore être en vie l'animait ardemment. Car il ne pouvait se permettre de lâcher prise, pas après tout ce qu'il avait fait. Pas après avoir consenti à l'impensable, à l'acte de mettre fin à la vie de la seule personne qui avait su lui insuffler une raison de vivre à une époque révolue, bien avant la conception de sa fille, simplement parce qu'ils étaient en désaccord sur des convictions profondes... et parce qu'on le lui avait ordonné.

Il se sentait d'une faiblesse accablante.

Jamais il n'avait eu le courage de lui demander simplement de tout abandonner avec lui, de laisser derrière eux l'avidité des hommes, leurs querelles, pour une vie à eux seuls.

C'étaient ces événements-là qui l'avaient fait prendre conscience de la véritable nature de l'utopie, comme le plus toxique des poisons. Elle promettait tant, pour finalement le ramener à une réalité impitoyable et brutale. Il réalisait maintenant les conséquences de son choix, incapable de se défaire des liens avec ceux qui l'avaient élevé, rongé par la peur des représailles, par l'angoisse de l'inconnu. Et ainsi, son choix avait été fait.

C'était comme contempler le reflet déformé de sa propre tragédie, déroulant devant lui le fil complexe des choix et des regrets. Incapable de saisir la perspective de Monsieur Stanford, peu importe à quel point il pouvait la trouver dépourvue de sens.

La souffrance, songea-t-il, un concept complexe qui se glisse dans les recoins les plus sombres de l'âme, comme une ombre insidieuse. Comment la ressentait-il à présent ? Était-ce similaire à l'expérience des animaux, ces êtres si dénués de parole mais si riches en émotions ? Se trompait-il peut-être sur toute la ligne, subissant le poids insupportable de la douleur, tandis que le simple souffle de vie maintenait le lièvre en vie, lui offrant un mince fil d'espoir à saisir ? Ou bien, dans un silence déchirant, implorait-il secrètement que son agonie prenne fin, que le fardeau insoutenable soit enfin soulagé ? Tout comme lui, qui ne pouvait quémander assistance à personne, car il était lui-même prisonnier de sa propre détresse.

Les bras croisés, il s'appuya à nouveau contre le mur, observant en silence le duo se tenant près de la table, auprès du lapin moribond. Ses yeux azurés se posèrent alors sur Opale, comme cherchant des réponses avant qu'il ne laisse échapper un soupir:

- Opale. Puisqu'apparemment vous êtes le spécialiste, je m'en remets à votre jugement. Nous parlons d'un lièvre pris au piège dans un collet, probablement en état de choc avec une pression cardiaque particulièrement élevée, le rendant sujet à un éventuel arrêt cardiaque à tout instant. Franchement, soyez sincère, pensez-vous qu'il soit judicieux de persister dans l'acharnement? Ne serait-il pas mieux pour lui d'abréger ses souffrances ou y a t-il un réel espoir-autre que le désire de le sauver à tout prix au détriment de ce qui est mieux pour lui-? C'est sur votre expertise que je vais me fier, seulement.

KoalaVolant
Lun 1 Avr 2024 - 14:57
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius

Run rabbit

run !

Feat Vynce & Kiel



Les doigts d’Opale s’écrasèrent contre ses paupières closes, frottant ses yeux en contenant un soupir. Il avait la nette sensation d’être pris entre deux feux animaux qui emplissaient toute la pièce d’une animosité grandissante. En entendant Vynce s’exclamer, il s’était rendu compte que l’acronyme de dragon correspondait plutôt bien à Ezekiel. Et le trouble qui avait régné par la suite chez le professeur laissa l’ombre d’une suspicion le traverser. Tiens donc.
Il aurait juré l’entendre se défendre devant ce qui semblait être en réalité, une simple image. Ezekiel s’amusait à tourmenter Vynce, mais voilà que celui-ci paraissait avoir étonnamment bien marqué sa cible. L’idée faisait contenir un sourire à Opale qui tentait d’éviter l’atmosphère lourde qui commençait à lui peser. Entre la colère de son ami et le trouble profond qui agitait l’âme du soi-disant dragon, il n’était pas sorti d’affaire.

-Vous n’irez nulle part Ezekiel, vous n’êtes pas un membre du personnel et par conséquent, non apte à punir qui que ce soit ici, aussi odieux le crime soit-il et autant que ce braconnier le mérite.

Avait lancé le médecin avec calme, se saisissant d’une paire de gants dans leurs boites pour les poser sur la table. Un léger sifflement brûlait son oreille droite et il sentait sa poitrine engourdie, de secondes en secondes, l’air s’alourdissait et s’en était presque… Douloureux. Il se tourna vers Ezekiel, reculé dans un coin du cabinet dans sa même posture fière, mais légèrement plus prostrée. Souffrait-il… ? Ce n’étaient pas des maux physiques, il en était certain. Le destin de ce lièvre le touchait-il plus qu’il ne l’admettait, ou était-ce autre chose ? Opale tiqua. Cette matinée commençait à prendre une tournure fort désagréable.

Les yeux du médecin se posent sur l’animal, recroquevillé dans la position la plus vulnérable. Etrangement, le caladre lui trouve une soudaine ressemblance avec Ezekiel. L’image disparait au moment ou il rouvre des paupières, lâchant un large soupir.

-J’aimerais vous répondre, monsieur le professeur, mais seulement si vous arrêtez de réflechir aussi fort. Tous les deux. Sinon je vous fiche à la porte.

Il lança ce qui aurait pu paraître un regard appuyé à ses deux interlocuteurs. Il se rapprocha de Vynce, tendant ses deux mains pour les glisser contre ses joues. Ses doigts remontèrent jusque sur ses pommettes, ses cheveux blonds et mouillés les effleurant, arpentant ce visage qu’il connaissait par cœur depuis toutes ces années.

-Allons Vynce, toute cette colère, elle ne vous ressemble pas. Calmez-vous, s’il-vous-plait. Je préfère que vous vous écartiez, pour le moment.

Murmura-t-il avec douceur, esquissant un simple sourire avant de le lâcher, tentant de se reconcentrer sur sa tâche. Opale enfila les gants délicatement, les tirant jusqu’à ses poignets dans un claquement avant de se pencher vers l’animal. Il ferma les yeux, passant d’un geste sa main au-dessus de ce si petit corps, l’effleurant à peine. Son cou le brûla, son cœur se serra dans sa poitrine et il ne fallait pas être devin pour comprendre qu’Ezekiel avait raison. Opale était heureux que son don lui permette de ne pas toucher davantage la proie.

Le traumatisme était trop grand. Comme lorsqu’un oiseau ou un rongeur se faisait prendre dans la gueule d’un chat et parvenait à fuir. Ils mourraient de leurs blessures, mais du choc dont leur corps ne se remettrait pas. Tout était si rapide pour eux, et leurs cœurs trop petits pour subir une telle pression. Si Opale s’était retrouvé à la place de Vynce et Ezekiel, il l’aurait délié de son piège et serait resté, simplement resté. Le transporter ainsi n’avait pas aidé à son sort. Cependant… Vynce semblait sincèrement soucieux et il ne voulait pas porter un nouveau coup à leur amitié, à la suite de ce qu’il s’était produit la dernière fois. Ainsi, il ne lui avouerait pas. Les lièvres sont des animaux de proie. Destinés, bien malheureusement, à mourir dans des chemins souvent cruels. Opale se retrouvait beaucoup en eux, par le passé. Bien sûr, ces années à soigner encore et encore et encore des corps pourrissants, malades et blessés, l’anesthésiait d’une trop grande compassion. Mais il restait sensible à l’idée d’une mort injuste.

-L’achever, ou tenter à tout prix de le sauver, rien de tout cela n’est naturel si vous voulez mon avis. Comme l'était ce piège en premier lieu. Et je ne peux pas soigner l’insoignable.

Une réflexion soufflée durant sa brève osculation. Le stimulus stressant, ces éléments chimiques, physiques ou émotionnels qui menacent l’homéostasie corporelle entraine ces réponses viscérales au stress. Et ils étaient partout.

-Cependant, maintenant que vous êtes là, je vais essayer de voir si je peux faire quelque chose. Si vous me le confiez, son destin est entre mes mains et je ne tolèrerais aucun jugement sur ce que j’aurais décidé de faire. Clair ?


Opale gardait une voix douce, patiente, mais il était sans appel. Il était désolé de montrer cette sévérité, mais il ne voulait pas entendre de protestations, une perte de temps considérable. Il attrapa ses lunettes, coincées dans la poche de sa blouse et fit rouler son tabouret jusqu’à la table blanche. La blessure au cou n’était pas profonde, sinon il y aurait du sang partout. Le problème était donc…L’état de choc. La priorité, la plaie pourrait être désinfectée plus tard. Les tremblements, le souffle rapide qui soulevait son dos indiquait qu’il n’y avait pas d’obstruction.

-Je vais le sédater, mais il est en tachycardie…

Murmura Opale en posant ses doigts sous le poitrail de l’animal. Il savait ce que Vynce penserait de ça, mais il n’avait pas vraiment le choix. Sans sédation, il ne survivrait pas, et pour être sédaté, il fallait que son cœur s’apaise, même momentanément. Il se retourna vers lui, inclinant légèrement la tête pour lui signaler que ce n’était pas grave. Qu’il n’avait pas vraiment le choix. Que ce serait ça ou la mort. Peut-être Vynce pensait-il qu’il s’agissait d’une pure solution de facilité mais c’était en réalité, la seule viable et sans de maux supplémentaires pour la pauvre proie. L’échange silencieux dura quelques secondes et il ferma les yeux. Sa main irradia de sa lumière bleue, les veines de son poignet s’éclairèrent jusqu’au bout de ses doigts, se diffusant sous le poil du lièvre.

Opale tiqua, juste un peu, en sentant la propre pression sur son cœur et la douleur autour de son cou, mais cela ne dura qu’un bref instant. Au terme, il se redressa, soupirant, tâtonnant sur sa desserte pour se saisir d’un petit flacon d’alfaxalone et butorphanol. L’aiguille de la seringue s’enfonça dans le cou du lièvre et il posa sa main sur son échine. Sédation rapide et surtout longue durée, les tremblements cessèrent et il s’écarta.

-Messieurs, laissons-le au calme quelques instants.

Opale s’était relevé, retirant ses gants en les jetant à la poubelle et tira les rideaux à côté d’Ezekiel pour instaurer une douce pénombre. Il les invita au salon, sa silhouette fine avançant dans la grande pièce soudainement plus éclairée, les rayons froids tapant sur sa peau et ses cheveux fantomatiques. Il se sentait las de ce début de journée et le tiraillement sur son cou ramenait à lui de mauvais souvenirs. Mais il était heureux d’accueillir des visages non-hostiles… Enfin, semblait-il.

-Allons, faites la paix tous les deux. Le mal est fait, de toute manière et à présent, seul le temps nous dira s'il désire vivre, ou non. Souhaitez-vous du thé ?


notes
Dim 7 Avr 2024 - 0:32
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
Ce n’est pas qu’un simple Lagomorphe
c’est un messager
C’est pas croyable ! De sage partenaire à l’écoute, il s’est changé en juge inquisiteur cherchant à avoir par tous les moyens raison dans sa vision des choses. Pire qu’un prêcheur qui chercherait à endoctriner son prochain pour le forcer à se convertir sous la même paroisse.
Mais j’ai bien senti que le terme l’avait quelque peu troublé. Sa répartie me sidère quelque peu. Toujours à vouloir avoir le dernier mot, hein ? Il ne devrait pas s’en réjouir. Mais je ne lui donnerai pas satisfaction.

“Ho, détrompez-vous, c’est plutôt l’adjectif péjoratif qui détermine votre comportement actuel plutôt que le nom qui définit l’animal légendaire.”
On se rattrape comme on peut. C’est sorti tout seul sans réelle certitude, mais du coup à réagir ainsi il m’a foutu le doute.

Je détourne la tête et ferme les yeux en soupirant. Opale est là, je n’ai pas envie de l’affliger avec mon humeur et la colère qui boue en moi. Je préfère de loin me préoccuper du lièvre blessé et tenter de l’apaiser, mais forcément avec ma colère et l’aura prédatrice d’Ezekiel il ne se calme pas le moins du monde. Ça m’agace d’autant plus. Et voilà qu’Opale nous demande de nous calmer sans quoi il nous fiche à la porte tous les deux. Je plisse les paupières, n’osant pas le regarder et me concentrant sur le lièvre. La deuxième fois que dans ce manoir règne une tension intense, la deuxième fois qu’Opale me pousse vers la sortie sans pour autant être désobligeant avec moi. Deux fois que je fais le con en même temps. Ça me désole.

Voilà que des mains viennent se poser sur mon visage alors je rouvre les yeux avec un petit sursaut de surprise. Mon regard se fixe dans les orbes opales de mon vieil ami. Ses mains sur mon visage ont un effet apaisant sur moi. Mais je grimace à ses mots et pince les lippes, glissant mes dents sur la lèvre inférieure tant je suis navré de la situation. Je n’ai pas envie de lui infliger ma colère en pleine face.

“Désolé, Opale…”
Tu peux bien t’excuser pour lui infliger de tels tourments, lui qui est empathe et ressent vos sentiments comme s’il lisait un simple livre. Mais même si tu t’écartes de quelques pas, tu restes assez près de lui. Préférant te rassurer de sa présence et de ses mots plutôt qu’aller te prostrer dans un coin comme vient de le faire le professeur. Au moins il semble écouter ce qu’Opale lui a dit. Après sa demande envers le médecin il a l’air de ne plus rien dire et enfin, le silence est relativement plus agréable sans l’entendre s’acharner sur toi avec des propos viscéraux à ton encontre.

Tu finis par attraper du bout des doigts la couverture qu’Opale t’a posé sur les épaules en voyant ton état. Pas que tu aies froid, mais la douceur de celle-ci mélangée à l’odeur de ton ami a quelque chose de réconfortant alors tu la ramènes un peu plus contre toi et tente de t’apaiser intérieurement. Au pronostic d’Opale, tu détournes le regard en grimaçant un peu. Peu rassuré que le lièvre trépasse mais tu comprends qu’il doive faire le nécessaire pour qu'il se calme. Si tu avais la possibilité d’apaiser les animaux, tu le ferais, mais ton pouvoir ne te permet que d’apaiser tes congénères. Alors tu te sens totalement impuissant face à la fatalité qui afflige ce pauvre lièvre. Si seulement tu pouvais mieux aider Opale, le soulager et le soutenir.

Mais ton regard se fait profondément insistant sur ton ami quand tu vois la lueur bleuté si caractéristique de son pouvoir jaillir de ses mains pour soulager l’animal. Tu t’en veux profondément. Tu te sens même profondément stupide de réagir aussi vivement à la moindre petite chose tant ton hypersensibilité t’accable. Tu ne peux réfréner une nouvelle grimace en dépit de la situation. Honteux de ne rien pouvoir faire alors qu’Opale perd un peu plus la vue, son sang souillé un peu plus chaque fois qu'il soigne avec son don. Tu resserres le tissu de la couverture et ne dis rien quand Opale vous invite dans le salon en attendant que l’animal se calme.

Tu restes debout, te débarrassant de la couverture sur tes épaules pour la plier soigneusement et la poser sur le dossier du canapé. Silencieux et soucieux, tu préfères ne rien dire pour l’instant essayant toujours d’enfouir au plus profond de toi cette colère. Ezekiel t’a vraiment poussé à bout. Pourquoi tu t’énerves autant d’ailleurs ? À croire que ses mots t’ont profondément touché, ébranlant même jusqu'à tes barrières intérieures. Tu fermes ton manteau pour cacher tes cicatrices et réalise seulement maintenant que ton pantalon humide fout de l’eau partout. Tu fermes les yeux et soupire un peu plus pour te détendre quand Opale vous propose de boire un thé et vous demande de faire la paix tous les deux. Ton regard se porte alors sur Ezekiel. Logiquement ce n'est pas toi qui devrais t’excuser mais son comportement vis-à-vis de toi tout à l'heure t’a fait de la peine. Parce-que votre première rencontre tu l’as quand même appréciée et c’est très dommage. Ça t’a blessé. Mais tu restes dans l’attente, préférant ne pas trop bouger pour ne pas trop mettre de l’eau partout dans son salon. Tu croises les bras contre toi, serrant tes bras.
“Je ne serais pas contre, Opale. Merci.”

Pour ce qui est d’Ezekiel. Eh bien il est évident que vous devez parler et faire la paix mais. Tu ne sais pas trop quoi lui dire. Tu l’observes et soupire par les narines avec une once de dépit dans le regard. Tu reprends une inspiration pour reprendre contenance et calme.

“A notre première rencontre vous étiez un peu plus à l’écoute sans pour autant être si inquisiteur dans vos propos. C’est une vertu de se consacrer à quelque-chose, en croyant fermement en ses propres idéaux. Mais cela ne veut pas dire qu'il est correct de déprécier les idéaux ou les sentiments des autres.”

Tu respectes sa vision et ses idéaux et tu n’iras pas lui dicter quoi faire. Tu espères simplement qu'il comprenne que tout être vivant a le droit de vivre et personne ne doit décider du sort d’un autre.
“Je vous l’ai pourtant dit lorsque nous nous sommes rencontrés. Personne n’a le droit d’ôter la vie d’autrui, chacun a le droit d’avoir un avenir. Et s'il en est autrement, c’est que Mère aura décidé de les ramener à elle.”
Quitte à avoir une vie meilleure que celle qu'ils ont oubliée d’antan. Ça, tu te gardes bien de le dire.
“Ils vivent, et tant qu'ils vivent on peut faire quelque chose. Quand bien même vous les voyez comme de simples gibiers ou des morceaux de viandes sur pattes, qu’importe, ils restent les messagers de la Terre.”

Tu te tournes vers Opale, probablement revenu avec le thé ou sur le point d'aller le préparer. Un air solennel et sincère bien que mélancolique à son encontre. Ça te bouffe profondément cette contrepartie en échange des soins qu'il prodigue. Tu ne sais pas quoi faire et tu aimerais vraiment l'aider à aller mieux à ne plus avoir ce foutu contrecoup.

“Je suis désolé, Opale, pour cette visite importune. Je m'en veux d'avoir paniqué et être venu vous solliciter pour le lièvre.”

Un regard appuyé pour qu'il comprenne que ce n'est pas que vis-à-vis de ça que tu lui exprimes ta culpabilité. Il doit très bien savoir pourquoi tu dis ça. Si tu avais su qu'il aurait utilisé son don tu ne serais même pas venu le voir et tu te serais débrouillé seul. Tu hésites presque à partir pour aller retrouver ce fichu trappeur et lui faire comprendre que s'il veut se nourrir, qu'il tue proprement et cesse de faire souffrir des animaux. Enfin, sous couvert d'une petite punition, bien entendu.

@"Ezekiel Oldenbourg"  @"Opale Caladrius” “”


Dim 7 Avr 2024 - 20:43
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


Pourquoi donc s'était-il ainsi laissé emporter contre Monsieur Stanford ? Et quel étrange flot d'émotions animait ce dernier, l'entraînant dans une tempête de réactions aussi véhémentes que déroutantes ? Ezekiel percevait en lui une blessure profonde, peut-être son orgueil heurté ou cette perception d'être jugé dans son essence même, cloîtrant son esprit dans les méandres de l'incompréhension.

Le schéma se déployait à nouveau, tel un récit cyclique où les leçons du passé semblaient destinées à se répéter, comme autant d'échos d'une tragédie lointaine. N'était-ce pas ainsi qu'il avait jadis perdu l'être le plus cher à son cœur ? En refusant obstinément de tendre l'oreille aux murmures de l'autre, en balayant d'un revers de main toute tentative d'entente.

Devant la réponse toujours empreinte de colère de son interlocuteur, Ezekiel, dans un geste de résignation, leva à peine les épaules, conscient qu'il était plus sage de garder le silence, surtout maintenant qu’Opale prenait les rennes de la situation…

Son regard aiguisé se figea sur le médecin, en un éclair. Un ordre venait de lui être donné, Il ne rêvait pas ? C'était déjà la deuxième fois qu'il brandissait l'argument de la hiérarchie avec aplomb. Mais cette fois-ci, ce n'était plus une simple plaisanterie, mais une directive ferme, dépourvue de toute équivoque... Une autorité incontestable.

Malgré sa vulnérabilité apparente, l'aura qui émanait du médecin imposait le respect, l’incitant à s'adresser à lui avec prudence. Mais penser pouvoir plier le dragon à sa volonté d'un simple mot relevait d'une certaine naïveté. Les bras croisés sur sa poitrine, le plus âgé secoua la tête avec dédain.

- Je l’ai blessé, j’ai ma responsabilité qui est déjà engagée, j’irai simplement m’enquérir de son état et discuter. Qu’allez-vous donc imaginer, Monsieur Caladrius ? Jamais je n’oserais faire justice moi-même. Mais vous pouvez toujours tenter de me retenir ici.

Et il articulait à peine ses paroles. Il était certes conscient du charisme, de la prestance, de l'importance cruciale des dons du guérisseur et de l'influence qu'il exerçait ici. Cependant, malgré cette aura qui l'entourait, il demeurait une créature fragile, exposée aux caprices du destin. Quant à Monsieur Stanford... il était difficile de juger de sa véritable force, mais face à des réactions aussi enflammées à chaque provocation, il semblait déjà enclin à la défaite.

Une nouvelle remarque d'Opale éveilla en lui un étonnement à peine perceptible. Se croyait-il en sécurité simplement parce qu'il se trouvait dans son propre domaine ? À peine quelques instants plus tôt, il lui intimait pourtant de ne pas quitter les lieux et maintenant il le menaçait de le flanquer à la porte ?

- Cessez ces contradictions. Voulez-vous que je reste ou que je sorte d'ici ?

Ah, la jeunesse centenaire, si pleine d'indécision.

Oui, les pensées tumultueuses qui dansaient dans son esprit l'avaient rendu plus sensible que jamais. Ainsi, il se tint en retrait, témoin silencieux, laissant les mots sucrés des autres s'écouler autour de lui, tel un ruisseau dont il se désintéressait presque.

Pourtant, alors qu'il s'était résolu au silence, Opale,  continuait à tisser des récits qui défiaient ses propres convictions. Comparer la fin d'une proie à la tentative de le sauver, même au prix d'un stress qui pourrait le consumer ? Il contint un soupir, ses yeux se perdant brièvement dans le tableau vivant que formait un couple de mésanges bleues se balançant gracieusement sur une branche de l'autre coté de la fenêtre.

- Je ne vais quand même pas vous apprendre que bon nombre de nébuleux sont des prédateurs ? Achever une proie qui n'a pas su faire preuve de suffisamment de prudence, c'est là l'essence même du cycle de la vie, même si elle a malheureusement croisé le chemin d'un piège. Abréger ses souffrances, c'est démontrer une forme de miséricorde.

N'était-il pas en train de distiller la sagesse évidente à des nébuleux centenaires ? Car ce qui n'était pas naturel résidait dans la souffrance dénuée de toute logique, dans la destruction des forêts et l'extinction brutale et massive d'espèces, condamnées à jamais à ne plus embellir leur monde. Des actes aussi vils que les pièges, les expériences, la violence gratuite. Était-il en train de murmurer dans une langue oubliée ? Pour qu’il trouve à ce point leur discours absurde ?

Il laissa Opale continué. Ezekiel, ayant l’impression d’avoir déjà enduré pour 100 ans de contrariétés, se résolut cette fois-ci à garder une certaine distance apte à capituler, laissant les mots glisser comme des feuilles mortes emportées par le vent.

-Vous êtes libre de faire comme bon vous semble, cette situation ne me concerne plus.

Qu'ils suivent leurs instincts, et si la pauvre bête venait à décliner, la leçon serait assez rude pour Monsieur Stanford. Nul besoin d'envenimer davantage la situation ; le précipice de l'animosité serait bien peu propice à la résolution.

Et comme prédit, le dénouement se déploya. À en juger par l'état précaire du lièvre, Opale avait assurément invoqué ses dons. Pourtant, étrangement, Ezekiel ne daigna pas même tourner son regard vers Monsieur Stanford pour savourer le triomphe de ses prédictions. Peut-être, en définitive, ses visions n'avaient-elles servi à rien.

À présent, seuls le temps et le calme semblaient offrir une lueur d'espoir pour le lièvre blessé. Opale,  vint fermer les rideaux à côté d’Ezekiel, qui demeura immobile, son regard pénétrant fixant son interlocuteur avec une intensité insaisissable. Le médecin les convia alors dans son salon de pour partager une tasse de thé, espoir fragile d'une réconciliation à venir, tandis qu'Ezekiel les suivait dans un silence obstiné.

Le dragon s'installa sur le canapé, tandis que Monsieur Stanford prenait soin de disposer sa couverture, enveloppant ses cicatrices  sous le pli protecteur de son manteau. Seuls, ils se retrouvèrent, en attendant la tasse de thé qu'ils acceptèrent plutot volontiers. Dans ce silence, les mots de Monsieur Stanford osèrent briser le calme, se frayant un chemin à travers les méandres du cœur de l'homme blessé. Ezekiel, , observait son camarade dissimulant son sourire ironique pour arborer sa mine sérieuse habituelle.

« Personne n’a le droit d’ôter la vie d’autrui, chacun a le droit d’avoir un avenir. »

- Manger ou être mangé. C’est la seule règle qui régit ce monde. Ne me parlez pas d’avenir. Seuls les artifices brutaux, les excès de pouvoir, la cruauté implacable et les ravages sans pitié, animés uniquement par la soif de domination, méritent d'être combattus.

Mais si leur dialogue ne se limitait qu'à cette réponse, ils se retrouveraient tous deux face à un mur. Dans leur intérêt mutuel, il fallait d'abord accepter qu'ils ne partageraient jamais le même point de vue, sans pour autant juger l'autre avec autant de sévérité. Il ne pouvait se permettre de répéter les mêmes erreurs... Ainsi, il laissa échapper un soupir légèrement résigné.

- Je vous présente mes excuses pour avoir été si abrupt et pour vous avoir blessé par mes paroles. Je ne compte pas changer d'opinion, mais je m'engage à ne plus vous attaquer de cette manière à l'avenir, ce n’était pas correct.

Il ne pouvait manifester davantage de compréhension pour le moment, mais les excuses constituaient un premier pas vers l'acceptation. Alors qu'Opale était certainement revenu avec leur boisson, Ezekiel le remercia d'un signe de tête, observant Monsieur Stanford toujours debout, imprégnant le salon de l'eau qu'il avait ainsi ramené sur lui. On aurait dit qu'il avait émergé d'une cascade au cœur de la forêt pour endosser le rôle du justicier. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il restait debout, évitant ainsi de mouiller les appartements de leur hôte.

D'un geste simple, Ezekiel leva une main en direction du nébuleux transi, sans un mot. L'eau qui le trempait fut irrémédiablement attirée vers le dragon, tournoyant un instant autour de son bras avant d'être entièrement absorbée par la créature, dont les cornes se mirent aussitôt à luire, tout comme son regard azur. C'était certainement plus pratique qu'un sèche-cheveux, et désormais Monsieur Stanford ne ressentirait plus le froid. Même s'il ignorait comment un nébuleux tel que lui assimilait les maladies, les sensations ou encore la douleur.

Après avoir refermé sa main, Ezekiel laissa planer le silence, ses mains reposant délicatement sur ses genoux. Oui, il aurait pu dissiper l'eau qui transperçait son compagnon de péripétie bien plus tôt, mais dans un élan peut-être teinté de vengeance, il l'avait ainsi laissé se débrouillé avec la couverture tendu par le médecin.

Quant aux excuses de Monsieur Stanford envers Opale, Ezekiel demeura muet, tel un observateur taciturne. Il avait tenté de l'en dissuadé, pourtant. De venir ici.

Écouter attentivement les conseils de ses aînés était une sagesse souvent négligée.

- Je vous suis reconnaissant pour ce thé, Opale. C'est un réel plaisir de vous revoir, même si j'aurais souhaité que nos retrouvailles se déroulent dans des circonstances plus agréables.

il croisa délicatement ses jambes, laissant son bras droit se reposer sur le dossier du canapé tandis qu'il inclinait légèrement la tête en direction de leur hote, ses prunelles rivé sur lui, passant brièvement sur Monsieur Stanford.

KoalaVolant
Lun 8 Avr 2024 - 20:32
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Opale Caladrius
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Run rabbit

run !

Feat Vynce & Kiel



Les excuses de Vynce flottent encore dans l’esprit d’Opale alors qu’il quitte le hall pour rejoindre la cuisine. La visite importune ne l’était pas, en réalité. Lui, cliniquement, avait la mort banale, il ne la percevait sans doute pas de la même manière que Vynce. Si le lièvre était mort, il n’aurait probablement rien ressenti d’aussi puissant, au-delà de la propre peine de son ami. Sa sensibilité avait su le toucher, dès leur première rencontre. Il savait qu’être aussi idéaliste pouvait le desservir, parfois. Mais il était fier de lui, qu’il conserve ainsi cette humanité à toute épreuve.

Son regard insistant avait brulé les mains abimées du médecin. En plaçant la bouilloire sur la gazinière, y faisant retentir le claquement familier pour faire jaillir la flamme, il se frotta les paumes. Ses paupières se fermèrent et il écouta la rumeur familière des voix des deux nébuleux, recouvertes par le ronronnement de l’eau qui chauffe. Ses sourcils se froncèrent en repensant au ton piquant et provocateur d’Ezekiel sur l’ordre simple et équivoque de ne pas partir à la recherche du trappeur.
Il haïssait ça. Non pas qu’Ezekiel remette en question son autorité, mais donner un ordre. Il lui semblait qu’après ces nombreuses années, cela commençait à lui venir plus naturellement. Ses doigts rejoignirent sa poitrine et il serra sa chemise, une mèche tombant le long de sa joue de sa tête inclinée. Faire autorité. « Qu’allez-vous donc imaginer, Monsieur Caladrius ? ». Bien malgré lui, il ne pouvait pas faire l’aveugle face à la menace sous-jacente du professeur. Mais qu’importait pour le moment, cela ne l’atteignait pas. Mais bon sang, pourquoi n’avait-il pas pu tenir sa langue ?

En ce jour, l’enseignant était bien critique et irritable semblait-il. Finalement, peut-être que l’incartade avec Vynce ne l’avait pas laissé totalement insensible. Car pour la première et véritable fois, Opale avait perçu chez-lui, des sentiments. Parviendrait-il à lui en toucher deux mots… ? Non, certainement que non. Professoral qu’il était, ce serait le meilleur moyen pour Ezekiel de lui faire la leçon. Et d’éviter la moindre faiblesse, lézarde dans sa belle carapace. Opale, s’il le pouvait, ne désirait pas appuyer là où le mal résidait. Il ne savait que trop bien ce que cela éveillait chez les gens.

Miséricorde, pour le lapereau. Miséricorde, pour l’agneau. Ou l’oiseau. Comme ce conte Afghan. Cette histoire à propos d’un oiseau qui oublie comment chanter. Que lui arrive-t-il, alors ? Hé bien, il meurt. De tristesse. Les êtres sans désir finissent toujours par mourir avant qu’on ne les tue. Opale ne songeait plus vraiment à tout cela. Soigner était devenu un automatisme et la miséricorde n’avait aucun sens pour lui. Du bout des doigts, il pouvait décider d’offrir un petit morceau de lui-même, pour que les éclats d’âme ne s’éclipsent pas. Dans le fond, peut-être que lui aussi oubliait la valeur d’une vie. Ce jour lui rappelait puissamment le choix qu’il faisait, chaque minuscule jour de son quotidien. En tout cas, il ne serait pas le bourreau, pas aujourd’hui.

Le sifflement aigu de l’eau bouillante le sorti de ses pensées et il se saisit du manche, remplissant trois tasses pensivement. Un léger souffle détendit ses épaules et il cilla, surpris. Tiens… ? L’atmosphère lourde et désagréable semblait soudain moins pesante. Il inclina la tête, à l’écoute. Opale devina dans un sourire qu’il y avait du y avoir des excuses, elles flottaient encore dans l’air alors qu’il revenait, armé d’un plateau en métal. Le médecin marchait doucement, pour ne pas se prendre les pieds dans un tapis et renverser de l’eau brûlante partout.

Il s’installa discrètement sur un fauteuil en recueillant l’une des tasses entre ses mains. Sa douce chaleur réchauffa sa paume glacée et il plissa les yeux pour tenter de comprendre l’étrange spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Ezekiel… Séchait Vynce ? Opale ouvrit grand les yeux, heureux de constater le genre de pouvoir étonnant que semblait posséder le professeur. Dragon. L’image lui revient en tête et il nota précieusement les quelques informations dans un coin de sa tête. Un maître de l’eau, c’était impressionnant, surtout à Nitescence. S’il décidait de rester, il pourrait faire de grandes choses pour l’île et ses bienfaits. Il glissa la tasse entre ses cuisses pour applaudir discrètement, amusé et satisfait de voir que le professeur était capable de mettre son égo de côté.
Ezekiel s’adressa à lui et il hocha doucement la tête, ses doigts glissants sur le bord du mug lisse et aux parois humides.

-Allons Vynce, tout va bien. Regardez le bon côté des choses, si vous n’étiez pas venu, le lièvre serait mort. J’espère que vous parviendrez à attraper le coupable.

C’était simple, direct, mais réaliste. Et ce n’était pas soigné un si petit animal qui causerait la perte du médecin, nonobstant. Il lui sourit avec sa douceur habituelle pourtant bien réservée à quelques individus, dont son ami. Il tourna la tête vers Ezekiel

-Vous êtes le bienvenue ici, Ezekiel. J’ai apprécié notre soirée, j’aurais aimé trouver le temps de vous reparler et c’est sincère. C’est une retrouvaille surprenante, mais je suis heureux de vous voir, tous les deux.

Ensemble, faillit-il ajouter. Heureux de voir Vynce expérimenter de nouvelles choses. Heureux de voir qu’Ezekiel s’intégrait, enfin, plus ou moins. Et puis, depuis l’autre fois, au bar, le professeur et lui… Hé bien, n’avaient pas eu le temps de rediscuter. Pourtant, sa curiosité était toujours présente pour cet être sage et fascinant.

-A présent, j’adorerai discuter et débattre de la vie et de la mort mais je dois accueillir un patient d’ici quelques minutes. Je vous laisse finir votre thé, messieurs !

Il avait fermé les yeux, s’enfonçant légèrement dans son fauteuil en croisant les jambes. Ses cheveux blancs frappés d’un rayon de lumière tombaient d’une manière plus ordonnée sur ses épaules. Le lieu l’épousait tout entier, le vieux fantôme du manoir et sa pâleur légendaire.


notes
Jeu 18 Avr 2024 - 0:44
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
Ce n’est pas qu’un simple Lagomorphe
c’est un messager
Il cherche encore à avoir le dernier mot et ça te sidère. Ton regard soutient longuement Ezekiel quand il te fait savoir son point de vue sur la chaîne alimentaire. Tu soupires.
“Vous êtes conscient qu'il existe d’autres espèces qui ne sont pas régies par cette loi ? Vous pensez comme tout carnivore qui se respecte…”
Tu secoues la tête et te masse l’arête du nez en fermant les yeux. Tu n’as pas envie de débattre plus longtemps à ce sujet ni même de continuer dans cette conversation sur laquelle vous allez tous deux rester sur vos positions. Quant à l’avenir de tout un chacun, tu es bien conscient que ta Mère peut parfois être cruelle mais c’est une nécessité pour l’équilibre. Tu éloignes ta main de ton visage, écartant les doigts en la secouant comme si tu balayais un nuage imaginaire.
“Laissez-tomber…” Lâches-tu pour clôre le débat.

Opale revient avec du thé pour chacun et tu le remercies. Ça n’est pas pour ça que tu t’approches pour récupérer ta tasse. Étant complètement mouillé, tu préfères largement rester où tu es. Ce n’est sans compter la subite intervention d’Ezekiel qui lève la main et absorbe absolument toute l’eau de ton pantalon et au sol pour l’absorber. La sensation te fait reculer d’un pas et baisser la tête vers tes jambes. Totalement surpris tu redresses la tête et fronces les sourcils. Restant un moment à fixer le brun tranquillement installé sur le canapé face à Opale. Mais les applaudissements de ce dernier te forcent à river ton regard sur lui. Sa petite mine souriante et son innocence face au geste du nébuleux t’enserre le coeur. Complètement attendrit par sa réaction que tu trouves vraiment adorable. Ça te donne envie de venir le serrer dans tes bras. Seulement, tu te retiens face au regard critique du brun. Tu reviens sur ce dernier avec une mine un peu sceptique.
“Hm… Merci…”

Hésitant malgré tout à t’approcher, tu jongles d'un individu à l’autre quand chacun prend la parole. Tu t’excuses de nouveau auprès d’Opale parce-que tu t’en veux de l’avoir dérangé pour ce lièvre. Chose à laquelle il te répond que si tu ne lui avais pas emmené, il aurait pu mourir. C’est un fait, même si tu as appliqué ta sève sur l’animal il n’est pas à l’abri non plus. Tu glisses les mains sur ton pantalon, tes paumes lissant le tissu désormais sec. Tu voulais t’assurer, quelque part, que tout était bel et bien sec et pas plein de boue. D’un pas, tu approches des deux nébuleux pour récupérer ta tasse de thé et reculer pour avoir un visu sur tes deux interlocuteurs, une fois assis au sol entre les deux hommes, tu te permets de boire quelques gorgées du liquide infusé aux plantes.

“Je compte bien y retourner pour aller trouver des pistes…”
Tu jettes un coup d’œil en direction d’Ezekiel. Tu as envie de demander à Ezekiel de t’accompagner pour ça, mais tu sais que ça risquerait de mal finir avec ce braconnier s'il le trouve. Et vous risquez de vous disputer une fois de plus.

Ton regard se pose de nouveau vers ton ami quand il vous émet son ravissement de vous voir tous les deux. Tu esquisses un doux sourire à son attention. C’est réciproque en réalité. Ne relevant pas le fait qu’Ezekiel et lui se connaissent, c’est même tout à fait logique en réalité, Opale étant le médecin de l’île, il a également l’habitude d’aller à l’école faire des soins au besoin, ils ont déjà dû se voir à plusieurs reprises et ça ne te regarde pas dans tous les cas. Mais avec Gerhard sous son toit tu as l’impression de le voir un peu plus fatigué qu’à l’accoutumée.
“Ca me réjouit de vous revoir également, désolé que ça ne soit pas dans des circonstances plus agréables. Je vous trouve relativement éreinté. J’espère que ça se passe bien avec votre colocataire…” Ou que ça ne soit pas à cause de ton débarquement subit aux côtés d'Ezekiel et la tension que vous avez pu lui faire ressentir.

Tu dois bien admettre que depuis ta boulette avec Gerhard tu n’as pas osé revenir au manoir d’Opale. Préférant laisser le temps à son colocataire de digérer ta première rencontre maladroite avec lui. Mais bien vite ton ami vous fait savoir qu'il attend un patient qui doit arriver bientôt, alors tu te redresses après avoir avalé cul sec le reste de ton thé. Venant déposer délicatement la tasse dans le plateau.
“On ne va pas s’éterniser non plus même si j’aurais aimé rester un peu plus longtemps à vos côtés, Opale. Le braconnier qu’Ezekiel a blessé est peut-être encore là-bas ou rentré chez lui mais je vais interroger les plantes de la zone pour le retrouver. Je compte sur vous pour prendre soin du lagomorphe.” Et s’il venait à mourir malgré les soins tu n’es pas certain de vouloir le savoir.

Tant qu'il ne te le fait pas manger ça ne te regarde plus. Mais s’il te dit qu'il a survécu tu pourrais probablement le garder avec toi jusqu'à sa rémission complète. Quoiqu'il en soit, tu ne te sens pas à ton aise, tu es mitigé entre partir et emmener Ezekiel avec toi à la recherche du braconnier ou rester et attendre qu’Opale termine la consultation avec son patient mais tu sais que ça peut prendre du temps. En fait, tu n’as surtout pas envie de croiser Gerhard parce-que tu ne te sens pas du tout dans les bonnes conditions pour le voir. Tu redresses la tête vers ton ami avec une forte envie de le prendre dans tes bras.
“Passez me voir à l’occasion pour m’apporter des nouvelles.” De lui, du lièvre, et juste venir le voir pour se ressourcer tout simplement.

Tu passes derrière le canapé pour sortir du salon, posant une main sur l’épaule d’Opale et resserrant tes doigts avec douceur autour de son muscle comme pour affirmer une certaine étreinte que tu ne te permettrais pas de faire devant le professeur par pudeur. Et surtout parce-que tu ne souhaites pas montrer plus de sensibilité à ce nébuleux plus que tu lui en as déjà révélé. Ça te peine de ne pouvoir rester plus longtemps mais tu préfères ne pas t’éterniser non plus. Tu jettes un regard vers Ezekiel avant de passer dans l’encadrement du salon et lui fais un signe du menton.
“Ezekiel, libre à vous de me suivre, ou non.”
Tu le salues au cas où il se contenterait de vaquer à ses occupations et tu te détournes pour continuer ta route. En passant dans le couloir pour rejoindre la sortie, tu t’arrêtes dans le cabinet où se trouve le lièvre et l’observe. Une mine inquiète quant à savoir s'il survivra, tu l’espères, seulement tu sais que ça risque d’être difficile pour lui de se battre. Ne perdant plus un instant de plus, tu sors, reprenant le chemin qui mène jusqu'à l’endroit où tu as trouvé le lièvre. Non certain qu’Ezekiel te suivra. Ça n’est peut-être pas plus mal si tu cherches le coupable tout seul. Alors pendant ta marche rapide, tu écoutes la nature et la questionne en retour pour tenter d’avoir le plus de pistes possibles sur celui qui a posé ces pièges. En remontant, tu en trouves et tu les démantèles. Si tu dois le faire jusqu'à tomber sur lui, tu comptes bien le faire.
@"Ezekiel Oldenbourg"  @"Opale Caladrius” “”


Jeu 18 Avr 2024 - 19:09
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Ezekiel Oldenbourg
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Ce matin un lapin, a tué un chasseur, c'était un lapin qui, avait un fusil


Dans ce débat immobile et stérile, où les opinions divergentes erraient sans jamais se rencontrer, résidait une énigme insoluble. Peu importait à cet égard, car le plus agé avait déjà bien assez à faire avec ses laborieuses leçons à l'école, pour devoir prodiguer ses connaissances à Monsieur Stanford. En vérité, il lui avait même suggéré de s'unir dans une collaboration pour enseigner les subtilités des sciences naturelles... Mais était-ce là une décision judicieuse ? Il était à craindre qu'ils ne succomberaient à leurs désaccords dès les premières heures de la journée.

-Nous sommes tous soumis aux mêmes lois, déclara-t-il d'un ton sans équivoque.

Carnivores ou non, l'écosystème se révélait être la trame délicate d'une chaîne complexe, où chaque être trouve sa juste place. Une réalité impitoyable, où la lutte semblait vaine et où la cruauté se dressait en maître. Pourquoi, dès lors, s'évertuer à contrer son implacable dictat ?

- Et vous, vous raisonnez comme un barbapapa, rétorqua-t-il à sa légère pique.

Un authentique représentant de cette adorables créature rose bonbon, enseignant aux enfants les délices de la vie à travers des métaphores sucrées sur le cycle de l'existence. Pourtant, à leur stade de maturité, cette approche se révélait dépassée. Le lièvre avait été traqué et avait finalement perdu. Mais celui destiné à une défaite inévitable serait également le braconnier, dont les méthodes brutales et la souffrance infligée suscitaient le besoin impérieux d'intervention.

Avec le débat désormais clos, Ezekiel haussa les épaules d'un air peu convaincu, croisant nonchalamment les jambes, assis sur le canapé. Tel un réceptacle à l'humidité ambiante, il avait absorbé toute la tension qui gouttait autour de son cadet, demeurant ainsi immuable tel un vestige du nébuleux qui imprégnait les lieux de sa présence. Son premier spectateur fut Opale, revenant avec un enthousiasme presque contagieux, applaudissant comme lors d'un spectacle qui l'avait jadis enivré. Ezekiel lui adressa un bref regard azur, exprimant sa gratitude pour la tasse de thé d'un simple inclinaison de tête.

Les remerciements distants de Monsieur Stanford semblaient se dissoudre dans l'éther, légèrement en retrait, mais le dragon ne s'en formalisa pas, le laissant approcher tandis qu'il prenait lui aussi sa tasse de thé pour s'installer entre eux. Ezekiel porta le breuvage à ses lèvres, se tenant bien droit et silencieux, écoutant distraitement le premier s'embourber en excuses et le second tenter de le rassurer.

À sa grande surprise, Opale évoqua à nouveau leur dernière soirée, ce qui fit vaciller le regard d'Ezekiel, tel un éclat furtif de lune sur une mer d'acier, sans laisser transparaître la moindre émotion. En vérité, il aurait préféré l'effacer de sa mémoire, non pas qu'il ait commis des actes particulièrement embarrassants, mais parce qu'il ne se s'était senti lui-même à ce moment-là, du moins pas le "lui" d'aujourd'hui, mais plutôt celui qu'il avait été autrefois et qui gisait maintenant dans les tréfonds du passé.

- Nous aurons d'autres occasions de rediscuter, répondit-il sobrement.

Monsieur Stanford semblait également déterminé à pourchasser le braconnier et à se lancer sur sa piste, ce qui impliquait qu'il se trouverait sur son chemin. C'était inacceptable pour Ezekiel. Soit il se lançait dans une course contre la montre, espérant le devancer, soit il optait pour la patience, résolvant l'affaire ultérieurement, ce qui semblait plus sage pour éviter de croiser le nébuleux.

Une fois sa tasse fumante reposée avec une délicatesse exquise, Opale annonça qu'il devait bientôt s'atteler à un nouveau client.

Quoi qu'il en soit, ni lui ni son camarade d'infortune n'avaient l'intention de prolonger leur séjour ici. Ce fut Monsieur Stanford qui se leva en premier, ses gestes empreints d'une courtoisie raffinée envers Opale ne passant pas inaperçus. Leurs échange complices, révélaient une proximité certaine. Alors qu'il se préparait à partir, il lui offrit tacitement l'opportunité de le suivre.

- C'est infiniment courtois de votre part, mais mes obligations me sollicitent ailleurs, exprima-t-il, son regard s'attardant fugacement sur Opale, laissant l'homme prendre congé avant qu'il ne se redresse, probablement pour s'assurer que son jeune acolyte avait quitté les lieux.

- Est-ce par réelle conviction que vous avez prodigué vos soins à cet animal, ou bien votre geste fut-il pour nous faire plaisir seulement?  Il secoua légèrement la tête avec un soupçon de sarcasme, pour lui faire plaisir ?

Il était plausible que, en raison de leur intimité, Opale ait été dans l'incapacité de décliner cette demande. Cependant, cette question lui semblait superflue, relevant davantage du domaine de la curiosité que de la nécessité. Il se déroba délicatement autour d'Opale.

- Qu'importe. Veuillez nous excuser pour cette brève intrusion.

Puis, d'une prestance altière, il quitta la pièce. Une fois dehors, il emprunta le sentier qui le reconduisait vers son domaine. Il n'avait guère l'intention de s'empêtrer dans une querelle au sujet du sort d'un braconnier. Espérant  simplement que ce dernier succomberait à ses blessures. Dans le cas contraire, il pourrait toujours reprendre les recherches demain ou les jours suivants. Après tout, le temps lui appartenait.


KoalaVolant
Ven 19 Avr 2024 - 18:23
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