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L'heure des présentations | ft. Opale [Terminé] :: Archives :: Bibliothèque des anciens RP :: Présent
Gerhard Speckmann
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Gerhard Speckmann
            Le voyage en bateau avait été un calvaire. Gerhard avait découvert, à ses dépens, qu’il avait le mal de mer, et avait passé les premiers jours à rendre le maigre contenu de son estomac, sous l’œil amorphe de la personne qui l’avait embarqué. La mer n’était pas tendre avec lui, comme pour le dissuader de retenter l’expérience, et dans ses moments les plus critiques il considéra même l’idée de se laisser avaler par les flots.


La raison l’avait emporté, heureusement, et la fin du voyage avait été moins mouvementée que le début. Le capitaine de cette coquille de noix – quoiqu’il n’aurait jamais osé le dire devant lui – était quelqu’un d’un stoïcisme qui forçait l’admiration, duquel Gerhard ne put tirer un seul mot. Il avait cessé de tenter d’entamer la conversation au bout de la cinquième tentative, et le mutisme de toute l’embarcation l’avait forcé à remettre un peu d’ordre dans ses pensées et surtout, dans ses plans.




Il avait donc un objectif clair en arrivant à Nitescence – retrouver son père – et des étapes, détaillées une par une dans un carnet qu’il avait emporté dans sa valise. Quelqu’un devait diriger cet endroit, ou bien il montrerait la photo floue qu’il avait conservé à n’importe qui qui lui passerait sous la main. Ce n’était certes pas un plan très élaboré, mais Gerhard n’avait jamais prétendu être particulièrement malin.


Un fait d’autant plus évident quand on vint le chercher au port où ils avaient amarré, lui laissant à peine le temps de se saisir de sa valise et de son manteau. Il aurait dû s’en douter, qu’on ne le laisserait pas libre de ses faits et gestes, mais il s’était tout de même attendu à un meilleur accueil que celui qui lui était réservé.


Gerhard accusait encore du mal de mer lorsqu’on le colla devant moults formulaires, questionnaires, et tout autre forme de papier administratif qu’il lui fallait remplir fissa. Sa tête le lançait, il avait l’impression que l’océan s’était invité dans ses oreilles, le sel de mer collait à sa peau et il rêvait d’une douche bien chaude ; et malgré tout ça, il lui fallut écrire.


En anglais. Il commençait à croire que cette île voulait sa peau, et il n’y était pas depuis plus de dix minutes.




Avec l’application d’un étudiant en fin de partiel, Gerhard répondit à toutes les questions qui lui étaient posées ; prenant bien garde à ne pas dévisager ouvertement la personne qui le surveillait, et ses… attributs qui trahissaient ses origines nébuleuses. Cessant d’écrire un instant, il dut inspirer pour calmer son cœur palpitant. Ce n’était plus l’Union Fédérale Centrale, ici. Plus de Nébuleux timoré qui baissait les yeux pour ne pas être embêté, plus d’injures lancées à la volée contre quelqu’un qui n’avait jamais rien demandé. Un tout autre monde s’ouvrait à lui, celui de Nitescence, et la pensée lui donnait un tel tournis qu’il crut tourner de l’œil. Arriverait-il à s’adapter ici ? A passer outre les différences entre l’endroit où il avait été élevé, et celui où il allait vivre ?


Mais l’autre solution, c’était de repartir la queue entre les jambes, et de cela il n’en était pas question. Quoiqu’il doute qu’on le laisse s’en aller ainsi la bouche en cœur. Il savait à peu près où se trouvait cette île décrite dans la lettre de son père comme un paradis pour Nébuleux et Humains.


Il n’avait pas le choix. Ce serait s’adapter ou crever.




La Nébuleuse jeta à peine un coup d’œil aux papiers qu’il lui rendit et lui fit signe de l’accompagner. Pour la deuxième fois de la journée, Gerhard saisit valise et manteau à la volée et manqua de s’emmêler les pieds en tentant de suivre le rythme.


C’était un charmant village qui s’offrait à ses yeux, dans lequel couraient adultes et enfants bien différents. Il n’avait jamais vu autant de Nébuleux et d’Humains au même endroit, qui plus est en paix. Un amalgame de langues, certaines dont il ne reconnaissait même pas les tonalités, rebondissait entre les bâtiments en pierre, lui donnant l’impression d’un gigantesque marché à ciel ouvert. Etait-ce le même monde que celui qu’il venait de quitter ? Il n’avait jamais connu une telle détente, un tel sentiment de paix. L’Europe se mangeait le museau depuis bien avant sa naissance. Qu’on puisse oublier la guerre à ce point le laissait pantois.


Son passage attira quelques regards, qu’il ignora non sans mal. Gerhard avait l’envie, stupide, de relever le col de sa chemise pour esquiver les coups d’œil inquisiteurs que les habitants lançaient dans sa direction. Son cerveau ne cessait de lui hurler qu’il était un intru dans ses terres. Mais que pouvait-il y faire ? S’adapter ou crever, se répéta-t-il. Ce n’étaient pas quelques inconnus insistants qui le feraient abandonner sa quête. Pas le premier jour, du moins.




Ils s’éloignèrent de ce que Gerhard déduisit comme étant les quartiers principaux, jusqu’à une bicoque restée à l’écart du village. Le vent lui fouettait les joues : les falaises escarpées, qu’il avait aperçu depuis le bateau, ne devaient pas être loin, un environnement qu’il n’avait jamais connu et qu’il lui tardait d’explorer, si seulement il y était autorisé.


- Vous résiderez ici désormais, lui dit la Nébuleuse en croisant à peine son regard. Nous vous informerons bientôt de votre devenir.


Puis, comme une menace, elle ajouta :

- Bienvenue à Nitescence.


Gerhard lui fit un signe de main, trop tard, pour la saluer : elle était déjà partie, le laissant seul devant cette maison isolée.


Ce n’était pas une bicoque, se corrigea-t-il, mais davantage un petit manoir. Il n’en avait vu que dans les riches quartiers de Aix-la-Chapelle, et il devait bien avouer qu’ils étaient bien plus reluisants que cette maison qui avait visiblement connu de meilleurs jours. Mais aussi de pires, nota-t-il, constatant ici et là les traces de peinture fraîche, le bois rajeuni, la végétation qui l’entourait. C’était visiblement la demeure de quelqu’un, et cette personne en prenait grand soin. Gerhard distinguait un passage qui paraissait mener plus bas – sûrement la mer, au vu du bruit des vagues qui frappaient en contrebas – et il hésita. Devait-il s’inviter, toquer ? Sa curiosité lui hurlait d’explorer cet environnement sauvage, mais la politesse l’enjoignait à se présenter d’abord à celui ou celle qui serait son colocataire.


S’approchant à petits pas, passant sa valise d’une main à l’autre pour soulag
er son épaule, Gerhard posa sa paume sur la porte et inspira profondément. Il pouvait le faire. Il pouvait toquer, s’annoncer, se présenter. A quel point était-ce compliqué ?

- Allez, du nerf, se murmura-t-il, et il leva le poing.

Jeu 8 Fév 2024 - 19:36
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Opale Caladrius
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Opale Caladrius

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Feat Gerhard



Matinée fraîche et brise salée contre les carreaux de sa chambre. Opale, vêtu d’une simple chemise blanche serrée sur sa taille maigrelette et d’un pantalon noir arpentait dans les couloirs en dansant légèrement. Il aimait bien sentir ses pieds nus sur le tapis qui couvrait toute la longueur du corridor, ses mains glissait le long des murs, des objets. Chaque texture cherchait à s’imprimer sur son épiderme, se rangeant dans les minuscules tiroirs de sa mémoire.

Des années et pourtant, il commençait seulement à se familiariser totalement avec l’endroit. C’était bien le seul qu’il parvenait à courir avec aisance. Les yeux fermés, il s’entraînait le matin à marcher comme un spectre dans toute la maison, histoire d’en connaître les chaque recoins. Il fredonnait, vague sourire aux lèvres, ses boucles blanches tombaient le long de sa nuque, suivant le mouvement de sa marche.

Il finit par rouvrir les paupières pour rouvrir quelques rideaux et faire rentrer des rayons de lumière froide. Il se secoua en frissonnant avant de se décider à remplir sa tasse de café et sortir sur son balcon. Le ciel était magnifique, la journée s’annonçait belle, bien que froide. Il avait pourtant la sensation d’oublier quelque chose de LEGEREMENT important. Bah. Qu’est-ce qui pourrait bien le perturber ? L’île avait au moins l’avantage d’être une constante bien peu invariable.

Opale reposa sa tasse et monta la petite échelle extérieure qui le menait à une seconde partie du toit. Il passa la petite porte de sa verrière jusque dans sa serre dissimulée aux yeux indiscrets, emplies de plantes en tout genre. Des espèces locales mais aussi plus exotiques. Médicinales et luxuriantes, elles étaient l’un de ses outils de travail les plus précieux et il les chérissait, parfois plus que ses clients. Il enfila de larges gants en cuir et des lunettes avant de commencer à réarranger quelques pots, attrapant délicatement sa superbe Digitalis purpurea, ou digitale pourpre pour l’observer à la lumière. 
Il poursuivit ainsi un moment, caressé par quelques rayons, des gouttelettes glissaient le long des carreaux colorés. Dans le calme parfait, tout était bercé seulement par les vagues qui s’écrasaient contre la crique en contrebas. 

Une mixture bouillonnait dans des bocaux en verre soufflé lorsque l’on toqua à la porte. Opale cru mal entendre et tendit l’oreille, soulevant sa paire de lunettes sur son front. Empressé, il faillit se prendre les pieds dans un pot, le faisant rouler dans un fracas.
 
-Ah-AH j’aaarrive ! Entrez entrez ! 

S’exclama-t-il en ouvrant une petite fenêtre, laissant s’échapper de la vapeur et des senteurs fleuries. Il ne voyait rien d’ici… Opale se dépêcha de redescendre, se hâtant jusqu’au hall d’entrée du petit manoir ou attendait un… Homme.

-Bonjour ?

Interrogea t-il en descendant les marches plus prudemment, essayant de réarranger ses cheveux et sa chemise débraillée. Au moment de tendre la main, il se rendit compte qu’il avait toujours les épais gants et sentit le pourpre lui chauffer les tempes. Un sourire maladroit et il planta ses yeux pâles dans ceux de l’inconnu.
Il lui semblait soudainement que cette chose importante qu’il avait décidé d’oublier venait de se présenter à lui d’elle-même. 


notes
Jeu 8 Fév 2024 - 22:45
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Gerhard Speckmann
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Gerhard Speckmann
          Il avait toqué avec une vigueur qui l'avait étonné lui-même, son courage ayant inculqué quelque détermination sans doute excessive dans son geste — et avait immédiatement entendu le bruit de quelque chose se cassant la figure dans les confonds du manoir. Sa déduction première avait donc été la bonne, cet endroit était habité, et selon toute vraisemblance son arrivée avait surpris l'occupant des lieux. 
- Ah-AH j’aaarrive ! Entrez entrez ! 


Gerhard sursauta d'abord au son de cette voix paniquée, puis prit peur en voyant de la fumée s'échapper d'une petite fenêtre qui avait précédemment été fermée. L'adrénaline battit à ses tempes : dans son monde, fumée signifiait incendie, et il était fort aisé pour le feu de se propager de maison en maison et de réduire tout un quartier à l'état de cendres.

Ce n'était plus son monde, cependant, c'était Nitescence : la fumée apportait avec elle une senteur fleurie, et qui évoquait une campagne qu'il n'avait jamais connu. Gerhard était enfant des villes avant tout — était enfant d'un appartement, vraiment, celui dans lequel sa mère l'avait élevé. De plus, songea-t-il non sans ironie en chassant ces vieux souvenirs, ce n'était pas comme si un départ de feu ici menacerait le village isolé en contrebas.

Décidant de ne pas froisser son hôte en contrevenant à ses ordres, Gerhard se saisit de la poignée et la tourna. Il fronça les sourcils quand la porte s'ouvrit sans difficulté. Il avait la paranoïa de sa mère, à moins que ce ne soit simplement le bon sens de la ville : laisser sa porte ouverte n'était qu'une invitation à se faire cambrioler le soir venu.

Non. Il devait se faire à l'idée une bonne fois pour toutes. Ce n'était pas Aix-la-Chapelle, c'était Nitescence. Havre de paix, d'après ce père qu'il n'avait jamais connu. Il n'aimait pas confier sa vie aux mains d'un inconnu, encore plus un qu'il n'avait jamais rencontré, mais s'il voulait vivre ici Gerhard devrait s'accoutumer aux habitudes étranges de ce lieu ; même une aussi incongrue que ne pas fermer sa porte à clé.


Le hall du manoir était aussi poussiéreux que son état extérieur le laissait penser. Pour autant Gerhard ne crut pas un seul instant que la demeure était abandonnée, et ce n'était pas grâce aux commotions qu'il entendait à l'étage. Il y avait un certain je-ne-sais-quoi dans cette maison, une certaine chaleur humaine - nébuleuse ? - qui le mettait tout de suite à l'aise. Il n'allait pas commencer à faire virevolter manteau et chaussures - il restait poli, après tout ; de plus il n'était pas certain de vouloir marcher pieds nus sur ce parquet aux lattes quelques peu... poussiéreuses - néanmoins Gerhard s'autorisa à poser sa valise. C'est que cela commençait à faire lourd, mine de rien.

L'escalier grinça sous les pas de quelqu'un qui le dévalait audiblement en trombe. Il était trop tard pour réajuster le col de sa chemise, réalisa-t-il dans un éclair de panique, mais pas assez pour ne pas se redresser. Il s'éleva de tout son mètre quatre-vingt-douze, s'efforçant de maintenir le port de tête haut et digne comme sa mère le lui avait appris, et darda son regard sur l'homme qui venait d'apparaître en haut des marches.


- Bonjour ?

Son propre salut resta bloqué dans sa gorge ; car la personne qui se trouvait devant lui n'était assurément pas humaine, et si c'était une chose que d'en voir, c'était une autre que d'interagir aussi directement avec un Nébuleux.

C'était un homme, de cela il en était certain. Peut-être que cette espèce de Nébuleux avait une notion différente du genre ? lui souffla son cerveau. Non, peu importe, balaya-t-il dans la même seconde, pour l'instant ce serait un homme, il se poserait des questions existentielles plus tard. L'homme n'avait pas sa même retenue et réajustait ses vêtements froissés par son empressement, se passait une main dans des cheveux que Gerhard peinait à croire naturellement blancs. Albinos ? Ou bien un trait de son espèce ? Il regrettait soudainement de ne pas s'être davantage renseigné sur les Nébuleux durant ses études, voire même au-delà, mais la faute était commise, rien ne servait de s'apitoyer sur son sort.

Ayant fini de descendre les marches, plus prudent maintenant qu'il avait vu que rien n'urgeait, la personne lui tendait une main couverte d'un gant. Agoraphobe ? Encore un trait de son espèce ? Gerhard pesta intérieurement : son cerveau jouait contre lui et sans ça pour le guider, il se sentait aussi idiot qu'un poisson rouge. Les poissons rouges étaient-ils idiots ?

Silence, supplia-t-il. Les premières impressions... Que disait sa mère, déjà ? Les bonnes impressions étaient toujours les premières. Non, l'inverse. Peu importe. Il devait faire quelque chose. Il dévisageait le bonhomme depuis trop longtemps sans rien dire - une dizaine de secondes, c'était encore dans les frontières du poli, mais bientôt cela ne le serait plus - il ne pouvait pas se permettre de rester les bras figurativement croisés en attendant que le destin ne jette ses dés.

- Garherd Speckmann, se présenta-t-il en empoignant la main qui lui était présentée, et il souhaita immédiatement que le sol ne s'ouvre et ne l'engloutisse. Euh, non, Gerhard. Gerhard.

Il fit une grimace en entendant son propre accent, puis tenta de métamorphoser son visage en un masque de neutralité. Qu'allait penser l'autre ? Qu'il grimaçait à sa vue, à son toucher ? Dieu en soit témoin, mais il n'avait pas appris à sociabiliser, et s'il n'aimait pas tant sa mère il l'aurait sans doute maudite pour son éducation quelque peu... isolatrice.

Il se rendit compte qu'il toisait l'autre depuis le bout de son nez et baissa immédiatement le menton. Sa taille était son plus grand désavantage. Tant pis pour la bonne posture, la politesse avant tout. Il se plaindrait plus tard de son mal de dos - sûrement à sa valise, puisqu'il ne connaissait personne ici qui veuille bien écouter ses soucis.

- Donc..., dit-il en serrant une nouvelle fois la main de l'autre. Ses doigts étaient crispés autour. Il n'était pas certain d'être physiquement capable de s'en départir.
Son cerveau passa en revue toutes les questions à poser à quelqu'un que l'on venait de rencontrer, et ne lui revint qu'avec du vide. Gerhard se racla la gorge pour économiser trois secondes. Ses yeux explorèrent le visage de l'homme en face de lui avec l'énergie du désespoir. Est-ce qu'il souriait ? Il avait l'impression qu'il souriait. 

Il s'arrêta de sourire, par mesure de précaution.

- Et vous êtes... ? demanda-t-il finalement, avec grande prudence.
Non, il n'obtiendrait rien de bon de lui-même. "Et vous êtes...?", se permettait-il de demander au maître des lieux. Roulant des épaules pour tenter d'en chasser la tension qui s'y était installée, il ferma les yeux et inspira profondément. Il ne pouvait pas reprendre ses mots, hélas. A partir de maintenant, c'était quitte ou double — et la balle, songea-t-il non sans un certain désespoir, n'était plus dans son camp.
Ven 9 Fév 2024 - 0:03
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Opale Caladrius
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Feat Gerhard



Il ne s’agissait pas de la gêne palpable de l’inconnu qui esquissait ce sourire en coin sur le visage du Caladre. Ni même la petite incartade des lettres de son prénom qu’il prit soin de répéter plusieurs fois dans son esprit. Non, c’était bien son regard. Il ne le voyait pas exactement, mais il le sentait planer sur lui. Pesant ses cheveux, sa peau, son visage, ses mains gantées par maladresse. Les mots semblèrent se confondre dans la bouche du pauvre homme qui avait empoignée ses doigts d’un geste nerveux. 
Opale leva la tête en tentant de distinguer ses traits à son tour, observant avec intensité les quelques mèches noires qui se peignaient sur ce visage flou. Il ne se défaisait pas de son sourire car il sentait que s’il le quittait, même dans l’instant d’un flottement, le monde s’effondrerait autour de Gerhard. Et il n’arrivait pas à lâcher sa main.

Tout cela n’avait durer que quelques secondes, mais un ange était passé et Opale avait mis trop de temps à répondre, plus intrigué par cette apparition soudaine que réellement troublé. Il fouillait dans les tiroirs de sa tête où est-ce qu’il avait bien pu ranger ce souvenir. L’oiseau centenaire avait tendance à délaisser des priorités pour les siennes, comme des lettres abandonnées sur un écritoire. La main de l’étranger dans sa crispation le sortit de ses pensées.

-Enchanté Gerhard, je suis Opale. Opale Caladrius.

Répondit-il promptement, l’invitant à le lâcher en s’écartant d’un pas ou deux pour lui faire face. Il était grand. Voilà bien une chose qu’il comprenait, dans la manière que sa silhouette avait de se découper dans l’espace, elle bouchait les quelques rayons de lumière du vitrail de la porte d’entrée. Opale en profita pour retirer les gants en les coinçant dans sa ceinture avant de se frotter les poignets.

-Ne vous en faites pas, je ne suis pas empoisonné. Cela dit, pardonnez l’entrée fracassante, j’étais en train d’expérimenter dans ma serre, j’espère que cela ne vous aura pas… Effrayé.

Il contint un rire au dernier mot. « Effrayé » était un euphémisme, au vu de l’état dans lequel l’inconnu se trouvait. Si imposant, à chercher se faire si petit. Mais il ne lui jetterait pas la pierre, lui-même, comme tous les réfugiés, s’était retrouvé dans cette position.

-Oh, je vois que vous avez déjà votre rune, c’est formidable ! 

S’exclama-t-il en tendant la main en direction de la sienne avant de se raviser en se disant qu’il semblait avoir plus de manières que lui. Il ne la voyait pas, mais il la sentait chauffer le tissu. Ses yeux s'y posèrent un instant, la tête légèrement inclinée en suivant le mouvement de ses boucles, puis il sembla se réanimer de nouveau.

-Celle qui vous a amené ici est-elle déjà partie ?

Ajouta-t-il en s'exclamant presque, le contournant souplement sans même attendre sa réponse. Le caladre passa sa tête dans l’encadrement, cherchant Emilia des yeux, mais plus personne. Décidemment, celle-là. 

-Que vous a-t-elle dit exactement ? Oh-Ohlala, pardonnez mon accueil désastreux, mais je vous en prie, posez donc vos affaires Gerhard ! Vous êtes comme chez vous.

Et il ne croyait pas si bien dire. 


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Sam 10 Fév 2024 - 0:30
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Gerhard Speckmann
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Gerhard Speckmann
Le silence régna après ces présentations fort maladroites. De la même manière que Gerhard, l'homme - il était quasiment certain que cette personne s'identifiait au masculin, désormais, et ajustait ses pensées pour refléter ce fait - l'observait en retour, impassible. Il ne parvint pas à se départir de l'idée qu'il le jugeait — mais c'était sûrement de bonne guerre. Le Nébuleux plissait des yeux, et il lui vint à l'esprit qu'il devait être malvoyant. 

C'était une réalisation stupide qui cependant le souffla. Jusqu'alors, il n'aurait jamais cru qu'une de ces créatures ancestrales pourrait avoir quelque chose d'aussi commun que des problèmes de vue. Ils étaient craints par la plupart des Humains ; peuple millénaire qui avait veillé sur l'espèce humaine depuis la nuit des temps, ils pouvaient apparemment être rabaissés à leur niveau selon le gré d'une chose que même eux ne maîtrisaient apparemment pas : la génétique.

Gerhard souffla - assez discrètement pour que l'autre ne l'entende pas - et se sentit se détendre un petit peu. Qu'il suffise qu'il réalise que son nouveau colocataire soit malvoyant pour qu'il se calme était ridicule, et pourtant...

- Enchanté Gerhard, je suis Opale. Opale Caladrius.

La voix de l'homme le tira de ses pensées, en même temps que l'autre esquissait un pas en arrière. Opale. Le nom lui allait étrangement bien, sa peau translucide rappelant à Gerhard ces minéraux précieux qu'il avait une fois aperçu dans le département de géologie de l'université.

Maintenant que son cerveau avait reconnu un figment de familiarité chez Opale, il cataloguait à une vitesse affolante tous les maniérismes qui le rapprochaient des humains et de leur monde que Gerhard avait laissé derrière lui. Il portait des vêtements - évidemment, qu'il portait des vêtements - banals, retirait ses gants comme n'importe qui d'autre. Lorsqu'il se frotta les poignées, Gerhard ne remarqua pas davantage sa peau qui trahissait ses origines nébuleuses, qu'un geste commun à tous les bipèdes qui peuplaient cette terre.

- Ne vous en faites pas, je ne suis pas empoisonné. Cela dit, pardonnez l’entrée fracassante, j’étais en train d’expérimenter dans ma serre, j’espère que cela ne vous aura pas… Effrayé.

Il avait coincé ses gants entre sa ceinture et son bassin et s'exclama sans lui laisser le temps de répondre :

- Oh, je vois que vous avez déjà votre rune, c’est formidable ! 




Aussi rapidement que Gerhard s'était enfoncé dans une quiétude salutaire, la panique le reprit. Rune ? De quoi parlait Opale ? Avait-il loupé quelque chose en arrivant ici ? Il n'avait fait que remplir des papiers, réponre à des questions, suivre une Nébuleuse fort peu avenante. Personne ne l'avait touché, on ne lui avait rien donné.

Il frissonna. Stupidement, il regarda ses mains - mais elles n'étaient pas différentes de d'habitude, et si quelque chose devait s'y trouver alors il n'avait pas la vision nécessaire pour le voir. Ironique, songea-t-il non sans une once de panique, que c'était celui qui y voyait le moins qui parvenait à déceler ce que ses yeux étaient trop faible pour voir.

-Celle qui vous a amené ici est-elle déjà partie ?

Gerhard releva les yeux, mais il était trop tard ; Opale, sans attendre sa réponse, avait quasiment bondit sur la porte et l'ouvrait désormais à la recherche d'une personne qui s'était depuis longtemps absentée. Il crut remarquer, avant que le Nébuleux ne bouge, que ce dernier avait esquissé un geste dans sa direction.

Non, ridicule. La panique avait dû lui faire imaginer des choses. Gerhard résolut d'oublier cette histoire de rune pour l'instant. Il n'était pas encore mort, il n'avait mal nul part, il n'avait pas pris feu en posant un pied dans cette maison poussiéreuse : pour l'instant, c'était ce qui comptait le plus.

- Que vous a-t-elle dit exactement ? Oh-Ohlala, pardonnez mon accueil désastreux, mais je vous en prie, posez donc vos affaires Gerhard ! Vous êtes comme chez vous.





Gerhard décida de ne pas lui faire remarquer qu'il avait déjà lâché sa valise. Il avait suivi Opale des yeux, se tournant dans sa direction pour ne pas lui présenter son dos - instinct de survie stupide mais qui avait bien servi aux Hommes pendant des millénaires, après tout - et ce qu'il voyait du hall d'entrée ne lui donnait que peu envie. Il garderait cette pensée pour lui, bien évidemment ; mais la fine couche de poussière qui recouvrait les meubles intouchés et les toiles d'araignées qui s'étendaient dans les coins lui auraient presque fait regretter le bateau qui l'avait emmené ici.

Il tourna les talons sans un mot et pendit son manteau au porte-manteaux en bois qui graciait le hall de sa présence. Une latte grinça sous ses pas, le faisant grimacer. Gerhard aurait voulu être le plus silencieux possible : malgré les mots d'Opale, il doutait qu'il eut été attendu, et encore moins le bienvenu. De quel droit critiquait-il la maison de l'homme alors qu'il s'y incrustait en toute impunité. La moindre des choses était d'être reconnaissant pour l'accueil chaleureux du Nébuleux.

- Elle ne m'a pas dit grand chose, répondit-il ensuite en élevant assez la voix pour être entendu au-delà des bourrasques qui s'engouffraient par la porte ouvert. Simplement qu'ils me tiendraient informés de mon... devenir.

Ce mot sonnait bien trop menaçant à ses oreilles, et le stoïcisme de la Nébuleuse ne l'avait pas aidé à le prendre bien. Que lui arriverait-il si on le jugeait inapte à la vie ici ? Il détestait l'inconnu, surtout lorsqu'il touchait à une chose aussi précieuse que sa vie.

Mais sûrement, se rassura-t-il, on ne l'aurait pas laissé s'installer si on ne le pensait pas capable de s'adapter à Nitescence. Ou bien, murmura une voix traîtresse mais ô combien raisonnable de son cerveau, c'était justement pour ça qu'on l'avait conduit jusqu'ici. Opale ne serait pas tant son colocataire que son gardien — et il dut se retenir de penser son geôlier, par respect pour cette personne qui après tout ne lui avait fait aucun mal. 
Pas encore, du moins.




Rendu maussade par ces pensées, Gerhard reprit sa valise. Sa main était engourdie à force de se crisper sur la poignée, mais ce serait la dernière fois qu'il effecturait ce geste. Il n'avait plus qu'à s'établir quelque part - n'importe où ferait l'affaire, tant qu'il y avait un lit - et espérer que le lendemain apporte de bonnes nouvelles. Et sociabiliser, également : une affaire importante dont il n'avait que peu l'habitude, mais à circonstances exceptionnelles...

- Merci de m'accueillir chez vous, dit-il à Opale en s'efforçant de donner à sa voix un ton sincère. Désolé pour le dérangement. Puis-je savoir où je logerai ?

Il ignora la question du loyer pour l'instant. Il n'avait aucune idée de comment payer sans travail ; mais il se débrouillerait, comme toujours, c'était ainsi qu'il avait survécu à l'université après tout.



Se figurant que l'effort devait venir de lui, Gerhard força contre ses instincts asociaux et demanda :

- Et, si vous n'êtes pas trop occupé... Il déglutit et lâcha les prochains mots avant qu'il ne puisse les retenir : Pourrais-je... avoir un tour du propriétaire ?

Il ne comptait pas vivre autre part que dans sa chambre - si seulement il en avait une -, encore trop étranger à ce lieu pour se permettre d'y vagabonder comme s'il en était le maître. Mais il fallait bien commencer quelque part, et si sa relation avec Opale devait s'ouvrir avec une visite de la demeure, eh bien soit. Il était bien capable de se forcer un peu. Juste quelques heures, cependant ; mais cela, il ne le dit pas. Ce qui restait entre lui et lui-même ne pouvait pas faire de mal à cet innocent Nébuleux.
Sam 10 Fév 2024 - 18:41
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Opale Caladrius
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Feat Gerhard



La mention de la rune semblait avoir perturbée Gerhard, le médecin avait a présent sincèrement la sensation que le moindre faux pas le ferait partir à toutes jambes. Et vu sa grande taille, il devait courir vite. L’angoisse de l’étranger était contagieuse, car l’esprit d’Opale tournait à vive allure. Tout ne pouvait signifier qu’une seule chose ; il devait être celui qui allait habiter avec lui. Car cela lui revenait à présent, une lettre qui avait eu de la peine à déchiffrer et qu’il avait abandonné sur son secrétaire. C’était, après tout, un télégramme transmis du bateau à la tour radio. Et sans le questionner, l’on avait jugé bon de lui confier le soin d’héberger cet homme qui semblait sur le point de faire un infarctus à chaque fois qu’il ouvrait la bouche.

Le caladre inspira doucement en faisant quelques pas dans le hall pour calmer l’adrénaline qui irradiait ses membres. Pas de gestes brusques. Des sourires, de la politesse, de la distance. DI-STANCE OPALE. Alors que Gerhard s’était éloigné et Opale aussi pour refermer la porte, il mit quelques secondes à le chercher du regard. Il avait beau être grand, qu’il était discret ! Un vrai fantôme. L’était-il ? Tout à fait discrètement, il s’était avancé vers lui en humant l’air. Il ne portait pas l’odeur d’un Nébuleux et pourtant… Ce parfum lui paraissait familier. Il n’y attarda pas, joignant ses deux mains en se penchant en avant

-Tout à fait. Vous logerez chez moi. Enfin, ici.

Opale regarda autour de lui. Heu… Voilà effectivement un moment qu’il n’avait pas fait un brin de ménage. Mais la maison était propre, simplement poussiéreuse. Pas vrai… ? En voyant une grimace sur le visage du pauvre bougre il se sentit coupable et ses joues chauffèrent. L’une de ses mains se glissa dans ses mèches blanches, se frottant doucement le front puis la nuque.

-Oh pardonnez-moi, je ne vois pas très bien alors il n’est pas aisé pour moi d’entretenir un lieu si grand.

Aaarh. Le bagne de son existence ! Il se racla la gorge en hochant vivement la tête, comme si cette arrivée lui avait fait oublier les bonnes manières. Il allait le prendre pour un rustre.
 
-Bien sur, suivez-moi Gerhard. Je ne propose pas de prendre vos affaires, je risquerai plus de les faire tomber qu’autre chose ah-ah. 

Il posa un pied sur une marche du large escalier en colimaçon. Les murs étaient ornés de tapisseries anciennes, dépeignant des scènes de batailles entre créatures, licornes et dragons se mordaient le museau face aux armées de soldats en armures luxueuses. Opale rata une fois la rambarde, sa main attrapant du vide avant de l’avoir de nouveau. Et il trébucha une seconde fois, un peu plus haut, son genou rencontra durement une marche mais il se releva aussitôt, imperturbable et sans montrer la moindre gêne. Trop perdu dans ses pensées.

Un… Humain. Allait-il vraiment vivre avec un humain ? Opale ne l’avait pas conscientisé immédiatement mais… Quand on lui avait dit qu’il hébergerait quelqu’un, il n’aurait pas pensé à ça. Après tout, les humains restaient rares sur l’île. Alors qu’il arrivait en haut des marches et dans le couloir qui menait aux chambres, il serra doucement sa chemise au niveau de sa chemise pour calmer son cœur battant. La Matriarche n’aurait pas laissé un diurne mal intentionné s’installer dans sa maison, pas vrai… ?

Il s’arrêta devant une porte et tapota le pied sur le tapis, s’y penchant pour y tirer une clé qu’il enfonça dans la serrure. Une large chambre s’ouvrit à eux, au lit deux places soigneusement plié et recouvert d’un édredon en dentelle. Une odeur de lavande y flottait, des rideaux blancs ornaient une grande fenêtre donnant directement sur la mer et un petit bureau au travaillé brut trônait dans un coin de la pièce aux côtés d’une cheminée et d’un large fauteuil. Une armoire et une tapisserie représentant un oiseau blanc trônaient dans le fond. Cette pièce avait servie à quelques convalescents graves quelques fois, mais elle était restée quasi inutilisée. Le caladre ne pouvant voir plus loin que le bout de son nez, cette superbe vue sur l'horizon ne lui avait jamais servie. Opale s’empressa d’ouvrir la fenêtre, il s’y pencha.

-N’hésitez pas à forcer sur la fenêtre, elle est un peu capricieuse. La cheminée est utilisable mais appelez moi avant de l’essayer, il y a peut-être un nid qui s’y est installé !

Rigola-t-il, cherchant à dissiper ses propres doutes avant de s’avancer de nouveau vers Gerhard, les mains dans le dos.

-Quand vous aurez posé vos affaires, nous ferons un tour rapide et oh- avez-vous une pièce favorite dans une maison ?

Opale le dévisagea quelques instants, tentant de distinguer ses traits dans le flou des lumières. Son ton et son sourire sembla s’adoucir quelque peu.

-Excusez-moi, ça doit faire beaucoup d’informations, vous avez l’air nerveux… Est-ce l’arrivée sur l’île ? Si je peux vous rassurer, nous sommes tous.tes passé.es par là un jour.

Malgré les quelques réticences qu’il décida de mettre de côté, il avait envie de lui prendre les mains et l’aider à dissiper cette angoisse, mais il craignait de l’horrifier en constatant la surprise qu’il avait eu en le voyant descendre les marches. Il n’avait pas du voir beaucoup de nébuleux dans sa vie. 


-Ouu.. Est-ce Emilia, celle qui vous a amené ? Elle est comme ça avec tout le monde, elle fait peur aux plus jeunes. Quant à votre devenir, si vous êtes ici, avec moi, c’est que tout va bien se passer, je vous le promets. Vous venez ? 


notes
Sam 10 Fév 2024 - 20:18
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Gerhard Speckmann
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- Tout à fait. Vous logerez chez moi. Enfin, ici.

Il était la figure même de l'hospitalité : les mains jointes devant lui, le menton légèrement baissé comme pour le saluer. Le bref pic d'adrénaline qui l'avait secoué lui était passé, et Opale se présentait à lui comme un parfait hôte.

Sûrement était-il rabat-joie ; mais Gerhard ne parvint pas à esquisser un sourire à ces mots. "Chez moi" : la preuve même qu'il empiétait sur le territoire de quelqu'un, et que cette collaboration n'avait pas été souhaitée. C'aurait pu être une simple erreur de langage, bien entendu, ou bien Gerhard comprenait mal - après des semaines passées en mer et tant de bouleversements en si peu de temps, la fatigue avait raison de lui, ainsi que de son anglais - mais malgré tout il... ne voulait pas se faire des films, de faux espoirs. Et pourquoi s'en ferait-il ? Il n'était pas là pour se faire des amis, mais pour retrouver son père. Rien d'autre ne devrait importer.


Opale avait jeté un regard circonspect autour de lui, que Gerhard ne parvint pas à déchiffrer. Se rendait-il compte de l'état de sa demeure ? Etait-ce de sa faute ? Il avait peut-être été trop évident dans son appréhension de la poussière ; mais après tout, quelle maison n'était pas poussiéreuse ? Il ne pouvait pas jeter la pierre au Nébuleux, d'autant plus un qui apparemment voyait mal. Ses instincts se virent confirmés quand Opale dit :


- Oh pardonnez-moi, je ne vois pas très bien alors il n’est pas aisé pour moi d’entretenir un lieu si grand.


Sa main frottait son front comme si une migraine s'y était nichée. Comme il avait la confirmation qu'Opale n'y voyait pas grand chose - il faisait d'ailleurs sombre dans le manière, la seule lumière provenant de l'extérieur, mais le ciel était couvert et le soleil, timide - Gerhard s'autorisa une grimace. Voilà qu'il embêtait quelqu'un chez lui ! Une pensée loin d'être nouvelle, mais sa répétition commençait à lui peser. A chaque fois qu'elle revenait, Gerhard se rappelait qu'il n'était pas à sa place, pas tout à fait, pas encore ; et sans doute jamais.

Il supposait, en attendant qu'il fasse de Nitescence sa maison, qu'il se rachèterait en s'occupant du ménage. Ne serait-ce que pour remercier Opale de l'accueillir aussi gracieusement.


Gerhard revint à lui alors qu'Opale finissait de lui instruire quelque chose. Il y avait ajouté un rire dépréciatif - quelque chose à propos de ses deux mains gauches ? - mais ne lui laissait pas le temps de rétorquer : avec une vitesse qui trahissait la familiarité qu'il avait avec les lieux, Opale se jeta dans les escaliers. Sa main loupa la rampe une fois, son pied ripa sur une marche plus haut ; les deux fois, il se ressaisit promptement, silencieusement. Gerhard n'eut d'autre choix que de le suivre. 

Malgré l'obscurité des lieux - la lumière filtrait mal dans cet escalier en colimaçon - il eut tout le loisir d'observer les riches tapisseries qui en ornaient les murs. Il ne doutait pas qu'elles eurent leurs places dans un musée ; il connaissait en tout cas quelques professeurs qui en auraient donné une petite fortune.
Gerhard gravit les marches une à une, accompagné par une armée de dragons, licornes, créatures - Nébuleux ? - et se sentit plus humain que jamais. Ses seuls semblables étaient immobiles, boucliers levés et armures rutilantes, inanimés face à ces hordes de fils tissés.

Il resserra la prise sur sa valise.


Opale s'était arrêté devant une porte qu'il avait ouverte à l'aide d'une clé comiquement grosse. Pressant le pas, Gerhard le rejoint, et observa ce qui à partir de maintenant allait être sa chambre.

L'endroit respirait le vieillot, et quelque part, le familier. L'édredon en dentelle qui ornait le lit lui rappelait les travaux inachevé de sa mère ; l'odeur florale qui flottait dans l'air était nouvelle et entêtante, mais bienvenue. Un petit bureau et un fauteuil meublaient cette pièce modeste dans lequel Gerhard ne voyait pas grand monde habiter. Chambre d'ami ? Il était au moins rassuré de savoir qu'il ne chassait pas Opale de la sienne.

Ce dernier s'était dirigé en de grandes enjambées vers la fenêtre et, au prix de quelques efforts, était parvenu à l'ouvrir. Le vent s'engouffra soudainement, et la porte ne claqua pas parce que Gerhard s'accrochait encore à la poignée. Il prit la liberté de mettre la clé dans sa poche ; il supposait qu'Opale n'en aurait plus besoin, désormais.

- N’hésitez pas à forcer sur la fenêtre, elle est un peu capricieuse. La cheminée est utilisable mais appelez moi avant de l’essayer, il y a peut-être un nid qui s’y est installé !


Gerhard posa sa valise contre le mur et fit quelques pas dans la pièce. Le plancher grinçait sous ses pieds. S'il voulait être discret, il faudrait qu'il apprenne où se trouvaient chacune des lattes brinquebalantes. Un feu de cheminée lui apparaissait comme une idée tout à fait charmante, mais il ne voulait pas déranger Opale maintenant alors que ce dernier lui faisait déjà le tour du propriétaire.
La vue, nota-t-il, était magnifique. Il fut certain qu'il ne réussit pas à maintenir une expression totalement neutre alors que ses yeux enregistraient la mer rugissante et l'horizon qui se déployait devant lui. Un appel à la liberté—

Non. Il ne devait pas laisser ces pensées gagner, et prendre les choses comme elles venaient : ici, comme une vue superbe qu'Opale lui cédait généreusement. 

- Quand vous aurez posé vos affaires, nous ferons un tour rapide et oh- avez-vous une pièce favorite dans une maison ?

L'autre le dévisageait avec un petit sourire et, avant que Gerhard ne puisse répondre, ajouta :

- Excusez-moi, ça doit faire beaucoup d’informations, vous avez l’air nerveux… Est-ce l’arrivée sur l’île ? Si je peux vous rassurer, nous sommes tous.tes passé.es par là un jour.


Nerveux ? Oui, bien évidemment qu'il l'était. Mais il se voyait mal déverser tous ses doutes et ses espoirs à un parfait inconnu, aussi sympathique soit-il. 

Il devait avouer cependant que les paroles d'Opale le rassuraient effectivement. Imaginer cet homme aussi décontenancé que lui lors de son arrivée, mais maintenant à l'aise sur cette île, ne le rendaient plus aussi craintif de ce qui l'attendait. Gerhard esquissa un sourire maladroit, avant de se rappeler qu'Opale ne le verrait pas ; mais après tout, c'était l'intention qui comptait.


- Ouu.. Est-ce Emilia, celle qui vous a amené ? Elle est comme ça avec tout le monde, elle fait peur aux plus jeunes. Quant à votre devenir, si vous êtes ici, avec moi, c’est que tout va bien se passer, je vous le promets. Vous venez ? 



Emilia, c'était donc le nom de la Nébuleuse peu avenante. Gerhard le nota dans un coin de sa tête. Il avait le pressentiment qu'il la reverrait tôt ou tard, sûrement pour qu'elle l'informe de son "devenir" comme elle le disait si bien, avec cette intonation ô combien rassurante.

Son sarcasme n'aurait cependant pas raison de l'optimisme d'Opale, il le savait. Il aurait été idiot de remettre sa parole en question, également : il était là depuis longtemps, cela se voyait à l'état de la maison, à la confiance qu'il exhudait par chaque pore de sa peau translucide. Quand bien même cela ne lui plaisait guère - méfiance naturelle - Gerhard s'en remettait à ses bons conseils.


- Merci pour l'accueil, dit-il gauchement en esquissant un vague signe de main. Il la considéra quelques secondes puis la laissa retomber à ses côtés. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait bien faire avec. Empoigner Opale ? Riche idée. Il lui apparut que ses remerciements étaient un peu secs, aussi s'empressa-t-il d'ajouter :

- Non, vraiment, merci. Ce que vous dites... Ce que vous dites me rassure un peu, oui. Avec un rire qu'il espérait ne sonnait pas trop forcé, Gerhard renchérit : Je m'en remets à vous, dans ce cas. Et si je disparais du jour au lendemain, je saurais quelle personne hanter.


Les fantômes étaient-ils des Nébuleux ? L'interrogation lui vint soudainement. Venait-il de prononcer une blague discriminante ?

Non, ridicule. Les Nébuleux étaient tangibles, les fantômes ne l'étaient pas. Sans doute. Il n'avait pas spécialement envie d'enquêter sur le sujet. Et puis de toute façon tout ce chemin de pensée ne menait à rien si ce n'est à le faire angoisser. Il venait seulement de se détendre, ce n'était pas pour retourner à la case départ. Il le devait bien à Opale, qui n'avait apparemment pas réagi à sa boutade, et qui se le coltinait depuis maintenant une vingtaine de minutes.


- Euh, j'ai toujours vécu en appartement. N'importe quelle pièce me convient. Enfin, je veux dire... N'importe laquelle sera très bien. C'est une très belle maison, acheva-t-il dans une voix qui s'assimilait davantage à un chuintement de porte qu'aux vocalises d'un être humain. 


Il était sincère, cependant : le manoir était dans son jus, mais il s'en dégageait une chaleur qui aurait mis à l'aise n'importe qui qui n'était pas Gerhard. Il ne doutait pas que, s'il se laissait aller, il considérerait bientôt le lieu comme sa maison. Oui, il y avait de la poussière. Qu'importe. Ce lieu était aimé, cela était clair, et un peu de poussière ne lui enlevait pas cette qualité.


Soupirant, Gerhard se décala pour laisser passer Opale, esquissant de la main ce geste universel qui signifiait Après vous. Il n'avait plus qu'à suivre son hôte - encore - pour la visite, et il pourrait se retirer dans ses appartements. La solitude l'appelait autant qu'elle le conspuait, et Gerhard savait déjà qu'elle ne serait pas cette agréable amie qu'il aimait à retrouver après une longue journée de labeur. Qu'importe : c'était le futur, et il était maintenant, et maintenant Opale allait lui faire le tour du propriétaire, et Gerhard allait opiner du chef et lâcher quelque compliment et le remercier encore de son accueil, et tout irait bien dans le meilleur des mondes.
Dim 11 Fév 2024 - 1:01
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Opale Caladrius
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C'est l'heure

des présentations !

Feat Gerhard



Nerveux. Bien sur qu’il l’était. A présent, Opale se sentait presque idiot d’avoir posé ces quelques mots, comme si ce qu’il disait pouvait le rassurer. S’il était vraiment humain, alors rien ne guérissait jamais réellement la méfiance envers ses pairs. Et c’était réciproque. L’était-ce… ? Le Caladre l’observa poser ses affaires dans l’encadrement de la porte, une main triturant le col de sa chemise, ses doigts effleuraient son cou. Les chaînes passées lui seraient encore la nuque, le souvenir fantôme de l’étau froid le hantait encore par les jours les plus froids. Il se resserrait quand l’angoisse le gagnait. 
Il aurait aimé avoir eu un regard plus clairvoyant pour détailler les mimiques, les expressions, savoir quand se méfier ou quand s’emporter dans la bienveillance. 

Mais ce n’était pas le cas alors… Il ne pouvait faire qu’à l’aveugle, supposant, imaginant que le danger n’existerait pas sous son toit. Les quelques paroles de remerciements maladroits le détendirent, ses épaules se relâchèrent dans un souffle et il répondit par un sourire. Tiens, c’était amusant, pas plus tard que la veille il avait eu une conversation sur les fantômes avec un autre nébuleux. Et ils avaient conclus que les spectres aussi, étaient des créatures.

-Ah, ces fantômes, je crois qu’il y en a un paquet sur l’île mais je n’en ai jamais vu... Enfin. Heu. Perçus. Je vous déconseille de les rejoindre, les vieux lords écossais ne doivent pas avoir très bon caractère si vous voulez mon avis.

Il avait terminé sa remarque dans un rire léger. Le médecin n’avait su se retenir d’énoncer un énième fait inutile. En réalité, ça le passionnait ces histoires et si Gerhard le demandait, il pourrait en parler pendant des heures. Mais non, un peu de concentration. En le sentant s’avancer, ils partirent arpenter les longs corridors du petit manoir. En avançant, quelques boucles blanches s’agitaient sur ses omoplates. Il gardait une main glissée contre le mur et marchait avec souplesse. C’était bien le seul endroit de l’île qu’il connaissait par cœur.

-C’est un labyrinthe, mais il y a 4 chambres en tout. La mienne est au fond à gauche, les autres sont fermées. Il y a une salle de bain- n’y allez pas tout de suite promettez le moi, je vais y faire un brin de ménage !

Il sentit le rouge chauffer de nouveau ses joues, les lèvres pincées il s’empressa de rejoindre un balcon couvert qui donnait sur la grande plaine, au nord. En contrebas, l’agitation de Lucent se faisait entendre. Une légère brume flottait dans l’air, non dérangée par les brises successives.

-Le balcon ! Si vous montez l’échelle, il y a ma serre, mais je vous la montrerai une autre fois parce que c’est un vrai laboratoire et… Il y a des trucs qui mordent.

Il blaguait. Pas sur que Gerhard comprenne, mais tant pis, ça l’amusait et puis, il voulait briser la glace. Une longue vigne grimpait le long de la balustrade et mangeait une partie du mur, glissant sur les carreaux colorés de la véranda. Ils redescendirent au rez-de-chaussée, Opale ne tomba pas une seule fois. Il lui montra la cuisine qui était aussi dans son jus, le salon animé de sa belle cheminée, de sa bibliothèque et de ses nombreuses vitrines remplies de toutes sortes d’objets de voyage. Accumulés sur des siècles d’existence, littéralement. Et enfin, une petite pièce qu’il ouvrit précautionneusement.
 
-Enfiiin, mon bureau. C’est ici que j’accueille mes pat-OH BON SANG que je suis bête ! Avec tout ça, je ne me suis même pas présenté correctement, quel hôte pitoyable je fais. Je suis le médecin de Lucent, le seul à vrai dire. Je me déplace, mais je consulte ici. Ils ne montent pas à l’étage, rassurez-vous. Je dois avouer que je suis loin d'être un féru de sociabilité alors ne vous en faites pas pour ça !

Il était vrai que du matériel médical s’étalait précautionneusement dans diverses étagères. Une étagère d’ouvrages empilés et anciens, son bureau et une table d’examen trônaient en maîtres des lieux. Contrairement au reste du manoir, cette pièce était blanche et très propre. Il prenait son travail au sérieux, il n'avait vraiment que ça. 

-Alors, je me dois de vous le demander mon ami, mais quelle est votre profession-AH !

Opale avait les mains sur ses hanches, bien droit et il s’était tourné un peu vivement. Il ne s’était pas rendu compte qu’il était aussi proche, évaluant mal la distance et rentra dans Gerhard, se cognant contre ce qu’il SUPPOSA être son torse. Le Caladre recula en se frottant le nez, surpris, perdant à moitié l’équilibre. Non pas que ça lui arrivait si souvent, mais avec un homme aussi discret, surement !  


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Lun 12 Fév 2024 - 1:10
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Gerhard Speckmann
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- Ah, ces fantômes, je crois qu’il y en a un paquet sur l’île mais je n’en ai jamais vu... Enfin. Heu. Perçus. Je vous déconseille de les rejoindre, les vieux lords écossais ne doivent pas avoir très bon caractère si vous voulez mon avis.

Gerhard en soupira presque. Bien évidemment, que les fantômes existaient sur cette île. Plus rien n'aurait dû l'étonner : après tout, Nitescence grouillait d'autant de Nébuleux qu'il en eut jamais vu dans sa vie, des créatures qu'il avait seulement vu dessinées dans des livres. Un fantôme, à côté, n'était pas si surprenant. Il espérait simplement qu'aucun ne hantait cette vieille masure... Mais Opale lui en aurait parlé, n'est-ce-pas ? Malgré tout, il se résolut de trouver de la sauge le plus vite possible ; si pas pour se protéger ici-même, au moins pour l'extérieur. Qui sait sur quelle créature étrange il pourrait tomber.

Opale le mena à travers le manoir. Il était beaucoup plus impressionnant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Qui aurait cru qu'une pareille bicoque abritait autant de pièces ? Gerhard savait déjà qu'il passerait quelques semaines à se perdre entre ces murs décrépis. Opale lui indiqua sa chambre d'une parole désinvolte, et Gerhard jeta un regard dans la direction avant de détourner les yeux. Ce n'était pas qu'il était pudique ou quoi, mais sûrement, lorgner de trop près la chambre de quelqu'un d'autre n'était pas du meilleur goût. Il nota de ne pas utiliser la salle de bain, quoiqu'à son grand dam : sa peau le grattait, conséquence des jours passés en mer, le sel s'étant accroché à lui comme une moule à son rocher. Sa chemise le frottait pile là où il ne le fallait pas, et Gerhard ne doutait pas que des plaques rouges lui tapisseraient l'épiderme d'ici la fin de la journée.
Heureusement, songea-t-il, qu'il n'était pas aussi translucide qu'Opale, qui continuait son tour avec un enthousiasme non feint. C'était presque amusant à observer, la manière dont il l'accueillait chez lui sans se poser davantage de questions. Gerhard avait d'abord cru qu'il avait les cheveux courts, mais non, ils étaient attachés en une queue-de-cheval qui se balançait entre ses omoplates au gré de ses pas. Elle s'agita particulièrement quand le Nébuleux lui ouvrit l'accès à un balcon, dévoilant une grande plaine s'étendant devant eux, et l'agitation du village d'à côté. Gerhard aperçut une échelle mais, avant qu'il ne puisse lui demander, fut devancé :

- Le balcon ! Si vous montez l’échelle, il y a ma serre, mais je vous la montrerai une autre fois parce que c’est un vrai laboratoire et… Il y a des trucs qui mordent.


Il cligna lentement des yeux. Ce pouvait être une blague... Ou pas. Entre Nébuleux et fantômes, des plantes très très carnivores n'étaient pas difficile à imaginer. Gerhard nota le lichen grimpant le mur et mangeant une partie de la fenêtre de la véranda et se demanda si Opale consentirait à ce qu'il les en débarrasse. Plus de lumière naturelle pour une meilleure vision... Ou quelque chose du genre.


Au contraire de l'aller, Opale ne manqua pas une seule marche en descendant les escaliers. Il longeait les murs, gardant une main précautionneuse sur un d'entre eux. Gerhard n'aurait su dire si c'était vraiment nécessaire : ses pas étaient assurés, il avait sans nul doute l'habitude de circuler dans ce lieu, aussi grand soit-il. L'assurance ne devait pas lui faire de mal, cependant, et bien loin à lui l'idée de poser des questions aussi discrètes. 
La cuisine était fonctionnelle, avec un four - Gerhard n'avait pas vu de four depuis qu'il était parti de chez sa mère - et il sut dès qu'il vit le salon que, bien qu'un peu poussiéreux, cet endroit serait vite un de ses favoris. La cheminée appelait à la détente, il se voyait déjà plié dans un de ces fauteuils, un livre à la main ou simplement les yeux dans le vide, à profiter du moment présent. La bibliothèque était d'ailleurs immense. Gerhard avait ramené deux pauvres bouquins attrapés au pif dans son appartement, et il ne doutait pas qu'Opale les possède déjà. A voir tous ces objets étalés dans les diverses pièces de la maison, Gerhard se rendit d'autant plus compte d'à quel point le Nébuleux avait voyagé ; d'à quel point il était âgé. Il avait l'apparence d'un homme dans la fin de sa vingtaine, si Gerhard devait lui donner un âge il l'aurait rangé dans ces clous ; pourtant il devait avoir des millénaires, et la connaissance qui allait avec. A côté, Gerhard devait lui paraître bien dérisoire : à peine un clignement d'yeux dans toute sa longue vie.


La dernière pièce était une espèce de cabinet. Gerhard eut à peine le temps d'apercevoir quelques instruments médicaux étalés sur le bureau et étagères avant qu'Opale n'entonne, particulièrement jouasse :


- Enfiiin, mon bureau. C’est ici que j’accueille mes pat-OH BON SANG que je suis bête ! Avec tout ça, je ne me suis même pas présenté correctement, quel hôte pitoyable je fais. Je suis le médecin de Lucent, le seul à vrai dire. Je me déplace, mais je consulte ici. Ils ne montent pas à l’étage, rassurez-vous. Je dois avouer que je suis loin d'être un féru de sociabilité alors ne vous en faites pas pour ça !


Un médecin, hein. Gerhard ne put s'empêcher de plisser des yeux. Difficile de croire au hasard... Mais après tout, pourquoi pas ? Il devait arrêter d'être paranoïaque à ce point : sa mère ne pouvait pas vivre à travers lui ainsi, il se le refusait.
Malgré tout, une petite pointe de méfiance naquit en lui, et quand bien même il savait qu'elle n'avait pas lieu d'être, il ne put l'étouffer entièrement. Son seul réconfort était de savoir qu'il n'y aurait pas la bringue toutes les deux semaines : là encore, ils fonctionnaient comme deux pièces de puzzle. Deux asociaux, deux médecins, quoique dans des domaines différents. Beaucoup de coïncidences.
Gerhard avait esquissé quelques pas dans le cabinet, mu malgré lui par la curiosité et la familiarité des lieux : cela lui rappelait l'endroit qui l'avait embauché à Berlin, et quand bien même ses collègues ne lui manquaient pas, le petit bureau qu'on avait emménagé pour lui et ses patients étaient une autre paire de manches.

- Alors, je me dois de vous le demander mon ami, mais quelle est votre profession-AH !


Opale avait reculé vivement avant même que Gerhard ne puisse enregistrer qu'il lui était rentré dedans. Le Nébuleux se frottait le nez, éberlué ; il se trouva à faire de même avec son torse, lissant inutilement sa chemise que le choc avait un peu froissé.

- Je suis désolé, balbutia-t-il, mortifié. J'étais simplement curieux. Je voulais juste... voir à l'intérieur.


Il fit un pas en arrière pour la bonne mesure. Son coeur battait à la chamade. C'était assez que de débarquer ainsi, mais s'il lorgnait en plus au-dessus de son épaule sans cesse, alors Opale aurait tôt fait de le mettre dehors. Qui appréciait avoir un fantôme - encore eux - suivant le moindre de ses mouvements ? 
Gerhard se racla la gorge et regarda autour de lui. Le cabinet lui offrait une distraction bienvenue, mais il n'arrivait à en saisir aucune en plein vol. Rien ne lui venait à l'esprit... Sauf l'opportunité lancée par Opale, celle de parler de lui, un exercice avec lequel il n'était que peu familier. Malgré tout, il se racla la gorge, dit :


- J'ai été diplômé de psychologie il y a peu.

Il ne put s'empêcher d'instiller une certaine fierté dans sa voix. Il avait survécu à l'université, la pression de ses pairs, leurs moqueries, également. La psychologie était un domaine encore trop moqué, même par les professionnels de la santé, et Gerhard avait eu à coeur d'inverser cette tendance avant d'être appelé par d'autres horizons. Sûrement pourrait-il exercer à Nitescence ? Ce serait bien pratique. 
Quoiqu'il peine à comprendre comment il pourrait aider des créatures millénaires, mais ça, c'était un problème pour son futur lui.

- J'imagine que je pourrais travailler ici en tant que psychologue. Il haussa les épaules, se sentant aussi fin, gringalet, que jamais. Il n'avait pas la carrure d'un paysan, la force d'un forgeron, les capacités d'un érudit. Il était juste... lui. Je ne sais bien faire que ça, à dire vrai.

Il y avait un peu d'amertume dans sa voix. La vérité faisait mal, après tout. Arrivé à Nitescence avec sa valise et son manteau, il n'avait bien que son diplôme à offrir. Mais enfin, cela devrait suffire. Il esquissa un sourire plus large que d'habitude, espérant que malgré sa cécité Opale le verrait malgré tout.

- Un médecin, donc ? Quelle heureuse coïncidence. Cela me fait plaisir de cohabiter avec un confrère. Vous avez beaucoup de patients ?

Il eut aussitôt envie de se gifler. "Vous avez beaucoup de patients" ? Comme si le Nébuleux ne soignait pas toute la population de l'île ! Tant pis, la question était sortie, et il était temps qu'il participe un peu à la conversation également.
Lun 12 Fév 2024 - 14:14
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Opale Caladrius
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Feat Gerhard



Opale recula maladroitement, se cognant l’épaule contre le chambranle de la porte qui émit un grincement semblable à un rire. Les yeux toujours écarquillés du surprise, il décela la silhouette qui reculait, comme si ce simple contact avait suffi à le faire fuir. Le médecin fit un petit geste de la main en se pinçant l’arête du nez, un mince sourire aux lèvres qui signifiait qu’il n’y avait pas de mal.
L’oiseau réajusta sa chemise et ses cheveux, gêné lui aussi de lui être ainsi rentré dedans même si l’autre n’avait pas bougé d’un pouce. Décidemment, ça commençait à devenir coutumier. En réalité, même si Opale agissait comme si cela ne le gênait pas, cela renforçait chaque fois un peu plus le gouffre qui les séparait. Sans être dramatique, le regard des autres sur sa personne avait changé depuis que sa cécité était devenue plus présente. Après tout, il y a encore 10 ans, une paire de lunettes lui suffisait. Mais après son arrivée sur l’île, il n’avait eu cesse de dépenser son pouvoir pour insuffler le bon. Certainement, parfois un peu hâtivement. Après tout, cela lui avait conféré une raison d’être suffisante pour persister encore un peu. Pour Nitescence, pour une justice naïve, il avait été prêt à tout. 
Une idée, insidieuse mais pas dénuée de sens s’était glissé dans un coin de sa tête. Celle que La Matriarche lui aurait confié cette jeune personne pour qu’il l’aide. Ça le brûlait. Le caladre était humble, mais pas dénué de fierté. Il savait qu’il avait du mal à garder le rythme. Il se blessait constamment, sa maison tombait en ruine et lui se faisait lentement ensevelir sous ses nouvelles responsabilités de personnel de l’île. A tenter de trop faire bonne figure, il craignait que la façade ne finisse par s’écailler, si ce n’était pas déjà visible.
Il dissimula cette pensée derrière un sourire encourageant en voyant l’autre en dire un peu plus sur lui-même. Ainsi donc, il était psychologue. Cette réponse fit battre son cœur. C’était surement que c’était vrai, alors. Il ne serait plus seul. Un long soupir de soulagement le traversa et il inclina la tête en rigolant.

-Oh, c’est merveilleux.

Cette remarque était sortie avec une douceur et une sincérité déconcertante. Cela lui pesait depuis fort longtemps, après tout. Opale, avant d’être médecin était un caladre. Oiseau millénaire destiné à soigner les maux. Et il les ressentait, parfois si forts que ça le laissait sans le souffle. Les émotions se mélangeaient toujours à la douleur et parfois c’était trop vibrant, trop puissant. C’était un fardeau à mettre à distance, à porter en silence.

-C’est vraiment… Vraiment…

Il prit une petite inspiration reniflante, sentant ses yeux le brûler. Ça. Ça ne l’aurait pas fait pleurer quand même ?! Oh, qu’il était sensible, surtout les jours de douce pluie. Un petit tic l’agita et il secoua doucement la tête, quelques mèches tombant devant ses yeux sans que ça ne le perturbe.


-Excusez-moi. C’est juste que je… Oui, j’ai de nombreux patients. Et aider tout le monde est impossible, même ici. Ça ne se voit peut-être pas, mais il y beaucoup de souffrance sur Nitescence. Des âmes marquées de manières qu’on a du mal à imaginer.

Opale s’était avancé d’un pas en direction de Gerhard, franchissant d’un geste la distance qui les avait séparées quelques instants plus tôt pour effleurer son bras.

-Votre venue est une bonne nouvelle. Nous avons besoin de vous, Gerhard, n’en doutez pas. Et si vous êtes avec moi, ce n'est sans doute pas une coïncidence. 

Il lui lâcha un sourire avant de s’écarter, filant dans un souffle par la porte jusque dans le salon. La matriarche et ses jeux. Plusieurs réponses à cette venue commençaient à germer dans son esprit. Elles n'auraient sans doute jamais confirmation, mais qu'importe.

-Venez, j’ai quelque chose à vous montrer.

Le nébuleux se dirigea vers une petite étagère, il y passa la main plusieurs fois avant de récupérer une clé. Il ouvrit la porte d’entrée et invita Gerhard d’un geste. Quelques pas à l'extérieur et déjà le vent fouettait son visage. Les nuages filaient à toute vitesse dans le ciel aux clartés célestes. Il referma la porte derrière eux et descendit prudemment les marches de bois branlantes jusqu'à que ses pieds soient dans l'herbe. Il était toujours pieds nus, il venait seulement de le remarquer. Ses yeux s'y posèrent sans vraiment le constater, un haussement d'épaules et il se mit à longer la maison et ses murs abimés par les rafales. Un côté était dénué de plantes, complètement découvert. Après quelques mètres en silence, il emprunta un tout petit chemin en direction de la falaise, sa fine silhouette vêtue finement semblait balancer dans le mistral. 

Il se retourna en direction de Gerhard, une main en protection au dessus de ses yeux, son sourire aimable retrouvé sur son visage. 

-Ce chemin descend en direction d'une crique et si je peux être égoïste, celle de la maison. 

La propriété à Nitescence était parfois un peu étrange, mais voilà un endroit qu'il gardait précieusement, loin des habitations et des gamins qui s'amusaient entre les rochers. 

-Donc, elle existe pour vous aussi. 

Ajouta t-il, comme se doutant que le psychologue aurait besoin d'une confirmation. Le chemin se fit un peu plus escarpé et Opale attrapait les piquets, les pieds glissant entre les rochers écaillés et sableux. La route devenait plus abrupte et descendait quelques mètres plus bas jusque dans des rochers, puis l'on percevait le bout d'une bande de sable et des galets. 

-Ah - je vous ôte d'un doute, oui je suis déjà tombé ! 

Rigola t-il. Était-ce malvenu d'anticiper un peu les questionnements de Gerhard ? Il le pressentait angoissé mais surtout réservé. Autant prendre un poil d'avance. Ses cheveux blancs comme neige s'étaient dénoués et tombaient sur ses épaules, agités par le vent. 


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Lun 12 Fév 2024 - 19:48
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Gerhard Speckmann
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Si la réaction de Gerhard était une de méfiance, Opale parut s'éclairer à ses mots.

- Oh, c’est merveilleux.

Plus que tout ce qu'il avait pu lui dire jusqu'à présent, c'était apprendre qu'ils étaient dans le même corps de métier - quoiqu'avec quelques différences - qui avait complètement détendu le Nébuleux. Gerhard ne savait trop quoi en penser : la situation était-elle si terrible, pour qu'un humain fraîchement diplômé leur soit utile ? Pourtant Nitescence - ou du moins, le peu qu'il avait vu du village, Lucent - apparaissait paisible, sans histoire. Enfants couraient, joyeux, sans craindre pour leur vie ; les adultes étaient plus détendus que jamais, ou en tout cas plus détendus qu'aucun Nébuleux que Gerhard avait déjà aperçu à Berlin. Pourquoi son arrivée plaisait-elle à ce point à Opale ?

Parce qu'il était bouleversé, constata Gerhard non sans alarme. Il avait balbutié quelques mots sans queue ni tête, ses yeux s'humidifiant au fur et à mesure que passaient les secondes, et sa lèvre tremblait comme s'il allait se mettre à pleurer. Il était totalement démuni face à ce genre de détresse soudaine qui, pourtant, semblait prendre source dans un profond soulagement. Démuni, mais pas étranger : il n'était pas rare que certaines personnes craquent soudainement sous la pression, ou alors dès que les choses se résolvaient d'elles-mêmes. C'était juste que... Opale n'en avait pas vraiment le profil.
Il renifla intérieurement. "Pas vraiment le profil". Qu'est-ce qu'il voulait dire, au juste ? Il connaissait à peine cet homme. S'avancer ainsi était... présomptueux. Dangereux, même. L'une des premières choses qu'on leur apprenait était de ne jamais juger les apparences, une leçon qu'il ferait bien de garder en tête tout le temps, surtout ici.


- Excusez-moi. C’est juste que je… Oui, j’ai de nombreux patients. Et aider tout le monde est impossible, même ici. Ça ne se voit peut-être pas, mais il y beaucoup de souffrance sur Nitescence. Des âmes marquées de manières qu’on a du mal à imaginer.

Pas pour la première fois, Gerhard se demanda si employer un humain sur la fin de sa vingtaine pour soigner des créatures parfois millénaires était une bonne idée. Il s'imaginait déjà balbutier et trébucher sur ses mots en tentant de dire quelque chose d'approprié à quelqu'un qui avait été traumatisé par un évènement s'étant déroulé des centaines d'années avant sa naissance.
Il manqua de sursauter quand Opale, s'étant approché de lui, lui frôla le bras. Il était discret - là-dessus, ils se ressemblaient - mais la faute lui incombait. Désormais, Gerhard ferait plus attention.

- Votre venue est une bonne nouvelle. Nous avons besoin de vous, Gerhard, n’en doutez pas. Et si vous êtes avec moi, ce n'est sans doute pas une coïncidence. 

S'écartant de lui aussi rapidement qu'il s'en était approché, Opale lui indiqua de le suivre et fila vers le salon. Gerhard se frotta le bras mais s'exécuta, peu désireux de rester derrière. Il avait cru avoir vu tout ce qu'il avait à voir dans cette masure, mais il restait visiblement quelques secrets que le Nébuleux était désireux de lui montrer. Qui était-il pour lui refuser ?


Opale le guida à l'extérieur, non sans s'être muni d'une clé auparavant. Il était pieds nus, Gerhard le remarquait pour la première fois alors qu'ils s'enfonçaient dans l'herbe douce de l'île. Être si proche de la falaise excitait les vents, qui leur fouettaient les joues et agitaient leurs cheveux à vive allure. Gerhard remercia le ciel de ne pas les avoir longs comme Opale ; sans nul doute que le Nébuleux aurait le plus grand mal à les démêler le soir venu.
Si la maison était envahie par la végétation d'un côté, l'autre était dénuée de toute végétation. Trop exposée aux éléments, sans doute ? En levant le nez, Gerhard crut apercevoir la fenêtre de sa nouvelle chambre, heureusement fermée. 

Opale empruntait un chemin qui menait à la falaise. Figure solitaire au devant de leur duo, il avait l'air à sa place et étranger à ce tableau éthéré auquel Gerhard appartenait désormais. Sa peau translucide, sa chemise blanche, le détachaient de la végétation sombre du lieu. Le vent soufflait si fort. Trop fort. Gerhard était haut et fin et se sentait tituber sous l'assaut du mistral ; il craignait, sûrement stupidement, qu'Opale ne s'envole sous ses yeux. L'image était aussi amusante que perturbante. Etait-ce possible ? Il n'avait pas les spécificités de l'espèce d'Opale, après tout. Une question à lui poser quand ils se connaîtraient mieux, si seulement ce jour arriverait.

Opale dit quelque chose. Ses mots se perdirent dans les rafales. Gerhard se hâta - il refusa de penser qu'il sautillait - dans sa direction, rejoignant le Nébuleux affable.

- Donc, elle existe pour vous aussi. 


Gerhard jeta un coup d'oeil en contrebas, à la crique sauvage qui se déployait sous leurs pieds, et déduisit que c'était de ça dont le Nébuleux parlait. Une plage pour lui tout seul ? Décidément, le médecin était bien loti... Et lui-même, par extension. 
Ils se remirent en marche. Gerhard regretta de ne pas avoir imité Opale et enlevé ses chaussures avant de s'aventurer sur ce chemin pentu et caillouteux, sur lesquelles ses semelles n'avaient aucune forme d'adhérence.

- Ah - je vous ôte d'un doute, oui je suis déjà tombé ! 


Il voulait bien le croire. Il se mouvait avec quelqu'un qui avait l'habitude du chemin - normal, après tout - mais avec la précaution de cette même personne qui savait que tout était instable, même ce qui était habituel. Opale utilisait les piquets qui balisaient le chemin pour garder l'équilibre, alors même que ses pieds nus devaient l'aider à se déplacer parmi cette nature hostile.
Gerhard tenta de l'imiter, mais son pied était habitué à la ville. Berlin n'avait pas de plage, encore moins de chemin de randonnée aussi sauvage. Pendant ses études il n'avait eu que peu de temps pour les distractions, et aucune n'avait été passée à la campagne. 

C'est en manquant de s'éclater le coccyx pour la troisième fois qu'il décida de jeter l'éponge. Opale progressait lentement : de lui, Gerhard ne voyait que son dos et ses cheveux, désormais dénoués. S'il parlait assez fort, il pourrait l'atteindre, avant de le laisser en plan sur une plage sauvage.

- Excusez-moi, appela-t-il du haut de ses poumons, mais...

Il offrit un sourire contrit à Opale et désigna ses pieds comme si la vérité était inscrite sur ses chaussures vernies. Il ne doutait pas que, d'ici quelques semaines, elles seraient aussi ternes que le reste de sa vie.

- Je n'ai vraiment pas l'habitude de ce genre de balade, dit-il plus fort, et je n'ai pas envie d'être votre premier patient de la journée.

Son rire gauche se perdit dans le tumulte des éléments. Il ignorait quelle heure il était, à dire vrai. Opale avait dû en voir d'autres avant qu'il ne débarque tous azimut. Ou pas ? Midi ne devait même pas être encore passé, pourtant il était fatigué comme si la nuit se profilait à l'horizon. Sûrement parce qu'il y avait tellement de choses qu'il avait apprise - enfin, pas vraiment - et qu'il devait encaisser et assimiler avant le retour de cette prétendue Emilia.

Il esquissa un geste vers la maison qui devait se dresser derrière eux. Ils avaient parcouru quelques douloureux mètres seulement, à quel point serait-ci difficile de les remonter ? Considérant le terrain et ses chaussures, se dit Gerhard non sans humour, très. Mais il y arrivait, dût-il ramper à quatre pattes pour y arriver.

- Permettez que je m'éclipse ? Et ce serait avec plaisir que je découvrirais la plage avec vous une autre fois.


Il ne voulait pas paraître trop rustre en prenant congé ainsi, mais il n'y avait pas d'autres moyens de le formuler. Il disait, en plus de ça, la vérité : cette crique privée l'intriguait, quand bien même elle devait ressembler à toutes les autres, et fouler du sable de ses pieds pour la première fois était une expérience grisante qu'il lui tardait de vivre. Malgré toute sa méfiance envers le lieu, Nitescence parvenait à l'exciter comme un petit enfant. Dommage qu'il n'ait plus l'énergie de son lui de cinq ans ; mais cela reviendrait, après quelques heures ou quelques jours à décompresser, de cela il en était certain.
Mar 13 Fév 2024 - 11:36
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Opale Caladrius
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C'est l'heure

des présentations !

Feat Gerhard



Ses doigts voulurent passer dans ses cheveux, mais déjà ses boucles étaient emmêlées. Opale grimaça en sentant les nœuds se resserrer contre sa paume. Il s'était retourné en sentant qu'il avait gagné de la distance sur Gerhard qui s'était arrêté quelques mètres plus haut. La voix de son nouveau colocataire était étouffée par le vent et il l'entendit à peine, lui souriant en retour. Le caladre se sentit un peu coupable en le voyant aussi peu à l'aise dans ses chaussures. Était-ce une erreur d'avoir voulu lui montrer son coin préféré ? Probablement. Si Opale pouvait paraître à l'aise socialement, il avait encore beaucoup a apprendre, ayant parfois du mal à faire un juste équilibre entre ce qui l'enthousiasmait et ce qui plairait aux autres.
Il posa les mains sur la roche, remontant pour mieux l'entendre.

Son sourire s'éclipsa un instant lorsqu'il comprit que Gerhard ne le suivrait pas plus loin. Une pointe de déception le pinça mais cela ne dura que quelques secondes. Il devait avoir eu une journée difficile et voilà qu'il lui demandait le presque impossible ! Quel imbécile. 

-Bi..Bien sur ! 

Lança t-il avant de pousser un petit hoquet, comme si une idée lumineuse lui venait soudainement à l'esprit. Opale fouilla dans la poche de son pantalon et brandit la clé. 

-Attrapez ! 

S'exclama t-il en la lançant en direction de Gerhard, son éclat vieilli brilla l'éclat d'un instant dans l'air. Une fois en sa possession, il se recula, se tournant un instant vers la crique. Autant y faire un tour, tant qu'il y était. Et puis, cet homme semblait avoir besoin de calme, tranquillité. La main d'opale se serra doucement sur sa chemise alors qu'il s'écriait de nouveau 

-La clé de la maison...! Je vous rapporterai un coquillage ! 

Et il se sentit stupide d'avoir dit quelque chose d'aussi naïf, mais cela ne l'empêcha pas de lui faire un large signe de main avant de se détourner. Opale sentait ses oreilles chauffer, il espérait qu'il ne le prendrait pas pour un imbécile fini. Gerhard était quelqu'un d'assez peu...Lisible. Il espérait sincèrement qu'ils se comprendraient, tous les deux. Il allait devoir faire la part des choses entre un humain et une personne, un travail commencé sur Nitescence mais qui allait prendre un autre tournant. Il y a quelques années, jamais il n'aurait pensé vivre en présence d'un diurne. Jamais.

Mais Opale était sincèrement rassuré d'enfin avoir quelqu'un pour l'épauler dans son entreprise d'aider les habitants. Cette île avait besoin d'être soignée, au plus profond. Le coeur encore battant et quelques mètres de descente plus loin, il posa enfin les pieds dans le sable sec. Le médecin remonta soigneusement ses manches, puis l'ourlet de son pantalon avant de se diriger au bord de l'eau, les yeux clos et faisant confiance à son oreille pour le guider. L'air était bon, c'était une belle journée qui s'annonçait. 


notes
Mar 13 Fév 2024 - 21:14
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