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If you only face forward, there is something you will miss seeing ★Ezekiel :: Archives :: Bibliothèque des anciens RP :: Présent
Vynce Stanford
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Vynce Stanford
If you only face forward,
there is something you will miss seeing.
Encore cette sensation étrange…
Depuis quelques semaines je ne cesse d’avoir ce ressenti. Comme si quelque chose de grave allait arriver. Un pressentiment que la nature perçoit également. Une mise en garde dont j’ignore la cause ou l’origine.
Est-ce que la guerre va finir par arriver jusqu’ici ?
C’est comme une intuition qui me pousse à me méfier de tout, tout le temps et constamment. Pourtant, chaque jour il ne se passe rien et chaque jour je redouble de vigilance lors de mes rondes.

Je passe un peu partout en ville comme dans les coins reculés. Certaines zones me sont encore inaccessibles alors je laisse les collègues se charger de ces endroits. Pour les autres lieux, la forêt est mon terrain de jeu et mon lieu de prédilection. Je m’y sens comme chez moi et à juste titre. Depuis trente-sept ans, je parcours ces lieux qui ne cessent de changer au gré des intempéries. Je m’assure d’être également son gardien plus que les autres lieux, m’assurant que tout se coordonne au mieux, donnant le maximum d’informations au garde forestier qui assure son travail convenablement et en prenant en compte mes conseils. Une bonne entente entre les habitants de cette île et la nature est primordiale et je dois admettre qu’être le porte parole de mes congénères aide énormément au bon maintien et à la santé de la forêt.

Aujourd'hui ne fait pas exception. Je passe comme toujours un bon moment dans la forêt à communier avec elle afin de m’assurer qu’elle ne manque de rien, sans compter les informations qu’elle me transmet sur les animaux qui la peuplent.
Mais quelque chose d’étrange semble effrayer la faune. La flore, elle, a tendance à ne rien dire mais se méfie de la créature qui traverse les bois.
Intrigué, je rouvre les yeux et observe autour de moi. Réalisant que le ciel s’est assombri, que le vent souffle un peu plus fort malgré l’abri qu’offre la cime des arbres autour de moi. Le temps présage de la pluie ou un orage. C’est assez fréquent sur une île.
Mes marques luisent, émettant une faible luminosité, un faible halo lumineux sous ce temps qui s’assombrit. Quelque chose approche, mes comparses me préviennent. J’ignore si c’est un danger ou non. Dans tout les cas j’avance doucement en restant attentif. Curieux et à la fois méfiant quant à savoir quel genre de créature rôde.

Tu es en alerte et pourtant, d’extérieur tu ne le montres pas. À mesure que tu traverses les bois, tu sembles te rapprocher de quelque chose ou quelqu'un. Les Nébuleux et les Éphémères de l’île ont souvent l’habitude de se promener et de traverser la forêt. Parfois ils te croisent et tu les salues d’un sourire joviale en continuant ta route ou papotant un peu avec eux.

Cette sensation t’es courante lorsque tu perçois une présence étrangère. Il se peut que ce soit un nouvel habitant de l’île dont tu n’as pas encore fait la connaissance probablement. À force, tu finis par reconnaître un peu tout le monde. C'est en remontant une petite butte au milieu du bois que tu le vois. Tu ne te fais pas discret, tes pas sont perceptibles pour ne pas surprendre l’être que tu n’as encore jamais vu jusqu'à maintenant. Mais tu ressens quelque chose en lui d’assez étrange. Pour ne pas dire bestial. Un instinct animal ? Il a l’air puissant et surtout ancien. Tu ne saurais dire pourquoi tu ressens ça mais ton instinct te dicte de te méfier. Comme si tu avais la sensation d’être une proie qu'on pourrait dévorer.

Tu chasses un peu ce ressenti et t’approches dans le but de saluer l’être qui se trouve en plein milieu des bois. Est-ce qu'il est perdu ? Tu analyses un peu sa façon de se comporter pour savoir si effectivement c’est une personne qui cherche son chemin ou non. Quand tu captes enfin son regard, tu lui souris et lève ta main organique pour le saluer.
“Bonjour, bonjour~... Blwrf !”
En t’approchant dans sa direction pour mieux le saluer, tu te prends une racine dans le pied et te vautres comme jamais, face contre terre, la main qui était levée, bien à plat au sol. C’est le comble pour un Draède comme toi de faire pareille vautrade. À croire que l’un de tes frères d’écorce à relevé l’une de ses racines pour que tu te la prennes et t’empêcher d’approcher plus que de raison pour te mettre en garde. Ou, par mégarde tu n’as pas fait attention à la racine et tu as perdu l’équilibre. Étant parfois maladroit, c’est le genre de chose qui peut t’arriver à tout moment. Mais tu soupçonnes quand même tes congénères de l’avoir fait exprès.
@"Ezekiel Oldenbourg"
“”


Dim 25 Fév 2024 - 19:10
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Ezekiel Oldenbourg
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Ezekiel Oldenbourg
 

If you only face forward


Ezekiel était assis dans les hauteurs d'un arbre séculaire, son dos adossé au tronc majestueux. Son regard azur s'élevait vers le ciel, tandis qu'une de ses jambes se balançait gracieusement sur le flanc de la branche.

Naviguer au sein d'une assemblée aussi diversifiée de créatures en si peu de temps relevait de la complexité pour le nébuleux, dont le mépris profond envers elles était insufflé par des maîtres prompts à raviver cette flamme.
 
Isolé sur cette île, loin de leur influence pernicieuse, Ezekiel ne pouvait que spéculer sur leurs conseils avisés ou sur la prudence dont ils devaient faire preuve. Quelle que soit leur race, ces êtres étaient perçus comme des menaces imminentes pour l'humanité, la seule entité qui lui avait réellement tendu la main alors qu'il était orphelin, esseulé, dépourvu d'avenir. On aurait pu prédire qu'il ne survivrait que quelques jours, mais un millénaire s'était écoulé, et il demeurait là, tel une force de la nature indomptée.
 
Le mystère de la longévité de certaines espèces demeurait une énigme fascinante pour tous. Les nébuleux, dépassant fréquemment les limites scientifiques établies, semblaient défier les lois mêmes auxquelles l'humanité s'accrochait, notamment grâce à leurs dons exceptionnels.
 
Au fil du temps passé aux côtés des humains, traversant des périodes parfois tumultueuses de rébellion, Ezekiel avait inévitablement été l'objet de nombreuses études scientifiques. Aucun chercheur n'avait réussi à expliquer comment un gigantesque dragon pouvait non seulement exister, mais également arborer une forme compatissante par choix.
 
Cependant, en cet instant, pourquoi ces pensées envahissaient-elles son esprit ? Il semblait que la présence des humains lui manquait. Privé de leurs ordres et de leur contrôle, qui le guidaient sur le droit chemin, Ezekiel se sentait étrangement perdu ici.
 
Surtout, il devait dissimuler ses liens avec les hommes, dissimuler le fait qu'il n'était l'allié de personne ici, mais plutôt un être prêt à se satisfaire d'une proie un peu trop présomptueuse. C'était la règle qui dictait son quotidien. On ne lui facilitait guère la tâche. Entre le psychologue, le journaliste et le médecin, Ezekiel avait déjà vu passer des individus particulièrement curieux. Les trois, chacun à leur manière, possédaient des compétences indéniables pour extirper les informations dont ils avaient besoin.
 
Il lui fallait être extrêmement vigilant envers ces petits fouineurs de leur espèce, anticiper leur mouvement et se préparer à se retirer au cas où. S'ils envisageaient de s'approcher un peu trop près de ce qui ne les regardait pas, le bois environnant était bien assez vaste pour dissimuler un ou deux cadavres.
 
Ses yeux brillèrent un instant dans la pénombre alors qu'il balayait la clairière du regard. Une tempête se profilait à l'horizon, et il pouvait sentir la pluie imminente jusqu'au tréfonds de son être. Cependant, ce n'était nullement une raison de rentrer chez soi; au contraire, plus l'eau s'écoulait autour de lui, plus Ezekiel se sentait puissant.
 
Avec un léger soupir, il fit basculer ses jambes dans le vide avant de se laisser choir souplement jusqu'au sol. Malgré son amour pour la pluie, s'il y avait un orage à l'horizon, il n'avait aucune envie de finir foudroyer. L'électrocution était son ennemi le plus redouté. Instinctivement, son attention se porta sur la chaîne autour de son cou qui pendouillait telle un simple pendentif, bien qu'elle fût en réalité un collier capable de lui envoyer des décharges s'il venait à perdre le contrôle. Il doutait cependant de son efficacité à une distance aussi grande de son utilisateur.
 
Réfléchissant plus attentivement, libre de ses mouvements, il pourrait semer la destruction sans craindre d'être terrassé. Dans une île entourée d'eau, quelle idée la matriarche avait-elle eue en l'invitant ici ? Pensait-elle pouvoir rivaliser en cas de catastrophe imminente ? Le testait-elle ? Le défiait-elle de tenter le diable au risque de finir comme Icare, les ailes brûlées par un excès de confiance en soi ? Que savait-elle réellement de lui ?
 
Plongé dans ses pensées, une première goutte d'eau s'écrasa sur la joue d'Ezekiel, provoquant une réaction immédiate de son organisme. Ses cornes scintillèrent brièvement dans la faible lueur ambiante alors qu'il faisait éclater l'eau en une multitude de particules. Relevant la tête pour capter davantage l'humidité, il perçut soudain une odeur inconnue qui semblait se diriger vers lui. Bien qu'il soit demeuré immobile, ses sens étaient en alerte. Il n'imaginait pas une seule seconde qu'il n'y avait que des êtres pacifiques ici. Son regard, réduit à deux fentes, scrutait les environs, cherchant l'intrus, jusqu'à ce que celui-ci entre de lui-même dans son champ de vision.
 
Alors qu'il s'attendait à un échange de regards tendu, il en fut tout autrement. À peine leurs regards se croisèrent, et ce qui semblait être un nébuleux s'avança vers lui d'un pas assuré, bras levé. Était-ce une déclaration de guerre ? Pourquoi agissait-il ainsi ??
 
Ah, il le saluait, douce mélodie dans le murmure de la forêt. Le timbre de sa voix ne portait aucune trace d'animosité, mais plutôt une curiosité bienveillante. Pourtant, l'instant suivant fut empreint de surprise lorsque l'étranger s'effondra, victime d'une racine capricieuse sous son pied. Prudent, le dragon demeura en observation, figé dans l'instant, hésitant à laisser filer sa vigilance. Toutefois, l'apparente maladresse de l'intrus l'incita à s'approcher avec une précaution calculée auprès de l’homme étendu sur le sol.
 
-             Vous allez bien ? Qu’avez-vous donc fait à cet arbre pour qu’il vous en veuille de cette façon ?
 
Les arbres, ces majestueux colosses de la nature, pouvaient-ils aussi se prêter à l'art subtil de la vengeance ? Ou de l’humour ? Dans ce cas, il venait de lui faire un croche-pied ? Croche-racine, peut-être ? L'idée s'avérait singulièrement divertissante !
 
Et pour quelle raison cet étranger se méfiait-il si peu d'un parfait inconnu, en plein cœur des bois?
 
Arrivé à sa hauteur, Ezekiel s'accroupit et tendit la main pour aider l'étranger à se relever. Ce geste simple offrit au dragon une opportunité d'observer plus attentivement son nouvel interlocuteur. Un jeune homme-tout était relatif- aux cheveux presque flamboyants, tandis que les siens semblaient d'un noir profond. Aucune trace d'animosité n'apparaissait sur son visage.
 
-        Que faites-vous dans la forêt ? Il va y avoir une forte averse.

Si pour beaucoup, il pouvait être évident qu'une pluie imminente se préparait, Ezekiel, pouvait affirmer avec bien plus de précision qu'il ne s'agirait pas simplement de quelques gouttes. Ce serait une averse, de celles qui satisfera la faune locale et trempera les créatures assez insouciantes pour ne pas se mettre à l'abri à temps.
KoalaVolant
Sam 2 Mar 2024 - 14:49
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
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J’entends des rires cristallins autour de moi, la nature ici se moque ouvertement de ma chute. Quant à l'arbre, c'est bien ce qui me semblait, il me met en garde contre l’inconnu. Sans me donner plus de précisions. Évidemment. Probablement pour les mêmes raisons qu’à mon arrivée, la forêt est sauvage et beaucoup plus méfiante ici. Le moindre nouvel arrivant et elle est en alerte. Elle surveille. Pourtant quand j’ai approché ce dernier il avait l’air paisible, bien que dérangé dans son repos par ma présence probablement. Mais il semblerait que l’étranger que je saluait ait fini par se redresser et s’approcher de moi pour venir m’aider. Douloureusement, je relevais le haut de mon corps en prenant appui sur mes mains, grimaçant, contrit et embarrassé. Le visage légèrement égratigné par ma chute.

“Maaah! C'est vraiment pas drôle…”
La dextre de l’inconnu entre dans ton champ de vision pour te prêter main forte et te relever mais ta tête a un bref mouvement de recul sous la surprise du geste. Tu ne restes pas immobile bien longtemps, cependant. Un large sourire se dessine sur ta face égratignée pour accueillir l’aide du nébuleux. Tu attrapes sa main et te relève avec une certaine souplesse.
“Merci beaucoup pour votre aide. Il faut croire que la forêt est taquine aujourd'hui.”
Je  garde le contact avec sa main sans m’en rendre compte. Quelque chose d’étrange et puissant passe dans ce contact. Il ne doit pas être une jeune créature vu ce flux de pression qu’exerce son énergie. J’observe son regard puis ses cornes. Me demandant ce que peut bien être ce Nébuleux. C’est intriguant.
Sa question me fait machinalement lever la tête vers le ciel. Je sais pourtant qu'il va pleuvoir, c'est un peu inutile de me tordre le cou pour rien. Quelques gouttes me tombent sur le visage et je passe le revers de ma main d’écorce sur ce dernier en baissant la tête vers mon interlocuteur. Je ferme un oeil, appréciant le contact frais des gouttes que je reçois.

“La pluie ne me dérange pas, au contraire. Je faisais mon tour quotidien dans la forêt lorsque je vous ai vu. Je ne voulais pas vous importuner.”
Il sait qu'il va y avoir une grosse pluie orageuse. Ça veut dire que tu n’as pas besoin de le prévenir de se mettre à l’abri. Si ça se trouve, il est comme toi, il aime la pluie. Et au vu de la réaction de ses cornes quand la pluie lui tombe dessus tu es presque certain qu'il a une affinité avec l’eau.
“Il me semble qu'on s’est vaguement croisé, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous présenter convenablement. Vous êtes nouveau, pas vrai ? Ça va ? Vous arrivez à prendre vos marques ?”

Tu relâches la main de ton comparse et mets les tiennes dans ton dos. Tu restes tout de même toujours en alerte par rapport à ce que la forêt sent et te transmet. Comme à chaque nouvel arrivant elle se méfie et ne cesse de se montrer prudente. Mais tu t’interroges sur le Nébuleux en face de toi. Alors tu penches légèrement la tête vers lui. Dans ta tête, c’est un torrent de questions qui te vient, pourtant tu restes dans la mesure. Il pourrait penser que tu viens l’interroger sur ses agissements profonds et se braquer, ce n’est pas du tout l’origine de ta venue vers lui. Tu es juste curieux. Alors tu te présentes afin de pouvoir savoir à qui tu as affaire. Tu lèves souplement ta main valide vers ta tête pour le saluer brièvement à la militaire sans autre forme de rigidité, ton sourire toujours taillé sur ta trogne et le regard vif ancré dans le sien.
“Vincent Stanford… Je suis un gardien de l’île, appelez-moi Vynce pour faire plus court. Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas.” Lâches-tu en baissant la main.
Tu dois bien admettre que la curiosité te pousse à en savoir plus sur cette créature, ses cornes émettent une faible lueur et chaque goutte d'eau qui tombe sur son visage est fascinante à observer. Puis, il vient de l’extérieur de l’île, autant tu te méfies, autant tu aimerais en savoir plus sur ces nombreuses guerres dans le monde entier. Qu’en pense-t-il, lui, de tous ces conflits ? D’où il vient ? Ce qu'il a pu vivre avant d’arriver ici ? Comment il a trouvé l’île ? Est-ce qu'il vient d’un pays en guerre ou l’inverse ?
Tu ne vas pas trop le brusquer non plus en l’assommant de questions. C'est un coup à le faire fuir ou l’énerver s’il n’a pas de patience. Alors tu te contentes d’un sourire amical à travers la pluie qui se met à tomber par grosse averse cette fois. Le ciel gronde dangereusement, signe que le ciel va se pâmer d’éclairs. Et probablement en faire tomber deux ou trois au sol. Tant que tu n’es pas la cible ça te convient bien. Tu aimes les orages mais de loin, c’est un phénomène fascinant à observer. Mais tu te ressources et te nourris de l’eau qui tombe sur ton corps. Tu trouves ça tellement apaisant. Le bruit de la pluie, le grondement du ciel, tu pourrais rester là des heures à prendre racine et profiter des bienfaits de cette pluie. Mais tu n’oublies pas le Nébuleux en face de toi.
@"Ezekiel Oldenbourg"
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Dim 3 Mar 2024 - 10:03
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Ezekiel Oldenbourg
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Ezekiel Oldenbourg
 

If you only face forward


Oh que si, il y avait matière à rire ! Une réalité que personne n'aurait contestée, et en cet instant, Ezekiel aurait presque laissé échapper un sourire amusé. Cependant, cette expression fugace fut rapidement remplacée par une gravité feinte lorsqu'il s'approcha de la créature qui venait de s'emmêler dans une danse involontaire avec la terre. La première impression laissait à désirer, certes, mais Ezekiel n'allait pas blâmer l’étranger pour cette péripétie. Lui-même n'était pas réputé pour son adresse. Et puis…à part lui-même, peut-être les arbres voisins, qui devaient, dans leur langage silencieux, s'échanger des murmures amusés, et un merle perché en observateur averti, nul ne pourrait relater la chute inattendue qu'il venait de subir.

Avec une spontanéité teintée d’un certain élan de compassion, le dragon tendit sa main à l’individu, dont le léger mouvement frôlait la surprise, il ne fit pas attendre bien longtemps avant de saisir la main tendue, retrouvant ainsi sa position verticale. Cette fois-ci, c'était Ezekiel qui ressentait une pointe d'embarras, se voyant obligé de relever la tête pour croiser le regard de l’homme.
 
Les remerciements de la créature confirmaient que la forêt avait joué un rôle taquin dans cette histoire. Le hasard n'avait pas sa place ici, et Ezekiel, humble face à cette leçon malicieuse de la nature, comprit que rien ne survenait par une simple coïncidence dans ces bois mystérieux.
 
Son interlocuteur resta quelques instants à son contact, comme s'il cherchait à le jauger. Le dragon, imperturbable, continua de toiser l'inconnu en silence. Ce dernier releva la tête, recevant les quelques gouttes de pluie qui s'écrasaient sur son visage. Étrangement, la première impression qu'Ezekiel eut de lui était qu'il rappelait la forêt. Non… pas seulement. Il semblait faire partie intégrante du paysage, tel une plante parsemant les chemins.
 
Tel un complice de la nature, le nébuleux semblait, comme Ezekiel, apprécier la pluie. Les gouttes célestes qui caressaient la terre étaient, après tout, la genèse de toute vie. S’n plaindre aurait été bien présomptueux.
 
-Vous ne m'avez pas importuné. J'allais justement quitter les bois... Je ne tenais pas particulièrement à terminer ma longue existence, foudroyé...
 
Cependant, les méandres du souvenir semblaient échapper à Ezekiel. L’avait-il ainsi croisé au détour d'un couloir, ou était-ce le fruit d'une éphémère rencontre ? Discrètement, Ezekiel avait humé son parfum, cherchant à l'inscrire dans sa mémoire olfactive pour raviver tout souvenir oublier.
 
L'inconnu relâcha la main du dragon avec une grâce naturelle, empreinte d'une curiosité partagée. Une constante sur cette île où chaque rencontre semblait piqueter de questionnements. Une norme, peut-être. Mais à y réfléchir plus attentivement, n'était-ce pas une réaction naturelle ? Des nébuleux qui convergeaient vers un même lieu, peut-être étrangers les uns aux autres, certains évoquant même des légendes vivantes. Dans cette optique pouvait-on s’imaginer qu’Ezekiel en faisait également parti ?
 
-        En effet, je viens d’arriver ici. Ne vous en faites pas pour moi. la vie s’est toujours forgée à travers une multitude de changements, et l'adaptation est capitale pour la survie d’une espèce, alors... oui, je finirai bien par m’intégrer.
 
L’homme, de sa main valide, tendit sa poignée, faisant naître chez Ezekiel une réflexion silencieuse sur la manière dont il avait perdu son membre manquant. L'inconnu se présenta simplement comme Vincent, sans artifice ni titre pompeux. Il se révéla être un gardien de l'île, un concept qui suscita la curiosité d'Ezekiel, bien que ce dernier n'ait jamais vraiment pris le temps de s'y pencher.
 
-Vous êtes… l’un des protecteurs de cette île ? Vous veillez à sa bonne entente mutuelle entre chaque espèce ?
 
L'intérêt d'Ezekiel était justifié, surement, imaginant la force nécessaire pour assumer une telle responsabilité. Cependant, une pointe de cynisme teinta sa pensée à l'idée que certaines créatures pouvaient coexister harmonieusement. La réalité, souvent plus complexe, s'était chargée de lui dévoiler les nuances des relations entre les êtres. Tout ça pour qu’il en vienne à cette conclusion si simple : Il ne croyait pas le moins du monde au pacifisme inter-espèce.
 
Le ciel, grondant de mécontentement, suscitait une inquiétude chez le dragon. L'électricité, en tant que force céleste, était son adversaire naturel, et la perspective d'une tempête imminente accentuait son appréhension. Son regard, d'abord élevé vers le ciel menaçant, retourna vers son interlocuteur, réalisant avec une pointe de consternation qu'il ne s'était toujours pas présenté.
 
-Vous pouvez m’appeler Ezekiel. Je suis professeur.
 
L'annonce, bien que dépourvue de détails, aurait pu être un point final à leur échange. Pourtant, l'autre était visiblement ravi de prolonger la conversation. Ezekiel soupira intérieurement, fermant brièvement les yeux pour s'imprégner de l'humidité ambiante. D'un pas empreint de tranquillité, il dépassa le nébuleux, croisant ses mains dans son dos, et tourna la tête à demi vers lui.
 
-Venez, il nous faut au moins sortir de la forêt.
 
Le ciel, à présent obscurci , mettait en lumière les cornes d'Ezekiel, qui scintillaient dans les ombres de la forêt, tout comme son regard. Il prit la direction du chemin sans se hâter malgré le temps.
 
-        J’ai entendu dire que la pluie avait été inventée pour que l’homme se sente heureux sous un toit. Vous ne trouvez pas cela comique ? L’urbanisation rend les gens douillets. Enfin, qu'importe. Vous êtes un être de la forêt ou quelque chose de ce genre, pour apprécier les sorties par tous les temps, Monsieur Stanford ?
 
KoalaVolant
Dim 3 Mar 2024 - 22:23
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Vynce Stanford
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Prendre ses marques dans un endroit inconnu. C’est assez délicat, surtout quand on n’a personne pour nous y aider. Mais ce n’est pas le cas des habitants de cette île. Il y a toujours quelqu’un pour aider son prochain d’une façon ou d’une autre, et si ce n’est pas les citoyens de Lucent, ce sont les gardiens dont tu fais partie. Tu es toujours là pour venir en aide et éclairer certains. Depuis le temps que tu traînes tes racines sur l’île, tu commences à connaître son fonctionnement à force. Même si tu te dis que tu as encore beaucoup de choses à apprendre de cette dernière et que chaque jour est une nouvelle surprise pleine de découvertes en tout genre. Tu proposes naturellement ton aide quand bien même les gens n’en n’ont pas besoin. Tu cherches toujours à te montrer serviable et présent pour les plus démunis ou les nouveaux arrivants qui ne connaissent pas encore totalement le fonctionnement de l’île.

Tu dois te douter que le nébuleux en face de toi a déjà eu quelques conseils de la part d’autres de tes comparses. A en déduire avec ce qu’il te dit, il n’est effectivement pas tout jeune non plus et a dû traverser plusieurs âges. Tu le ressens au fond de toi et il ne fait que le confirmer de façon indirecte. Sa petite note d’humour te fait sourire, on va effectivement qu’il se fasse foudroyer bêtement en restant dans les parages. Surtout que l’orage arrive réellement sur vous et vous risquez de salement vous prendre la foudre en restant dans le sous-bois.

Quand il te pose des questions sur ton statut, tu éclaircis un peu plus ton visage par un sourire encore plus franc. Ce n’est pas toujours évident mais tu dois bien admettre que tu fais en sorte que chaque espèce ici se complaise et s’entende pour le mieux. Il y a toujours quelques mésententes mais jamais de réel conflit ouvert ou trop violents. Tu penches la tête sur le côté alors que ton sourire fend le bas de ton visage jusqu’à tes oreilles. Tes yeux se ferment naturellement sous l’élargissement de tes commissures.
“Oh, ce n’est pas évident tous les jours, mais je fais de mon mieux pour que tout le monde puisse avoir sa tranquillité et que les uns et les autres s’entendent, quelque soit sa provenance ou son origine. Nous sommes tous les enfants de la Terre, il ne faut pas oublier que c’est grâce à tout ce qui nous entoure que nous pouvons nous mouvoir librement. La nature, offre, prend et accepte chacun de nous sans aucune distinction. Nous devrions en faire autant.”
Tu places les mains dans ton dos, rouvrant les yeux pour regarder ton vison-visu. Perdant subitement ton sourire qui te donne un air beaucoup plus sérieux.
“Ce qui n’est pas toujours le cas, hélas…”

Tu as beau être souvent très jovial et souriant, tu n’oublies pas d’où tu viens et par qui tu as été élevé. Tu veux sauver tout le monde, mais tu sais pertinemment que tu ne pourras jamais tous les aider, l’un finira par subir les conséquences de l’autre et ainsi de suite. Tu n’as jamais aimé prendre parti quand bien même tu as longtemps été militaire. Tu as toujours dans tes principes de vouloir aider et sauver tout le monde, qu’il soit ton allié ou ton ennemi. Ce qui est profondément contradictoire par moment, mais tes convictions sont si profondément ancrés qu’il est difficile de te faire ouvrir les yeux sur certaines situations. Tu n’acceptes tout simplement pas que les peuples ne puissent pas se montrer si impartiaux entre eux et respectueux.

Le nébuleux se présente à toi et tu hoches la tête respectueusement en esquissant un bref sourire. Il est donc professeur. C’est intéressant et surtout ça t’intrigue de savoir quelle matière il étudie. Mais voilà qu’il te dépasse et avance dans ton dos. Tu te tournes, un peu surpris alors que la pluie se fait plus forte encore. Vous allez fini trempés, assurément, mais tu t’en moques bien. Tes cheveux s’aplatissent sur ta tête et se collent à ton visage, tu ramènes ceux-ci en arrière pour ne pas avoir la vue gênée par ces derniers et tu t’avances pour rompre la distance avec Ezekiel. Marchant à ses côtés, tu glisses les mains dans tes poches en écoutant la petite anecdote sur la pluie. Tu lâches un petit rire clair et bref, tournant la tête vers lui avec un tendre sourire.
“L’eau est un élément à double tranchant, à la fois si calme et apaisant, mais également violent et mortel, mais en effet, c’est une expression assez amusante. L’homme se complait dans beaucoup de choses mais a souvent tendance à se laisser dépasser par les phénomènes de la Nature. L’urbanisation lui a fait oublier qu’il est aussi un de ses enfants.”

Tu fermes les yeux en gardant un tendre sourire, continuant à avancer alors que ton visage se tourne vers le ciel pour capter les gouttes d’eau qui ne cessent de tomber en trombes. Quand bien même tu apprécies les hommes et tente de te faire accepter d’eux, tu sais qu’il sera difficile pour certains de cesser leur cycle de violence ou de vengeance à cause de toutes les guerres qui surviennent dans le monde entier. Ça t’attriste profondément en vrai, mais tu ne pourras rien faire, leur colère est bien trop profonde et amère. Tu rabaisses de nouveau ton visage vers le nébuleux à tes côtés, sortant les mains de tes poches pour être plus libre dans tes mouvements.
“On peut dire ça. Je fais partie inhérente de la forêt. Je suis un de ses enfants. Et vous ? j’aurais tendance à dire que vous pourriez être l’un des gardiens de la nature. Votre énergie semble à la fois ancienne et… puissante ? Quelque chose me dit que nous sommes assez proches tout en étant très différents à la fois. C’est assez difficile à expliquer comme sensation.”
Tu souris de nouveau, mains dans le dos en te penchant un peu en avant pour capter le regard d’Ezekiel avec ta trogne attendrissante.
“Mais c’est sûr, vous n’êtes pas une plante.”
Tu te redresses et enjambe une souche qui se trouve en travers du chemin que vous empruntez pour retourner en ville.
“De quel pays venez-vous, Ezekiel ? Est-ce que vous aussi… Vous avez vécu dans les conflits ?” Ta mine s’attriste soudainement, la peine se révélant plus vivement sur ton faciès alors que tu te souviens de la souffrance que tu as ressentie quand tu as tenté d’en savoir plus sur ce qui se passe dans le monde via les connexions avec ta mère. Tu te souviens de toute la douleur qui t’a assailli ce jour-là. Ta main passe naturellement contre ton poitrail, attrapant le tissu de ton blouson au niveau du cœur. Tu t’arrêtes et regardes le nébuleux avec un air peiné. “Je me demande si un jour ça s’arrêtera. Toutes ces guerres… Beaucoup trop de souffrance, et pour quoi ?” Pour toi elles sont totalement inutiles et injustifiées. Tu reprends la marche en secouant la tête, désabusé par tout ce dont ton corps se souvient et les nombreux stigmates qu'il arbore. Tu ne sais pas jusqu’où ça ira, tout ça, mais tu espères que chacun ouvre les yeux pour réaliser que non seulement ils se font du mal à eux-même, mais qu’ils détruisent leur foyer, la Terre, en faisant tout ça.

Tu essayes de te changer les idées en changeant de sujet. Ezekiel n'a pas forcément besoin de se prendre ta vague de mélancolie en pleine figure alors tu arbores une marche plus cadencée, avec de grandes enjambées, sautant sur un caillou qui te fait obstacle pour passer de l'autre côté avec souplesse. Tu lèves les bras pour tenir en équilibre sur une corde invisible à même le tapis de verdure sous tes pieds. zieutant ton comparse avec un doux sourire. “Vous enseignez quelle matière, Ezekiel ?”
@"Ezekiel Oldenbourg"
“”


Mar 5 Mar 2024 - 21:46
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Ezekiel Oldenbourg
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Ezekiel Oldenbourg
 

If you only face forward


Ezekiel inclina légèrement sa tête, une étude minutieuse de son interlocuteur révélant une aura d'étrangeté. Cependant, le dragon ne put s'empêcher de se rappeler que lui-même était perçu comme une entité mystérieuse, un dragon élémentaire doté d'une conscience propre, qui se considérait parfois comme se tenant au-dessus des autres nébuleux. L'incarnation de son essence draconique pouvait par moments lui monter à la tête, sans pour autant flétrir son orgueil. Le pouvoir, aussi majestueux soit-il, avait le potentiel d'attiser l'avidité et de perturber la quiétude intérieure d'une créature. C'était un risque qu'Ezekiel avait délibérément pris en côtoyant les humains, acceptant leurs caprices par une simple idée de vengeance.

 
L'individu qui l'avait interpellé arborait un sourire bienveillant. Contrairement aux attentes d'Ezekiel en entendant parler des gardiens, Monsieur Stanford incarnait la bienveillance, une vertu qui, selon lui, atteignait ses limites face à la cruauté du monde.
 
Lorsque Monsieur Stanford décrivit son rôle ici, une confiance en une utopie émanait de ses paroles, une vision séduisante mais tellement idéaliste. Ezekiel, malgré sa nature parfois cynique, pouvait concéder que la Terre était le berceau partagé par tous, et que la nature restait l’élément essentiel de leurs vies. Même les espèces tentant de s'en affranchir n'étaient, selon le dragon, que des exemples de la sottise humaine ou nébuleuse.
 
L'entente mutuelle, convoitée par Monsieur Stanford, demeurait un horizon que Ezekiel ne pouvait ardemment embrasser sans exposer la facette moins conventionnelle de sa vision. Le dragon se sentait enclin à partager une perspective qui, bien que singulière, risquait d'être mal interprétée par des esprits imprégnés de préceptes plus conformistes.
 
-        Cependant, vous négligez un principe fondamental, rétorqua-t-il avec un calme assuré. Les conflits et la violence, intrinsèques à la nature humaine, nébuleuse et animale, constituent la toile inextricable de notre existence. En partant de ce postulat, la quiétude apparente et le pacifisme éphémère de cette île ne sont que fragilité, prêts à être ravivés par la moindre perturbation. Le loup, par nature, achèvera toujours ses ennemis et persistera à dévorer des agneaux. Il n'y a rien de triste dans cette réalité ; c'est la course à la survie, un jeu auquel nous avons tous tacitement souscrit.
 
Ezekiel laissa une ombre de pensée sombre traverser son regard, contemplant l'idée que l'autodestruction de cette île pouvait résulter de la capacité instinctive de ses créatures à s'entre-déchirer. La présence des gardiens, garants de l'ordre, se profilait comme un obstacle supplémentaire à ses yeux, une menace à neutraliser. Cette prise de conscience s'ajoutait à une liste déjà longue de personnes potentiellement à éliminer, sans avoir établi de priorités.
 
-        Si vous le permettez, monsieur Stanford, poursuivit-il, les êtres tels que nous, dont la destinée est liée aux écosystèmes tout entiers, devraient orienter leur priorité non pas vers les conflits inter-espèces, mais plutôt vers la préservation de l'intégrité de l'environnement dans son ensemble. La responsabilité qui nous incombe réside dans la vigilance constante pour empêcher que nos actions ne laissent une empreinte dévastatrice sur la nature qui nous abrite.
 
« L’homme se complait dans beaucoup de choses mais a souvent tendance à se laisser dépasser par les phénomènes de la Nature. L’urbanisation lui a fait oublier qu’il est aussi un de ses enfants.” Une tournure d'événements des plus interressante, assurément.
 
Que des êtres manifestaient leur force pour conquérir un territoire ou établir leur suprématie ne suscitait guère d'inquiétude chez Ezekiel. Cependant, la dévastation de l'environnement, la pollution, le génocide motivé par un sadisme dénué de motifs, ainsi que le réchauffement climatique et l'éloignement croissant de certains envers la nature au profit d'une urbanisation vorace étaient des abominations bien moins tolérables à ses yeux. Pourtant, il était conscient que ces considérations étaient le fruit de sa propre perspective.
 
Bien qu'il considérât quelque peu insensée le désir de Monsieur Stanford à sauver la veuve et l'orphelin, Ezekiel ne pouvait nier qu'il comprenait, dans une certaine mesure, le point de vue de cet homme. La remarque du philanthrope sur l'élément de l'eau capta presque instinctivement l'attention du dragon. Celui-ci tourna la tête vers son interlocuteur avec une expression attentive, levant les yeux au ciel dans une contemplation profonde, comme si la pluie elles-mêmes avaient des réponses à lui fournir.
 
-        Je rejoins pleinement vos dires. Tôt ou tard, la roue tournera avec violence , et seuls ceux qui auront su demeurer en harmonie avec leur environnement pourront prétendre à la survie. J'en suis intimement convaincu.
 
Ezekiel médita sur ses propres actions, réalisant que peut-être, en rappelant brutalement à certains leur vulnérabilité, il cherchait à les ancrer dans une réalité incontournable. Engouffrer des étendues entières de terre était devenu son moyen de rappeler à tous la fragilité de leur existence, une leçon imposée avec la brutalité même de la nature.
 
Pourtant, le verdict prononcé sembla enfermer Ezekiel dans un cercle vicieux qu'il aurait préféré éviter. Être déclaré "enfant de la forêt" ne signifiait pas seulement une simple coexistence avec l'environnement, mais plutôt une intégration profonde à la forêt elle-même. C'était la reconnaissance tacite d'une entité omnisciente, contraignant ainsi le dragon à honorer ces liens avec elle.
 
Voilà qui perturbe légèrement les contours de mes plans…
 
Dans le silence qui enveloppait l'instant, Monsieur Stanford, par son innocent rappel, avait dévoilé la réalité incontournable à laquelle Ezekiel ne pouvait échapper. En tant que gardien de la nature, sacrifier certaines espèces au nom du bien commun était admis, mais s'en prendre à l'un des enfants mêmes de la nature constituait une transgression impardonnable. Une telle action risquerait d'attirer le courroux de la forêt elle-même, compromettant ainsi l'essence même de la naissance du dragon.
 
Face à cette révélation, Ezekiel ferma les yeux pour dissimuler une légère frustration. Cependant, il reconnut l'ironie du destin qui s'imposait à lui.
 
-        Eh bien, si l'on m'avait annoncé un jour que je ferais la rencontre d'une créature intimement liée à la forêt, je doute que j'y aurais accordé foi. Cela valait la peine de vivre une existence aussi longue.
 
Tout en exprimant une apparente résignation, Ezekiel ne pouvait nier un intérêt réel pour cette créature à présent. Il devait maintenant faire son deuil de l'idée de son élimination, accueillant cette nouvelle perspective avec une curiosité prudente, habilement dissimulée derrière le masque impénétrable du dragon.
 
Les mains du dragon demeuraient soigneusement jointes dans le dos, tandis que les gouttes d'eau caressaient son corps, instaurant un nouveau silence. En effet, il n'était en rien comparable à une plante, et l'observateur avait une fois de plus eu une perspicacité bien fondée. Il était évident que la race de cet individu percevait l'essence spéciale du dragon, bien que sans prétendre s'y intégrer de la même manière que lui.
 
-        En effet, on peut considérer que je suis l'un de ses gardiens. Veiller à son équilibre et à son harmonie constitue ma seule et véritable priorité.
 
Cette priorité sacrée, Ezekiel le savait, était vulnérable, exposée à la rancœur et à l'influence néfaste des hommes. Si, par malheur, le dragon devait détourner son regard de sa mission, l'équilibre élémentaire pourrait alors être compromis. Il se laissait divaguer dans les méandres de ses pensées, se demandant si sa fille aurait pu succéder à cette noble tâche, si elle aurait possédé les qualités nécessaires. Cependant, cet espoir avait été arraché, plongeant le dragon dans une solitude empreinte de rancœur.
 
Cette fois-ci, c'était Monsieur Stanford qui guidait leur chemin en enjambant une vieille souche, concentrant son attention sur la question qui se profilait. Ayant révélé son rôle de gardien, Ezekiel ressentait un léger malaise à l'idée de devoir masquer la vérité. Il choisit alors de partager une parcelle de vérité sans pour autant dévoiler tous les mystères.

-        Je viens d'un pays qui aspirait à la neutralité. Dans la théorie… les faits étaient souvent bien différents. Mais, il y a bien longtemps, la population a vendu ses services en tant que mercenaire, fortement remarqué dans toute l'Europe. J'ai souvent été envoyé dans des conflits qui s'éternisaient un peu trop et qui ne trouvaient pas d'issue pour y mettre un terme… Enfin, cela reste anecdotique. Il était souvent préférable que je n’y participe pas.
 
Les humains, avec leur force apparemment insignifiante, devaient leur survie principalement à leur nombre face à puissance de certains nébuleux. C'est dans cette perspective que les humains avait choisi d'adopter des nébuleux orphelins, cherchant en eux des alliés potentiels.
 
-        Et vous ? Avez-vous connu la guerre ? Est-ce dans un affrontement que vous avez... enfin, perdu votre bras ? La question, pouvait paraitre indiscrète. Pourtant, il était évident qu'Ezekiel ne cherchait qu'à comprendre davantage son interlocuteur, sans insister si cela le plongeait dans l'inconfort.
 
En cet instant de réflexion , le gardien de l'île semblait enveloppé d'une atmosphère mélancolique, comme si les vestiges d'un passé douloureux se mêlaient aux eaux paisibles qui les entouraient. 

- Les guerres ne cesseront pas, Monsieur Stanford, je suis persuadé que vous en avez conscience. Si l'humanité est assez stupide pour s'auto détruire, cela doit rester leur problème. Ce qui serait impardonnable, ce serait d'entraîner la terre entière dans sa chute. Comme l'indique le mouvement du stoïcisme : "Il y a des choses qui dépendent de nous et d'autres qui ne dépendent pas de nous." Nous ne pouvons changer ce qui ne dépend pas de nous.
 
Il évoquait ce pilier philosophique qui enseignait la liberté par l'acceptation, la recherche de la tranquillité intérieure en vivant en harmonie avec la nature. C'était une aspiration séduisante, une quête de paix intérieure qui avait longtemps animé l'âme du dragon élémentaire.
 
Ezekiel, poursuivit sa marche  observant l'homme avec beaucoup d'attention. Une aisance émanait de de son interlocuteur à présent, bien plus que ne l'avait laissé présager sa première entrée fracassante dans la clairière. 
 
Lorsque l'homme dévia habilement la conversation vers le professeur, Ezekiel répondit d'une voix calme.
 
- Hum… Science de la nature, géographie, histoire et philosophie. Je pense que cela doit vous parlez un peu...
 
KoalaVolant
Dim 10 Mar 2024 - 15:11
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Vynce Stanford
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Vos pas vous guident à travers la forêt. La pluie continue de tomber à grosses gouttes et l’orage fait gronder le ciel avec force. Tu te complais à apprécier la marche, bien que la compagnie d’Ezekiel te mette toujours en vigilance, tu n’en montres rien. Mais quand il te fait part de son point de vue sur ce que tu sembles négliger, tu l’écoutes attentivement.

Il n’a pas tort…
La nature de l’homme est ce qu’elle est, quant aux nébuleux, certains ne sont pas nés de base pour rester en toute quiétude avec d’autres espèces. C’est la même chose pour les animaux. Les loups ne vont pas créer une meute avec un mouton, les ours ne se mettent pas en couple, la femelle part seule après quelques temps pour élever ses enfants, et si elle a le malheur de tomber sur un autre mâle, ce dernier peut tuer ses petits pour l’engrosser de nouveau.
La nature elle-même peut parfois être cruelle et sans pitié. Je n’ai jamais omis cette évidence.
Quant aux habitants de cette île, c’est exactement la même chose. La quiétude n’est tolérée que parce qu'un ordre y est établi ainsi que des règles propres à leurs habitants. Régis par une matriarche qui veille étroitement sur chacun de nous. En tout cas, j’entends bien ce que cherche à éclaircir Ezekiel sur ce que j’ai dit plus tôt. Je souris pourtant malgré la dureté des propos de mon homologue.

“Ça, je le sais bien… égoïstement, j’en suis venu à me dire que cette île était comme un moment de calme et de tranquillité dans ce monde de chaos, une coupure de sérénité dans toute la rudesse qui bat son plein au dehors. Une bulle hermétiquement fermée à la violence. Mais rien ne dure jamais éternellement.”
Arrivera bien un moment ou ton passé te rattrapera ou les guerres finiront par atteindre les frontières de cette île et faire éclater la bulle. Tu n’es pas aveugle non plus, tu es même entièrement conscient que ce moment de tranquillité ne durera pas et ça fait maintenant des décennies que tu t’y prépares. En fait, depuis que tu as tenté de renouer avec tes racines natales depuis cette île. Quand tu as ressenti et vu à travers tes congénères toute la violence qui régnait là-dehors, tu t’es dit que cet interlude de calme n’allait pas durer.
Alors tu regardes ton comparse de marche et continue de lui sourire bien que ce dernier se fasse un peu plus mélancolique. Tu as une tête de naïf mais tu ne l’es pas pour autant. Tu ris tendrement aux propos de ton comparse. Ce n’est en rien moqueur, non, c’est juste que sa vision des choses est à la fois trop sérieuse et en même temps assez similaire à ta façon de penser. Songer à ton passé et ce que tu as tenté de faire pour préserver ta mère durant toutes ces années, tu réalises que ça n’a servi à rien.
“C’est ironique de vous entendre dire ça, Ezekiel. J’ai beau avoir tenté durant des décennies de sensibiliser pour la préservation de la forêt, j’ai l’impression que c’est encore pire et que les conflits n’aident en rien à voir qu’en rasant tout ce qui leur semble hostile, c’est un tombeau qu’il creuse pour leur propre perte.”
Tu places les mains dans ton dos et lèves la tête vers le ciel nuageux et sombre laissant tomber des nuées d’eau qui enrichissent ton être tout entier.
“Lorsque le dernier arbre sera abattu, le dernier poisson pêché, la dernière rivière empoisonnée, alors l’Homme réalisera seulement que l’argent ne se mange pas…”
C’est une citation des rares humains à avoir compris que la nature était inhérente à l’espèce humaine. Lorsqu’à l’époque où tu es né, tu as baigné dans d’horribles conflits, ce sont ces mots qui ont résonné en toi. Voyant les souffrances des uns, des autres et de ta mère, tu t’es démené pour apporter ta propre vision en tant que messager de la terre. Tu as tenté à de nombreuses reprise de pousser l’homme à la préservation de la nature et un respect de cette dernière afin qu’il constate par lui-même qu’elle sait être généreuse. Mais les guerres entre hommes n’ont cessé de te blesser et blesser ta mère également. Tu détournes le regard pour marcher devant toi, les mains désormais le long de ton corps. Continuant ta discussion avec Ezekiel. Tu trouves sa façon de voir les choses très intéressante en soi.
“Je ne perds pas de vue mes objectifs quant à préserver ma créatrice, disons que j’essaye d’agir de manière plus globale en essayant d’aider tout un chacun. Je me suis longtemps échiné à faire ouvrir l’esprit des Ephémères en ce sens. Parce-que même si la nature est parfois cruelle, elle agit selon une forme d’équilibre et de respect de la vie qu’elle prend. Ce qui n’est pas toujours le cas pour certains Éphémères. Ma priorité à moi, c’est de préserver la vie, quelle qu'elle soit, peu importe le genre ou l’espèce. Un travail de longue haleine et extrêmement complexe. Je suis bien conscient que ce n’est pas en restant sur cette île que je parviendrai à faire changer les esprits en conflit au-dehors. Mais parfois je me dis que commencer par là permettrait au reste du monde de voir qu’une entente inter-espèces est réellement possible. Parce-que la survie et la préservation de nos espèces dépendent également d’un commun accord entre nous tous. Certes, le loup ne se passera pas de manger un agneau, mais il ne le fera jamais dans l’excès et la surconsommation ou le gâchis.”
L’espèce la plus approchante à l’homme, c’est l’orque qui tue parfois pour jouer ou par plaisir. Mais même l’orque connaît ses limites. Pas l’homme qui se dit que tant que les ressources viennent, c’est free.

C’est là toute une conversation que vous avez là. Alors tu essayes de changer un peu de sujet, cherchant à en savoir plus sur ton homologue, mais également de savoir comment c'est actuellement en dehors de cette île. Tu essayes d’avoir des nouvelles et de prendre la température. Même si tu peux en prendre de part tes racines, tu as envie de savoir ce que peut en penser Ezekiel. Lui qui vient d’arriver. Ça doit lui faire assez drôle, ou pas s’il vient d’un territoire neutre. Tu glisses lèves tes mains à la perpendiculaire, paumes vers le ciel pour capter l’eau qui s’écoule et tombe du ciel. Les propos du nébuleux à tes côtés te font lâcher un petit rire qui s’échappe de tes lippes. Tu coules de nouveau ton regard azur sur lui.
“Je suis content que votre longue existence vous ait mené jusqu'à cette île et fait croiser nos chemins. Vous semblez être quelqu'un de très intéressant et fascinant à découvrir.”

Bon, ça n’explique toujours pas cette méfiance et la mise en garde à son égard des plantes qui t’entourent ou même de ton ressenti. Son aura est certes puissante mais tu comprends un peu pourquoi avec sa longue vie, sans parler de certains de ses propos qui t’orientent vers une créature qui en a vue, vécu et subi des choses. Tant à cause des hommes que des nébuleux il faut croire. Quand il te fait part de sa provenance, il reste également assez mystérieux. Y répondant tout en esquivant finalement un peu ta question. Tu ne lui en tiens pas rigueur. Si tu es méfiant et en alerte en sa présence, c’est peut-être aussi le cas pour lui. Vous ne vous connaissez pas intimement pour déballer toute votre existence. Tu comprends également qu'il a participé à des guerres lui aussi et qu'il a dû suivre le chemin de la violence à outrance de fait. Parce-que les conflits ne restent que de la violence exagérée, un prétexte pour pas mal d’horreurs d’ailleurs. Alors tu n’imagines même pas les excuses que l’on peut trouver pour examiner de façon morbide les nébuleux dans le but d’évoluer l’espèce humaine.

Cependant quand il te retourne la question, tu fermes tes poings et les observe. Ta mine devenant soudainement plus sombre quand ta mémoire te rappelle la façon dont tu as perdu ton bras. Tu desserres le poing gauche en écartant tes doigts résineux. Sa question est légitime mais elle fait remonter des souvenirs désagréables de ce moment. Tu n’es pas pour autant du genre à en faire un tabou. Ça t’a traumatisé à l’époque, mais tu n’es pas faible d’esprit pour rester bloqué sur ce point. Affronter ce traumatisme a été particulièrement pénible et corsé.
“Mon père adoptif était militaire. Il m’a élevé et emmené avec lui dans de nombreuses guerres et conflits. À sa mort, il m’a confié à l’un de ses amis puis j’ai bourlingué de guerres en bataille. C’est en voulant sauver mon régiment et une famille d’un bombardement que j’ai perdu mon bras. Quant à mon arrivée ici, elle n'est dûe qu’au crash de l’avion qui nous emportait, mon équipe et moi, pour la côte de Normandie contre les Allemands.”
Tu fermes les yeux et soupire doucement. Baissant tes mains pour les placer dans ton dos. Tu arbores une attitude un peu las. Las des conflits que tu as vécu. Bien que tu n’aies probablement pas l’existence d’Ezekiel, ta propre vie suffit à voir à quel point ce fut fatiguant de vivre toutes ces guerres.
“Une succession de pauses relaxantes dans une vie de perpétuels conflits…” Laisses-tu échapper dans un soupir.
Tu souris cependant et détournes ton regard vers Ezekiel. N’étant pas entièrement d’accord avec le fait que l’humanité ne peut cesser de se faire la guerre sans arrêt. Quelque part, tu te voiles peut-être la face. Mais tu veux aussi croire qu’il y a moyen qu’une coexistence perdure efficacement et durablement.
“C’est ces petits moments de quiétude qu'il faut savoir savourer et apprécier à leur juste valeur. Les Ephémères ne s’auto-détruiront pas sans laisser des conséquences désastreuses sur notre Mère et nous tous, Ezekiel. C’est là tout le problème de mon conflit intérieur. Je ne peux pas laisser ma Mère mourir à cause d’eux, mais je ne peux pas les laisser s’auto-détruire à cause de leur nature destructrice. Et il m’arrive d’être parfois complètement perdu. Je sais très bien que la nature profonde d’un être ne peut être changée, mais il est toujours possible d’aller de l’avant quand on admet ses erreurs, en être conscient nous permet également de pouvoir les réparer. Et si l’on ne fait que regarder droit devant, il y a forcément quelque chose que l’on peut manquer de voir.”

Je suis loin d’avoir une vision utopique d’une entente éternellement bienveillante et cordiale inter-espèces. Cependant, même si la vie est parfois dure et cruelle elle offre des possibilités illimitées sur l’avenir et les choix que nous faisons. Je suis loin de me dire que tout sera beau et joyeux, mais j’aimerais faire en sorte que chacun puisse trouver sa place auprès de Mère et que chacun accepte l’autre tel qu'il est sans le catégoriser ou vouloir le détruire pour une quelconque raison discriminatoire.
Mais ça, c’est une prise de conscience que beaucoup devront avoir pour cesser les conflits et mettre fin au cycle de la violence.  

Tout ça fait remonter bien trop de choses en moi et je suis relativement confus par ces souvenirs et pensées qui m'assaillent. Je préfère donc changer de sujet et parler d’autre chose de moins sombre. Alors je demande à Ezekiel ce qu'il enseigne. Me permettant un souffle de joie dans un sourire qui s’étire sur mon visage quand il me répond. Il enseigne vraiment plein de matières, ça c’est vraiment cool. Je comprends mieux cette discussion si philosophique d’un coup.

“Vous devez savoir tellement de choses. En plus vos cours doivent apporter une toute autre vision et une plus probante vérité sur le cours de l’histoire, non ? Combien d’époques vous avez traversé ? Avoir quelqu'un d’aussi ancien peut être un avantage non négligeable pour ne pas perpétuer les erreurs passées. Vous pourriez être un messager du passé, un érudit qu’on consulte pour ne pas répéter les mêmes erreurs constamment. Enfin... Si vous avez besoin d’un coup de main pour les sciences de la nature, je peux vous guider, même si je me doute bien que ça ne doit plus être un secret pour vous.”
Tu es heureux de pouvoir converser de tout ça avec Ezekiel. Même si repenser à des choses sombres est douloureux, avoir une telle conversation avec lui te fait du bien. Tu as l’impression d’être très proche de lui de par ce qu'il est et son respect pour la nature. D’autant qu’être gardien de cette dernière vous rapproche inextricablement vers un but commun, la protéger.

“Même si on ne se connaît pas depuis longtemps, ça me fait du bien de parler de tout ça avec un comparse de la nature…”
Tu t’arrêtes brusquement quand la foudre s’abat non loin. L’éclat de cette dernière résonant avec puissance et faisant vibrer ton être tout entier. Non, il n’était vraiment pas loin celui-là. Mais ce n’est pas toi que ça afflige le plus. Tu n’as pas peur en général, ce n’est clairement pas de la peur que tu ressens à cet instant précis, c’est une douleur vive, foudroyante… fulgurante. Toute trace de bien être s’efface de ton visage et pris d’une impulsion subite, tu pars à travers les bois. Dans ta course, tu revois des images vives de ton être au milieu des flammes. Tu sais que ce n’est pas toi, mais tu ne peux t’empêcher de ressentir la douleur de ton congénère. Il souffre dans le silence le plus absolu de la nature.

Tes pas précipités te mènent à un grand épicéa d’une centaine d’années. La foudre s’est abattue sur lui et le feu est en train de prendre de l’ampleur. La sève de ton congénère est inflammable et son écorce sèche a tendance à prendre très vite. Mais bien que tu ressentes sa douleur tu ne sais pas quoi faire pour l’aider. Battre l’air avec des lianes pour éteindre le feu ? Non certainement pas, ça risque de le propager sur les autres. Étouffer le feu te paraît être une meilleure idée. Mais tu as aussi la possibilité de demander de l’aide à Ezekiel qui semble maîtriser l’eau. La pluie continue de tomber mais elle n’éteint pas les flammes. Tu restes cependant paralysé face à la vue des flammes, cherchant à prendre sur toi et avoir le courage de braver ton propre traumatisme pour venir en aide à l’épicéa. Une des branches tombe et tu t’avances en esquivant cette dernière en flammes. Ton bras d'écorce s’allonge et s’étend pour devenir un amas de branches épais et coriaces pour résister au feu. Mais le temps que tes doigts résineux s’enroulent autour de l’arbre pour étouffer les flammes, il risque encore de morfler. Tu cherches d’abord à protéger les autres arbres en réduisant la propagation du feu sur eux.

@"Ezekiel Oldenbourg"
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Dim 10 Mar 2024 - 19:30
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Ezekiel Oldenbourg
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Dans un mouvement fluide, Ezekiel se tourna partiellement vers son interlocuteur, reconnaissant silencieusement l'approbation tacite que ce dernier semblait lui offrir. La vision de son compagnon de fortune concernant cette île était en effet intrigante. Il la percevait comme une enclave isolée, une bulle préservée d'harmonie, éloignée des tumultes et des cruautés du monde extérieur, où chaque être vivant était soumis à l'impérieuse puissance de la mer, pareille à une barrière naturelle infranchissable.

Cependant, Ezekiel, bien conscient de la nature humaine et nébuleuse, savait que même dans ce refuge en apparence idyllique, les réalités sombres et les conflits latents ne tarderaient pas à se manifester. Les profondes différences entre les espèces, les tensions sous-jacentes, tout cela ne pouvait être étouffé indéfiniment. La tranquillité fragile de l'île serait inévitablement troublée, laissant place à des affrontements ancestraux et probablement particulièrement brutaux.
 
Malgré cette sombre prémonition, son interlocuteur semblait véritablement comprendre qu'il se montrait probablement un peu trop rêveur. Il aspirait simplement à préserver l'illusion de paix, du moins pour l'instant. Dans cette optique, il n'était nul besoin de raviver la douleur vive qui habitait leurs esprits, cette quête incessante pour comprendre les racines de leurs préoccupations les plus profondes.
 
Le dragon acquiesça d’un léger hochement de tête, une inclinaison presque impériale qui exprimait son assentiment muet. Bien que son visage demeurât impassible, dans les replis de son être, il ne pouvait qu'éprouver une profonde empathie envers son interlocuteur. Il avait aspiré de toute son essence à maîtriser les tourments de son âme, espérant ainsi épargner à d'autres les ravages de sa colère. Pourtant, même dans sa quête solitaire de maîtrise, il n'avait pu échapper aux méandres sombres du destin, qui l'avaient confronté à des tragédies et des chagrins indicibles.
 
Comme un écho lointain, le rire de son compagnon de route résonna dans l'air, apportant une légèreté fugace à l'atmosphère pesante. Ezekiel ne put s'empêcher de voir en lui une sorte de cocker espiègle, son visage éclairé tour à tour par la joie et la mélancolie, comme les vagues capricieuses d'une mer agitée.
 
À présent, le dragon se tourna complètement vers Monsieur Stanford, ses yeux étincelant d'une lueur étrange et indéfinissable. Il percevait en son cadet une âme en quête de rédemption, une force inlassablement dédiée à la préservation de l'harmonie dans un monde en perpétuelle tumulte. Malgré les épreuves et les désillusions, il continuait de lutter, tel un phare solitaire dans la nuit ténébreuse de l'existence.
 
Ses yeux s'étaient légèrement rétrécis en deux fentes perçantes. Il ne doutait pas que cette créature avait tout essayé pour réconcilier la nature avec certaines créatures, en particulier avec la plupart des humains, pour être honnête. Cependant, il n'osa pas lui répliquer que donner son énergie pour tenter de concilier tous les êtres était aussi vain que de se battre contre des moulins à vent. À la place, il se contenta de souffler impitoyablement, accompagnant son geste d'un léger haussement d'épaules.
 
-        Alors, qu'ils s'enfoncent davantage dans leur propre tombe, ces espèces incapables de respecter l'environnement qui les héberge si généreusement. Aucune indulgence ne leur est due. Et quant à ceux qui s'inquiètent pour l'avenir de la nature, qu'ils se rassurent : l'histoire nous rappelle cinq extinctions de masse, et pourtant, la vie a toujours trouvé un moyen de se rétablir.
 
Ezekiel partageait le même mépris envers ceux qui dédaignaient leur planète. Mais il n'était guère troublé par leur sort. La bêtise humaine et nébuleuse finirait par les mener à leur perte, une perte qu'il accueillerait volontiers.
 
Il jeta un coup d'œil au ciel, suivant le regard de Monsieur Stanford, tandis que ce dernier récitait une citation familière. L'auteur, pourtant, lui échappait. Une lacune qu'il comptait bien combler par la suite.
 
-        Les créatures qui négligent la nature auront disparu bien avant que cela ne devienne un problème majeur, soyez-en sûr.
 
Pourtant, malgré une certaine convergence dans leurs réflexions, les divergences entre les deux hommes étaient… abyssales ? Ezekiel, gardien impassible de l'équilibre élémentaire, refusait de se mêler aux affaires de la vie quotidienne, qu'il considérait comme ne pas être de son ressort, où la générosité se mêlait inextricablement à la cruauté. Pour lui, ceux qui brisaient cette harmonie fragile ne méritaient rien de moins que la justice implacable de la nature, sans espoir de rédemption.
 
Mais au-delà de cette philosophie, Ezekiel portait en lui une vendetta personnelle, une histoire entrelacée de vengeance et de désir de rétribution. C'était là une différence fondamentale entre lui et Monsieur Stanford, dont la présence sur l'île constituait un défi à la fois irritant et stimulant pour Ezekiel. Il devait trouver un moyen de s'en débarrasser, tout en préservant l'équilibre fragile de l'écosystème qui les entourait… Ce dernier, malgré son irrévérence à ses yeux, était un obstacle à éliminer sans éveiller la colère de la nature, un défi dont Ezekiel devait triompher.
 
-        Je maintiens que votre lutte est vaine... mais qui suis-je pour vous juger ?
 
Face à cette impasse inévitable, il semblait judicieux de changer de sujet. Une manœuvre entreprise aisément par son interlocuteur.
 
-        Le plaisir est partagé, je vous assure. Je suis honoré de faire votre connaissance.
 
Pourtant, malgré cette politesse, il ne pouvait s'empêcher de garder une certaine réserve à l'égard de cet homme. Il avait appris à ne pas livrer son âme à n'importe qui, à maintenir un voile de mystère autour de sa propre personne. Ainsi, il maniait habilement les détours pour éviter les questions trop personnelles, préférant rester dans l'ambiguïté. Mais lorsqu'il renvoya la question à son interlocuteur, il fut surpris de voir une ombre fugace traverser le visage de Monsieur Stanford, comme s’il semblait profondément tourmenté.
 
Un instant, il sembla plonger dans les abysses de ses souvenirs, éclairé par des éclats de passé qui avaient laissé des empreintes indélébiles dans son esprit. Ses mains se crispèrent, ses yeux se perdirent dans une lointaine contemplation de ses poings obstinément fermés. Puis, après un silence chargé de significations, il entama son récit, dévoilant des pans de son histoire.
 
Un héritier de l'ardeur militaire, contraint dès son jeune âge à se sacrifier sur l'autel des combats sans fin, dépourvus de tout objectif réellement noble si ce n'est celui de la conquête et de la cupidité. Ezekiel, dans sa sagesse contemplative, se demandait avec une ironie teintée de compassion si cet homme, alors que leur avion s’était écrasé ici, n’avait jamais imaginé, alors qu'il se réveillait sur le rivage, que la plage sur laquelle il avait probablement "atterri" pourrait être l'antichambre d'un paradis, où le murmure apaisant des créatures sauvages deviendrait sa seule compagnie.
 
Le hasard les avait donc unis, mais Ezekiel pressentait dans le silence du rescapé le témoignage silencieux de l'absence de ses camarades, tombés probablement dans l'arène de la guerre-ou dans l’avion-. Pour lui, c'était une vérité brute, un message universel : ce n'était pas encore l'heure de rejoindre les cieux et la destiné lui avait accordé une seconde chance.
 
"Une suite de répit dans l'incessante mêlée de la vie...", songea Ezekiel, laissant échapper un léger soupir qui exprimait, en dépit de sa courtoisie, un désaccord prononcé mais muet, par respect pour les convictions de son interlocuteur. Car dans un monde où les conflits régnaient en maîtres, les pauses étaient inexistantes. Baisser sa garde, c'était s'exposer à l'issue funeste des batailles à venir…
 
Au fil des mots de son interlocuteur, Ezekiel ne pouvait réprimer un sourire intérieur, septique. À mesure que l'homme exposait ses préoccupations, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il s'angoissait pour des riens, se perdant dans des détails insignifiants. Aux yeux d'Ezekiel, cet acharnement semblait bien futile au regard des enjeux qui se jouaient.
 
- Hmm, personnellement, je préfère n'intervenir que lorsque les choses prennent réellement une tournure démesurée. C'est à ce moment-là que les créatures doivent réaliser leur insignifiance face à la puissance impérieuse du monde et des éléments. Vous vous inquiétez pour des futilités, à mon humble avis. Car tôt ou tard, le karma frappera, impitoyablement.
 
Même ceux qui rejetait l'idée du karma seront contraints d'y croire lorsque les espèces, aveuglées par leur propre arrogance, précipiteront leur propre extinction à force de saccages inconsidérés.
 
En réalité, Ezekiel ne prenait parti pour personne, si ce n'est pour lui-même. Il n'avait pas plus de sympathie pour les animaux que pour les humains, ou même les créatures mystérieuses qui peuplaient ces contrées. Enfin, sauf peut-être pour les nébuleux, qu'il considérait comme ses ennemis jurés par pur vengeance pour la mort de ses parents. Mais une fois sa vengeance accomplie, il ne lui resterait plus aucune raison de favoriser davantage les humains.
 
Finalement, il était temps de clôturer cette discussion qui avait temporairement assombri l'atmosphère. Pourtant, malgré les nuances d'ombre qui avaient teinté leurs échanges, Monsieur Stanford montrait un véritable intérêt pour les matières enseignées par Ezekiel, soulignant avec finesse que la longue existence de ce dernier lui conférait une profondeur et une compréhension sans pareille de l'histoire vécue. Malgré cela, Ezekiel ne fit rien pour briser l'optimisme persistant de la créature.
 
Dans un souci d'équité, il ne pouvait se permettre de dévoiler la vérité implacable selon laquelle "les choix des créatures leur appartenaient entièrement, et qu'il n'était qu'un guide neutre les informant des conséquences de leurs actes passés". La nature humaine, ou de toute autre créature, prévalait toujours, et si elles choisissaient le chemin de l'autodestruction, Ezekiel n'aurait aucune hésitation à agir en conséquence.
 
- Je me contente de partager mon savoir. Le chemin qu'ils choisiront leur appartient, avec les retombées qui en découlent. L'autonomie et la responsabilité ont toujours été des valeurs auxquelles je tiens...
 
Cette offre d'aide de la part de Monsieur Stanford était presque touchante, un élan d'enthousiasme et de bienveillance qui contrastait avec la froideur résolue d'Ezekiel. Il ne put s'empêcher de se demander si son interlocuteur ne serait pas un enseignant bien plus charismatique et inspirant que lui-même, avec sa passion débordante et son empathie inébranlable.
 
Mais il écarta rapidement cette pensée, se rappelant que leurs rôles étaient fondamentalement différents. Tandis que Monsieur Stanford semblait prêt à soutenir et guider, Ezekiel, restait vigilant, veillant à maintenir l'équilibre fragile entre les forces de l'univers, même si cela signifiait parfois prendre des décisions impopulaires et déchirantes.
 
- Eh bien, pourquoi pas ? répondit Ezekiel, J'ai encore beaucoup à apprendre, surtout auprès d'une personne aussi érudite que vous et sur son domaine de prédilection... Si vous êtes d'accord, je pourrais faire une demande à la direction pour que nous puissions travailler ensemble de temps en temps, en binôme, auprès des élèves, pour les sciences. Enfin, seulement si l'idée vous intéresse.
 
En effet, Monsieur Stanford semblait si enthousiaste que refuser aurait été impoli. Malgré sa propre arrogance qui avait inévitablement mûri au fil des âges, Ezekiel demeurait lucide sur ses limites. Ses connaissances en sciences étaient vastes, certes, mais elles ne pourraient jamais rivaliser avec celles d'un être aussi intiment lié à la nature que Monsieur Stanford. Refuser son aide serait donc une erreur manifeste.
 
Toujours captivé par la perspective de cette nouvelle collaboration, la créature en face de lui exprima son plaisir à l'idée de cette rencontre enrichissante. Cependant, son enthousiasme fut soudainement interrompu par le fracas de la foudre qui s'abattit non loin, dans la forêt avoisinante. Ezekiel, anticipant la réaction instinctive de son compagnon nébuleux, se précipita dans sa direction pour l'inciter à ne pas regarder en arrière et à quitter les lieux sans tarder.
 
Il savait pertinemment que la cible de la foudre était probablement un arbre, et que les flammes avaient très probablement embrasé les alentours. Pourtant, Ezekiel n'avait aucune envie de se mêler à ces éléments qui ne le concernaient pas directement. Dans ce monde où les forces de la nature régnaient en maîtres, il ne restait qu'à respecter leur puissance et à maintenir une distance prudente. 

Chacun sa place...
 
Mais même dans son désarroi, Ezekiel ne put que contempler la témérité de Monsieur Stanford, qui, tel un éclair de vie dans la pénombre, s'était précipité à travers les bois . Il n'avait pas été suffisamment rapide pour l'en empêcher, le faisant alors pester:
 
- Par tous les diables, l'électricité n'a rien à envier de sa vitesse.
 
Se relevant avec une dignité résignée, Ezekiel inclina la tête. Ses plans, désormais bouleversés par cette soudaine volte-face, devaient être ajustés. Une approche moins draconienne, moins radicale, était devenue impérieuse. Car désormais, sa responsabilité envers Monsieur Stanford dépassait celle de simples objectif personnels. Il ne pouvait plus se permettre de laisser Monsieur Stanford périr bêtement dans la forêt. En tant que gardien élémentaire de la nature, il ne pourrait jamais plus se regarder dans le miroir s'il laissait l'un de ses enfants se faire carboniser ou électrifier sans broncher.
 
Dans le reflet de la lueur vacillante des flammes naissantes, Ezekiel se résolut à suivre les traces de son compagnon inconscient, son devoir de gardien de la nature prenant désormais le dessus sur la vengeance elle-même qui lui soufflait malicieusement de le laisser périr dans les flammes.
 
Pour mieux naviguer à travers la pluie insistante, Ezekiel déploya ses pouvoirs, façonnant les éléments à ses côtés écartant l'eau de son chemin tel un rideau pour retrouver Monsieur Stanford. Il savait pertinemment qu'il avait agi de manière précipitée et qu'une fois auprès de la "victime"-probablement un arbre qui ployait sa couronne vers le ciel, il devrait improviser sans plan clair.
 
Après  plusieurs longues minutes, il parvint finalement à rejoindre la créature, guidé par la lueur sinistre des flammes dévorant la forêt environnante. Face à l'arbre foudroyé embrasé, Monsieur Stanford luttait désespérément contre les flammes, tel un titan aux prises avec les forces implacables de la nature.
 
"La foudre ne frappe jamais au même endroit..." Cette vérité -il l'espérait-résonnait en boucle dans l'esprit d'Ezekiel alors qu'il scrutait le ciel orageux, une lueur d'inquiétude voilant son regard. S'il devait périr ici à cause de l'imprudence d'un idéaliste, il jurerait de hanter son esprit jusqu'à la fin des temps!
 
Il aurait préféré s'abstenir d'user de ses dons en présence d'un étranger, mais tel était le destin, tissé de rencontres fortuites et d'événements inattendus, auxquels il fallait s'adapter.
 
Avec un soupir contrarié, Ezekiel ferma les paupières. Lorsqu'il les rouvrit, elles étincelaient dans la pénombre crépusculaire, reflétant la lumière tamisée par les nuages orageux, tout comme ses cornes luisaient sous les perles de pluie. D'une gestuelle à la fois délicate et impérieuse, il leva la main, et comme par enchantement, son être sembla se fondre dans les éléments qui l'entouraient. L'eau ruissela le long de son bras, tandis que la pluie elle-même se laissa capturer par son pouvoir.
 
Observant avec une intensité mêlée de détermination les flammes persistantes, Ezekiel concentra son essence sur la zone la plus vorace du brasier. Dans un ballet  puissant, il libéra une quantité d'eau calculée avec précision, une cascade liquide qui s'abattit tel un torrent , éteignant les flammes voraces et préservant la vie fragile de la forêt environnante.
 
L'eau, sous sa volonté souveraine, balaya le feu avec une force majestueuse, réduisant les flammes à néant dans un tourbillon d'éléments en fusion. Une fois le danger apaisé, Ezekiel retira l'eau vers lui, l'absorbant dans un geste gracieux, laissant derrière lui une forêt humide mais apaisée.-pour le moment-.
 
De grosses gouttes dégoulinaient des arbres telles des rivières imposées, traçant leur chemin le long des troncs miraculeusement échappés aux flammes dévastatrices. Chaque goutte semblait porter en elle le poids des cieux, une larme de soulagement versée par la nature après l'épreuve.
 
Quand enfin le calme fut revenu, à l'exception de l'arbre carbonisé, témoin muet de la fureur des éléments, le dragon prit une profonde inspiration avant de se précipiter vers la créature qui s'était lancée tête baissée dans la bataille.
 
-Monsieur Stanford, prononça-t-il tel une exlamation désapprobatrice, son regard mêlant préoccupation et réprimande, vous agissez avec une témérité qui frôle l'insouciance. Les forces de la nature ne tolèrent pas les défis lancés avec légèreté.
 
Ezekiel s'accroupit à côté de Monsieur Stanford d'un air préoccupé, ses yeux océans brillant d'une lueur préoccupé alors qu'il observait attentivement la créature. Il se demandait s'il devait lui conseiller d'aller voir Opale,pour vérifier s'il n'avait subi aucun dommage grave.

- Est-ce que vous allez bien ? Vous êtes complètement fou, bon sang. Vous avez frôlé la catastrophe de près.
 
KoalaVolant
Sam 16 Mar 2024 - 22:33
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Vynce Stanford
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Vynce Stanford
If you only face forward,
there is something you will miss seeing.
Les mots d’Ezekiel font écho en toi. Quelque part tu sais que tu te voiles d’une futile illusion à vouloir aider tout ou partie. Humains, Créatures, Nature. Tes stigmates témoignent de nombreuses atrocités subies au fil des ans parcourus auprès des Ephémères, notamment. Quand bien même tu souhaites préserver la vie dans tous ses états, certaines choses te dépassent et à chaque fois, tu es confronté à la mort. Quand ce n’est pas elle qui te frôle, elle prend ceux qui t’entourent. Tu te complais à penser avoir d’infimes pauses paisibles durant ton existence, mais elles ne durent jamais vraiment. Alors, les propos d’Ezekiel restent relativement perçants de véracité. Mais dans sa réflexion et son mode de pensée, tu y trouves une certaine contradiction. Ton visage se tourne vers lui, ton sourire se fait timide et empathique. Tu comprends qu'il veuille préserver l'équilibre de la nature et punir ceux qui la détériorent et n’y prêtent pas attention, cependant bien malgré cinq extinctions recensées dans l’histoire de l’humanité, tel qu'il le souligne, la vie trouve toujours un chemin.
“Comme vous venez de le dire Ezekiel… La vie trouve toujours un chemin. Peu importe le temps qu'il faudra, elle se rétablira et retrouvera un certain équilibre. C’est pour cette raison que je suis peu convaincu sur ces extinctions. Si nous ne mettons pas fin au cycle de violence et de vengeance perpétuel de tout un chacun, nous ne ferons que répéter en boucle les erreurs passées et perpétrer de nouvelles extinctions potentiellement inutiles mettant en péril toujours plus l’équilibre de la Terre.”
Penser que les créatures qui mettent en péril l’équilibre de la nature disparaîtront avant que ça ne devienne un réel problème pour vous, gardiens de la nature, tu n’en n’es pas réellement certain. Tu sais que chacun a sa place ici bas et son rôle à jouer dans l’équilibre. Cependant, certaines espèces ne le voient pas et n’y prêtent aucune attention. Ces créatures-là ne se rendent pas compte de la dégradation qu’elles provoquent sur l’environnement. Plus elles éradiquent d’espèces qu’elles considèrent comme nuisibles, plus la nature en pâtit.
“Chaque espèce a son rôle à jouer dans la préservation de la nature, seulement certaines ne réalisent pas qu’en éradiquer d’autres peut amener à des dégradations irréversibles sur l’environnement et notre Mère.”
Ta lutte est peut-être vaine, mais tu persistes à penser que la violence ne fait qu’engendrer la violence et ne résout rien. Seulement tu ne peux que te résigner face à tout ce qui se passe dans le monde. Cette vigilance et méfiance perpétuelle, c’est malheureusement instinctif chez tout être vivant. Survivre sans ôter la vie est une belle utopie. La faune aura toujours besoin de tuer pour se nourrir. Les araignées mangeront toujours les papillons pour survivre. Tu es une plante, tu trouves tes ressources vitales ailleurs que dans la vie d’une autre créature, tu es conscient de cet état des faits mais tu persistes à vouloir croire en une cohésion harmonieuse et respectueuse entre les différents habitants de la Terre. De ça, les animaux ont mieux compris que les humains ou les nébuleux que la vie est ainsi faite d’une chaîne alimentaire que tous devrait respecter. Il ne faut pas croire que toutes les plantes sont gentilles, bien au contraire, certaines tuent des insectes ou des créatures en utilisant des systèmes de défense radicaux et parfois toxiques.

S’inquiéter pour des futilités est un fait. Mais chaque futilité finit par avoir des conséquences faramineuses et parfois irréversibles sur l’environnement. Alors, qu’est-ce que le Karma, si ce n’est la conséquence d’une de ces futilités ? L’effet papillon. Un acte, aussi infime soit-il, a toujours ses conséquences.

Tu te contentes de fermer les yeux et hausser les épaules aux propos du professeur. Il n’a pas tort en soi, ce n’est pas pour autant que tu comptes changer tes principes. Si pour lui ce sont des futilités, pour toi, elles ont leur poids dans la balance.
“L’équilibre est une succession de futilités, un grain de sable peut suffire à faire basculer la balance.”

Mais tu préfères subtilement changer de sujet en parlant de son métier de professeur et son savoir. Proposant même ton aide pour ce qui est de lui donner de nouvelles données sur la science de la nature. Aide qu'il ne semble pas réfuter. Mieux, il te propose même de voir avec la direction pour participer à certains cours à ce sujet, ce qui t’enjaille grandement. Alors ton regard s’illumine en une myriade de petits éclats et un sourire fend ton visage.
“Ce serait un plaisir de pouvoir travailler avec vous. J’en serais ravi.”
Ça te changerait un peu des rondes et du gardiennage. Tu ferais autre chose de tes journées et puis, tu as toujours apprécié enseigner tes connaissances à d’autres. Bien sûr que ça t’intéresse de faire un binôme avec le professeur. Tu ne comptes pas perdre cette opportunité si ça peut te permettre de changer ta routine.

Si les choses pouvaient se passer de manière aussi simple… seulement ce n’est pas le cas. À peine tu avoues que parler avec le professeur te fait du bien, tu perçois un éclair et ressens une douleur intense et fulgurante dans la poitrine. Ce n’est pas la tienne, mais le déclic est là. Tu pars, telle une flèche à travers le bois, ignorant le geste d’Ezekiel quant à t’arrêter dans ton élan en revenant vers toi. Tu es souvent impulsif quand il s’agit de venir en aide et tu ne réfléchis pas toujours. Fonçant tête baissée vers le danger sans même te préoccuper de ton propre corps. Raison pour laquelle tu as autant de stigmates sur toi, assurément.

Te voilà à tenter d’aider ce pauvre arbre à ne pas prendre feu. Faisant croître des lianes que tu fais sortir de tes doigts dendrifiés en posant ta main à même la terre afin d’étouffer les flammes qui prennent de l’ampleur, empêchant au mieux qu’elles s’étendent sur les autres de tes congénères. Tu as un visage fermé par la douleur que tu perçois tant par l’épicéa que la tienne, tes lianes prennent les flammes et tu tentes de les étouffer comme tu peux, faisant pousser depuis ton dos d’autres ramures d’écorce qui glissent sous ton manteau pour glisser sur le sol et venir encercler l’arbre en feu.

Mais l’intervention d’Ezekiel a quelque chose de soulageant. Tu ne savais pas s’il t’avait suivi et son aide est non négligeable. En peu de temps il met un terme au foyer qui embrase ton pauvre congénère qui semble relativement soulagé mais la souffrance reste présente malgré tout. L’eau éteint la flamme mais l’écorce reste encore chaude, dont la tienne. Tu ramènes tes lianes et branches à toi. Tu baisses la tête en gardant ta main d’écorce au sol, appréciant la fraîcheur du sol, fermant les yeux pour tenter de reprendre contenance.

Tu rouvres les yeux quand la voix d’Ezekiel te parvient. Ton visage se redresse vers ton homologue, sa mine réprobatrice en dit long sur ton comportement tantôt et ton impulsivité, actant son expression par des mots. Tu grimaces un sourire douloureux. Tes paupières se plissent et tu lâches, tout en te redressant sur tes deux jambes.
“Je n’y peux rien… mon corps bouge souvent tout seul, impulsivement. C’est plus fort que moi…” Que tu passes pour un fou ne te préoccupe pas vraiment. Quant à dire si tu vas bien, tu n’iras pas jusqu'à dire que c’est le cas. “Ca ira…” Les dégâts restent cependant minimes. Tu t’approches de l’arbre blessé et poses ta main d’écorce sur l’immense tronc, un regard solennel à son attention, tu poses ton front et entres en résonance avec lui afin de l’apaiser et soulager sa douleur. Tes marques apparaissent et s’illuminent, émettant une lueur tamisée dans l’obscurité ambiante et ce, malgré l’orage qui continue de gronder.
*Je suis là… tu n’as plus rien à craindre…*
Tu espères soulager ton comparse du mieux que tu peux et apaiser ses souffrances. En espérant que la foudre ne s'abattra pas de nouveau sur un autre arbre ou le même. On dit que la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit mais ce n'est pas toujours vrai. Au bout d’un moment, tu romps le lien et rouvres les yeux en te tournant vers le professeur. Te tenant de ta dextre d’écorce à l’arbre. Tu préfères attendre un peu avant de repartir vers la ville.
“Merci pour votre intervention, Ezekiel. Sans vous, ça aurait pu être plus grave.”
Tu n’iras pas jusqu'à dire que la forêt est reconnaissante pour lui, disons que l’arbre le remercie mais il y a encore pas mal de chemin avant que la méfiance se dissipe quelque peu. Gardien de l’équilibre ou pas, la nature ici garde un certain côté sauvage et vigilant. Tu regardes le ciel sombre qui continue de gronder.
“J’espère seulement que l’orage ne frappera pas de nouveau un autre arbre.” Ou même vous. Mais tu en doutes un peu tout de même. Puis, si ça devait arriver de nouveau, tu foncerais une fois encore tenter d’éteindre les flammes.

Tu sais pertinemment qu'il ne faut pas contrarier les forces de la nature et que c'est un jeu dangereux. Mais ça fait partie également de ton devoir de veiller sur la forêt. À défaut de le faire pour ta mère, tu essayes de le faire pour celle de l’île. Bien conscient que c'est ton seul point d’accroche et que sans tes racines tu n’es rien de plus qu’un morceau de bois creux sans vie.

Tu baisses ta main gauche et fais un pas vers le professeur. Une petite mine contrite face à son expression réprobatrice à ton attention.
“Désolé de vous avoir inquiété. Nous pouvons repartir désormais…”
Tu resteras cependant vigilant tant que l’orage ne sera pas calmé. Alors tu avances dans la direction de l’ancien, essayant de chasser ton angoisse profonde des flammes et cette odeur de bois brûlé qui ne quitte pas tes narines. Dur au mal, tu as beau être un pleurnichard, quand ça concerne ta propre douleur tu essayes de ne pas y faire attention, quand bien même une partie de toi a été touchée par les flammes. Ce n’est que superficiel quand on regarde l’étendue des dégâts de ton compère qui, lui, a perdu un bras lui aussi et son tronc a salement été amoché. Tu fais signe de la main droite à ton comparse professeur de te suivre tandis que tu le dépasses, t’éloignant des arbres pour reprendre la destination de la ville et jetant un coup d’oeil à Ezekiel pour t’assurer qu'il reprenne la marche également. L’épicéa a été soulagé, il s’en sortira, toi et le réseau de connexion qu'il y a entre les autres membres de la forêt lui permettront de s’en remettre plus rapidement. Il n’y a rien d’autre à faire de toute manière.
@"Ezekiel Oldenbourg"
“”


Dim 17 Mar 2024 - 20:01
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Ezekiel Oldenbourg
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If you only face forward


Dans cet échange d’idée, leurs esprits s’éveillaient. L'accord dissonant entre l'opinion de Monsieur Stanford et la sienne-même animait ce débat, comme les vagues caressant les rochers dans une mer agitée.

Un sourire, presque timide, ornait le visage de son cadet. Ce sourire, empreint de la douceur de la compréhension, semblait exprimer une humble désolation de ne pas partager le même point de vue. Mais n'est-ce pas là l'essence même des débats ? Ezekiel avait parcouru un chemin ardu pour embrasser la diversité des opinions et les accepter.

Cependant, il se questionnait. Était-il sage de poursuivre cette conversation ? L'expérience commune des deux nébuleux semblait solidifier leurs positions, telles les racines d'anciens arbres ancrés dans la terre nourricière. Tenter de changer l'opinion de son interlocuteur, si paisible soit-il, semblait aussi futile que de combattre des chimères dans la nuit.

- Indubitablement, la vie, quelle que soit sa forme, trouve toujours un chemin, peu importent les circonstances. Même lorsque l'on pourrait croire en une extinction imminente. Face à la violence, nous sommes impuissants, tel est le triste constat, une réalité immuable gravée dans chaque espèce. Nous n'avons plus qu'à s'y résigner. Cependant, il est permis de rêver un instant, n'est-ce pas ? Après tout, une petite dose d'utopie n'a jamais emporté personne, bien au contraire...

La nature, fidèle à elle-même, laissait les cicatrices demeurer, témoins muets du passage du temps. Leurs douleurs persistaient, semblables à des échos lointains, mais tel était le prix de l'existence. Ezekiel, imprégné de cette réalité, ne s'émouvait plus devant ces stigmates, car il connaissait la vérité inéluctable de leur présence.

Cependant, une lueur d'aspiration brillait dans son regard, une volonté de dompter le tumulte de quelques espèces envahissantes, ignorantes et résilientes. Il aspirait à sculpter un monde où chaque espèce retrouverait sa place dans l’écosystème fragile. Lui aussi savait rêver.

Pourtant, il reconnaissait la sagesse de clore ce débat. Leurs visions se mêlaient sans jamais se fondre, tels des ruisseaux parallèles suivant des chemins distincts. Cette échange d'opinions, bien que fascinante par moments, révélait aussi la frustration de confronter une créature dont la compréhension lui échappait. Un minimum.

Ainsi, il demeurait intraitable dans ses convictions. Chaque décision, chaque action, portait en elle un poids, une gravité incommensurable. Le hasard, ce souffle invisible capable de tout bouleverser, l'intriguait. Mais ces réflexions, bien que captivantes, n'étaient que des ombres lointaines dans son univers. Son domaine d'influence se cantonnait aux enjeux d'une certaine gravité, loin des préoccupations futiles. Sauver des arbustes ou des chevreaux ne faisait pas partie de sa mission.

Un changement subtile de sujet s'imposait. Monsieur Stanford, désormais captivé par son rôle de professeur sur l'île, semblait rayonner d'un enthousiasme contagieux. Ezekiel, observateur attentif, devinait les étoiles brillant dans ses yeux lorsqu'il lui proposa, presque instinctivement, un binôme pour diversifier ses cours. Qui mieux qu'une créature aussi intimement liée à la nature pourrait éclairer les chemins de la science ? Une opportunité trop précieuse pour être ignorée, aux dires du dragon.

- J'en discuterai avec la direction, alors, lui assura-t-il.

Ils auraient pu continuer à disserter sur les méandres de l'enseignement et les défis des élèves turbulents pendant leur trajet, si la furie céleste n'avait pas alors frappé la forêt où ils se trouvaient, brisant la quiétude ambiante. Le gardien s'élança à travers bois vers l'origine des dégâts, laissant derrière lui un Ezekiel légèrement désorienté.

Dans l'urgence, tandis que le dragon maudissait sa propre nature en se lançant à sa suite pour finalement le retrouver, fut contraint de déployer ses dons pour étouffer les flammes voraces, affamées de destruction, qui menaçaient d'engloutir l'arbre foudroyé.

Après que la dernière lueur de braise se fut éteinte, le dragon demeura figé un instant, laissant planer le poids de sa frustration avant de s'approcher de l'imprudent, prêt à déverser sur lui un torrent de reproches. Il se rappela avec ironie que quelques instants auparavant, l'idée de le laisser succomber avait frôlé son esprit, laissant la nature reprendre son dû, épargnant ainsi tout soupçon et l'indispensable nécessité de se laver les mains de l'incident. Mais voilà qu'il se retrouvait à prêter assistance à cet être stupide, risquant même la colère électrique des cieux orageux.

La réponse de Monsieur Stanford, ou plutôt sa défense, parut à Ezekiel comme la plus médiocre qu'il lui ait été donné d'entendre, lui arrachant un plissement d'yeux et un grognement étouffé. Pourquoi diable devrait-il se soucier si l'un des enfants de la nature décidait de rencontrer sa fin ? Ce n'était pas de son ressort, se répéta-t-il intérieurement, bien que cette assertion sonnât creux. Il avait été contraint d'agir, et cette pensée le frustrait au plus haut point.

Pendant ce temps, Monsieur Stanford, peu soucieux de l'agacement-pour l’instant-de son interlocuteur, s'approcha de l'arbre qu’ Ezekiel croyait condamné à jamais. Appuyant sa tête contre le tronc, émanant probablement encore de la chaleur résiduelle, il sembla entrer en communion avec l'arbre, laissant se répandre une lueur dans l'obscurité oppressante de la forêt plongé dans la pénombre.

L’ainé des deux aurait bien aimé exprimer son impatience, mais il savait que cela serait aussi efficace que de converser avec une porte. Pourtant, il ne pouvait qu'être fasciné par le contact qu'entretenait le nébuleux avec la forêt entière. Il patienta donc, les bras croisés et le regard tendu, jusqu'à ce que son cadet daigne enfin se tourner vers lui, sans hâte apparente. Une impulsion brutale lui titilla l'esprit, l'envie irrépressible de saisir le gardien par le poignet et de le traîner jusqu'à la ville, mais il refréna cette pulsion, jugeant une telle méthode quelque peu excessive. S'il devait être réprimandé pour un tel comportement, il plaiderait la folie, arguant qu'il n'avait fait que protéger leur survie face à la violence des éléments !

Les remerciements de Monsieur Stanford le firent simplement hausser les épaules. Il n'avait nul besoin de reconnaissance, mais s'il souhaitait lui rendre honneur, qu'il accepte simplement de le suivre.

- Vous ne pouvez pas sauver chaque arbre. À quoi serviriez-vous si vous êtes morts ? lança-t-il d'un ton tranchant, sa voix chargée d'une certaine sévérité. Votre généreuse inconscience est égoïste. La forêt a bien trop besoin de vous. Venez.

Sa remarque était peut-être un peu acerbe, mais Ezekiel se détourna néanmoins, laissant échapper un soupir tandis que son jeune compagnon continuait à parle pour finalement se taire.

Alors que le silence s'installait entre eux, une question brûlait dans l'esprit d'Ezekiel : que ferait-il en cas de nouvelle frappe de la foudre ? Cependant, ce que le dragon ne dévoilait pas, c'était que laisser l'arbre se consumer aurait pu avoir des conséquences bien plus dramatiques pour la forêt tout entière. Cet incident, bien qu'issu de la nature elle-même, méritait d'être signalé.

- Je pourrais interférer avec l'orage et le faire cesser, admit-il, Mais il n'est pas de mon ressort de jouer avec la puissance des éléments. Vous n'avez plus qu'à espérer que le temps s'améliore de lui-même.

Les orages, avec leurs nuages s'érigeant verticalement dans le ciel, se formaient souvent en été, lorsque l'air chaud s'élevait sous l'effet d'un rayonnement solaire intense, condensant la vapeur d'eau en gouttelettes chargées d'électricité. Ezekiel aurait pu rappeler cette eau à lui, dispersant ainsi les nuages, mais cela aurait été une manipulation de la nature, une dépense d'énergie énorme et inutile.

Pourtant, alors qu'il se retournait à demi, son expression réprobatrice inchangée, un sourire fugace naquit brièvement sur les lèvres du dragon avant de s'effacer. Le visage presque penaud du "jeune" homme évoquait celui d'un enfant admonesté par son professeur, promettant de ne pas répéter ses erreurs pour mieux les commettre à nouveau dans l'instant suivant.

- Ce n'est rien. Les brûlures sont peu de choses face à l'inhalation de la fumée… Je vais vous ramener chez vous.

Ah, Ezekiel ignorait où résidait le gardien, mais il comptait bien lui faire cracher le morceau.

Les paroles d'Ezekiel ne laissaient guère de place à la discussion. Ce n'était ni une suggestion, ni une demande, mais plutôt une déclaration de fait. Pourtant, alors qu'ils reprirent leur marche et que le silence s’installa sur leur chemin, Ezekiel perçut le malaise de son compagnon de route. Le dragon n'était pas naturellement empathique, et il peinait souvent à se mettre à la place des autres, mais la douleur du gardien était presque palpable. Dans de tels moments, Ezekiel se sentait terriblement inapte à réconforter, si bien qu'il était souvent préférable qu'il se taise.

En silence, Ezekiel s'approcha de son cadet, se positionnant à sa hauteur d'épaule. Il n'était pas un bon réconfort, ni un dispensateur de chaleur nébuleuse. Il n'était qu'un esprit distant, peu soucieux du bien-être individuel. Mais il pouvait au moins offrir sa présence. Ils étaient deux créatures liées intimement à l'environnement qui les entourait.

- Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il maladroitement, sa main se posant sur sa propre poitrine comme s'il cherchait les bon mots pour décrire ce qu’il entendait par là.

Il savait que la réponse serait probablement un simple "Ça va", une réplique laconique destinée à clore la conversation. Ezekiel réfléchit, sentant son embarras grandir. Les histoires de ressentis et de sentiments n'étaient pas son domaine de compétence. Cependant, alors qu'il marchait en fixant le sol, il réfléchit encore, peut-être tentait-il simplement de se racheter, de s'excuser pour sa brutalité précédente. Du moins, il essayait, et c'était ce qui importait, n'est- ce pas?

- À l'intérieur de vous… je veux dire, hm…derrière votre sourire ? Vous n'êtes pas obligé de me répondre, mais je vous sens… triste. Vous l’avez aidé, pourtant cet arbre, il va bien, non ?

Ezekiel hésitait sur ses propres mots, conscient de la difficulté de comprendre ces nuances émotionnelles. Son désintérêt naturel pour de telles subtilités était manifeste, mais quelque part, alors qu'il avançait sans vraiment fixer le regard, il tentait peut-être simplement de le comprendre un minimum. Le passage de mille ans d'existence ne garantissait pas nécessairement une intelligence émotionnelle accrue, comme en témoignait Ezekiel. Une preuve que le temps seul ne suffisait pas à développer une sensibilité profonde aux tourments de l'âme. Ou alors l'avait-il eu et perdu depuis longtemps ? Il ne s'en souvenait plus...
KoalaVolant
Dim 24 Mar 2024 - 9:05
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Vynce Stanford
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Le Nébuleux te rabroue en arrivant à ton niveau. Tu sais que c’est impulsif et relativement inconscient de ta part, voire, suicidaire. Mais tu ne peux t’empêcher de vouloir aider les tiens, surtout quand tu les sens souffrir et qu'ils appellent à l’aide. Ton regard fuit ton interlocuteur, tu baisses la tête, puis fermes les yeux pour te détourner de lui et aller t’occuper de l’arbre pour le soulager de ses souffrances. Le rassurer qu'il n’est pas seul et que les autres résineux sont là pour le soutenir, toi aussi tu es là.

Cependant, tu sais que tu ne peux pas rester plus longtemps. Même si la pluie torrentielle ne te fait pas peur, la foudre, elle, tu n’as pas envie de la croiser comme elle vient de le faire avec ce pauvre arbre. Tu sais que tu es relié à la nature, mais celle de l’île étant plus sauvage, tu gardes tout de même une réserve sur elle. Après tout, un des arbres de cette forêt t’a fait un croche-pied tout à l’heure pour -se moquer- t’avertir d’un danger potentiel en la personne d’Ezekiel. Ce sentiment ne te quitte d’ailleurs pas. Et le savoir dans ton dos ne te rassure pas vraiment. Autre raison pour laquelle tu ne restes pas longtemps en communion avec l’épicéa.

Faisant signe au professeur que c’est bon pour toi après tes remerciements, il te répond d’un haussement d’épaules tout en formalisant ce que tu sais déjà mais nie foncièrement. Toi qui veut sauver tout le monde. Tu souris malgré tout, ricanant même de la véracité des propos du professeur. Tu détournes le regard et reprend la marche.
“Je n’ai pas le droit de mourir… et vous ne diriez pas ça si vous étiez relié à tout un réseau. Les arbres, dans leur silence absolu, peuvent aussi hurler leur souffrance. Mais personne ne les entend, sauf nous, les enfants de la forêt. J’aurais tout fait pour limiter les dégâts sur mes congénères, si ça doit recommencer, vous êtes prévenu, je le referai. Même si vous me pensez inconscient, je sais tout de même faire preuve de prudence.” Assures-tu à ton comparse de chemin.
Rien ne va dans ses propos. Généreux, inconscient, égoïste. Ces trois mots ne vont pas ensemble et c’est pourtant une description presque authentique de ton comportement. Tu le sais pourtant, ça. Mais tu te voiles la face et tu ne veux pas laisser la moindre créature souffrir de quelque façon que ce soit. Tes commissures s’écartent nerveusement et tu soupires entre tes dents. La tête basse comme si tu venais de te faire houspiller tel un enfant ayant volé des bonbons.

Tu songes à ses propos, ils passent en boucle dans ta tête et tu essayes de reprendre contenance. Le feu te terrifie, pourtant tu essayes toujours de le combattre. Pourquoi diable la foudre doit-elle provoquer une combustion chaque fois qu’elle frappe un arbre ? Pourquoi êtes-vous si sensible à cet élément ? Ce sont des questions ridicules en soi. Tu es relativement intelligent pour savoir que c’est une question de matière et de molécules. Chaque élément possède sa force et sa faiblesse. C’est ainsi qu’est régie la nature et ses phénomènes cataclysmiques.

Tu sors de tes pensées quand tu entends de nouveau la voix du professeur. Ton regard passe sur ce dernier tandis que tu marches sur le chemin à ses côtés. Tu l’écoute t’avouer qu'il pourrait agir sur le temps mais ça n’aurait aucun intérêt. Et te concernant, ce n’est pas ce que tu veux. Il a raison, il ne faut pas jouer avec la puissance des éléments et bien qu'il existe des créatures capables de faire la pluie et le beau temps, elles n’en n’abusent pas et laissent les choses s’écouler comme elles doivent se faire.
“Sauf si votre existence est déterminée pour jouer un rôle sur les phénomènes naturels, vous avez raison de ne pas interférer avec le cycle des éléments. Je ne vous demanderai pas de faire cesser la pluie, ni l’orage, parce-que ça fait partie de l’ordre des choses. Tout comme les ouragans ou les tsunamis, hélas, ça fait partie de la vie et des changements de la Terre. Vous avez raison, je devrais éviter d’agir impulsivement.”

Même si parfois le temps est en notre défaveur et qu’il blesse mes congénères plus que de raison, je dois me faire à cette évidence que je ne peux pas non plus intervenir sur tous les arbres s’ils venaient à se prendre la foudre. Seulement nous sommes sur une île et la forêt a beau être dense, elle n’est pas immense. Souvent, ma Mère me manque, mais je ne peux la rejoindre. Alors je fais de mon mieux pour protéger celle-ci et lui éviter de grosses catastrophes. Aidant également le garde forestier dans cette quête. Je sais bien que la nature est ainsi faite et que même la flore possède son tri sélectif. Les faibles tombent, les forts restent. Et parfois il faut faire un peu de ménage et laisser la faune faire son œuvre. C’est tout un travail de cohésion et d’osmose entre les différentes espèces et les éléments.

C’est marrant, Ezekiel semble s’inquiéter pour moi. Inhaler du dioxyde de carbone n’est pas aussi grave que brûler vif. Comme certaines plantes je suis capable de drainer le monoxyde de carbone et le transformer en oxygène comme on effectue une photosynthèse. J’ai beau avoir un corps organique de visu, ce n’est pas exa le cas. Mais je préfère ne rien dire à ce sujet. Laissant Ezekiel continuer sur ses explications et ses mises en garde. Je n’ignore pas ses propos ceci-dit, je me contente de les assimiler. Mon regard se pose de nouveau sur lui, mon sourire se faisant plus que franc.

“C’est ici chez moi. La forêt est ma maison.”
Ce n’est pas totalement vrai. J’ai bien une maison, ou un abri, appelez ça comme vous voudrez, pour y mettre toutes mes affaires de rechange et accueillir Opale ou quelques habitants de l’île qui me connaissent bien. Mais au vu de la mise en garde de la forêt et mon instinct qui me pousse à me méfier du nébuleux à mes côtés, je n’ai pas tellement envie de lui révéler sa position. Quand bien même en nous rendant en ville nous allons forcément passer devant. Un petit boui-boui à l’orée de la forêt, plein de végétation et de plantes en tout genre, ça ne passe pas forcément inaperçu, à part si l’on pense à une maison abandonnée. C’est tout de même gentil de sa part de se préoccuper de moi. Je ricane malgré moi.

“Je vous charrie un peu, j’ai bien une habitation mais je n’y suis jamais. Si je dois me ressourcer ce sera ici, donc ne vous en faites pas pour moi.”
Et pour le coup, tu ne lui mens pas. Tu n’es dans cette maison que pour te changer en grande majeure partie, le reste du temps tu es dehors et tu dors dans le vieux chêne pour reprendre ton énergie.

Ça n’empêche qu’après un petit silence durant votre marche, Ezekiel semble réellement soucieux de ton état. Tu fais pourtant abstraction de ta propre douleur intérieure pour te concentrer sur autre chose et émettant naturellement ce masque de sourires pour rassurer ton entourage. Il se rapproche de toi, collant presque son épaule à la tienne. Le fait qu'il te demande si tu vas bien te fait river ton regard azuréen sur lui. Interloqué par l’hésitation dans sa voix. Si tout à l’heure il semblait confiant et ferme, c’est un ton bien différent que tu perçois. Comme s'il ne savait pas comment s’y prendre.

Tu trouves ça mignon. Voir une telle créature, aussi magistrale et ancienne que lui, être tout penaud. Tu sais que s’il te demande comment tu te sens c’est parce-qu'il a dû percevoir la douleur qu'il t’arrive de ressentir. Ton bras droit vient tenir le gauche, tes doigts se resserrent sur celui-ci duquel tu relèves ton poing, observant les nervures de l’écorce sombre légèrement meurtrie par les flammes que tu as tenté d’étouffer en faisant pousser tes doigts et de nouvelles ramures pour atteindre le foyer.

“Je suppose que si je n’avais pas durcit un peu plus mon écorce et sans votre intervention c’aurait pu être plus grave que ça. J’ai connu pire… Une bonne nuit de repos et ça ira mieux. J’ai l’avantage d’être tout de même plus résistant qu’un Ephémère.”
Tu lui souris tendrement et baisses ta main gauche. L’autre tenant toujours ton bras. Tu fermes les yeux en levant la tête vers le ciel pour laisser l’eau couler sur ton derme. Absorbant le plus possible les gouttes de vie qui te font le plus grand bien.

Pourtant ton regard croise de nouveau celui d’Ezekiel. Il semble t’avoir percé à jour quant à tes nombreux visages souriants. Enfin, tu as beau être jovial par moment, il se dégage toujours de toi une certaine mélancolie. Mais de là à révéler à un inconnu ce que tu ressens dans le fond, c’est assez délicat. Tu ricanes un peu, il pense que tu es triste pour cet arbre, or, ce n’est pas ça. Tu es rassuré et contente qu'il s’en soit sorti, au contraire.
“Bien sûr que je l’ai aidé et qu'il ira mieux. Il n’a pas complètement été consumé par le feu et ses comparses voisins sont là pour le soutenir et l’aider à aller mieux. Je ne suis pas triste pour autant. Peut-être un peu soucieux, mais ça n’a aucun rapport avec l’épicéa.”
Tu t’arrêtes à l’orée de la forêt. Te tournant vers une bâtisse recouverte de végétation organisée dont un Pterocarpus Officinalis semble avoir clairement poussé contre et sur le toit de la maisonnette, encerclant de ses longues et larges racines une partie de la maison. Comme si la nature avait pris possession de cet endroit que tout le monde pense à l’abandon. Pourtant, la maison comme la nature semble être en totale harmonie. Comme s’il y avait un respect mutuel entre la bâtisse et la nature autour. La maison ne fait montre d’aucune dégradation ou de sinistre. C’est ton petit chez toi et tu t’y sens bien. Vous avez tout de même pas mal marché pour sortir de la forêt. À force de parler, c’est arrivé vite.
“On y est… mon petit chez moi, venez vous mettre à l’abri de la foudre. Une boisson chaude ça vous tente ?”
Tu l’invites d’un geste de la main à entrer dans le petit jardin, assez touffu mais tout de même entretenu et propre avec diverses plantes très variées dont certaines ne sont pas communes à l’île. Espérant que le professeur accepte ton invitation.
@"Ezekiel Oldenbourg"
“”


Dim 24 Mar 2024 - 23:34
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Ezekiel Oldenbourg
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If you only face forward


Dans les replis intimes de son être, Ezekiel fulminait, mais la tempête qui s'y déchaînait ne parvenait guère à ébranler sa sérénité. Peut-être était-il touché par la fusion harmonieuse avec la nature, une connexion si délicate qui lui insufflait le désir ardent que son interlocuteur saisisse pleinement les méandres de ses fautes... Cependant, il se résignait à ne pas s'aventurer dans les abysses de cette compréhension.

Et c'était précisément ce qu'évoquait, avec une bienveillance presque agaçante, le gardien. En effet, comment pouvait-il alors se permettre de lui adresser des reproches à peine trente minutes après leur rencontre ? Il ne savait rien de lui.

Néanmoins, malgré cette perplexité, Monsieur Stanford ne lui tint nullement rigueur, adoptant plutôt l'attitude d'un enfant surpris en flagrant délit.

Un regard empreint de scepticisme fut alors lancé par le gardien, bien qu'il assurât agir avec circonspection, laissant échapper un soupir teinté d'ironie et d’un simple :

- Huum. Qui en disait long sur ce qu’il en pensait précisément.

Si un terme devait le définir, ce serait assurément pas celui de précaution. Mais bien de la sottise ! Pourtant, Ezekiel se risquait à quelques suppositions précipitées concernant ce personnage.

Malgré tout, il trouvait un certain amusement à observer le gardien, la tête inclinée, évoquant fugacement l'image de sa propre fille lorsqu'elle était réprimandée, luttant lui-même pour réprimer un rire intérieur.

Mais au moins, un point, ils semblaient converger : il était inconcevable et déplacé, même pour des êtres dotés d'une puissance incommensurable, de chercher à dominer les éléments. Ezekiel avait suivi cette voie dans sa jeunesse, plus ambitieux, plus égaré... et il en avait payé le prix fort. Les enseignements de la vie étaient souvent implacables, mais la nature ne tolère aucune indulgence. Jouer ainsi avec les marées et les éclairs, c'était risquer de provoquer l'orage tant redouté, avant même d'avoir dissipé les nuages.

- Si un tsunami venait à déferler ici, je m'assurerais qu'il ne s'abatte pas sur l'île , souffla t-il simplement.

Dans les méandres de la connaissance, chaque esprit était le gardien d'un savoir-faire unique. Ainsi, Ezekiel répliqua avec une spontanéité qui tranchait avec les certitudes quant à sa capacité à déjouer une telle catastrophe. Quelques ajustements encore pour orner son existence... mais il préféra laisser le temps à l'horloge de la destinée. Il ne souhaitait plus de vies humaines sacrifiées par son manque de controle et le destin précipité des nébuleux le touchait d'un sentiment qu'il gardait jalousement tapi dans les replis de son cœur.

Il se sentait également investi du devoir de démêler les mystères de la matriarche. Une quête qui prendrait une teinte personnelle. D'ailleurs, la matriarche... l'avait-elle convié ici dans l'espoir qu'il puisse prévenir ces tragédies ? Mais rien n'assurait qu'il ne deviendrait pas l'instrument de sa propre chute, plutôt que le gardien de sa cause. Les intentions de la matriarche demeuraient un énigmatique labyrinthe.

Particulièrement lorsque l'on prenait en considération les véritables motivations du dragon ici...

Lorsque Ezekiel exprima quelques inquiétudes similaires, presque comme un sermon sans réplique de la part de son interlocuteur, ce dernier lui offrit simplement un sourire, annonçant qu'ils avaient atteint son havre. Ezekiel le scruta un moment, réprimant un soupir.

Mais... le faisait-il exprès? Quelle idiot ! Plutôt que de se lamenter une fois de plus, le dragon décida de badiner. D'un geste délicat, il manipula quelques gouttes de pluie dans sa paume qui s’agita en son creux, puis ouvrit sa main en direction de Monsieur Stanford, projetant l'eau vers le visage de cet insouciant nébuleux pour l'éclabousser, avant de refermer ses doigts avec un air de dédain.

- Oh ? Et où donc cachez-vous vos habits de rechange sous cette pluie battante ? Dans une caverne ? Ce ne serait guère surprenant venant de vous…

Un bref instant, Ezekiel le vit presque tel un homme de cro-magnon… ou un sage évolué, mal compris et exclus en marge de la société.

Sur cette boutade, Monsieur Stanford confia posséder une véritable maison malgré tout. Une résidence qui, tout comme la sienne, servait de refuge. Ezekiel comprit alors que son interlocuteur trouvait son réconfort dans les bois, tel un ermite solitaire, mais dans les circonstances actuelles... cela semblait peu probable.

- Eh bien, je ferai une entorse à la règle pour vous. Les éléments ne sont guère cléments pour un repos en plein air aujourd'hui , déclama-t-il d'un ton sans appel. Pourtant, une fois qu'il l'aurait installé chez lui, cela ne serait plus de son ressort.

Cependant, il ressentit l'impératif de sonder l’état du plus jeune. Un domaine délicat, inconnu, qui l'enveloppait de perplexité. Pourtant, il hésitait à se plonger dans ces eaux profondes. Ses mots étaient voilés, flou. Il connaissait déjà l'état de son physique, il suffisait de l'observer. C'était plutôt une teinte d'émotion qui transparaissait... une légère tristesse, peut-être. Peut-être n'était-ce qu'une illusion fugace. Son empathie envers autrui vacillait, tel un phare dans la brume.

Monsieur Stanford sourit, un sourire empreint de sincérité tout en essayant de rassurer le plus agé... mais en prenant soin de ne pas en dévoiler d'avantage. Le dragon n'insista pas, ses yeux azur se posant discrètement sur le jeune nébuleux qui avait relevé la tête pour accueillir la pluie ruisselant sur son visage. Leurs regards se croisèrent, et Ezekiel le soutint sans se détourner.

Mais le dragon se trompait quant à l'origine de cette tristesse ressentie. L'arbre survivrait, le feu n'avait pas achevé son œuvre. Il garda le silence. Finalement, ils se dirigèrent vers une bâtisse à l'orée des bois. D'apparence abandonnée, elle semblait avoir plié devant la nature. Ezekiel comprit rapidement que le nébuleux y avait établi sa demeure. Cela semblait juste. Une harmonie parfaite entre la maison et l'arbre qui l'entourait, une petite construction qui semblait avoir été sculptée par les doigts de la nature elle-même.

- La proposition est des plus aimables, mais je ne vais pas m'imposer.

Une manière polie de refuser, donc. Il aurait pu entrer et en apprendre davantage sur cette créature de la nature, mais... il avait déjà obtenu des informations assez intéressantes pour aujourd'hui. Monsieur Stanford était protégé par la forêt et il valait mieux ne pas y toucher pour le moment. Il manquait cruellement de prudence. Il savait où se trouvait sa maison. Et qu'il y était rarement.

Il leva les yeux vers le ciel. La pluie s'était intensifiée mais l'orage semblait s'éloigner. Il était temps pour lui de prendre congé. Il préférait garder ses distances et conserver son mystère... engager une discussion prolongée était tout ce qu'il devait éviter pour qu'on ne cherche pas à trop en savoir sur lui. Il s'était déjà lancé dans ce jeu-là avec Opale et il devait limiter autant que possible les curieux.

- Pas d'imprudence, c'est tout ce qui me ferait plaisir en guise de remerciement de votre part.

Ezekiel s'était déjà détourné, montrant ainsi qu'il ne reviendrait pas sur sa décision, croisant ses mains dans son dos, alors que dans l'obscurité, ses cornes ainsi que ses yeux éclairaient faiblement l'orée des bois tandis qu'il reprenait le chemin de sa maison.

- Si jamais vous venez à me sauver la vie, peut-être alors accepterais-je de considérer une invitation.

C'était la seule raison qui l'avait poussé à accepter de revoir Opale. Il n'était qu'une entité sans attache, n'ayant aucune raison de se mêler aux créatures ordinaires. Sans ajouter un mot de plus, il laissa là la créature.


KoalaVolant
Mar 26 Mar 2024 - 22:03
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Vynce Stanford
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Le nébuleux rassembla l’eau qui tombait entre ses doigts en une petite boule d’eau. Tu dirigeais ton regard dans la direction de sa main lorsque, tu te pris une gerbe d’eau en plein visage, sursautant sous la surprise du geste. Nerveusement, tu te mis à ricaner quand il te demanda où se trouvaient tes affaires sous cette pluie battante. Évidemment, tu répondis que tu le taquinait. Justifiant ainsi le fait que tes changes soient au chaud dans une maison et bien au sec. T’imaginer quelques secondes vivre dans une caverne te fait doucement sourire. Ça ne serait pas impossible non plus, mais non, si tu dois te terrer quelque part ce serait dans un vieil arbre ou sous des racines solides.

Tu pourrais très bien créer un parapluie en faisant pousser une fleur avec de larges pétales, mais tu préfères largement profiter de la pluie et être trempé de la tête aux pieds pour te revigorer pleinement. Tu n’attraperas pas froid de toute façon. Puis tu n’as pas spécialement envie qu'il se fatigue à utiliser son pouvoir pour chasser l’orage ou même la pluie. Tu aimes les deux éléments même si tu crains un peu la foudre, en contraste tu en es totalement fasciné. Tu trouves les éclairs sublimes quand ils traversent le ciel.

Mais voilà que la tournure des choses est relativement gênante pour toi. Quand bien même tu essayes de le rassurer et lui dire que tu n’es pas triste pour l’arbre, tu ne sais pas vraiment comment détourner le sujet alors tu ne dis rien, spécifiant simplement que ta tristesse n’a rien à voir avec l’épicéa que vous avez sauvé. Invitant ensuite ton homologue à venir boire quelque chose de chaud quand vous arrivez devant la bâtisse recouverte de verdure et entourée de plantes et de fleurs en tout genre. Comme si l’endroit était abandonné et restait entretenu à la fois. Le fait qu'il refuse poliment ton invitation en ne voulant pas s’imposer te fait doucement rire. Tu poses ton poing contre tes lèvres. Trouvant ça relativement mignon de sa part. Ton regard se glisse dans sa direction pour capter ses orbes et tu baisses la main.
“Si je vous invite, c’est au contraire tout l’inverse de vous imposer à moi. Mais je respecte votre choix…”
Tu ne vas ni insister, ni le forcer à entrer. Peut-être justement est-ce l’allure de la bâtisse qui ne donne pas envie d’y mettre les pieds. Ce n’est pas plus mal finalement. Mais tu aurais aimé poser plus de questions à ton interlocuteur et en savoir un peu plus sur lui. Est-ce qu'il craindrait que tu le drogues ? Tu n’en sais rien. Cependant, Ezekiel sembla te demander de faire attention à toi, chose que tu ne peux promettre, étant donné que tu arrives toujours à te fourrer dans des situations périlleuses et complexes. Tu te contentes de fermer les yeux en baissant lentement là. Un léger soupir expiré lorsque tes commissures s’étirent.
“Je ferais attention…”
Tu le regardes s’éloigner les mains dans le dos, une allure relativement charismatique et une aura très mystérieuse planant autour de lui. D’autant que ses mots te font froncer les sourcils. Lui sauver la vie ? Tu en viens à te questionner encore plus sur ce personnage étrange. Mais tu ne comptes pas non plus tenter de provoquer des accidents pour essayer de lui sauver la vie. Tu ne comprends pas vraiment le rapport avec ton invitation mais tu as quelques suppositions à son sujet. Ton regard le toise alors qu'il te distance de plus en plus, son attitude, son calme, sa silhouette… tout en toi te fait dire que les années l’ont forgé et rendu probablement méfiant ou distant. Et ta première impression, malgré les efforts que tu as fait pour ne pas paraître désobligeant avec lui, allant même jusqu'à l’inviter chez toi pour boire une boisson chaude, reste ancrée en toi et ne te quitte pas. C’est un prédateur dangereux mais avisé et réfléchi.

Quand bien même il disparaît de ta vue en continuant son chemin jusqu'à la ville, tu restes un instant coït à observer devant toi, tout un tas de choses se bousculant dans ta tête. Tu repars au coeur de la forêt sans même entrer chez toi. De ce besoin d’en savoir plus sur cette créature qui t’intrigue. La nature est observatrice, si elle te lance des alertes ce n’est pas pour rien. Par la même occasion, tu t’assures que l’orage se calme et ne fasse pas plus de dégâts pour aller te poser au calme. Tu finiras bien par en savoir plus sur Ezekiel, quitte à devoir encore jouer les gladiateurs avec la nature de l’île pour obtenir des infos sur le Nébuleux.

@"Ezekiel Oldenbourg"
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Mer 27 Mar 2024 - 20:32
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